L’insoutenable virilité de Vladimir Poutine et la mission de la Russie

L’insoutenable virilité de Vladimir Poutine et la mission de la Russie

J’attends les cosaques et le Saint-Esprit.

Léon Bloy

Vladimir Poutine n’est pas supportable. Selon Libération, il est trop viril, trop costaud, trop sûr de lui… Il « érotise » son corps, même si, pour le fameux journal champion des libertés sexuelles, il se refuse un peu trop à évoquer sa vie familiale ! Trop de belles slaves clament son admiration pour lui, quand en face on a Martine Aubry ou Angela à leur opposer… Rien n’énerve plus les partisans du « gender » et de la mode mono-sexe que Vladimir Poutine, l’homme qui incarne encore un monde adamique. Vladimir Poutine ou la virilité insoutenable pour notre société post-historique, qui se rend compte qu’elle ne représente pas tout le monde encore.

Ce qui est sûr, c’est qu’un chef d’Etat athlète, champion d’arts martiaux, de tir et de chasse, exaspère. On aime bien les joggers idiots, les golfeurs hilares, les motards de jet-ski, on n’aime pas les hommes de terrain. Un chef d’Etat patriote qui raisonne en historien, en stratège, en héritier des tzars et de l’URSS, exaspère encore plus. Un chef d’Etat lucide qui sait à quoi s’attendre en matière d’ONG et de journalistes bien intentionnés et aguerris, exaspère encore plus.

C’est qu’on rêverait de faire de la Russie une poussière d’Etats du golfe pétroliers, ce serait plus exemplaire à l’époque de l’humanité réduite en poussière – et la mondialisation n’est rien d’autre. Faire du monde une poussière d’or noir et de silicones, un monticule d’États du golf et de mallrats, un ramassis de Micronésie méprisables et de shopping-centers pour blattes en sac croco, c’est le but du jeu et des misérables qui le contrôlent. Mais ce n’est pas le jeu de Vladimir Poutine. Là où d’autres voient un centre commercial, lui il voit une terre, il voit un héritage.

On peut revoir les films sublimes du réalisateur Sokurov, dernier maître vivant du cinéma mondial. Lui, nous l’explique dans Mère, L’Arche russe ou dans son Faust. Et là où nos dirigeants bombardiers voient du couloir humanitaire, du centre commercial et du beau droit de l’homme, Vladimir Poutine voit de la faisanderie et de la crasse conspiration. Lui et tous les gens de droite de ce pays et d’ailleurs.

La rage antirusse devient insupportable. Lorsque Eltsine ruinait son pays, clochardisait sa population et, à coups de thérapie de choc, en exterminait une vingtaine de millions (c’est le bilan démographique de son règne), il était de bon ton d’être pro-russe. Surtout que le tyranneau alcoolique faisait donner la troupe et les chars contre son parlement. Vous pouvez faire ce que vous voulez, lui disait AlGore : le parlement démocratiquement élu n’était pas assez démocratique au goût de l’ouest (mais merde, c’est quoi l’ouest finalement ?). Les seuls bons russes sont les russes morts, et ce qu’Hitler n’avait pas réussi à faire, Eltsine et les thérapies de choc de Goldman Sachs et consorts allaient l’accomplir. On se partagerait le pétrole et les filles. C’était un plan Morgenthau, pour les connaisseurs. Avec un trou démographique de vingt millions d’âmes, allez donc vérifier.

Certains reprochent à Vladimir Poutine de rester trop longtemps au pouvoir : mais nul ne reproche à Mitterrand d’être resté 14 ans président pour rien ; ou à Roosevelt d’avoir été élu et réélu pour replonger son pays dans la crise et la guerre. Nul ne reproche à l’épouse Clinton de jouer à la diplomate et d’avoir voulu être présidente après son mari élu et réélu ; ou à l’épouse Kirchner d’avoir succédé directement à son époux. Le pouvoir absolu démocratique, pouvoir vertueux s’il en fut, corrompt vertueusement. On ne peut s’en passer : voyez Chirac premier ministre en 74 et président, hélas, encore et toujours, en 2007…

