Une diversité de points de vue, sans restriction ni concession !

Une diversité de points de vue, sans restriction ni concession !

Chaque semaine, nous recevons plusieurs dizaines de lettres de lecteurs et même parfois, plus de cent ! J’en prends connaissance personnellement intégralement, mais il m’est matériellement impossible de répondre individuellement à chaque. Certaines alimentent les pages centrales, en principe réservées au courrier des lecteurs. (seulement disponible dans la version papier et pdf : plus d’informations ) D’autres sont retenues dans les pages intérieures. Toutes inspirent nos recherches, nos réflexions, et finalement notre ligne éditoriale.

Chaque semaine, plusieurs correspondants prennent la peine de nous écrire pour nous remercier et nous féliciter. Nous vous faisons grâce, en général, de ces messages-là, même si nous y sommes évidemment fort sensibles. Vous êtes nombreux à apprécier la diversité des opinions exprimées dans nos colonnes.

Aucun sujet n’échappe intrinsèquement à cette diversité de points de vue. Que ce soit en politique étrangère ou en politique intérieure, que cela concerne les faits sociaux ou religieux ou même les OGM (cf. l’article de Pierre Lance de la semaine dernière et celui de Bernard Trémeau page 2 cette semaine). Mais certains de nos abonnés sont troublés et même parfois franchement furieux par cette diversité de points de vue, en particulier quand elle s’applique à des questions éthiques, ou qu’elle s’étend à la spiritualité. Certains articles de Pierre Lance, exposant son athéisme spiritualiste, ou défendant une proposition de loi radicale sur l’euthanasie, nous ont fait perdre instantanément plusieurs abonnés outrés, et ne supportant pas l’expression de telles positions. Des articles de Guy Millière, passionnément pro-occidental, nous ont valu d’autres désabonnements. Mais comme c’est dans cette diversité de points de vue que réside principalement notre originalité, quoi qu’il arrive et quoi qu’il nous en coûte, elle aura toujours sa place dans nos colonnes. Il m’est arrivé de dire que celui qui ne supportait pas l’expression d’un point de vue opposé au sien ne pouvait certainement pas durablement être l’un de nos correspondants.

Tout en appréciant la diversité des points de vue s’exprimant librement dans nos colonnes, certains semblent craindre que cela puisse nuire à la cohérence de notre ligne éditoriale. Celle-ci doit certainement être rappelée de temps en temps. Et peut-être est-ce le moment de le faire aujourd’hui, alors qu’un tiers de nos abonnés sont des nouveaux venus, de moins de six mois, résultant d’un effort de prospection plus important que tous ceux que nous avions effectué précédemment. Bienvenue dans le club à ces quelque 4 500 nouveaux abonnés !

Disons les choses le plus simplement possible : toute opinion « de droite » peut trouver place dans nos colonnes. Car nous pensons que le clivage droite-gauche est le seul à structurer durablement la vie politique d’un pays. Tous les autres clivages sont soit des clivages du moment, soit des clivages qui, pour durables qu’ils soient, ne coïncident pas avec ceux de la vie politique.

Les clivages conjoncturels semblent souvent dominer tous les autres. En particulier pour les débatteurs les plus passionnés. Aujourd’hui, Alain Madelin dit : « le débat sur la mondialisation structure la vie intellectuelle et politique du pays ». Candidat à la présidence de la République, il disait que c’était le libéralisme. Puis, ce fut l’Irak. Et demain, ce sera peut-être la Constitution européenne…

Au plan économique, je suis comme lui un libéral convaincu. Mais, au plan politique, m’inscrivant dans le clivage droite-gauche, je constate que sur toutes les questions d’actualité, il y a, à droite, une diversité de points de vue. Y compris sur l’Irak, la mondialisation, l’Europe, ou même l’immigration… Chacun de nos rédacteurs a un point de vue personnel. Mais nous serons toujours ouverts à l’expression d’opinions différentes. À la seule condition qu’elles soient proposées par des auteurs se réclamant eux-mêmes de « la droite ».

