Baisse des impôts : encore une promesse aux oubliettes !

Baisse des impôts : encore une promesse aux oubliettes !

À la fin de la semaine dernière, à Bruxelles, à l’occasion des ultimes marchandages préalables à l’adoption du texte de la Constitution européenne (qui, devant être maintenant adopté à l’unanimité des 25 pays membres, n’a à peu près aucune chance d’être ratifié !…), on a, une nouvelle fois, touché du doigt une des contradictions de la politique économique française. D’une part, nous mettons l’euro sur un piédestal et d’autre part, on s’imagine que la monnaie commune européenne peut être forte avec des finances publiques allant à vau l’eau.
Jacques Chirac, en effet, a cru pouvoir poser comme règle que le prochain président de la Commission devait appartenir à un pays adhérent aux politiques européennes renforcées, celles de l’euro et de l’espace Schengen. Ce à quoi, il lui fut répliqué qu’aujourd’hui, la plupart des 25 pays membres n’adhèrent ni à l’un ni à l’autre. Il s’agissait, en fait, de barrer la route au candidat britannique Chris Patten, le flamboyant ex-gouverneur de Hong-Kong. La preuve : dans le même temps, le Président de la République encourageait, semble-t-il, le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, dont le pays n’a adopté ni l’euro ni l’espace Schengen, à présenter sa candidature… L’argument n’était donc que de pure forme.
Dans le même temps, alors que l’autre négociation, celle portant sur le texte de la nouvelle Constitution européenne, touchait à sa fin, les diplomates français ferraillaient pour éviter que les règles strictes du pacte de stabilité soient inscrites dans le texte. En vain. Paris a seulement obtenu que les sanctions frappant les pays s’écartant de ces règles ne soient pas automatiques.
Le tandem Chirac-Raffarin étale au plan européen le même type de contradiction que celle qui traverse l’ensemble de sa politique économique.
Le Chef de l’État a été réélu en 2002 sur la base d’un programme qui comportait notamment une promesse de baisse de l’impôt sur le revenu de 30 % sur l’ensemble du quinquennat. Cet engagement a été réaffirmé solennellement à plusieurs reprises et, bien sûr, repris à son compte par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Il a tout de suite été observé qu’une diminution, même sensible, de l’IRPP n’entraînerait pas forcément une diminution de la pression fiscale, dans la mesure où, parallèlement, d’autres prélèvements augmenteraient, que ce soient les impôts locaux, les cotisations sociales ou même les taxes indirectes. Sans parler du déficit, cet impôt hypocritement reporté sur les générations futures.
C’est pourquoi, si l’on veut honnêtement mesurer le poids des prélèvements obligatoires, il vaut mieux retenir le critère de la dépense publique, qui rassemble l’ensemble des dépenses de l’État, des collectivités locales et des organismes de Sécurité sociale et qui est actuellement de 53 % du Produit intérieur brut.
La promesse de Jacques Chirac, comme l’opposition de gauche n’a pas manqué de le noter, avait bien sûr un côté un brin démagogique. L’IRPP, dont la moitié des foyers français fiscaux est exemptée, est réputé être l’impôt des riches (l’ISF étant celui des très riches). Et c’est le seul qui soit progressif, donc fortement redistributeur.
Aujourd’hui, on sait que la promesse de Jacques Chirac ne sera pas tenue. Les budgets de l’État pour 2003 puis pour 2004 incluaient des aménagements du barème de l’IRPP qui prenaient en compte l’engagement présidentiel. On n’en trouvera aucune trace dans le budget pour 2005. Autant dire que la baisse de l’impôt sur le revenu est tombée aux oubliettes.
Si Jacques Chirac avait voulu se donner les moyens de faire ce qu’il promettait, il aurait dû, évidemment, commencer par réduire la dépense publique. Et il avait une occasion unique de le faire en profitant du départ à la retraite d’un peu plus de 50 000 fonctionnaires de l’État chaque année, en ne les remplaçant par exemple que dans la proportion d’un sur deux. C’est d’ailleurs très exactement le conseil que vient de donner la Cour des Comptes dans son dernier rapport au Chef de l’État…
Comme pour toute entreprise, le redressement des finances de l’État passe par une réduction drastique des dépenses de personnel. C’est la seule façon non seulement de retrouver des marges de manœuvre mais également de réduire, puis de supprimer les déficits qui, chaque année, viennent encore augmenter l’encours de la dette, laquelle va bientôt être gonflée par l’augmentation attendue des taux d’intérêt.
Dans des documents presque concomitants, l’Insee et la Banque de France viennent de critiquer sévèrement la gestion des finances publiques par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Ils dénoncent en particulier la culture du déficit public. Mais, sans réduction significative du nombre de fonctionnaires, il n’y a pas d’autre solution pour supprimer les déficits que d’augmenter les impôts. Et c’est ce que Chirac sera obligé de faire, qu’il le veuille ou non, alors qu’il disait vouloir les baisser : parce qu’il ne s’en est jamais donné les moyens.