Non, ce que l’on reproche à Poutine, ce sont deux choses : un, son insoutenable virilité ; deux, l’irréductibilité de l’exception russe, que prophétisait Dostoïevski dans sa merveilleuse harangue à la mémoire de Pouchkine. Je n’ai pas envie de m’étendre sur ce sujet. Mais la rage antirusse est ancienne et stupide, surtout en France (voir Custine, autre inverti, qui diabolise la puissante Russie des tzars qui donne au monde Gogol, Dostoïevski ou Moussorgski). Car comme disait Kerillis avant la guerre, la France a toujours retiré de grands avantages de son alliance avec la Russie. Même l’Allemagne de Weimar, qui se réarme et entraîne tranquillement ses troupes en Russie soviétique. Même Hitler qui se partage les dépouilles de la Pologne avec Staline avant d’envoyer ses chemises brunes et son ordre noir assassiner et réduire en esclavage les têtes blondes slaves. La Russie veut la paix mais l’occident dressé avec le groin désire toujours la guerre. On peut relire le début de la campagne de Russie, dans Guerre et paix, à ce sujet :

À la fin de l’année 1811, les souverains de l’Europe occidentale renforcèrent leurs armements, et concentrèrent leurs troupes. En 1812, ces forces réunies, qui se composaient de millions d’hommes, y compris, et ceux qui les commandaient, et ceux qui devaient les approvisionner, se mettaient en marche vers les frontières de la Russie, qui, de son côté, dirigeait ses soldats vers le même but. Le 12 juin, les armées de l’Occident entrèrent en Russie, et la guerre éclata !…

Eh oui, comme le 22 juin 1941 ! Il y avait des soldats de vingt nations avec la Wehrmacht ! On ne pourrait pas faire un peu la paix, avec la Russie ? Et concevoir l’Europe au lieu de l’Occident ?

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Comments (11)

  • Philippe Répondre

    Votre article est déjà traduit en russe (2000 likes déjà sur facebook) : http://cont.ws/post/75397/

    17 mars 2015 à 13 h 12 min
  • Aleksei Répondre

    Je suis sur que les russes toujours ont besoin d’un etat puissant que des droits politiques. Le plupart de mes concitoyens va defendre mon opinion, je crois.

    19 septembre 2014 à 10 h 58 min
  • Kim Répondre

    Vive la Russie toujours pas touchée par la "bo-bo -isation" de l’Europe occidentale et qui garde un certain bon-sens.

    1 avril 2012 à 18 h 49 min
  • baibi Répondre

    Hé oui, Poutine, c’est un chef qui aime son pays et le défend…     http://youtu.be/JfGkl4_3eds

    28 mars 2012 à 17 h 28 min
  • Ruslan et Ludmila Répondre

    Les privatisations de 1995 auxquelles vous faites référence étaient appelées "loans for shares". L’état russe était en faillite (merci le socialo-communisme si cher à la France!) et a choisi de garder les bijoux de famille pour des Russes proches du pouvoir. Ces marchés passés n’étaient effectivement pas transparents. Mais ceci n’est pas vraiment anormal vu le contexte (et comme si en France, tout était transparent!). Néanmoins, le pétrole et le gaz, c’est tout de même le trésor de guerre que les étrangers n’ont pas eu, même en joint ventures, la Russie n’étant pas le tiers-monde. En fait, votre post témoigne de la jalousie des losers revanchistes socialistes. Ainsi auriez-vous eu la possibilité de racheter un puits de pétrole au 100ème de sa valeur réelle, qu’auriez-vous fait? Quant à la City, les Russes sont assez fiers de voir certains de leurs concitoyens être plus riches que les riches Occidentaux et à faire baver d’envie tous les Quintus Cincinnatus en guenilles. En plus, vous êtes, en bon socialo-marxiste, en train de vous contredire: s’il y a eu privatisation, les biens privatisés appartiennent à des personnes privées. Donc comment auraient-ils pu "partir avec la caisse" puisqu’il s’agit de leur caisse? Par ailleurs, cette privatisation urgente afin de sauver l’état de la déliquescence soviéto-fasciste montre bien la supériorité du privé sur l’"impuissance" publique (toujours à quémander). Là-bas, les gens n’ont plus envie de croire en l’état et encore moins d’attendre que celui-ci se bouge pour réformer. Les Russes ont assez payé à tous leurs Mélanchons passéistes, incapables de proposer un vrai projet de société. Les gens se prennent en main, se servent et ils ont bien raison. Les choses marcheraient encore mieux si l’état (sa corruption et sa bureaucratie) fichait la paix à l’entreprenariat. Ceci permettrait enfin de diversifier une économie russe qui en a besoin afin qu’elle se modernise et s’internationalise dans l’industrie légère et les services de qualité. Maintenant, croyez ce que vous voulez: "i’ sont tous méchants, les oligarques". En attendant, la Russie est sur pied. Autre chose que la France, vieil état étatiste, pourri, islamisé et finalement bien ridicule. Pas de pitié pour le socialisme, parangon de la bêtise humaine. Enfin, je n’aime pas trop les oligarques pour de toutes autres raisons: ils ont fini par monopoliser des pans entiers de l’économie, ce qui empêche toute concurrence efficiente et donc tout développement harmonieux. Mais ça, c’est de l’économie de marché, chose à laquelle vous ne comprenez pas grand chose, au vu de vos virulents posts sur les 4 vérités.     

