Turgot, Jacques Garello et la mouvance libérale

Turgot, Jacques Garello et la mouvance libérale

Ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Ce qui grandit l’être humain, ce n’est pas la facilité, c’est au contraire l’épreuve et l’aptitude à la surmonter. C’est parce que j’aime cette phrase et sa signification profonde que j’ai accepté, voici quelques mois, de reprendre la direction de l’Institut Turgot. C’est parce que l’Institut Turgot va de l’avant et qu’il est productif que j’écris cet article. Je connais les libéraux français. Ils sont ma famille spirituelle. Je connais les qualités, les défauts, les traits de caractère de chacun d’entre eux.

Parce que l’individualisme est au cœur du libéralisme, parce que l’être humain est faillible, certains ont choisi des voies plus solitaires ou sont parfois entrés dans des querelles. Je ne me suis, moi, jamais querellé avec personne : je réserve cela à nos ennemis. Il y a tellement d’ennemis et si peu de libéraux qu’il faut, je pense, procéder ainsi pour que la flamme ne s’éteigne pas. Au temps de la revue « Libéralia », j’étais prêt à publier tous ceux qui défendaient des idées de liberté, de Raymond Aron à Murray Rothbard, d’Alain Laurent ou Henri Lepage à Pascal Salin, qui a publié, depuis, un maître livre, Libéralisme, dont j’ai parlé amplement. L’Institut Turgot avancera dans cet esprit au cours des mois et, j’espère, des années à venir. Nous nous concevons comme un maillon dans un réseau bien plus vaste. Nous savons que les idées libérales ne seraient rien sans le travail opiniâtre et généreux de l’Aleps et de Jacques Garello. Nous savons le travail accompli par l’Ifrap, grâce à Bernard Zimmern. Nous voyons l’action fructueuse de Liberté Chérie. Nous savons ce qu’a fait pour nos idées, Alain Madelin, ce qui se fait encore dans les Cercles libéraux et dans Euro 92.

Nous pensons que plus il y aura d’initiatives et plus, en ces temps où la pensée libérale est en situation de quasi-dissidence en France, nous pourrons proposer des repères à ceux que la situation désespère. J’ai participé, avec des membres de toute la mouvance libérale française, à l’élaboration et à la rédaction, sous l’égide de Jacques Garello, d’un remarquable Guide du candidat (libres.org) que je recommande chaleureusement à tous les lecteurs de cet hebdomadaire : ils y découvriront ce qui devrait être proposé, de toute urgence, à un candidat à l’élection présidentielle qui voudrait tirer la France de l’ornière. Bien que sans a priori, Jacques Garello, moi-même et les autres signataires, doutons qu’un candidat réponde à nos attentes, mais au moins aurons-nous fait un diagnostic d’ensemble et énoncé des propositions. J’étais, avec Jacques Garello et d’autres contributeurs à l’Université d’été de la Nouvelle Économie à Aix en Provence à la fin du mois d’août, et comme chaque année depuis bientôt trente ans, l’Université d’été a été un événement extraordinaire et fécond, consacré cette année à l’Europe et à la concurrence. J’y ai parlé de ce qui sera au cœur de mon prochain ouvrage : la globalisation, l’ère post-capitaliste, la révolution virtuelle et l’incapacité des institutions européennes (et a fortiori françaises) de prendre en compte ce qui survient. Je reparlerai cet automne, dans une conférence organisée par Turgot, de ce sujet crucial. Turgot accueillera aussi d’autres conférences, dont une donnée par Jean Baechler concernant le sujet, crucial mais passé sous silence, de la situation démographique de l’Europe, une autre, donnée par Jacques Marseille concernant l’échec absolu de l’étatisme français, exemples concrets à l’appui. Nous organiserons des colloques aussi. L’un consacré à la nécessaire transformation de l’assurance santé, un autre, à la nécessité de refonder l’état de Droit et de redonner sens à la présomption d’innocence en France, un troisième, enfin, dont nous attendons beaucoup, concernera un dossier brûlant, et omniprésent dans les esprits : la compatibilité de l’islam et des valeurs de droit et de liberté. Y participeront quelques-uns des plus grands spécialistes mondiaux, dont Daniel Pipes et Walid Phares. Norman Podhoretz, membre d’honneur de Turgot, sera associé à l’événement. Je reviendrai sur tout cela en temps utile. Je donne, par avance, rendez-vous à tous ceux qui en ont assez de la pensée unique soviétoïde et qui veulent un tant soit peu voir clair (<turgot.org>). La mouvance libérale existe, et Turgot entend contribuer à la lumière. Sans exclusives.

Partager cette publication

Comments (4)

  • Tucroy Répondre

    De qui est-ce? … sortons de nous-mêmes; je voudrais que pendant vingt ans toute la jeunesse de France fut élevée à l’étranger, brisant cette gangue de préjugés, de gobage, et d’ignorance voulue dont aucun effort interne ne nous libèrera. La Renaissance française est née des guerres d’Italie et d’Allemagne et des subites ouvertures d’horizon des premiers navigateurs. Naviguons beaucoup. Et ce que nous reviendrons de nos exodes c’est certainement décentralisateurs. La voilà la campagne à mener — il y a vingt ans que j’y crois comme un dogme… Rendre l’effort individuel possible (actuellement il ne l’est pas) … Après décentralisateurs, ce que nous deviendrions, c’est antifonctionnaires. Nous comprendrions que le sauveur serait celui qui, d’un trait de plume, aurait le courage de biffer les trois quarts des fonctionnaires français. Que de ruines individuelles et immédiates, certes, mais sitôt relevés de cette catastrophe momentannée, quel essor! Nos lois civiles, nos lois successorales, nos odieuses lois fiscales sont les grandes coupables et les coupables conscientes [moins toutefois que leurs auteurs, amplificateurs et défenseurs envers et contre tout]. (Liautey – Lettre du 17 juin 1895 à Henry Bérenger)

    30 septembre 2006 à 11 h 52 min
  • Jaures Répondre

    Encore une secte de plus.

    30 septembre 2006 à 11 h 43 min
  • Jean-Claude Thialet Répondre

    “Le malheur peut-etre un pas vers le bonheur” (proverbe japonais”. Enfin, un Guy Milliere qui “positive” en parlant de la France. Il est vrai qu’il traite d’un Institut qu’il preside. Aussi, bien qu’ayant decide de garder le silence pendant mon sejour aux Etats-Unis, je ne peux m’empecher de saluer son article. Bonjour a toutes et a tous, Jean-Claude Thialet

    29 septembre 2006 à 15 h 07 min
  • Laurent Répondre

    Dommage que vous ne suscitiez beaucoup moins de reactions lorsque vous parlez de liberalisme que lorsque vous parlez d’Israel, de l’islam et de Bush. Personnellement, je vous prefere habille en liberal plutot qu’en (neo)-conservateur. Bon vent avec l’Institut Turgot.

    28 septembre 2006 à 23 h 25 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *