Catalogne: l’illusion indépendantiste

Catalogne: l’illusion indépendantiste

Le discrédit des classes politiques n’épargne pas l’Espagne. Partant, les indépendantistes ca­talans entendent profiter de cette faiblesse pour tenter de faire sécession.
Cette campagne pour l’indépendance de la Catalogne n’est pas sans rappeler celle de l’Écosse, qui menaça récemment de disloquer le Royaume-Uni.

Elle en appelle à tous les fantasmes au goût du jour. Le mythe d’une nation « nouvelle », qui a tout l’avenir devant elle, et qui entend faire table rase de son passé « espagnol ». Un réflexe identitaire bien problématique, lorsqu’on entend ses chefs affirmer que le nouvel État rejoindra l’Union européenne, sitôt l’indépendance obtenue !
Imaginer que la tutelle de Bruxelles sera moins pesante que la tutelle madrilène fait doucement sourire !

La perte de souveraineté risque d’être encore plus retentissante. Comment peut-on faire preuve d’une telle naïveté ? Car les faits montrent bien que les petits États ont bien du mal à défendre leurs intérêts dans cette Europe dominée par l’argent et les grandes puissances.
Plus étranges encore sont les sympathies à peine voilées pour cette mouvance, par ceux-là même qui ne cessent de diaboliser toute velléité de sentiment national. Or que voit-on à Barcelone, sinon l’expression d’un nationalisme catalan se complaisant dans l’étalage de drapeaux chatoyants et la multiplication de revendications identitaires ?

Ces sympathies ont une logique. L’administration bruxelloise en­tend casser les États-nations.
Le mouvement séparatiste catalan, comme la fronde écossaise, s’inscrit dans cette stratégie.
Pourtant celle-ci est loin de faire l’unanimité. Ne sont-ce pas les États-nations qui ont assuré l’équilibre européen du Congrès de Vienne de 1815, dont nous fêtons le bicentenaire ? Et qui ont mis en place la CECA, puis l’Europe de Six ? Si cette Europe est en panne, il faut peut-être pointer du doigt les problèmes réels : une bureaucratie coupée des électeurs, une agrégation précipitée de pays disparates sur fond de mégalomanie mondialiste.

L’Europe ne sortira pas plus puissante de la balkanisation généralisée que certains irresponsables tentent d’organiser.
Les tentatives de démantèlement des grands États membres, déjà minés de l’intérieur par la destruction programmée d’un maximum de repères, ne feront qu’accélérer la ruine de l’Europe.

À quand les indépendances de la Bretagne, de la Corse, ou de la Bourgogne rêvées par certains ? À quand ce retour en arrière, alors que les rois de France et tous les régimes qui suivirent n’eurent de cesse que d’agréger des territoires continuellement en guerre ?

Les séparatistes catalans se­raient bien avisés de réfléchir un peu plus à leurs intérêts, au lieu de se complaire dans une culture victimaire très au goût du jour et de dénoncer « l’oppression madrilène »…

Sur un plan plus géostratégique, la déstabilisation de l’Europe du Sud-Ouest, qui risque d’en ré­sulter, ne pourra qu’ajouter à la confusion générale que traverse l’Europe avec la déferlante migratoire.

Liberté, où sera ta victoire ?

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Comments (2)

  • BRENUS Répondre

    L’indépendance de la Corse, je ne suis pas contre, au contraire. Cela ne changerait pas grand chose pour nous les “pinzuti” que ce peuple “fier” traite comme de la merde s’il a le malheur de passer quelques jours dans “l’ ile”. Bien entendu ces seigneurs devraient du même coup se passer des quelques milliards que les dits “pinzuti” leur fournissent chaque année avec leurs impots et peut être payer à leur tour comme les autres, ce qui est loin d’être le cas actuellement.

    21 octobre 2015 à 15 h 16 min
  • DESOYER Répondre

    Sujet de haute volée!
    Je serais infiniment triste de la disparition de l’Espagne, ce pays qui a lutté pendant plus de 800 ans contre la domination mauresque.
    L’Europe, repaire de socialos et d’écolos, a sa part de responsabilité, mais Rajoy aussi.
    Il appartient lui aussi à cette Droite un peu mollassonne (comme Sarkozy, Merkel et autres). Il ne fait rien contre l’immigration, il ne pense pas l’Espagne de ses aïeux. Il se comporte en gestionnaire à la petite semaine (malgré quelques réformes, minimales au vu de l’état du pays).
    Sur ces centre-droits presque à la hauteur, mais pas tout à fait, je ne peux que renvoyer à mon livre “Economie ou socialisme: il faut choisir).

    21 octobre 2015 à 11 h 45 min

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