La monnaie unique et les parités fixes

La monnaie unique et les parités fixes

De nombreux lecteurs, me disent ne pas comprendre les exigences imposées par les changes flottants ou par les parités fixes.
Ni pourquoi la balance commerciale de la France est chaque mois un peu plus déficitaire, alors qu’à l’inverse, la balance commerciale allemande est chaque mois un peu plus excédentaire.

Une monnaie commune, l’euro, a été choisie, en 1999, par 6 pays européens. Aujourd’hui, l’euro unit 17 pays.
Depuis que la référence à l’or n’existe plus, toutes les fois que des échanges se font entre deux pays différents, les États ont, en pratique, le choix entre deux solutions : les « changes flottants » ou la « parité fixe ». Qu’il y ait une monnaie commune ou qu’il n’y en ait pas.
Soit les États utilisent les changes flottants. Ils décident de laisser le marché déterminer, au jour le jour, la valeur des produits offerts aux consommateurs. Quand les échanges sont très peu nombreux, ce système est le meilleur.

Soit les État utilisent la parité fixe. Le pouvoir politique décide alors de se substituer au marché pour déterminer la valeur relative des monnaies. Quand les échanges sont nombreux et quotidiens, ce système est le meilleur. Il a donc été choisi pour l’euro. Bravo !

Tous les mois, le fonds monétaire International (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE) publient l’évolution des prix dans tous les pays européens. L’augmentation des prix atteint, tous les mois, près de 0,2 % de plus en France qu’en Allemagne. Une simple addition permet de constater que les prix français sont ainsi, aujourd’hui, supérieurs de plus de 16 % aux prix allemands.

Or, la parité fixe liant l’ancien franc à l’ancien mark n’a pas changé depuis la création de l’euro, depuis 12 ans. À qualité égale, une Volkswagen vaut donc plus de 15 % moins cher qu’une Renault. Pas étonnant que Renault aille construire ses voitures au Maroc pour redevenir compétitif…
Cette réalité économique augmente tous les mois le nombre des chômeurs en France. Mais, heureusement, les Français produisent aussi un excellent Champagne. Et le beau soleil de la Côte d’Azur est plus attirant que la fraîcheur de la mer Baltique.

Tant qu’une modification des parités liant l’ancien Mark à l’ancien Franc ne rétablira pas la compétitivité des entreprises françaises, le chômage ne pourra que progresser chez nous.

Mais, en 1999, les pays européens auraient tout aussi bien pu choisir un autre système : celui des « changes flottants ». Et les marchés auraient alors, au jour le jour, fixé les prix.

Prenons l’exemple de ce qui se passe en France.
La France est, en effet, divisée en de nombreux « territoires » : communes, assemblées de communes, cantons, arrondissements, départements, provinces… Chacun de ces espaces a sa propre fiscalité. Les impôts payés par les entreprises, les commerçants ou les particuliers y sont différents. Il n’y a pas de « parité fixe » entre Mâcon ou Chalon, entre Lyon ou Marseille. Et les prix y varient de façon différente tous les jours.
Dans une telle situation économique, la ville qui décide de réduire au maximum possible les impôts frappant les entreprises installées sur son sol les attire. Elle fait ainsi diminuer le chômage chez elle. Mais elle aggrave le chômage des villes voisines.

La France et ses territoires nous offrent finalement un bon exemple de ce que donnent les changes flottants associés à une monnaie commune.
Le choix du système à parité fixe fait en 1999 simplifie de façon évidente le travail des producteurs, des vendeurs et des acheteurs. Il permet, en particulier, aux acheteurs et aux emprunteurs, de profiter d’une stabilité des prix.

Mais, si le comportement inflationniste des peuples est différent, ce choix ne peut qu’être associé à une modification de cette parité tous les deux ou trois ans. Modification correspondant à une dévaluation de l’ancien franc par rapport à l’ancien mark. Si une telle modification n’est pas effectuée, la spéculation intervient. Elle intervient, en effet, toujours quand une parité fixe est maintenue trop longtemps.

Ce ne sont pas les banquiers qui doivent être punis, en les imposant davantage. Ce sont les responsables politiques qui sont les grands coupables.

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Comments (13)

  • ozone Répondre

    Dans les années 70 et 80 il était possible d’ouvrir des comptes a 14%,un peu au dessus de l’inflation,l’épargne restait quand même possible.

    L’inflation sans étre incontrolée n’est pas pire que la situation actuelle ou l’inflation existe bel est bien mais est minimisée,c’est les bas revenus qui trinquent parce que celle ci concérne surtout les biens de premiére nécessité.

