La taqiya à la française et le choc des civilisations

La taqiya à la française et le choc des civilisations

On ne dit plus « État islamique du Le­vant », mais quel­que chose de moins compréhensible – par peur d’accorder à la guerre que nous menons la moindre connotation de guerre de religions !

Or, il ne s’agit pas d’une guerre de religions, mais d’un « choc de civilisations ». Mais nos « élites » ont toujours nié la pertinence de cette théorie, à l’évidence par pusillanimité, car il est impensable qu’elles aient été stupides, mal informées ou imprévoyantes.

Le concepteur de cette théorie, Samuel Huntington (1993), recense 9 civilisations différentes : occidentale, latino-américaine, africaine, islamique, chinoise, hindoue, orthodoxe, bouddhiste et japonaise.

Il semble aujourd’hui que la civilisation islamique, ou une fraction plus ou moins importante de celle-ci, soit en conflit avec toutes les autres et sur tous les continents.

L’auteur se fonde sur une conception géopolitique simple. Depuis l’effondrement de l’URSS, les conflits ne sont pas causés par des clivages politiques, mais par des oppositions culturelles qu’il appelle « civilisationnelles », dont la religion occupe (parfois) l’essentiel.

Il écrit : « Dans le monde multipolaire, les oppositions ne sont plus idéologiques, économiques et politiques, mais culturelles. […] Les civilisations, en cherchant à répondre à la question “Qui sommes-nous ?”, se définissent en termes de religion, de langue, d’histoire, de valeurs, d’habitudes et d’institutions. »

À l’origine de sa théorie, il remarquait qu’en 1994, des musulmans de Bosnie défilaient à Sarajevo en brandissant des drapeaux de l’Arabie saoudite et de la Turquie, alors que c’était l’Occident qui leur venait en aide.

Actuellement, nous sommes en guerre contre des califats. Certains d’entre eux disposent déjà d’un territoire étendu (s’affranchissant des frontières existantes), de ressources, de soldats et de matériel. D’autres se limitent à des razzias ou à des actes terroristes en Afrique, en Asie, ou en Australie.

Tous se réclament de l’Islam. On peut ergoter sur le bon et le mauvais Islam. On peut même oublier la nature religieuse d’un califat. Il reste cependant qu’il s’agit bien d’une civilisation, dont il est inutile de décrire les aspects, qui s’oppose en tout point à la nôtre, qui n’offre d’autre choix que la dhimmitude, la conversion ou la mort, qui est totalitaire et conquérante, et qui, pour cela, n’hésite devant aucune cruauté.

Or, « elle a pour elle le temps, l’espace et bientôt le nombre ». Sans un sursaut de notre part, elle pourrait s’imposer.

Toutefois, un grand nombre de musulmans osent maintenant prendre parti contre le Léviathan.

Je dis « osent », car, en 2005, un site musulman (melanieyakhou.skyrock.com) publiait une analyse exhaustive des « rapports entre l’Occident et le monde musulman ». Cette analyse était faite par des universitaires, mais l’on cherchait en vain le nom des auteurs. Chacun savait alors combien il était dangereux pour eux de formuler la moindre critique à l’égard de la religion.

L’absence de courage de nos « clercs » aura été responsable de leur réserve, voire de leur crainte. Ces auteurs, pour qui « il n’y a pas de dialogue sans franchise », citaient Aristote qui écrivait : « L’amitié est une belle chose, mais la vérité est plus belle encore. »

La « vérité » souhaitée, c’était de ne pas avoir peur des mots, c’était de bien nommer les choses et nos « clercs » n’ont pas crié assez fort que toutes les religions étaient admises à l’intérieur des espaces privés, mais que nous étions attachés à notre civilisation, et que, dès lors que l’on vivait hic et nunc, on en admettait les règles.

Nos dirigeants, en n’acceptant, pas plus aujourd’hui qu’hier, la pertinence de la théorie du conflit de civilisations, en se payant de mots (la taqiya), finissent par perdre toute lucidité.

Personne ne proclame qu’il faut combattre une religion. Il faut seulement se préserver de la civilisation que certains pourraient nous imposer.

Gabriel Lévy

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Comments (10)

  • Agathe Répondre

    Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement,
    Et les mots pour le dire arrive aisément .

    Boileau. Il y avait donc déjà au temps de Boileau des gens qui s’exprimaient confusément !

    2 octobre 2014 à 13 h 32 min
  • Fucius Répondre

    “L’auteur se fonde sur une conception géopolitique simple. Depuis l’effondrement de l’URSS, les conflits ne sont pas causés par des clivages politiques, mais par des oppositions culturelles qu’il appelle « civilisationnelles », dont la religion occupe (parfois) l’essentiel.”

    Dans l’aire chrétienne, clivages politiques et religieux sont des sujets disjoints et essentiellement séparables.
    Dans les autres, non.
    En tous cas certainement pas dans l’aire musulmane.

    Encore une analyse qui n’arrive pas à s’extraire d’un mode de pensée occidental marqué par le christianisme.
    Un mode de pensée certes supérieur et qu’on souhaiterait universel, mais qui ne l’est hélas pas.

    Et le monde musulman n’est pas seul à lui tourner le dos.
    Le monde occidental aussi, dont la déchristianisation s’accompagne d’un retour au monisme.
    Pour le socialisme comme pour l’islam, toute question relève d’une autorité unique et totale.

    Seul le christianisme s’attribue un domaine d’autorité limité, et par là affirme l’existence d’une autorité régalienne extérieures à lui et elle aussi limitée.
    L’islam affirme le contraire de cela, il a autorité universelle.
    Quant au socialisme, il reprend hypocritement la laïcité chrétienne, mais pour réduire à néant le domaine d’autorité de l’Église : Sa laïcité n’est pas faite pour le limiter lui, mais sa concurrence ! Il est donc tout aussi totalitaire.

    Cette erreur d’analyse initiale conduit l’auteur à se fourvoyer dans la suite:
    “toutes les religions étaient admises à l’intérieur des espaces privés, mais que nous étions attachés à notre civilisation, et que, dès lors que l’on vivait hic et nunc, on en admettait les règles.”

    C’est évidemment absurde, les règles qui prévalent ici n’étant plus que des vestiges d’une religion reniée.
    De plus restreindre les religions au privé, c’est affirmer que tout pouvoir est à l’État.
    C’est donc le choix du totalitarisme.
    Car si l’État est limité, il ne peut l’être qu’au nom de principes définis quelque part, au-dessus de l’État et antérieurs à lui.
    Donc une religion.
    Si la religion est un secret, si elle n’a pas voix au chapitre, alors rien ne peut limiter l’État.
    Tout ordre est artificiel, quiconque prend le pouvoir impose ce qui lui plaît.

    Ainsi, confiner la religion dans le privé, c’est inviter l’islam à imposer son ordre total, et même lui préparer les esprits et les institutions pour ce faire. Cela ira d’autant plus vite !

    Ce qui peut bloquer l’islam n’est pas nos usages “hic et nunc”, mais bien une autre vision de l’absolu anthropologique, et nous n’en avons qu’une seule à proposer.

    “Chacun savait alors combien il était dangereux pour eux de formuler la moindre critique à l’égard de la religion.”
    Certes il est dangereux de critiquer l’islam, on y risque sa vie.
    Mais il l’est presque autant d’enfreindre le tabou socialiste du relativisme, on y risque la mort sociale.
    Laquelle de ces deux peurs a pesé le plus ?

    2 octobre 2014 à 0 h 11 min
    • DeSoyer Répondre

      Dans l’Apocalypse, il est bien dit que les chrétiens auront à affronter la “Bête” et le “Faux prophète”.
      La Bête, ce sont tous les matérialismes exagérés.
      Le faux prophète, ce sont toutes les religions fausses, dont l’islam.

      2 octobre 2014 à 17 h 57 min
      • quinctius cincinnatus Répondre

        Mais enfin pourquoi vous entêter à dire que l’ Islam et lui seul , est une ” fausse ” Religion ? Disons plutôt, pour être géo-politiquement efficaces, que prise à la lettre, comme elle l’ est actuellement par les ” vrais croyants “, cette théologie politique est infiniment plus dangereuse que ne le sont ( généralement ) le Judaïsme,, le Catholicisme ou les Protestantismes, parce que la majorité des ” adeptes ” de ces Religions en appellent eux à la ( leur ) Raison … ce que ne fait pas par exemple le pourtant Docteur Bourbakeur C’est bien le seul côté positif que je reconnaisse au … Relativisme

        votre fenêtre de tir n’ est pas la bonne, et pire elle vous dessert

        3 octobre 2014 à 9 h 48 min
    • Rouletabille Répondre

      Superbe votre commentaire. Vraiment superbe!

      3 octobre 2014 à 9 h 45 min
      • Rouletabille Répondre

        Superbe le commentaire de Fucius, Bien sûr!

        3 octobre 2014 à 9 h 46 min
  • Md0 Répondre

    ” Primo vivere, deinde philosophari ” …
    Vivre d’abord: En cette actualité , l’urgence commande de réagir impérativement contre tout ce qui détruit la vie , la civilisation, et qui menace la paix….
    L’exercice intellectuel de relativisme consensuel devient secondaire (On ne réfléchit plus au “choc de civilisations” une fois la gorge tranchée …)
    Le passé EST : bien obligés de “faire avec” …
    Des siècles de civilisations , d’expériences et de réflexions , suffisamment “assimilées” pourrait-on penser, tendant pour la plupart , et universellement ,vers davantage d’humanisme démontrent bien, pourtant ,que tout n’est pas à subir ” table rase ” ni à remettre en question….N’est-ce pas à cela que devrait aboutir la réflexion, aujourd’hui ?

    1 octobre 2014 à 15 h 24 min
  • Agathe Répondre

    La confrontation des civilisations, cultures, traditions, rituels, religions, philosophies, arts, etc… Et confrontation immédiate et polyglotte avec internet, amene tous les êtres humains à réfléchir.
    Tout est remis en question.
    Alors, que faut-il garder du passé ?
    Pour les extrémistes, tout ou rien. Et pour les autres ?

    Prendre le temps de réfléchir.

    1 octobre 2014 à 14 h 18 min
  • Agathe Répondre

    Choc des civilisations, oui, aggravé par la mondialisation, et devant ce traumatisme, ce tsunami même, beaucoup se raccroche à la religion comme à une planche de salut.
    Il faut le temps d’assimiler…

    1 octobre 2014 à 12 h 55 min
  • zézé Répondre

    Et donc il ne faut employer que des mots FRANçAIS !!! si l’on veut lutter, il faut garder le dernier bastion qui nous reste : ne pas parler de taqyia pas plus que le mot daesh un point c’est tout….. appeler les choses par leur nom ; un chat est un chat..

    1 octobre 2014 à 12 h 25 min

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