Fierté des fonctionnaires et des salariés du secteur public

Fierté des fonctionnaires et des salariés du secteur public

Notre ligne éditoriale (pas d’ennemi à droite ; libéralisme économique ; diversité des points de vue) est assez bien comprise, si j’en juge par les termes du courrier de nos lecteurs, toujours aussi abondant, et dont je vous remercie.

Je rappelle au passage les règles qui président à l’élaboration de cette rubrique, à laquelle nous consacrons l’essentiel de notre double page, et parfois plus : nous nous engageons à prendre connaissance de la totalité du courrier que nous recevons, que celui-ci nous soit adressé par la Poste, par télécopie ou par courriel ; nous en tenons compte ; mais nous ne pouvons prendre aucun autre engagement. Nous ne pouvons pas publier la totalité du courrier que nous recevons ; nous ne pouvons pas nous engager à publier tel ou tel message ; nous ne pouvons pas répondre individuellement à chacun.

Or, un certain nombre de nos correspondants exigent littéralement soit que nous leur répondions personnellement, soit que nous publiions leur courrier. Qu’ils sachent que leur chantage au réabonnement n’a aucune chance d’aboutir…

Nous sommes sensibles à certains thèmes récurrents dans vos courriers qui, sans doute, ne sont pas suffisamment traités dans les colonnes du journal. Nous recevons, en particulier, régulièrement, des lettres d’abonnés qui sont fonctionnaires, en activité ou à la retraite, ou bien agents des services publics ou encore salariés d’entreprises publiques et qui nous reprochent un parti pris qu’ils ressentent comme hostile. Par exemple, M. Guy Chalochet (Chevigny Saint Sauveur – 21), dans un courrier du 10 janvier, faisant suite à un courrier précédant, nous indique « il serait temps de comprendre que les entreprises publiques ne sont pas qu’un repère de nantis et de fainéants… ».

Disons-le franchement : vous êtes un certain nombre à considérer que nous serions injustes avec les personnes appartenant à la sphère publique, tandis que nous prêterions aux salariés des entreprises privées des qualités individuelles qu’ils n’ont pas toujours.

Si nous sommes tombés dans ce travers, qu’on veuille bien nous pardonner, d’autant qu’il a toujours été clair dans notre esprit qu’il ne fallait surtout pas confondre les structures avec les individus qui y concourent. Et, dans l’appréciation des performances des premières, nous pensons que ce ne sont pas les qualités des seconds qui sont déterminantes, mais la qualité et la pertinence des règles qui président à l’organisation des structures concernées.

Excellence et concurrence

Les libéraux croient à la supériorité de certaines règles, sur d’autres. Ils croient même que c’est le principal enseignement de l’histoire. Le capitalisme est supérieur au socialisme parce que le premier a réussi et fait chaque jour la preuve de son succès tandis que le second a échoué et fait chaque jour la preuve de sa faillite. Dans un tel constat, les individus sont pour ainsi dire hors de cause. De même que, lorsque les armées s’affrontaient dans de terrifiants corps à corps, ce n’était pas les individus, même face à face, qui faisaient la différence, mais la technologie des armements et la stratégie des chefs ; de même aujourd’hui, ce n’est pas la qualité des hommes, voire l’intelligence des dirigeants qui font qu’une entreprise est supérieure à une autre, mais, davantage les principes qui fondent leur organisation respective. L’Oréal n’est pas une entreprise supérieurement performante parce que son président serait supérieurement doué mais, plus prosaïquement, parce que les règles qui président à son organisation et à ses choix sont supérieures à celles de ses concurrents. Et de même, quand nous dénonçons, à longueur de colonnes, l’impéritie des entreprises publiques, des services publics et de l’administration, ce n’est bien sûr pas ses salariés qui sont en cause mais les principes de fonctionnement de ces organisations qui toutes, basées sur le postulat bureaucratique, ne peuvent déboucher que sur le gâchis et les gaspillages, lesquels ne sont pas seulement économiques et financiers mais aussi, et avant tout humains.

Le fait que la population active française soit composée à hauteur de 25 % de fonctionnaires ou assimilés entraîne ipso facto une mauvaise gestion de ses ressources humaines et cela sans que la qualité des personnes ne soit en aucune façon en cause. Les mêmes personnes, placées dans des structures aux principes de fonctionnement différents, se révéleraient d’ailleurs autrement productives.

N’y aurait-il aucun fainéant à la SNCF, à la Sécurité sociale ou à l’Éducation nationale, que ces structures publiques seraient toujours aussi peu performantes. Car l’excellence exige l’aiguillon de la concurrence, laquelle ne fonctionne qu’avec le moteur du profit.

Évidemment, ce ne sont pas les fonctionnaires et assimilés qui sont responsables du mauvais fonctionnement du secteur public, mais les politiciens qui prétendent lui commander et qui, en fait, lui obéissent !