    17 juillet 2012 à 20 h 27 min
  • Anonyme Répondre

    Si je comprends bien, l’€ est devenu la monnaie inique

    17 juillet 2012 à 9 h 49 min
  • pi31416 Répondre

    quinctius cincinnatus:

    «Bernard Trémaux et la " conversion " c’est un casse-tête chinois que tente de résoudre un aveugle»

    C’est pourtant pas difficile à comprendre. Il suffit d’ajuster la parité du dahu avec la licorne et tout ira bien

    17 juillet 2012 à 9 h 48 min
  • pi31416 Répondre

    quinctius cincinnatus:

    «Bernard Trémaux et la " conversion " c’est un casse-tête chinois que tente de résoudre un aveugle»

    C’est pourtant pas difficile à comprendre. Il suffit d’ajuster la parité du dahu avec la licorne et tout ira bien

    17 juillet 2012 à 7 h 41 min
  • pi31416 Répondre

    quinctius cincinnatus:

    «Bernard Trémaux et la " conversion " c’est un casse-tête chinois que tente de résoudre un aveugle»

    C’est pourtant pas difficile à comprendre. Il suffit d’ajuster la parité du dahu avec la licorne et tout ira bien

    16 juillet 2012 à 20 h 35 min
  • F Répondre

      @ Florin
     Je ne sais pas si vous êtes économiste, mais quand vous écrivez quelque chose, je comprends.
     Ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’autres…

    14 juillet 2012 à 22 h 37 min
  • Florin Répondre

    "Il n’y a pas de « parité fixe » entre Mâcon ou Chalon, entre Lyon ou Marseille. Et les prix y varient de façon différente tous les jours."

    ah, ENFIN !!!!  M Trémeau touche, sans le vouloir, le fond du problème : tout comme entre Lyon et Marseille il ne saurait y avoir dévaluation compétitive, à cause d’une monnaie commune (euro aujourd’hui, franc français hier, …), de la même manière, parler de dévaluation compétitive par rapport à l’Allemagne EST TOUT AUSSI ABSURDE, à cause de cette même unicité de monnaie.

    S’il y a concurrence, entre Lyon et Marseille, ou entre la France et l’Allemagne, elle s’exerce AILLEURS que sur le plan monétaire. Tant mieux !

    La monnaie ETAIT une réponse (de facilité, presqu’une escroquerie) aux décalages économiques, ELLE NE L’EST PLUS !!!! Les Etats du Sud se maintenaient à flot, non pas en faisant des efforts de productivité et de bonne gestion, mais en décidant, de manière autoritaire, "bah tiens, ton argent, à partir de ce matin il vaut beaucoup moins".  Cette manoeuvre s’apparente à une hausse générale, uniformisée, des impôts.

    Comme elle frappait, en priorité, les "possédants", elle a été bannie au nom de la sacrosainte lutte contre l’inflation.(Le smicard dépourvu d’épargne s’en moquait de tout ça.)

    Rappelons que dans les années 70 – 80, il y avait une inflation assez forte, à deux chiffres. Cela n’empêchait pas le niveau de vie REEL d’augmenter tous les ans, le chômage d’être bas, les gens d’avoir un meilleur accès au logement etc qu’aujourd’hui.

    La monnaie n’est pas un faux problème. Mais elle est loin d’être le PRINCIPAL problème.

    Comme beaucoup ici, j’attends les explications de M Trémeau sur sa vision concrète des choses : comment, selon lui, dévaluer l’euro des Français en réévaluant celui des Allemands. Comme de nos jours les occasions de rigoler se font plus rares, allez-y, M Trémeau !

    14 juillet 2012 à 12 h 48 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ Jean l’Alsacien

    vous n’avez pas idée de la " thune " qui se fait entre Gênes et Naples !

    14 juillet 2012 à 9 h 01 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    L’euro c’était une belle idée, mais il fallait d’abord mettre les gars de Hambourg, de Marseille, de Gênes et de Barcelone sur la même longueur d’onde.
    Atteler les boeufs derrière la charrue n’a jamais labouré un champ!

    13 juillet 2012 à 11 h 08 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Bernard Trémaux et la " conversion "  c’est un casse-tête chinois que tente de résoudre un aveugle … mais ses articles ont au moins le mérite de nous montrer dans quel foutoir la Constitution européenne de Giscard qui se dit d’Estaing nous a mené !

    12 juillet 2012 à 16 h 29 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    En Allemagne on assiste à une fuite de l’euro. De plus en plus de régions et de villes ont créé une monnaie régionale ou locale. En mai 2010 il y en avait déjà 67.
    Pour les germanophones voir ici:
    http://de.wikipedia.org/wiki/Liste_der_Regionalgelder

    PS: la chute finale de l’euro n’est qu’une question de temps.

     

    12 juillet 2012 à 9 h 01 min
  • ozone Répondre

    N’y aurait t’il pas confusion entre monnaie commune (ECU) et monnaie unique (EURO)??

    11 juillet 2012 à 17 h 52 min
  • F Répondre

       Toujours le même verbiage, Monsieur Trémeau.  Pour reprendre votre exemple, expliquez nous donc comment feraient Lyon ou Marseille pour changer la parité de leur monnaie qui n’existe plus par rapport à l’Euro pour redevenir compétitif…
        C’est tout de même fou qu’en prétendant nous expliquer ce que nous n’avions pas compris, vous vous acharniez sur ce qui ne nous posait pas de difficulté ( parité fixe/ change flottant ) en laissant toujours aussi obscure ce qui est incompréhensible: Comment changer la parité de monnaies qui n’existent plus? Vous le faites exprès ?

    11 juillet 2012 à 15 h 07 min

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