    28 mars 2012 à 9 h 56 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ RUSLAN

    Boris Yeltsine a également favorisé la vente  à l’encan du bien public ( en particulier du secteur minier ) à des oligarques  souvent ex-jeunes apparatchiks aux doigts crochus que Poutine , en bon ex- kagébiste , a envoyé illico au goulag  qui heureusement pour eux n’est plus ce qu’il était  , sans compter ceux qui se sont volatilisés avec la caisse du côté de la City …

    27 mars 2012 à 19 h 10 min
  • Anonyme Répondre

    Je ne vois rien d’anormal chez un président sportif multitâches qui sait prendre des décisions calculées. Rien à voir, il est vrai, avec Naboléon ou les autres molassons. Les Russes en ont dans le pantalon, c’est clair. Reste juste à savoir s’ils vont se laisser bouffer par l’islam comme nous, ou s’ils sauront résister et qui sait, sauver l’Europe des mous et des “politiquement correct” qui pètent de trouille. En tous cas, les Russes savent y faire avec les terroristes qui les craignent : Récemment, des pirates somaliens ont capturé un pétrolier russe. Un navire de guerre russe est intervenu et a capturé les pirates. Les commandos Spetnatz ont sorti un tas d’armes et d’explosif de leur bateau-pirate. Puis ils ont fait remonter les pirates ligotés à bord, ont laissé partir leur bateau à la dérive et l’ont fait sauter. Boum ! A table les requins ! Il y a une vidéo sur le net qui film l’évènement. Et depuis, plus de bateau russe capturé !! Les marines européennes leur ont fait les gros yeux, mais le capitaine Russe a évoqué les lois maritimes inchangées depuis le XVIIème siècle sur le sort des pirates : pendus hauts et court. Il a simplement adapté ces lois au temps moderne car elles autorise un capitaine de navire secouriste de disposer comme bon lui semble des pirates. Fermez le banc. Et les Européens ont fermé leur gueule de péteux. Les Russes n’y vont pas par 4 chemins et savent se gagner une paix royale. Idem durant la guerre du Liban. Le Hezbollah a capturé des tas d’otages Américians, Français, etc. pour rançons. Et ça durait… Ils ont une seule fois capturé des Russes. Le KGB est intervenu. Ils ont choppé des leaders du Hezbollah, les ont rasés, tondus et… décapités, puis envoyé leur tête au QG du Hezbollah. Après ça, plus jamais d’otage Russe ! Les Russes ont compris une chose que nous Français, après des années de colonisation en Afrique du Nord, n’avons pas encore compris : les arabes ne respectent que la Force. “Baise la main que tu ne peux pas trancher” “Si tu es le loup, je serai l’agneau, mais si tu es l’agneau, je serai le lion”. Genre, lisez un peu le Coran, quoi…