Certains, et parfois avec talent, ont cru pouvoir enfermer dans une définition l’appartenance politique à la gauche et à la droite. Pourtant, on voit bien que, sur à peu près toute question spécifique, le clivage du moment ne coïncide pas exactement avec le clivage droite-gauche. Les athées, les souverainistes, les écolos, les pro-ceci et les anti-cela, ne sont pas tous dans le même camp. J’ai donc une conception nominaliste de la droite et de la gauche : toute personne se disant elle-même « de droite » sera pour moi « de droite ». Que je sois d’accord ou non avec l’ensemble de ses positions.

Bien sûr, nous pensons que la vie politique française serait autrement plus saine si elle reposait, elle aussi, sur ce clivage droite-gauche, sans exclure personne de son champ, sans que le Front national soit donc exclu, de fait, de la droite de gouvernement. Nous sommes résolument et indéfectiblement pour « l’entente à droite » : « pas d’ennemis à droite ! » Sans méconnaître que, si nous étions un certain nombre sur cette ligne politique, il y a vingt ans, nous sommes aujourd’hui sans doute les seuls. D’où le succès – bien sûr relatif – de notre modeste publication.

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Comments (4)

  • Lola Répondre

    Bonsoir, je partage assez l’avis de Gil, bien que loin d’avoir ses références intellectuelles. Il me semble que les clivages droite-gauche sont très estompés à l’heure actuelle, et qu’ils le resteront parce que de toutes les opinions qui s’expriment, pas une seule ne propose un quelconque consensus entre plusieurs tendances voisines. Il ne s’agit plus désormais de faire confiance à la droite UMP, elle a fait ses preuves, ou plutôt peine à les faire. Il faut désormais que les différents tendances de droite nationale s’unissent, Mrs De Villiers, Griotteray,Reichman, Kaci, Del Valle…et autres tenants du libéralisme économique, partisans des valeurs républicaines les plus rigoristes, et défenseurs de la culture française. Quant à JM Le Pen, il est qualifié d’extrème droite par l’extrème bêtise des candidats politiques qui ne reculent devant aucune extrèmité pour discréditer un adversaire. Extrème droite par assimilitation au Nazisme, jumeau hétérozigote du stalinisme comme l’a si bien définit Pierre Chaunu!

