Démolition européenne !

Démolition européenne !

est en cours d’examen par la Conférence intergouvernementale, avec des oppositions qui paraissent pour l’instant inconciliables, c’est à une nouvelle fracture européenne que vient d’aboutir l’obstination des gouvernements français et allemands à maintenir coûte que coûte leurs déficits budgétaires abyssaux.

Pourtant, quand il s’est agi de faire l’euro, ce sont ces mêmes deux pays qui, par défiance à l’égard des pays du sud de l’Europe, ont cru devoir imposer un « Pacte de stabilité », avec des limites strictes concernant les déficits budgétaires et le montant accumulé de la dette publique ! Nous étions parmi les donneurs de leçon. Mais, aujourd’hui, la vertu a changé de camp…

Au plan économique, il est indiscutable que ce sont les pays qui pratiquent l’équilibre budgétaire, qui obtiennent les meilleurs résultats. La stimulation de la consommation par le déficit, vieille lune socialiste (version Keynes) ne peut être pertinente qu’à titre exceptionnel, et encore, toujours au détriment de l’épargne et du financement privé de l’investissement. Mais un pays comme le nôtre qui est en déficit budgétaire sans interruption depuis plus de trente ans, et qui est incapable de programmer même à moyen terme le retour à l’équilibre, ferait mieux de ne plus parler, une bonne fois pour toutes, de politique économique conjoncturelle…

C’est au plan politique que l’accord du 25 novembre risque de faire le plus de dégâts. Le Pacte de stabilité, pour les pays de la zone euro, était en quelque sorte leur constitution monétaire. Si on met celle-ci entre parenthèses, pourquoi ne pas en faire autant, à l’occasion, pour toute autre règle européenne, y compris celles déjà inscrites dans les traités ? Et pourquoi respecter les termes de la prochaine Constitution européenne ? Et à quoi bon même l’adopter ?…

Depuis plusieurs années, la construction européenne, de plus en plus technocratique, souffrait d’un déficit démocratique. Elle se traduisait par des compromis laborieux au niveau des États, la Commission de Bruxelles s’efforçant toujours de jouer le rôle du conciliateur. Aujourd’hui, la division n’est plus seulement entre les États. Elle est aussi entre un certain nombre d’entre eux et la Commission, laquelle envisageait même de porter son différend avec la France devant la Cour de justice de Luxembourg ! La confusion européenne n’a jamais été si grande. On a l’impression d’un chantier de démolition…

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Comments (2)

  • Isocrate Répondre

    Oui certes, mais la France et l’Allemagne ne sont en rien comparables aux autres pays européens. D’un côté, l’Allemagne a toujours à “digérer” plus de 20 millions “d’ossies” anciens prisonniers et esclaves de l’URSS , de l’autre la France doit “entretenir”: a) son ancien empire colonial et même doublement: chez eux et chez nous! b) son armement nucléaire, alias force de dissuasion. Il n’ y a donc rien d’étonnant à ce que ces deux pays aient un peu plus de difficultés financières que le Luxembourg ou la Principauté de Monaco…..

    4 décembre 2003 à 16 h 52 min
  • lola Répondre

    Bonsoir Jean Rouxel: n’oubliez-vous pas dans votre procès la question essentielle: pourquoi s’obstiner à construire l’Union Européenne?

    3 décembre 2003 à 19 h 57 min

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