Non au Pacte budgétaire européen

Non au Pacte budgétaire européen

Entretien avec Véronique Besse
Député MPF de Vendée

Vous vous opposez au pacte budgétaire européen. Pou­vez-vous nous expliquer pourquoi ?

Comme je l’ai rappelé lors du vote de confiance au gouvernement, le 3 juillet dernier : « L’Assemblée nationale est le cœur battant de notre démocratie. » Or, avec ce nouveau traité, les parlements nationaux de­viendront de simples chambres d’enregistrement des décisions de Bruxelles. L’Union européenne est devenue une machine qui broie tout sur son passage, pour mieux uniformiser. Pourtant, il n’est pas raisonnable de construire l’Europe de demain au mépris de sa substance même, c’est-à-dire les peuples, qui doivent rester maîtres de leur destin. En entérinant le Pacte budgétaire européen, l’Assemblée nationale sacrifierait un des derniers pouvoirs du peuple français pour le remettre à un aréopage restreint de technocrates non élus. Cette mise sous tutelle forcée apparaît comme une décision antidémocratique, et donc illégitime.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le libre-échangisme et l’euro, fruits du fédéralisme européen, ont favorisé la désindustrialisation et aggravé la crise dont souffre notre pays. L’Union européenne, loin de nous protéger, est devenue une chape de plomb qui nous étouffe. Face à cela, une Europe des nations, respectueuse de la souveraineté des peuples, est nécessaire pour renouer avec une politique de croissance. Or, ce nouveau traité propose, au contraire, de renforcer le fédéralisme. Nous sommes dans le « malade imaginaire » de Molière : le patient, c’est-à-dire notre pays, souffre d’une hémorragie et le gouvernement souhaite le saigner pour mieux le guérir. Il est temps de refuser les ordonnances prescrites par les Diafoirus de l’économie ! Il serait irresponsable d’abandonner notre politique budgétaire pour la confier à la Commission européenne.

Ne serait-il pas sain qu’un minimum de rigueur budgétaire s’impose enfin aux gouvernements ?
Cette rigueur budgétaire est devenue synonyme de récession généralisée. Une grande rigueur, accompagnée d’une perte d’autonomie budgétaire, aurait un impact négatif sur l’économie. L’austérité généralisée va créer une spirale de récession économique dont il sera difficile de sortir. Si l’on juge un arbre à ses fruits, on se doit de constater l’échec des politiques d’austérité appliquées en Grèce, en Italie et en Espagne. Loin d’avoir favorisé une gestion plus saine des finances publiques, elles ont aggravé le problème du déficit et de la dette en provoquant un effondrement des recettes fiscales. Ainsi, ce pacte budgétaire, s’il est accepté, empêcherait toute relance de la croissance et ferait rentrer un grand nombre de nations en dépression, y compris l’Allemagne qui réalise aujourd’hui les deux tiers de son excédent commercial en Europe.

Vous demandez un référendum sur le pacte budgétaire, mais ne serait-il pas voué au même sort que les référendums précédents qui, en France et ailleurs, avaient refusé l’avancée du fédéralisme européen ?

Tout d’abord, il convient de rappeler que les Français, sur ce sujet, souhaitent être écoutés. Le 27 août dernier, un sondage publié dans le journal « L’Huma­nité » a, en effet, révélé que 72 % d’entre eux pensent qu’un référendum est nécessaire sur le pacte budgétaire européen. Dans ces conditions, comment peut-on continuer à s’étonner du manque de confiance du peuple à l’égard de ses représentants ? Instaurer un référendum sur ce nouveau traité serait d’abord une mesure de bon sens, indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie.

En 2005, le rejet de la constitution européenne par le peuple français a d’ailleurs crûment révélé le fossé entre la population et les élites. La ratification du traité de Lisbonne par les parlementaires a accentué ce sentiment de trahison. En instaurant un référendum, le chef de l’État a, à nouveau, la possibilité de redonner la parole au peuple. À l’inverse, en refusant cette pratique démocratique, François Hollande rassurerait les chantres de l’Union européenne, mais trahirait nos concitoyens et achèverait de détruire le peu de confiance qu’il leur reste à l’égard de nos institutions. Cette déliquescence de notre démocratie n’est évidemment pas souhaitable. L’avenir de notre pays doit se préparer avec le peuple et non contre lui.

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Comments (4)

  • F Répondre

        Parler d’austérité pour la Grèce est un peu fort! En restant schématique, je dirais que la rigueur c’est ne pas dépenser plus qu’on ne gagne ( cela devrait être un comportement habituel) et l’austérité serait plutôt le comportement d’Arpagon qui dépensait et investissait moins qu’il ne gagnait…

        La Grèce n’en est même pas à la rigueur, car, ne faisant pas rentrer les impôts et ayant augmenté son nombre de fonctionnaires, elle dépense toujours plus qu’elle ne gagne…

         Sinon, à la fois d’accord et pas d’accord avec le MPF.
           – Pas d’accord car avoir un budget en équilibre est une nécessité si nous voulons être indépendant économiquement et politiquement.
           – D’accord que des fonctionnaires européens n’ont pas à fourrer leur nez dans nos affaires. ( Mais pour cela, le meilleur moyen est de respecter le point précédent).
           – D’accord que le fédéralisme est à éviter si les pays d’Europe veulent rester eux même et s’ils ne veulent pas se faire gouverner par une oligarchie. ( De ce côté, nous avons déjà malheureusement mis la main dans l’engrenage. Mais ce n’est pas une raison pour y mettre le bras…).

      

    20 septembre 2012 à 16 h 55 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    si nous pouvions déjà construire une Europe des Nations (  sans Jaurès bien sûr puisque elle serait , elle , VRAIMENT démocratique  ! )  l’avenir serait certainement plus serein , et l’horizon démocratique bien davantage dégagé !
    mais je ne désespère pas cet avenir avec François Culbuto de la III ième République   comme petit timonier

    19 septembre 2012 à 12 h 31 min
  • Jaures Répondre

    Qu’a amené le "non" au dernier referendum de 2005 ? La prospérité économique ? Un élan démocratique européen ? Qu’attendre d’un tel vote où se mêlent communistes, extrême gauche, gaullistes souverainistes, mouvement des citoyens, opportunistes socialistes, Front National, … Vous imaginez tout ce beau monde autour d’une table construisant l’Europe de demain ?
    En fait, les mouvements minoritaires adorent ce type de referendum où s’agglomèrent des motivations contradictoires qui permettent à chacun, notamment à des partis insignifiants comme le MPF, de crier victoire à bon compte.

    18 septembre 2012 à 18 h 40 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    le MPF est donc toujours en vie comme le " Petite Eglise " …
    nous sommes sauvés !

    18 septembre 2012 à 16 h 49 min

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