Défense de l’Occident et Constitution européenne

Défense de l’Occident et Constitution européenne

Qu'est-ce que l'Occident ? NemoDans son dernier ouvrage, le professeur Philippe Nemo, s’interroge sur la signification du concept de « civilisation occidentale ». Plusieurs de ses travaux précédents lui avaient permis de déblayer le terrain notamment ses deux gros ouvrages parus successivement en 1998 et 2002 sur l’histoire des idées politiques, d’abord de l’Antiquité au Moyen âge, puis aux temps modernes et contemporains.

Une définition précise de ce qu’est l’Occident nous est proposée. Elle tient en cinq points, qui sont autant de moments fondateurs de notre civilisation commune. Il y a tout d’abord le miracle grec, avec l’invention de la Cité, et des bases de la science. Il y a ensuite l’invention du droit avec l’émergence de la propriété privée, de la « personne ». L’humanisme est né. Il y a troisièmement la révolution judéo-chrétienne qui, avec la Bible et le Nouveau testament, met sur pied une morale universelle fondée sur l’amour du prochain et la compassion à l’égard de tous ceux qui souffrent. C’est ensuite ce que l’auteur appelle la « révolution papale » ou réforme grégorienne (XI-XIIIè siècles) qui ouvrira la voix à la laïcité après avoir tourné le dos à la théocratie. C’est enfin la démocratie libérale qui apparaît au XVIIIè siècle, d’abord en Hollande et en Angleterre, puis aux États-Unis et en France, pour se répandre finalement dans l’ensemble de l’union occidentale, colonies de peuplement européen comprises.

Pour appartenir à l’Occident, il faut, selon l’auteur, partager les cinq éléments de cette définition. C’est pourquoi, par exemple, les pays de tradition orthodoxe, qui n’ont pas vécu, par définition, la « révolution papale », peuvent être considérés comme n’appartenant pas à l’Occident. En conséquence, si l’Union européenne voulait bien se définir comme un ensemble de pays occidentaux, non seulement elle n’intégrerait certainement pas un pays comme la Turquie, mais encore, elle devrait revenir sur l’adhésion de pays comme l’Albanie, la Roumanie ou même la Grèce, qui n’ont pas toutes les caractéristiques de pays occidentaux. En tout état de cause, leur présence à l’intérieur de l’Union risque de poser ultérieurement des problèmes de civilisation…

Bien que ce ne soit pas son objectif premier, Philippe Nemo nous rappelle utilement l’extraordinaire bilan de cette civilisation occidentale, non seulement en termes de création artistique, de progrès technique et scientifique, mais encore, bien sûr, sur les critères si prosaïques de l’économie. Sans oublier la démographie. Et à cet égard, le rappel de quelques chiffres ne fait certainement pas de mal : pendant trois ou quatre millions d’années, l’espèce humaine n’a jamais compté plus de dix millions d’individus. La révolution néolithique a permis une multiplication par cinquante, portant la population mondiale à l’époque du Christ à quelque 250 millions d’individus. Mais, entre 1750 et 2000, la population mondiale est passée de 700 millions à 6 milliards, soit un quasi-décuplement ! Qui peut nier qu’au moins 5 milliards d’individus sur 6 doivent leur subsistance et même leur existence à l’Occident et à ses œuvres ?

L’ouvrage de Philippe Nemo remet beaucoup de pendules à l’heure. D’abord s’agissant des querelles intra-occidentales. Car l’Amérique est tout autant en Occident que l’Europe. Des conflits peuvent apparaître et se développer – on l’a vu récemment – entre celle-ci et les États-Unis. Mais il convient toujours de faire la part des choses (et Philippe Nemo nous y aide) : il peut y avoir une rivalité morale, économique et culturelle entre les deux continents, mais une confrontation belliqueuse est impensable, non pas pour des raisons pratiques, mais parce que nous partageons la même civilisation. Nous ne pouvons pas être dans un conflit de civilisation avec l’Amérique alors que nous pouvons l’être demain avec toutes les autres civilisations, que ce soit le monde arabo-musulman ou le monde chinois avec lesquels semblent s’accumuler actuellement les éléments objectifs de confrontations à venir.

Philippe Nemo est un fervent partisan du dialogue entre les civilisations. Cependant, pour être fécond, ce dialogue doit s’appuyer sur des concepts clairs et non pas sur des visions superficielles et édulcorées…

L’auteur, incidemment, dénonce l’immigration non maîtrisée, qui, dans toute l’Europe, aboutira fatalement à un amoindrissement de la force d’expression de notre civilisation, de sa vigueur et donc de sa capacité concurrentielle.

L’opposition de Philippe Nemo à l’entrée de la Turquie en Europe, ne fait aucun doute. En ce qui concerne le référendum du 29 mai sur la Constitution européenne, je le soupçonne d’être tenté par le « non ».

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Comments (4)

  • sas Répondre

    faire une constitution avec des pays qui ont un pied dedans et un pied dehors…angleterre..italie…est d’un farfelu qui n’a d’égal que la “nasse”prévue pour nous enfermer…ceux qui fabriquent l’europe au pas de charge contre les peuples et les nations …sur l’autel du veau d’or (ultraliberalisme et haute finance internationnale) ne nous aiment pas…ne défendent pas nos intérêts vitaux…et ne sont pas de notre bord..C EST SURE ET CERTAIN et c’est déjà suffisant pour dire “non à la constitution” c’est pas de la peur , ni de l’ignorance…c’est juste une mesure de précaution salutaire , lorsqu’on n’a aucune visibilité sur des changements intrinsèquement fondamentaux pour nos peuples.. sas

    26 mars 2005 à 16 h 42 min
  • Denis Répondre

    Si le dernier critère de l’appartenance à l’Occident est la “démocratie libérale”, j’ai bien peur que la France en soit sortie depuis longtemps !

    23 mars 2005 à 15 h 29 min
  • cast Répondre

    Qui a lu le projet de constitution européenne? Certainement pas les journalistes qui se contentent de répéter ce que leurs amis politiques leurs susurrent. Certainement pas la majorité des politiciens français qui se contentent d’obéir aux ordres de leurs partis par crainte de ne plus avoir certains avantages (une investiture par exemple). Car en fait ce projet se résume très simplement: -sur 250 pages,des déclarations de grands sentiments:l’union est pour les gentils et contre les méchants -sur à peine une dizaine de pages la question des moyens de cette politique:deux moyens se dégagent: premièrement un accroissement considérable des pouvoirs de la Commission européenne:en particulier aucun projet de loi ne pouura être soumis au vote des députés sans avoir été validé et présenté par la commission qui devrait donc perdre son nom et prendre à mon sens le nom de Comité Central Européen -deuxièmemnt,il est écrit noir sur blanc que l’action de l’union sera dirigée à obtenir une mondialisation harmonieuse.Pour ce faire il sera interdit d’effectuer le moindre contrôle sur les marchandises véhiculées.Les quelques contrôles douaniers qui subistent encore seront illégaux.Les organisations maffieuses doivent se frotter les mains:la nouvelle constitution accroitra encore plus la criminalisation de l’Europe.On pourra après faire des tonnes de réunion pour évaluer les “nouvelles menaces”. Sans parler des délocalisations sauvages,des flux migratoires encore un peu plus favorisés,etc…

    21 mars 2005 à 11 h 22 min
  • F&H Répondre

    Bonjour, mr Dumait, Eh oui, tout est là. La première pierre à posée pour la renaissance de l’Europe et de ses valeurs n’est pas l’économie ou le social, mais la mémoire. Commençons par nous rappeler qui nous sommes… F&H

    20 mars 2005 à 17 h 24 min

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