La finance et la crise face à la dette des Etats et au défi industriel

La finance et la crise face à la dette des Etats et au défi industriel

Durant des années, la finance tant nationale qu’internationale a facilité les endettements avec des taux d’intérêt si attractifs que l’ensemble des agents économiques se retrouve aujourd’hui comme la cigale de La Fontaine face aux fourmis prêteuses : fort dépourvu.

 Ce qui nous sépare des leçons de la célèbre fable, c’est que certains prêteurs ont outrageusement spéculés, grâce à l’informatique, sur la manne des crédits pour engranger des bénéfices souvent considérables et spéculer parfois de façon aussi irréfléchie que désastreuse.

Nous assistons à la fois à l’ascension de traders millionnaires et à des faillites bancaires. Ces spéculations explosives, les fameux CDS, ont été rendues possibles grâce à une informaticienne de talent, Blythe Masters, recrutée par la banque JP Morgan et qui anime plusieurs centaines de traders.

La crise de 1929 a montré les risques de la spéculation et le souci des dirigeants politiques de contrôler les activités de marché.

Que représentent ces activités de marché dans les grandes banques françaises ? Chez BNP Parisbas, 42 % du Bilan ; à la Société Générale, 36 % ; au Crédit Agricole, 28 % ; et au Crédit Mutuel, 8 % seulement. Pour ce dernier, les activités de marché restent marginales. Nos banques sont très encadrées et très surveillées et elles se veulent principalement au service des particuliers et des entreprises, à l’exemple du Crédit Mutuel qui compte 25 000 administrateurs élus parmi les mutualistes.

 L’actualité économique et sociale met aujourd’hui au premier plan une banque liée à notre industrie automobile et ses problèmes. Rappelons d’abord que durant les neuf premiers mois de 2012, les ventes de Renault ont chutés de 17 %, comme celles de Fiat, et celles de Peugeot de 13 %.

Peugeot, qui a perdu 90 % de sa valeur boursière en cinq ans, risque de perdre près d’un milliard d’euros cette année, mettant en danger sa banque BPF.

 Non seulement les banques créancières de BPF repoussent les échéances de remboursement de 4 milliards, mais elles accordent un nouveau crédit d’1, 5 milliards d’Euro et l’État donnerait sa garantie pour 4 milliards !

 Et comme un malheur n’arrive jamais seul, l’agence de notation Moody’s dégrade Peugeot et sa banque.

 L’industrie automobile reste un phare économique dans les pays développés et Peugeot emploie 100 000 personnes. Sa valeur boursière n’est plus que de 2 milliards d’euro, une bagatelle pour les banques et les grandes startup. Peugeot ne risque-t-il pas d’être racheté ? Le paradoxe est que sa situation financière et les problèmes sociaux du site d’Aulnay laissent les investisseurs potentiels perplexes.

 Le redressement de Général Motors montre que la voie de l’espérance reste possible si une véritable union État-banques-syndicats-Peugeot cherchait une renaissance de cette marque emblématique.

 La finance est un outil, un levier de l’économie et de l’industrie : elle ne doit pas être le bouc émissaire de la crise. L’Europe veut qu’elle soit mieux régulée ; pourquoi pas, mais nous concernant, rappelons encore une fois que notre dépense publique représente 56 % du PIB contre 48 % en Allemagne et qu’aucun redressement durable de la croissance et de l’emploi n’est possible si nous n’expliquons pas et ne réduisons pas jour après jour ces 160 milliards de dépenses inexpliquées.

Hubert Beaufort

Avec l’aimable autorisation de Radio Notre-Dame

 

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Comments (2)

  • Bainville Répondre

    “Certains ont outrageusement spéculés

    Les ventes de Renault ont chutés ”

    De grâce, donnez une bonne orthographe

    Il est étonnant de méconnaître les règles fondamentales de l’économie….de notre langue

    3 décembre 2012 à 18 h 47 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      en effet c’est … singulier
      mais il s’agissait simplement que d’un simple enregistrement radiophonique !

      4 décembre 2012 à 14 h 09 min

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