La France contre l’esprit d’entreprise

La France contre l’esprit d’entreprise

Le processus de création d’emplois, au sein des entreprises, est un phénomène économique, écrivait Marc-Albert Chaigneau dans le n° 1049.

Avec cette phrase, en début de son article, l’essentiel est dit.

On ne lutte pas contre le chômage avec des « mesurettes » sociales, telles que les contrats aidés, les contrats jeunes, la prime à l’embauche…

Certes, ces mesures ont sans doute un effet positif, mais elles constituent réellement comme une goutte d’eau pour irriguer le désert.

Mon patron allemand disait de nous, Français, que nous étions des « juridistes ». Quand il y a un problème, on promulgue de nouveaux règlements (arrêté, circulaires) ou on désigne une commission d’étude.

C’est la façon latine et romaine de régler les problèmes, alors qu’il faudrait AGIR.

Pour être efficace en matière de création d’emplois, il faut :
1) Produire des biens et des services qui correspondent à l’attente de la clientèle moderne et… mondiale.

En ce domaine, il me semble absurde de donner une prime de création à un entrepreneur qui se propose de fabriquer des chapeaux de feutre pour dames ou des chapelets pour bigotes catholiques, tant l’échec de l’entreprise est prévisible !

2) Disposer d’une force commerciale qui, entre autres, ne rechigne pas à se déplacer dans les pays étrangers. J’ai fait de l’export, en particulier au Viet­nam à partir de 1995, et j’ai pu constater l’absence de la France en matière commerciale. Ainsi, lors de mon dernier voyage en 2007 (année de ma retraite), j’ai été surpris de constater le nombre de véhicules de marque allemandes (BMW et Merce­des), inexistants vingt ans plus tôt, alors que je n’ai vu qu’une seule automobile de marque française, une 205 Peugeot stationnée dans la cour… du consulat de France !

Explication : les deux marques allemandes ont une agence à Saïgon ; les marques françaises n’en ont pas, sauf installation récente.
Ce résultat est d’autant plus regrettable que la France garde au Vietnam, et en dépit d’années douloureuses, une bonne image de marque.

L’anecdote ci-dessus n’est pas une exception.

J’aurais d’autres exemples à citer qui démontrent que le Français est un sédentaire ma­gnifiquement exprimé par le héros de Thierry Le Luron, lequel est un travailleur pleinement satisfait : il a « un petit travail tranquille, pas loin de chez lui, avec des horaires réguliers. » Que demander de plus ?

Ce choix de la « tranquillité » se ressent plus généralement en matière entrepreneuriale.

Mon professeur d’Organisation Scientifique du Travail (OST) faisait cette comparaison. Aux USA, un entrepreneur qui réussit (et gagne de l’argent) est considéré comme un « pionnier » qui suscite d’autres vocations d’entrepreneurs. En France, le même entrepreneur est un coupable car, s’il fait des bénéfices, c’est qu’il a volé quelqu’un : son personnel, ses clients, ses fournisseurs ou l’État… Il doit donc être sanctionné.

Dès lors, faut-il s’étonner de la rareté des candidats entrepreneurs, sans parler, bien sûr, des entreprises existantes qui « passent la main » à des groupes étrangers ?

Partager cette publication

Comments (1)

  • Jacky Social Répondre

    @ClaudeRoy: “Pour être efficace en matière de création d’emplois, il faut d’abord remplir le carnet de commandes. Comment remplit-on le carnet de commandes? En etant competitifs. Comment devient-on competitifs? En ayant le plus de marge de manoeuvre dans la gestion de ses propres couts, surtot les couts variables? Comment obtenir cela? En etant libere le plus possible de camisole de force de l’etat. Le reste, cad. ce que vous decrivez, viendra tout seul, evidemment a condition d’avoir un bon produit que le marche souhaite. Encore une fois, il s’agit de l’economie de l’offre.

    15 juillet 2016 à 15 h 13 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *