Vers une guerre mondiale ? Les clignotants sont au rouge.

Vers une guerre mondiale ? Les clignotants sont au rouge.

Le chaos qui s’aggrave au Levant suscite quelques inquiétudes, en disant le moins.

Les États-Unis ont bombardé, le 6 avril, une base aérienne du Syrien Bachar al-Assad, soutenu par les Russes qui ont de nombreux militaires sur place. Les Américains, de leur côté, ont un millier d’hommes en Syrie. Les risques d’affrontement sont donc évidents, d’autant que les Russes pourraient installer en Syrie des batteries anti-aériennes S-400 très performantes.

Dans un tel contexte, on est en droit de redouter qu’un incident échappant à toute autorité déclenche le pire.

On en est arrivé là.

Et il faut reconnaître que l’Occident depuis une vingtaine d’années porte en grande partie la responsabilité de ce chaos.

Souvenons-nous qu’au temps de la colonisation, la région était administrée par les Anglais et les Français. L’ordre régnait. Le développement était assuré. Les populations chrétiennes et musulmanes cohabitaient en bonne intelligence. Les Anglo-Saxons exploitaient le pétrole ; les Français protégeaient les minorités religieuses et ethniques et veillaient sur les lieux saints.

La Deuxième Guerre mondiale, dès 1940, mit fin à cet état de paix. Les Français aussitôt se battirent entre eux et la fondation d’Israël engendra une guerre sans fin entre Israéliens et Arabes. Malgré tout, un équilibre avait fini par s’établir. La dynastie al-Assad gouvernait la Syrie, redevenue pratiquement une sorte de protectorat français et surtout russe. Saddam Hussein, en Irak, faisait barrage à l’expansionnisme chiite des ayatollahs iraniens. Les Occidentaux achetaient le pétrole et vendaient des armes aux uns et aux autres. Le malheur fut que l’Américain George W. Bush et le Français Sarkozy se mirent dans la tête d’imposer dans cette région à la paix précaire leurs propres conceptions politiques : la démocratie telle qu’elle se pratique dans les parlements à Washington et à Paris. C’était l’invention du « printemps arabe » et c’était totalement irréaliste, comme si on avait imposé aux Mérovingiens la démocratie parlementaire. Les conséquences furent et sont dramatiques. 600 000 victimes, hommes, femmes et enfants, au moins 6 millions de réfugiés. Le chaos partout, la paix du monde menacée.

Dans une situation inextricable, les rebelles syriens « démocratiques » et « printaniers » sont en guerre contre Bachar al-Assad, toujours à Damas, que soutiennent les Russes, alors que les Occidentaux, et aussi les Turcs, soutiennent, eux, les rebelles « démocratiques » syriens qui font souvent alliance avec les bandes d’Al Qaïda, plus précisément avec le Front Fatah al-Cham, organisation terroriste. C’est-à-dire qu’en soutenant la rébellion « démocratique », les Occidentaux soutiennent d’une certaine façon le terrorisme dont ils sont les victimes.

Sans doute l’État islamique, que l’on appelle Daesh, rencontre-t-il actuellement de sérieux revers militaires, mais il sait se défendre et essaimer en Afghanistan. Il ne disparaîtra pas comme cela, d’autant qu’il reçoit une aide cachée mais réelle des monarchies sunnites du Golfe, par l’intermédiaire de discrètes fondations caritatives, les États sunnites de la région ayant pour principal souci de lutter contre le chiisme iranien qui marque des points, puisque l’Irak, ou du moins ce qu’il en reste, est dirigé désormais à Bagdad par un gouvernement chiite proche de Téhéran et allié de la Russie. Les Iraniens soutiennent, en outre, le Hezbollah du Liban qui, chaque jour, provoque Israël.

Comme cette situation n’est pas assez compliquée, la Turquie complète le chaos par le problème kurde qui menace son unité. Les Kurdes sont donc pour Ankara l’ennemi prioritaire, mais ces mêmes Kurdes sont les meilleurs combattants contre l’État islamique et, à ce titre, ils sont puissamment aidés par les Américains qui leur fournissent armement, encadrement et appui aérien, ce qui n’empêche nullement Erdogan, le futur calife d’Ankara, de féliciter Donal Trump d’avoir bombardé une base de Bacha al-Assad, son ennemi préféré qui était, il n’y a pas si longtemps, son meilleur ami.

Ceci étant, les plus empoisonnés dans ce tohu-bohu sanglant, ce sont, m’a-t-on assuré, les Russes, exaspérés par le comportement de leur protégé Bachar qui n’en fait qu’à sa tête, mettant le plus souvent le protecteur russe devant le fait accompli. C’est très probablement ce qui s’est passé avec le bombardement chimique de la localité de Khan Cheikhoum. Poutine en serait d’autant plus furieux qu’il avait fini par obtenir la résignation des Occidentaux à maintenir Bachar al-Assad au pouvoir.

Ajoutons à cela, en Extrême-Orient, le renforcement de la marine chinoise, qui entend contrôler les mers du Sud, considérées comme chinoises, et, plus inquiétant encore, la possibilité d’une intervention militaire des États-Unis contre la Corée du Nord, sachant que, dans cette hypothèse, Kim Jong-Un, fanatique et isolé, n’hésiterait pas à lancer une ou plusieurs bombes sur le Japon. Vous jugez des conséquences !

Voilà un aperçu du dossier dont on conviendra qu’il est préoccupant. Espérons que Trump et Poutine auront suffisamment de sang-froid et de jugement pour ne pas aller plus loin. Mais jouer avec des allumettes dans une poudrière où s’agitent Arabes, Kurdes, Iraniens et Américains autorise quelques appréhensions.

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Comments (5)

  • Claude Roland Répondre

    Je suis quand même étonné que personne ne parle de la possibilité que l’aviation syrienne ait bombardé, avec des bombes conventionnelles, un site comprenant peut-être un dépôt d’armes chimiques de daesh… Daesh a déjà montré que ses fanatiques avaient utilisé des armes chimiques contre des civils en prétendant que c’était Bachar El Assad. On sait que daesh possède des gaz de combat. On sait aussi, par expérience au Kosovo, que les islamistes n’hésitent pas à sacrifier des leurs (civils musulmans) en prétendant que ce sont leurs ennemis qui les ont tués. Ils ont fait le coup aux occidentaux à Sarajevo ! Or Bachar El Assad a fait détruire par les Américains son stock de gaz de combat en 2016… Alors ? Résultat de l’enquête ? On attend toujours. Moi, je reste dubitatif sur les actes de El Assad… Quel intérêt aurait-il à aggraver son cas ; et ce site bombardé était-il si stratégique qu’il méritait un bombardement au gaz quand on sait que c’est une arme de désespoir ? Son armée n’a-t-elle pas l’avantage depuis un bon moment ?

    24 avril 2017 à 20 h 24 min
  • Jehan Morel Répondre

    De fait , cetains dirigeants Américains cherchent à déclencher une guerre et n’attendent qu’un prétexte
    pour cela.Ils veulent la guerre et finiront par l’avoir… à la suite d’une provocation bien montée, selon
    leur habitude.
    Mais ni la Chine , dont je suis de très près les progrès incroyables en armament , ni la Russie ne
    sont l’Irak!
    La Chine et la Russie seraient certes dévastées par un conflit fatalement nucléaire .
    Mais les Etats-Unis écrasés eux aussi, verraient alors éclater sur leur sol des tueries inter-raciales sanglantes
    qui finiraient par les achever définitivement . Le monde enfin débarrassé l’action délétère de cet empire du mal
    dont nous sommes , hélas, les dociles valets!

    19 avril 2017 à 6 h 08 min
  • maispasdutout Répondre

    “le nucléaire NOUS protège d’une guerre ” , ??? , Pour toujours ? Il n’est guère douteux que dans quelques décennies , des chefs d’Etat , genre HERRDOGAN celui qui a dit :” Nos minarets seront nos lances , nos mosquées seront nos casernes et nos croyants( pas sûr que ce soit exactement ce mot ) nos soldats” , genre feu AMIN DADA , KHADAFI ou l’actuel KIM JUNG …., voire un chef d’Etat coléreux ,de tempérament sanguin qui possède des bombes atomiques alors que , pourquoi les autres peuples en seraient-ils privés à jamais ? QUI osera toujours INTERDIRE la possession de l’arme nucléaire aux CONGOLAIS , aux ISLANDAIS , aux ALGERIENS , aux PAPOUS , aux VENEZUELIENS , aux PORTUGAIS , aux INDONESIENS , aux JAPONAIS etc… etc ….
    Imaginons un chef d’Etat américain voyant une sale bombe nucléaire venue d’Asie détruire une grande ville américaine ( C’est un peu comme ce que vécut BUSH voyant NY atteint au coeur avec 4000 morts à cause de BEN LADEN ).
    S’il y a ECHANGE DE BOMBES ,il y aura obligatoirement des masses d’air imprégnées de radioactivité mortelle qui passeront par dessus les pays de l’hémisphère nord dont les habitants , VICTIMES COLLATERALES , mourront .
    Mais , heureusement CELA N’ARRIVERA PAS , répondront avec un haussement d’épaules les OPTIMISTES .
    Mais on peut aussi envisager deux petits Etats africains ou sud américains régler leurs problèmes de frontière avec le feu nucléaire .

    18 avril 2017 à 18 h 02 min
    • Le Ket Répondre

      Et une petite bombe à neutrons dans un véhicule garé dans un parking souterrain d’une capitale européenne…on y a pensé ?
      Comme l’explosion de 8kgs de semtex dans le sac à dos rose d’une petite fille accompagnant sa mère au supermarché… on y songe ?

      19 avril 2017 à 15 h 00 min
  • Rouletabille Répondre

    Nous savons bien que la guerre de 14/18 à été déclenchée par une série de circonstances, sans que personne, sauf les serbes, l’ai voulue.
    Je crois qu’aujourd’hui les moyens de communication entre pays aux objectifs opposés et le pouvoir de destruction des armes modernes, en particulier le nucléaire, nous protègent d’une guerre.
    L’affaire des fusées à Cuba se présentait de manière bien plus grave.

    18 avril 2017 à 16 h 41 min

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