    27 mars 2012 à 18 h 07 min
  • Ruslan et Ludmila Répondre

    Cette analyse ne replace guère les choses dans leur contexte, notamment en ce qui concerne les privatisations et les thérapies de choc de Yegor Gaïdar. Ce que Nicolas Bonnal évoque est de la désinformation au pire, au mieux du mensonge par omission. L’auteur de ce texte est bien un français pur jus, c’est très clair, ça. La période Yeltsine a permis la création d’institutions démocratiques et la liberté d’opinions et de religions, de voyager et la liberté de la presse, ce qui aurait été impossible sous Poutine ou Gorbatchov, le beau parleur charlatant. Appelons cettre période la "restauration" de l’individu, avec des excès certes parfois très graves. Mais j’aurais voulu vous y voir, dans une société sans repère, ce que la France gauchisée est en train de devenir. Les thérapies de choc étaient nécessaires afin d’éviter le surplace si propre au communisme et à l’apathie russe. On aimerait qu’il y ait ce genre de thérapie en France. Cela lui ferait le plus grand bien. Quant à Goldman Sachs, de quoi parlez-vous? Il n’y avait pas de marché secondaire des titres avant 1994 et la législation était très instable! Par ailleurs, Poutine ne fait qu’appliquer ce qui était déjà mis en place avant lui, à savoir redresser le pays en puisant dans les réserves de pétroles et de gaz (sinon, ce serait mission impossible). Avant lui, les autres dirigeants avaient hésité à faire cela pour des raisons géostratégiques liées plus à la mentalité soviétique (méfiance de l’étranger, volonté de domination et arme de chantage) qu’à l’ignorance de ce qu’il fallait faire. Ceci dit, Poutine a effectué une excellente réforme fiscale (taux unique IPP de 13 %), mais la liberté économique dans le respect des lois en vigueur, notamment pour l’entreprenariat, n’est guère meilleure qu’en Vieille Europe: corruption, bureaucratie, etc (la différence est qu’en Vieille Europe, cela se fait plus discrètement, mais toujours avec le doigt du milieu enfoncé bien loin). C’est pourquoi le défi de Poutine est de diversifier son économie en éradiquant ces fléaux. Vu le passif historique, la tâche est colossale. Il y a encore beaucoup de choses à dire sur les privatisations de l’époque Yeltsine. Mais si cette période a été extrêmement difficile et cruelle d’un point de vue social, elle a permis de revigorer le pays. Les Russes ne voudraient plus revivre cela, mais ils sont bien conscients dans leur for intérieur que c’était nécessaire afin de créer la rupture (rupture que Sarko avait promise pour la France socialiste…). Certes, une grande nostalgie pour l’URSS demeure (impression de grande puissance, pas de chômage en apparence, etc..). La vie y paraissait plus facile, mais aussi oh combien médiocre et terriblement ennuyeuse. Personne ne veut réellement le retour au communisme. Surtout pas la jeunesse. Les Russes ont pris goût à l’économie de marché, eux. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Aucun retour en arrière n’est possible. Je compte écrire un livre sur ce sujet passionnant que j’ai vécu de très près. Maintenant, je n’ai pas encore le temps de m’y consacrer, malheureusement.

    27 mars 2012 à 8 h 24 min
  • Daniel Répondre

    Merci Nicolas Bonnal.  On aurait bien lu deux pages de plus venant de ce regard hors modes!. 

    26 mars 2012 à 21 h 15 min
  • Jean Fouche Répondre

    Excellent article qui change des jeremiades de Guy Milliere :)

    Je pense qu’une chose qui explique aussi la haine de Poutine par les zelites europeennes, c’est que nous le soutenons a une enorme majorite. En france vous elisez vos presidents a 50.01%, et des les jours suivants lui crachez a la figure. En Russie nous elisons et SOUTENONS nos presidents. Jalousie, jalousie…

    Jean Fouche

    PS. Suite a des messages ici-meme j’ai eu plusieurs lettres par mon blog; je precise que Jean Fouche est un alias, je suis citoyen russe, vivant en Russie.

    26 mars 2012 à 19 h 09 min
  • Guillermo Répondre

    Poutine a bien des défauts, mais on l’attaque plus pour sa virilité et non pour ses défauts.

    Malgres tous ses défauts, il faut reconnaitre qui défend son pays.

    C’est l’antipode de Delanoe qui déteste la virilité, et qui déteste les Français de souche.

    26 mars 2012 à 14 h 40 min

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