Les visiteurs, vingt ans après : état des lieux (par Charles Marteau)

Les visiteurs, vingt ans après : état des lieux (par Charles Marteau)

– Montjoie, Saint-Denis ! Trépasse si je faiblis !

Je parle de moins en moins de la politique actuelle, et ce n’est pas un hasard. L’évocation des Visiteurs, qui sont récemment passés à la télé espagnole, va me permettre d’évoquer l’actualité de notre chère vieille increvable république. Je recommande à ce propos un classique de William Hartpole Lecky (Democracy and Liberty, disponible sur archive.org) qui commente avec maestria la destruction de la France d’alors par la troisième république, destruction démographique (moins de Français qu’en 1815 !), culturelle (voir Tolstoï) et financière, avec – déjà – l’explosion de la dette. Et l’on n’était qu’en 1898… Lecky ajoute que selon lui et beaucoup d’autres la démocratie est même mauvaise pour les libertés. La messianique et obligatoire démocratie est destructrice y compris sur le plan juridique, on le voit en Europe et en Occident aujourd’hui. Ce n’est pas pour rien que les communistes Chinois et les islamistes s’adaptent mieux que nous à la démocratie-marché.

  Il y a vingt ans, les Visiteurs triomphaient sur nos écrans, une génération après l’immense Grande Vadrouille. Depuis nous avons fait du chemin avec Bienvenue chez les chtis, les Intouchables et tout le reste, qui sont d’ailleurs des produits de la programmation mentale, du conditionnement des masses. A l’époque le film de Jean-Marie Poiré, pas très inspiré depuis, alors qu’il avait été excellent dans plusieurs opus (Twist again à Moscou, Papy fait de la résistance, les Hommes préfèrent les grosses surtout, bonne caricature de la société festive socialiste des années 80) avait sans doute permis à la France profonde de prendre sa revanche sur douze ans d’épreuves socialistes. La défaite de 1988 fut en effet irréparable et jamais plus la droite ne fut la droite en France.

Cette fois les socialistes sont revenus encore fous plus qu’avant, s’en donnent à cœur joie avec la dette, les impôts, le chômage, la repentance, la discrimination muée en chasse aux Français, l’effarante théorie du genre et l’accablement de la population par ailleurs victime d’une violence de rue complètement folle. Je crois qu’il faut remonter au temps de l’occupation pour trouver un désespoir si grand de la population française, joint à une telle rage pillarde des occupants. Relisez le début du programme du CNR et vous me comprendrez (*).

 Retour aux Visiteurs, pas ceux du soir. Les Visiteurs font partie de ces œuvres étonnantes qui sont des chefs d’œuvre involontaires. C’est une œuvre dont le contrôle a échappé à ses producteurs, comme un enfant génial à des parents médiocres. Une bonne équipe bien rôdée de vétérans de cabaret et de la bonne grosse comédie française ont réussi alors un exploit et réalisé un classique du cinéma français, peut-être le dernier, sans doute trop considéré comme une grosse partie de rigolade pour être analysé sérieusement – et c’est dommage. Chapeau en tout cas à Poiré, à Christian Clavier, auteur et acteur de deux personnages, à Jean Reno, toujours impeccable, ici royal, et à l’étonnante Valérie Lemercier qui ne confirma jamais ce coup de maître –ou de maîtresse. La suite des Visiteurs fut par d’ailleurs lamentable, comme la troisième partie des bronzés, cette antithèse d’ailleurs des Visiteurs (France rêvée/France réelle).

 Certains films sont à prendre au troisième degré (le Shining de Kubrick, les Renoir), d’autres au deuxième degré (Apocalypse Now, tous les Rohmer), certains autres sont à prendre au premier degré (tous ceux de Walsh ou de Rappeneau). Les Visiteurs sont en tout cas très bons d’un point de vue éducatif et métapolitique pour les raisons suivantes :

–          On est dans un moyen âge de conte de fées bien anglophobe (je sais, les Plantagenêt étaient des Français), on combat pour son roi, et l’on combat fort bien. Le roi a d’ailleurs fière allure, et il s’appelle Louis VI dit le gros.

–          On croit aux forces du bien et du mal et l’on redoute la sorcellerie, que ce soit dans les banques ou dans les hôpitaux ou même les isoloirs.

–          On fait la chasse aux sarrasins, qui ne sont d’ailleurs pas trop nombreux. Il est d’ailleurs bon qu’ils nous croient complètement fous.

–          Dès que l’on voit une sorcière, on lui demande de se rendre, satanique. Et on veut la brûler. Pas question de se montrer magnanime ! Une bonne vieille séance de torture vaut bien notre culture moderne.