    10 décembre 2003 à 21 h 18 min
  • Gil Répondre

    Bonjour. Je suis jeune (21 ans) et j’ai suivi les cours de “l’éducation nationale” française. Peut-être une simple coïncidence fâcheuse mais j’ai du mal à comprendre ce qu’on entend par droite aujourd’hui. Si quelqu’un peut bien m’expliquer… Pour tenter de mieux comprendre le clivage gauche/droite, je suis revenu à l’origine même de ce clivage : il faut remonter au 28 août 1789 lorsque les députés des Etats généraux se séparèrent en deux blocs, la noblesse et le clergé, autrement dit les privilégiés de l’Ancien-Régime (au sens libéral du terme, c’est-à-dire bénéficiant de protections étatiques) allant s’asseoir à la droite du siège royal et les représentants du tiers-état à sa gauche. La droite représentait l’autorité et le conservatisme ; la gauche incarnait le progrès et la transformation de la société. A cette époque, je pense que, en tant que libéral, je me serais dit de gauche (au sens donc de progressiste par opposition à conservateur) car le fonctionnement de l’Ancien-Régime n’était pas un modèle de liberté, bien que des personnes courageuses comme Turgot aient tenté des réformes mais il était malheureusement trop tard. Je dis malheureusement, car malheureusement la réalité historique montre que la Révolution menée par une bande d’exaltés sanguinaires a fait finalement, pour dire les choses simplement, plus de mal que de bien (cf Historiquement correct de Jean Sévilla). Je me serais encore dit de gauche au 18ème siècle, aux côtés des 2 plus grands penseurs libéraux de l’époque, à savoir Frédéric Bastiat et Gustave de Molinari. Pour moi, la tradition droite/gauche est donc basée sur l’opposition conservatisme/progressisme. Mais depuis, Marx est passé par là et avec lui la perversion de l’idée d’égalité qui a changé la gauche qui voudrait nous faire croire que les privilégiés sont les riches alors que pour d’un point de vue libéral, ce sont les fonctionnaires, syndicats et assimilés, renvoyé par le même coup du côté des conservateurs au sens strict, c’est à dire qui ne veulent pas changer le fonctionnement du système socialiste qui les fait si bien vivre. Les progressistes libéraux n’ont donc plus rien à faire à gauche. A droite en France, on trouve des gaullistes, des souverainistes, des gaullistes et donc des libéraux. Qu’est-ce qui rapproche ces différentes sensibilités ? Personnellement, je me définis comme étant libéral (ou libertarien) donc je suis favorable au libre-échange, à la mondialisation capitaliste (pour reprendre l’expression du titre de l’excellent ouvrage de Johan Norberg), à la liberté contractuelle… Je rejette l’idée d’Etat-providence, son intervention dans la vie économique et sociale… Dans l’idéal, je ne suis prêt à concéder à l’Etat que les fonctions régaliennes. Si je suis amené à voter pour un candidat de droite, c’est à cause de la part de libéralisme dans son programme. Mais on ne peut expliquer le clivage gauche/droite actuel par le seul aspect du libéralisme sinon Madelin serait classé à l’extrême-droite. Or, c’est Le Pen qui n’est franchement pas ultra-libéral. Pourquoi Le Pen qui a sur de nombreux points un programme clairement socialiste, au sens de contraire à la liberté individuelle (lire à ce sujet l’article de Martin Masse sur le Quebecois Libre) est classé à l’extrême-droite ? Tony Blair, classé à gauche dans son pays, a une politique franchement plus libérale que notre gouvernement actuel. Lionel Jospin, ex-trotskyste, a réalisé des privatisations sous sa législature. Des privatisations que se refuse à faire aujourd’hui notre gouvernement UMP qui préfère accueillir complaisamment le Forum Social Européen. Bref, pour moi, il n’y a ni droite, ni gauche (enfin quelque chose qui ressemble à la fracture originelle) mais un bloc parlementaire PS/UMP/UDF qui conduit une politique d’inspiration socialiste responsable de la « France qui tombe », des marxistes (LO, LCR, Les Verts et autres antimondialistes de plus en plus proches d’ailleurs des islamistes), Le Pen, et j’espère très rapidement des hommes comme Claude Reichman (je vous conseille de lire son dernier livre Le secret de la droite) capables de proposer aux Français une alternative à la dictature socialo-communiste. Nous libéraux, avons besoin d’une nouvelle force politique. Il y a bien quelques personnes sympathiques à l’UMP (Madelin, Lelouch, Kaci, Del Valle…) mais l’existence de courants aujourd’hui remise en cause montre bien que ce parti mènera une politique socialiste sous la houlette des énarques. Pour moi, cette distinction gauche/droite que je ne comprends pas au vu de la politique menée (mais si quelqu’un peut bien m’expliquer qu’il y a une vraie distinction et qu’il faut garder ces termes, je serez ravi… !) n’est pas la bonne. La vraie distinction est entre une conception individualiste et une conception collectiviste de la société. Je cite pour terminer une phrase de Pascal Salin : « À l’aube du XXIe siècle, le seul vrai et grand débat est celui qui doit opposer les défenseurs d’une vision humaniste du libéralisme aux constructivistes de tous partis et de toutes origines intellectuelles. » (Libéralisme, Odile Jacob, 2000)

    8 décembre 2003 à 17 h 52 min
  • Chevalier de la Liberté Répondre

    Alain Dumait devrait définir ce qu’il entend par la “droite”.Les socialistes se sont toujours servi de ce terme pour accuser les libéraux d’être réactionnaires et d’être complices de l’Ancien régime et des privilèges de la noblesse et du clergé.Or,la vérité est complètement différente car entre l’Ancien régime et la Terreur de 1793 il y a eu une libéralisation économique.Et c’était contre ça que les socialistes ont lancé leur réaction afin de faire régresser l’être humain au stade du communisme primitif…

    7 décembre 2003 à 15 h 50 min
  • Pierre Répondre

    Vous avez raison, L’entente a droite est evidemment necessaire. Elle ne peut avoir lieu aujourd’hui avec une UMP-UDF qui roule a gauche (voir tres a gauche). Elle se fera avec la droite nationale des les regionales. Amities

    7 décembre 2003 à 13 h 18 min

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