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Comments (4)

  • Chalochet Répondre

    Je vous remercie très sincèrement d’avoir fait allusion à mon dernier courrier dans le numéro du 24 janvier. Pour l’anecdote, mon abonnement s’étant arrêté voici 10 jours, je l’ai appris par un courrier que m’a adressé un lecteur. J’ajouterai simplement (je parle pour le domaine de la maintenance du matériel moteur) qu’il est des secteurs à la SNCF qui ne craignent pas la concurrence du secteur privé. Le domaine Matériel pourrait être filialisé dès demain (ce que j’appelle de mes voeux) et il est bien évident qu’il existe aujourd’hui dans les établissements une majotité de cadres brillants et compétents. qui débarassés des contraintes (syndicats tout puissants mais aussi malheureusement d’une DRH complaisante) et divers machins dans lesquels la logique de résultats est totalement absente, seraient capables du meilleur. Je relance dès aujourd’hui mon abonnement, car pour être honnête, il manquait quelque chose dans ma boîte à lettres samesi dernier. Bien sincèrement Guy Chalochet

    27 janvier 2004 à 19 h 35 min
  • lagorre Répondre

    Un fonctionnaire peu parfaitement être performant et être improductif. Bien des administrations ne s’occupent guére que de paperasse, qui souvent ne sert qu’a nous compliquer l’existence. Il est assez connu, par exemple, qu’une réforme de l’appareil fiscal et une simplification du nombre et du calcul des impôts, pour les particuliers comme pour les entreprises, leur feraient gagner du temps et leur épargneraient du tracas. On pourrait alors supprimer des bureaux inutiles. Même si les fonctionnaires qui y travaillent déploient une importante énergie, elle sera plus utilement employée ailleurs.

    27 janvier 2004 à 9 h 46 min
  • Patrick PETITCOLLIN Répondre

    Qui dirige la France???? Petite anecdote remontant à 4 ans: mon neveu, “bien à droite”(chose rare dans cette branche), inspecteur des impots “bien noté” , en poste à Paris, demande sa mutation en province, par voie hierarchique.Un an se passe dans un silence douteux. UNE SEULE SOLUTION :::cotiser au syndicat des impots (qu’importe le nom puisque celui-ci est de gauche…). Et par miracle, six mois après, il est muté là où il le désirait…. Que les fonctionnaires de tous poils essaient de nous démontrer qu’ils sont “innocents”. Mon Dieu!!! quelle caste dirige notre pays??? LA GAUCHE!!! Au fait!,je rêve qu’un astéroïde anéantisse 90% de l’espèce la plus néfaste pour notre planète: “L’ETRE HUMAIN”,conquérante,dominatrice,irresponsable et néfaste,quitte à ce que je fasse partie du lot…. QUE LA TERRE SERAIT BELLE! (Ce dernier apparté n’ayant rien à voir avec avec les fonctionnaires français, mais évoquant un sujet que vous ne manquerez pas de traiter: la Surpopulation) Bien à vous…

    27 janvier 2004 à 5 h 01 min
  • mamm Répondre

    “car l’excellence exige l’aiguillon de la concurrence, laquelle ne fonctionne qu’avec le moteur du profit” Comme c’est bien dit!! Sauf que si c’était vrai, et pour parler de ce que je connais, l’Education Nationale serait en totale faillite. De concurrence il n’y a pas, sauf si une école privée est installée à proximité. Mais de profit, que nenni!! Ni sonnant et trébuchant, ni en terme de reconnaisance…(1500€ nets, 20 ans de carrière, 9° échelon sur 11, et encore 20 ans à faire!) Alors qu’est-ce qui motive les braves instituteurs, (-oui, il en reste, qui ne sont pas profs des écoles!)les bons, ceux qui se dévouent à leur classe, voire à leur village, et qui sont exposés à la critique et à la jalouse vindicte populaire? L’amour du travail, d’abord, et du travail bien fait, de la constante remise en question, pour son propre épanouissement intellectuel, pour le plaisir de s’améliorer, de performer chaque jour davantage. L’amour des gamins ensuite, parce que dès la porte de la classe refermée, c’est leur sourire qu’on a en face, si on a su créer les liens nécessaires: et ça vaut tous les congés du monde! La conscience professionnelle, enfin, que l’on acquiert par l’éducation, et que l’on ne sait transmettre que si on la vit, quand on sait malgré les sacrifices qu’elle peut imposer, toutes les satisfactions qu’elle apporte. Ce moteur, certes il est tout à l’intérieur, discret, intime, et il tourne sans trop s’occuper du reste, quand il tourne bien. Car ceux qui tournent la manivelle ne savent même pas dans quel sens ils doivent la manoeuvrer et prétendent donner des leçons de mécanique au garagiste chevronné! Le bon maitre est celui qui fait ses réformes tous les jours, fort de son expérience et sait dire oui, oui, pour qu’on le laisse travailler en paix.

    27 janvier 2004 à 0 h 18 min

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