Les leçons de la rencontre de Montréal

Les leçons de la rencontre de Montréal

J’écrivais voici peu que la rencontre de Montréal sur l’après-Kyoto serait intéressante. Elle l’a été effectivement, mais pas pour les raisons que j’indiquais.

Les accords de Vientiane ont été rigoureusement ignorés en séance officielle, où les débats idéologiques orchestrés par différents groupes de pression écologistes ont évité de se confronter à la réalité. Et je n’en ai pas été étonné, hélas. Les accords de Vientiane n’ont pas, non plus, été mentionnés dans la presse française. À la fin de la rencontre, tous les signataires du protocole de Kyoto se sont mis « d’accord », comme c’était prévisible, pour débattre de futures réductions des émissions de gaz à effet de serre après l’année 2012.

Jusqu’à 2012, il a été confirmé que les signataires devraient abaisser leurs émissions de 5 %: seuls les signataires de Kyoto étant impliqués, cela signifie que les signataires de Vientiane, dont la Chine, l’Inde et les Etats-Unis n’ont aucune obligation. La presse française n’a rien dit non plus de la façon concrète dont l’objectif fixé par les signataires de Kyoto serait atteint (ils en sont très loin pour le moment) et, comme pour détourner les regards, s’est contentée de pointer du doigt les « mauvais joueurs » et les « gros pollueurs », Etats-Unis en tête, cela va de soi.

La presse française n’a pas dit (pourquoi l’aurait-elle fait ?) ce que seraient les conséquences de la tentative d’atteindre les objectifs fixés pour des économies asthéniques telles celle de la France. En s’imposant, au nom d’une illusoire « vertu » réglementariste, des obligations dont les autres sont dispensés, des pays comme la France s’imposent des surcoûts économiques qui vont les handicaper davantage encore. Cela aurait pu mériter un petit article, non ?

Lors de la session consacrée à l’Union européenne, Olivia Hartridge, responsable des questions d’environnement pour la Commission de Bruxelles a exposé ce qu’avaient été les avancées les plus concrètes en Europe jusqu’à présent, et elle a dû parler du marché des droits d’émission de dioxyde de carbone (ETS) mis en place dans l’UE depuis janvier dernier. Autrement dit, elle a dû évoquer une approche économique de la situation et non une approche étatique et réglementariste plus conforme au texte de Kyoto. Elle n’est pas allé jusqu’à dire que le roi est nu et que l’approche réglementariste est morte, mais c’était sous-jacent en chacune de ses phrases. Un autre intervenant, Abyd Karmali, consultant international en environnement a été plus clair que madame Hartridge : même si les objectifs de tous les signataires européens de Kyoto étaient atteints d’ici 2012 (et, at- il souligné, il est évident qu’ils ne le seront pas), cela équivaudrait à une diminution d’émission de CO2 de 700 millions de tonnes par an, ce qui permettrait de diminuer le réchauffement de 0,02 à 0,28 degrés Celsius. Autrement dit, beaucoup d’efforts pour rien. Cela aussi aurait mérité un petit article, is not it ?

Les propos les plus intéressants ont été tenus, outre la délégation américaine, par Shin Boo Nam, qui représentait la Corée du Sud et a expliqué que la structure des accords de Vientiane s’appelait désormais « Asia-Pacific Partnership for Clean Development and Climate Change » (AP6), Partenariat Asie-Pacifique pour le développement propre et le changement climatique, et avançait dans la direction des objectifs qu’elle s’était fixés voici quelques mois. Divers centres de recherche travaillant dans le cadre de l’AP6 ont exposé leurs travaux, dont le World Ressource Institute : son délégué général a exposé comment il était possible tout à la fois d’accélérer la croissance des pays en voie de développement et de les aider à avancer vers une utilisation optimale de l’énergie.