–          On aime sa descendance si on est un aristocrate, pas si on est un va-nu-pieds : si on est un serf en effet, on l’envoie dans le passé à sa place.

–          Les petits descendants sont blonds et ils jouent du piano avec maman qui les appelle chatons et en appelle à son curé.

–          Quand on est un homme normal, on en sait pas qui est Michel Drucker. On trouve d’ailleurs que tout est laid et « puire » à l’entour dans le bassin dit parisien.

–          Le dentiste, très drôle, dit le bien qu’il pense de la dernière rocade. Le sinistre paysage autoroutier, digne du monde de Mordor, affole légitimement le pauvre chevalier et sa monture.

–          Si l’on est un esclave, on s’intègre immédiatement à cette société, et l’on s’achète une voiture américaine en gardant le prix marqué dessus (75 000 F je crois, aujourd’hui ce serait en euros). On passe aussi son temps au bowling en buvant des bières et on s’habille en conséquence.

–          Le serf épouse bien sûr madame Houille, ce modèle Vuitton clochard de la bourgeoise socialo et de la gueularde humanitaire. Elle est obsédée par le people, la madame Houille, cette prophétesse de notre vie mondaine élyséenne.

–          Les Français en 800 ans changent, mais pas trop. Les Français modernes sont les descendants des autres, sur le plan spirituel, moral, racial et même humoristique. Ce pays a de la suite dans les idées. Les petits commerçants poujadistes du restau grill défendent bien bravement leur bifteck en bons koulaks…

–          L’homme du passé, le guerrier des croisades, peut résister seul à une vingtaine de gendarmes. C’est bon signe, il faut toujours se reporter à la surhumanité de ces grandes natures d’antan.

–          L’amour courtois est aussi présent. Hubert et sa descendante craquent discrètement l’un pour l’autre et c’est très beau. La scène d’adieu de Hubert et de dame Béatrice est carrément sublime, un grand moment d’émotion du cinéma français dans la lignée des Visiteurs du soir, de la Belle et la Bête ou de l’Eternel retour, films réalisés aussi sous l’Occupation (et ce n’est pas un hasard : quand on est fait comme des rats, on n’a plus que ces films).

–          On y apprend que Robespierre avait du bon sens, et c’est bien vrai. Une grande partie des gentilshommes nobles qui se sont voulus les maçons de service, les générateurs numériques du monde futur des ronds-de-cuir (relisez Cochin, encore et toujours), furent punis, et c’est bien fait. La réaction littéraire de Chateaubriand et autres Tocqueville et Lamartine ne se fit pas attendre d’ailleurs.

 J’arrête là. Ce film reflétait la volonté française, en 1993, de revivre un destin français et de mettre en fuite  les gueux qui ont pris le pouvoir en France en1793 et surtout en Europe maintenant ; voyez les dégaines à la Jacquouille de Von Rompuy, Barroso, et autres pièces de musée. Souvenez-vous de la raclée que prirent les socialistes la même année, et de la piètre prestation de Balladur and Co ensuite ; on resta dans l’Europe après les manips de Soros ! En tout cas, on ne peut en vouloir aux Français de ne pas avoir su dire non de temps en temps. Pour le reste, on peut aussi se rappeler une chose : dans le film on peut changer le cours de l’histoire en remontant dans les couloirs du temps.

On verra.  Ces boustifailles nous auront mis en appétit !

Nicolas Bonnal

(*)Lisez cela et buvez du petit lait quand on pense à cette folle immigration obligatoire, à notre chère Europe, à la désindustrialisation, à l’héritage Raffarin-Lagarde (production industrielle divisée par 1,7 en dix ans !), à Goldman Sachs et à cette dette qui, ô miracle, a gonflé depuis Pompidou au fur et à mesure que nous nous appauvrissions : 

Les représentants des organisations de résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R… expriment leur angoisse devant la destruction physique de la Nation que l’oppresseur poursuit avec l’aide des hommes de Vichy, par le pillage, par la suppression de toute production utile aux Français, par la déportation (délocalisation) d’ouvriers au nombre de plusieurs centaines de milliers, par l’emprisonnement de Français…

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    il serait étonnant que nombre de lecteurs des ” 4V² ” ( et d’ailleurs ) trouvent autant de concepts de philosophie politique dans ce film et … il en est souvent ainsi … on découvre l’avenir dans le passé quand on est en plein dedans , mais de là à dire que l’auteur était un visionnaire … surtout dans le cinéma qu’on dit à tort et de façon méprisable … populaire , je n’irais pas jusque là

    4 mars 2013 à 14 h 20 min

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