Ingrid Bétancourt n’est pas un cas unique
Ingrid Bétancourt est retenue en otage par des rebelles colombiens dans leur pays. Son cas inspire un certain nombre de réflexions :
1) Le 23 février 2008, durant la totalité du journal de 19 h 30 de France 3, en bas et à droite de l’écran, paraissait un cadre mentionnant son nom. L’événement le plus important de la soirée était la relation d’une manifestation en sa faveur. De la part d’une chaîne publique, il s’agit d’une prise de position sur les affaires intérieures d’un pays étranger, sans aucune objectivité. Sans doute, malgré leur sympathie pour les révolutionnaires, les autres chaînes publiques ont-elles agi de même. Bientôt, le petit écran fera de même pour la lutte contre le SIDA.
Un autre jour, il sera consacré aux prolongations d’un match sportif, retardant la diffusion d’une autre émission… imposant le sport à qui s’en désintéresse. Ajoutons, au passage, que les chaînes privées vivent exclusivement de la publicité ; leurs concurrentes publiques ont besoin de la publicité et de la redevance pour endoctriner leurs spectateurs par leurs reportages et fictions politiquement correctes…
2) Au cours de ce reportage, comme lors des nombreux précédents, s’exprimait l’ancien mari de la prisonnière. S’ils sont séparés, à quel titre lui accorde-t-on tant d’importance ?
3) Dans le cortège, un manifestant portait un panneau évoquant tous les otages. Les consciences de gauche se sont-elles montrées ainsi mobilisées pour fustiger le Goulag ou les camps similaires. Que l’on exprime sa réprobation, soit. Mais contre toutes les détentions ou répressions, et elles ne manquent pas !
4) Chaque fois que l’on consacre quelque temps d’antenne à Mme Bétancourt, est diffusée une photographie la montrant très amaigrie. Un examen attentif de l’image laisse à penser qu’il s’agirait d’une vue prise en format panoramique (16:9), diffusée en format normal (4:3), ce qui la fait paraître plus émaciée. Si tel est le cas, d’où vient la manipulation ?
5) Lors de sa dernière visite officielle en France, le Président colombien a reçu la famille (et « l’ex-mari ») de l’otage. C’est parfaitement normal, même si, à l’inverse, un Président de gauche n’eût peut-être pas fait montre de la même attention envers les proches d’un opposant politique. Le Président Sarkozy a fait de même à plusieurs reprises ; il était moins dans son rôle. Que ne reçoit-il aussi les familles de tous les otages connus ? Il lui faudrait alors disposer de journées élastiques pour assumer quand même aussi sa fonction présidentielle.
6) Chaque fois qu’un journaliste cite le nom de Mme Bétancourt, il le fait précéder du qualificatif franco-colombienne. Personnalité politique en Colombie, candidate à une élection présidentielle en ce pays, elle assumait sa nationalité colombienne. Implicitement, elle avait abandonné la nationalité française. On ne peut consacrer ses pensées à deux pays. Voilà pourquoi le battage fait autour de sa situation frise l’indécence. On pourrait imaginer un « bi-national » sollicitant les suffrages présidentiels dans deux pays simultanément. Il est vrai que certain député européen, après avoir sévi en France comme étudiant agitateur, a siégé plus tard comme élu de l’Allemagne. Quand donc un parlementaire osera-t-il déposer un projet de loi proposant de supprimer cette anomalie, que certains pays n’admettent pas ? Ce serait simple. Tout adolescent bi-national, parvenant à la majorité, choisirait sa nationalité (solennellement, ce qui impliquerait certains engagements). Un candidat à la naturalisation, dès son obtention, abandonnerait son ancienne nationalité.
7) La situation de Madame Bétancourt est certes déplorable, mais pas unique. Dans un pays en crise permanente et favorisée par les trafics de stupéfiants, elle connaissait les risques qu’elle prenait en se rendant dans une zone difficile.
8) La lutte contre la drogue est un autre sujet très « sensible ». Des firmes spécialisées de tous pays (Monsanto n’est qu’un exemple) pourraient consacrer une partie de leur énergie à « manipuler » des insectes, afin d’attaquer et de détruire les plantes produisant ces drogues. Cela reviendrait moins cher que la lutte contre les réseaux. L’économie réalisée permettrait d’aider les Sud-Américains, les Afghans, les Birmans, et tous autres cultivateurs de ces toxiques à diversifier leurs plantations. Ils ne seraient plus sous la coupe de leurs commanditaires actuels. Mais nos bonnes consciences admettraient-elles des OGM utiles ? Et les « bobos fumeurs » pourraient-ils se passer de leur « joint » ?
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Comments (9)
AVE
en 67 j’étais dans un groupe d’artillerie (honest john) au bord du lac de Constance
un jeune appelé bi(tri)national arriva de Californie, comme il était de confession juive, il avait le choix entre le Vietnam, la guerre des 6 jours en Israël ou la bulle sur la base à Friedrichshaffen.
Devinez ce qu’il a choisi?
Honnêtement, j’aurais fait comme lui…
VALE
j approuve une bonne partie de l’article en question. le vrai probleme c est qu’avec le tapage mediatique faite autour de cette affaire ingrid betancourt est devenue l’assurance vie des FARC ils ont bien compris que si il la libère dans la minute qui suit ils se prennent des bombes sur la tronche..donc ils n ont aucun interet a la libérer malheureusement pour elle.
pour Gérard Pierre
Les péripéties de votre famille ressemblent point par point à celles vécues par la mienne. Les mêmes causes reproduisant les mêmes effets…
Quand j’ai eu 18 ans, alors même que j’étais sous les drapeaux tricolores, j’ai recu une lettre du ministère me demandant d’opter ou non pour la nationalité française.
Je suis petit fils de français et mon père à l’époque de l’Indochine fut rapatrié en France là où je suis né.
Des exemples de ce style sont à profusion, vous souvenez vous de ce fonctionnaire de l’état a qui on a refusé la retraite ? Alors que tout le monde sait que pour être fonctionnaire de l’état, il faut avant tout être de nationalité française.
Que s’est il passé depuis ? Un droit à garder sa nationalité d’origine même lors d’un mariage mixte et pourtant je connais certaines personnes a qui ont a opposé une menace d’expulsion alors même qu’elles étaient divorcées de leurs maris d’origine étrangère.
A force de faire des lois qui se recoupent et se contredisent, tout le monde se perd dans le dédale administratif.
Quand à savoir si Bétancourt est demeurée française, je rejoins ce point de vue qu’elle était candidate aux élections présidentielles de Colombie….Donc avant tout colombienne et non plus française.
C’est donc au président de la Colombie d’intervenir pour sa libération et aucunement le gouvernement français, sinon la France devra aussi oeuvrer à la libération de tous les opposants thibetains en Chine, des irakiens au USA et j’en passe.
La double nationalité à un effet néfaste qu’il convient d’abroger pour conserver l’identité francaise car demain si un conflit se déclare, comment savoir si l’ennemi est en dehors de nos murs ?
N’est elle pas Colombiene ????? mais certainement qu’elle doit avoir d’autres "avantages inavoués."…..pour que nos seigneurs s’affairent ainsi à son chevet…..quitte à la france de passer pour des rigolos….
sas
N’y a t il pas de bi nationaux dans notre gouvernement?? et combien dans nos politiques…
pour mémoire, il y a quelques années, quand le service national existait encore… les bi nationaux pouvaient choisir le pays ou ils effectueraient leur service..c’est pas beau ça??
Palme du pire article sur le sujet Betancourt !
Le passage sur "l’ancien mari" est tout bonnement délicieux !