Eileen Claussen, du Pew Institute on Global Climate Change a souligné que « les pays en voie de développement considèrent une utilisation accrue de l’énergie comme essentielle à leur croissance économique et ne peuvent rejoindre les perspectives malthusiennes de Kyoto ». D’autres chercheurs ont expliqué que le changement climatique était dû à des facteurs sur lesquels les hommes n’ont aucune prise et que, pour les facteurs humains, le cadre de l’AP6 était le plus optimal.

La presse française finira-t-elle par dire la vérité et rendre compte de l’évolution du monde ?

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Comments (7)

  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    En guise de post … scriptum ! Les deux plus gros pollueurs de la planèté étant inscontestablement les Etats-Unis et la Chine (ce pays a “l’excuse” non absolutoire d’être encore un pays “émergent”) on pourrait convenir avec Guy Millière que l’ensemble des autres pays ne font pas le poids et que, de conférences de Kyoto en conférence de Montréal, ils se ridiculisent effectivement avec leurs gesticulations anti-pollution tant que ces deux grands pays et leurs satellites ne décideront pas de “faire quelque chose” pour une planète de moins en moins bleue (sauf les “bleus” qu’elle peut avoir à l’âme !). Bonne année et cordialement à toutes et à tous, Jean-Claude Lahitte

    3 janvier 2006 à 15 h 39 min
  • cast Répondre

    Jamais la planéte ne s’est réchauffée à une telle vitesse,malgré d’importantes variations climatiques dans son existence.Le capitalisme,ou le libéralisme (comme on voudra) démontre son incapacité à prendre en compte ce problème et ce, pour une raison simple:il est basé sur la croissance.Croissance de la population,de la production, de la consommation.Qu’on le veuille ou non,ce modèle devra être remis en question car nous sommes au début d’une catastrophe écologique sans précédent et les ressources de la planéte commencent à montrer leurs limites.La planéte est déjà en surpopulation (rappelons que 0,8 hectare de terre cultivable sont nécess&aires pour faire vivre un individu sur un mode occidental,ce qui,rapporté aux 6 milliards de terriens excède très largement le total des terres cultivables) Que font les dirigeants et les industriels? Rien! On continue comme si de rien n’était et on se trouve toutes les mauvaises raisons pour continuer.L’article de Millière fait partie de cette “autruche generation”.

    3 janvier 2006 à 9 h 17 min
  • jeune libéral Répondre

    Pour revenir à l’article, je dois dire que je suis tout à fait d’accord avec M.Millière…L’approche étatiste et réglementariste du protocole de Kyoto et des mesures environnementales prises en application démontre l’incapacité totale de nos gouvernants à répondre au problème de la pollution. J’écarte le problème du réchauffement climatique, qui est très contesté par de nombreux scientifiques de par le monde, certains prédisant même une ère de glaciation pour le prochaine millénaire… La volonté de lutter contre la pollution est un objectif louable en soi, mais le problème vient du fait que ses défenseurs les plus zélés(gauchistes, écolo-cocos, droite gauchisante) n’en ont que faire…ce qu’ils désirent réellement , c’est s’opposer à la mondialisation et à la croissance, en prenant pour prétexte la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique…ils participent ainsi à un processus de décridibilisation de la mondialisation libérale(désolé pour la tautologie mais il est bon de la rappeler)… Alors que les véritables partisans de la lutte contre la pollution, ceux qui ne sont pas écoutés, savent que c’est grâce au progrès technique, au marché( droits d’émission de produits polluants), et au droit de propriété enfin que l’on pourra résoudre ce problème. Je terminerai sur une dénonciation du principe de précaution, instrument juridique qui va tuer la croissance et contraire aux droits de l’Homme, dans la mesure où l’on fait peser la charge de la preuve de la non-nocivité d’un produit SUR les entrepreneurs, et non pas sur ceux qui en dénoncent la nocivité supposée… Quand on oublie les régles les plus simples de l’économie et du droit au nom d’un idéal écologiste, c’est alors que l’on fait le plus de mal à la Terre et aux sociétés humaines…Espérons que la France perdra ce combat-là!

