Banques françaises versus règles internationales

Banques françaises versus règles internationales

Depuis cet été, la France, avec ses trois grandes banques – BNP, Société Géné – rale et Crédit Agricole –, est au coeur d’une crise de confiance de la zone euro. Au lieu de prendre la décision douloureuse de provisionner leurs pertes, elles se sont employées à repousser les règles internationales plus strictes.

Les banques françaises ont aidé leurs autorités de tutelle à concevoir une politique qui aille dans leur sens, au contraire de pays comme les États-Unis ou l’Espagne, qui ont forcé leurs banques à se recapitaliser. En avril 2010, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s’est élevé contre l’excès de prudence concernant les fonds propres des banques et a affirmé que l’exposition des banques françaises à la Grèce n’était pas une cause de « préoccupation particulière… »

À la fin de l’année dernière, les trois grandes banques françaises étaient assises sur une montagne de prêts de 419 milliards d’euros envers la Grèce, l’Irlan – de, l’Italie, le Portugal et l’Espa – gne.

Maintenant, arrive la facture longtemps différée. Les experts prédisent que leur retard à enregistrer les pertes entraînera une croissance zéro de l’économie française. Déjà, elles ont réduit leurs prêts en vue d’améliorer leurs fonds propres. « Les ban – ques françaises n’ont pas voulu tirer la leçon de 2008 », a déclaré Jézabel Couppey-Soubeyran, professeur d’économie à l’Uni – versité Panthéon-Sorbonne.

Après la vague d’implosions bancaires en 2008, les régulateurs internationaux avaient commencé à travailler sur une refonte du système bancaire.

À l’automne 2009, le Comité de Bâle avait appelé les banques à détenir beaucoup plus de fonds propres qu’auparavant. « Une telle décision reviendrait à faire provision du capital des actionnaires dans un congélateur »,
avait déclaré Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas.

En septembre 2010, le Comité de Bâle a dévoilé son paquet final. Des règles draconiennes de liquidités et de fonds propres ont été édictées mais, dans une concession majeure à l’industrie bancaire, ces règles ne devraient prendre effet qu’à la fin de la décennie.

Des régulateurs américains ont averti que l’allongement de la période de transition rendait les banques vulnérables si une autre crise surgissait dans l’intervalle. (La crise grecque vient de démontrer la justesse de leur analyse).

Espérant désamorcer les craintes du public, les politiques ont entrepris la mise au point d’un « stress test » des principales banques.

À l’une des réunions de l’Autorité bancaire européenne nouvellement créée, les négociateurs français et allemands ont fait valoir que les résultats ne devraient pas être rendus publics. Ils ont été finalement mis en minorité.

La plus grande bataille consistait à savoir si les tests devaient examiner la possibilité d’un défaut souverain. Les négociateurs français ont insisté pour que les tests ne prévoient pas un tel scénario, car cela minerait la confiance dans les banques européennes. Les régulateurs des autres pays étaient en désaccord.

Mais les voix de la France et de l’Allemagne ont prévalu.

Lorsque les résultats des « stress test » ont été annoncés à la mi-juillet, seule une poignée de banques ont échoué. Les banques françaises ont réussi le test haut la main !

À la fin août, Christine Lagarde, nouvelle directrice générale du FMI, a lancé un sévère avertissement : « Les banques européennes ont besoin d’une recapitalisation urgente pour éviter la contagion. » Le message de Mme Lagarde qui, dans son précédent emploi comme ministre français des Finances avait minimisé ces inquiétudes, a effrayé les investisseurs. M. Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a répondu qu’il ne comprenait pas ce que voulait dire Mme Lagarde. « Peut-être qu’elle a été mal informée par ses collaborateurs », a-t-il déclaré à une radio française…

Les banques françaises se sont alors retrouvées dans l’impossibilité de se refinancer à court terme et leurs cours boursiers ont plongé.

Pourtant, les banquiers français sont restés confiants: « Je ne vois pas de problème », a déclaré le 13 septembre Frédéric Oudéa, le directeur général de la Société Générale. Quelques semaines plus tard, la banque franco-belge Dexia, qui avait aisément passé tous les « stress-tests », était en faillite… n

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Ils ont fait Polytechnique , Centrale , H.E.C. , l’E.N.A. ( école nationale de l’arrogance) ces banquiers,   Monsieur Noyer compris  ? Quant à Madame Christine Lagarde  elle n’ jamais été de sa vie entière que la " toucane " de ceux qui l’employaient : compétence zéro , le tout étant de jouer le rôle pour lequel elle avait signé le contrat …

    26 janvier 2012 à 22 h 23 min

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