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Comments (5)

  • Philippe M Répondre

    Des tranches d’imposition sur le revenu taxée à plus de 30 % sont un frein au développement économique de la France. Des avancées notables en matière de transaction d’entreprises ont vu le jour en 06/2004 ( suppression des plus values sur les fonds de commerce valant jusqu’ à 300.000 €, exo de droit d’enregistrement pour les acquéreurs,…) Comment voulez vous que nos politiciens les premiers fonctionnaires de France réforment notre fonction publique ? ( ils scieraint la branche sur laquelle ils sont assis !) La redistribution des richesses est en train de voir sa fin, Vive la redistribution du travail !

    1 juillet 2004 à 7 h 25 min
  • Thierry Répondre

    Malheureusement pour elle, Alain, l’Irlande se trouve dans la zone Euro…

    30 juin 2004 à 23 h 21 min
  • Observateur Répondre

    L’UMP/UDF et le PS font exactement la même politique socialo-démagogique, depuis 30 ans. Pourtant, étrangement, les Français continuent de voter pour ces partis. La raison est simple : notre système politique n’a plus de démocratie que le nom. Ainsi, vous pouvez voter pour n’importe qui, mais gare à vous si vous votez mal, car Big Brother veille. En effet, les partis qui ne font pas parti du système politique corrompu et démagogique franchouillard, sont continuellement diabolisés par les médias dominants. Et comme il est extrêmement difficile de résister à une pensée unique répétée continuellement tous les jours, et qui devient la VERITE, de nombreux électeurs de droite reprennent la pensée unique à leur compte, sans s’en rendre compte, et diabolisent à leur tour les partis en dehors du système. Il est terrifiant de voir la facilité avec laquelle, nos politiciens incompétents ont détourné le système démocratique. Et il en sera toujours ainsi tant qu’il n’y aura pas un minimum d’union à droite pour les renverser.

    28 juin 2004 à 11 h 47 min
  • Joel Répondre

    Les imbeciles qui ont cru aux promesses de Ben Shirak, entre autres celle de baisser les impots, n’ont qu’a continuer de pleurer.

    27 juin 2004 à 19 h 07 min
  • R. Ed. Répondre

    Les fonctionnaires et les ASBL(Associations sans but lucratif),en France -Associations loi 1905- ,ce qui ne veut absolument rien dire aux 24 autres pays de l’UE, pompent une énorme partie du budget de l’Etat avec comme conséquence un énorme foutoir. En plus, cette foule innombrable de fonctionnaires en trop grand surnombre arrive à se placer sous un énorme parapluie dès qu’il faut prendre un décision quelquonque. Le citoyen lamda confronté à n’importe laquelle institution d’Etat est parti pour le parcours du combattant avec à la clef une énorme dépense d’énergie, de temps et d’argent, pour un résultat souvent aléatoire.Quant aux dizaines de milliers d’ASBL constituées la plupart du temps pour des motifs futiles et dérisoires elles encombrent les institutions et sont continuellement a la recherche de subventions et d’exonérations de toutes sortes. Voila, je me suis mis à dos le quart de la population française mais tand pis. N’ayez pas peur avec 5 fois moins de fontionnaires plus efficace l’administration fonctionne aussi mais mieux, allez voir comment cela se passe chez vos voisins !Ne venez pas me parler de liberté, en France on a encore juste le droit de se taire, pour le reste il faut chaque fois demander l’autorisation à un fonctionnaire !(PS: allez voir ce mot dans le Petit Robert)

    27 juin 2004 à 11 h 33 min

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