    1 janvier 2006 à 18 h 26 min
  • davidmartin Répondre

    Je ne vois pas le rapport entre les accords de Yalta, accords malsains j’en conviens, et l’esprit revanchard qui anima la France après la “victoire” de 1918, “victoire” acquise grace à l’armée américaine soit dit en passant. Que la France ait toujours courtisé l’URSS est logique puisqu’elle a toujours été anti-américaine. Or les ennemis de mes ennemis sont mes amis. De Gaulle n’était pas le plus fin politique que l’on ait eu en France, de toutes façons et le nombre de conneries qu’il a pu dire ou faire rempliraient des pages et des pages. Quand à Yalta, rappelons que Roosevelt malade face à un Staline en pleine force a tout de même réussi à épargner à une moitié de l’Europe l’horreur du communisme. Je préfère voir le verre à moitié plein. Bonne année 2006

    31 décembre 2005 à 13 h 07 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    A Davidmartin : “signé” mais pas “approuvé”. Tout comme, à la “der des der” suivante, Churchil (le “Clemenceau anglais”) avait dû approuver, malgré ses réserves et ses réticences, le plan de dépeçage (un cheval pour l’URSS, une alouette pour l’Ouest) concocté à Yalta par l’Oncle Sam et l’Oncle Jo … C’est une maladie congénitale des “démocraties” que de vouloir raser (du passé faisons table rase, chantaient les communistes) tous les “régimes” qui ne se recommandent pas de la … démocratie pure et dure. L’URSS (la “chère et puissante Russie” comme se plaisait à l’appeller De Gaulle) elle, était une “démocratie”. N’est-ce pas ? Rappelez-vous pae ailleurs le plan Morgenthau qui faisait les délices du “démocrate” Staline. Bien cordialement à vous, Jean-Claude Lahitte

    30 décembre 2005 à 11 h 00 min
  • davidmartin Répondre

    Il me semble que le traité de Versailles de 1919 a été voulu par la France, que la mise sous tutelle de la Ruhr a été voulue par la France, que le dépecage de l’empire austro-Hongrois a été approuvée par la France, que la responsabilité unique de la guerre a été imputée à l’Allemagne sur recommandation (forte) de la France, que la France a exigé 80 milliards de francs-or au titre de dédommagement précipitant l’Allemagne dans une crise sans précédent… dois-je continuer ?

    30 décembre 2005 à 8 h 38 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Comment dit-on noyer le poisson en “américain” ? Car c’est ce que fait, ligne après ligne – et après nous avoir fait croire dans un précédent article que les Américains, avec les Chinois, les Canadiens, etc. – allaient démontrer à la face du monde qu’ils n’avaient pas de leçons à recevoir en matière de pollution, qu’ils avaient la solution, etc., voilà que Guy Millière nous noie littéralement sous des considérations ampoulées d’où il ressort que cela ne sert à rien de simplement ralentir la progression de la pollution, que les Américains et les Chinois – les deux plus gros pollueurs de la planète ! – n’ont pas besoin des autres pays, etc. etc. Tout ce que fait l’Oncle Sam, surtout dès lors qu’il s’entend avec l’Oncle Ho, est parfait. Cela me fait penser à l’époque où l’Oncle Franklin Delanoë ROOSEVELT s’entendait, en 1945, avec l’Oncle Jo (Joseph Staline) pour dépecer l’Europe au profit de la seule Union Soviétique au nom de la Démocratie(ce qui devait faire dire à Churchill : “on a tué le mauvais cochon !). Ou encore l’époque où, malgré Clemenceau, l’Oncle Sam avait dépecé après la Première Guerre Mondiale, l’Empire Austro-Hongrois, mis l’Allemagne au ras des pâquerettes, ce qui avait engendré… Hitler ! Cordialement, Jean-Claude Lahitte

    29 décembre 2005 à 11 h 56 min

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