Sectes et voile « islamique »

Sectes et voile « islamique »

Il y a une vingtaine d’années commença en France une singulière campagne contre les « sectes », terme sous lesquels on amalgamait diverses petites religions, les unes chrétiennes, les autres pas, mais aucune d’inspiration islamique. Utilisant des méthodes quasi-staliniennes d’amalgame, on formulait contre toutes des accusations qui, examinées de plus près, se révélèrent fausses ou, au moins, plus qu’exagérées et parfois fantasmatiques, voire délirantes.

Pendant cette période, et quelques aient été les gouvernements, cette campagne trouva l’oreille de ceux-ci et des administrations amenant la constitution de trois Commissions d’enquête parlementaire et le versement par les pouvoirs publics, aux frais du contribuable, de sommes considérables à des associations créées dans le seul but de la lutte contre les « sectes ».

La Commission d’enquête présidée par le député (de droite !) Alain Gest, alla jusqu’à refuser d’entendre les chercheurs spécialisés dans l’étude objective des faits religieux.

En conséquence, fut votée une loi contre les « manipulations mentales » et créée par le gouvernement Jospin une « Mission interministérielle de lutte contre les Sectes » (MILS) dissoute par Sarkozy qui a maintenu une mission contre les dérives sectaires.

En fait, la création de la MILS a constitué, sans qu’il y eût de protestations fortes, le démenti le plus extraordinaire du principe de

laïcité.

Pendant ce temps et sans que nul ne s’en soucie, des missionnaires, venus essentiellement du Proche-Orient, s’occupaient à reprendre en mains, par manipulation ou autrement, la population musulmane de France dont la foi était jugée déclinante. Ainsi, il y a vingt ans, nul ne pouvait voir une femme voilée, ni dans les collèges, ni même dans les rues ; or, les musulmans étaient déjà nombreux. Pis, nombreuses étaient les musulmanes d’origine à épouser un infidèle ! La première apparition d’un voile dans un collège entraîna une vive réaction du « principal » Ernest Chénière qui voulut défendre la laïcité et sut se faire élire député en 1993. Déjà alors, des « rottweilers », comme dit Guy Millière, dénoncèrent le « racisme » de Chénière ! Que s’était-il passé ? Que se passe-t-il encore ?

L’islam a toujours connu des mouvements extrémistes ou « intégristes » souvent violents. Ainsi, le wahhabisme en Arabie, les Frères musulmans en Égypte. Ces courants ont été renforcés dans leur espoir de victoire totale, impliquant chez quelques rêveurs le désir de reconquête de l’Andalousie voire plus, par l’affaire de Suez (1956), et surtout, l’abandon de l’Algérie (1962) qui entraîna l’exil de toute la population non musulmane de ce pays.

Il faut donc, pour ces gens, à la fois « purifier » des pays jugés corrompus par de mauvais gouvernements et par l’influence occidentale, et rétablir une structure communautaire islamique dans les diasporas musulmanes. Pour ce faire, en priorité, remettre les femmes à leur place : la soumission ; et amener à vivre isolés les musulmans, ségrégés dans des quartiers débarrassés de la présence d’infidèles. La crainte et l’insécurité créées par une classe dangereuse de « jeunes » en rébellion servirent ce projet. Étrange complicité objective.

Mais il fallait obtenir aussi de la part de certains infidèles de la compréhension, voire de la sympathie. À ce point de vue, certains gauchistes et des organisations telles que le MRAP jouent à la perfection le rôle d’imbéciles utiles quand ils suggèrent que toute critique de l’islam fut-elle théologique ou au contraire politique et sociale, est « raciste ».

Il ne saurait être question de contester le droit à la liberté religieuse ou à la pratique d’une religion (si cette pratique est conforme à la loi du pays). Ceci est vrai pour les scientologues comme pour les musulmans. Pas plus qu’il ne peut être question de contester le droit de s’interroger sur certains aspects de l’islam, notamment sur son attitude vis-à-vis de la femme.

De même, est-il raciste ou sacrilège de s’interroger sur la compatibilité entre la charia et la notion de droit de l’homme, même si on donne à cette dernière un sens très vague ? Pour employer un certain vocabulaire politiquement correct, la charia ne serait-elle pas « fasciste » ?

Le problème du voile islamique n’a rien de religieux ; et il est purement politique. Toute comparaison avec le port d’une croix ou d’une coiffure est inadéquate. Il s’agit d’affirmer ostensiblement à la fois la défense de la charia contre la conception occidentale du droit et la soumission totale de la femme contrairement à nos idées égalitaires et à nos principes moraux. Il s’agit aussi d’une volonté de double ségrégation, celle entre femmes et hommes et entre « purs » et « impurs », c’est-à-dire infidèles ou musulmans tièdes.

Dans de telles circonstances, il ne saurait être question de tolérer certaines pratiques, telles celle-ci, pas plus que de demander à un pays musulman d’accepter que l’on vienne faire griller des brochettes de porc dans les mosquées !

Qui ne voit combien dérisoire a été la lutte inepte contre les sectes alors que toute une stratégie politique complexe se mettait en œuvre sous le prétexte de l’islam ?

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Comments (9)

  • régis Répondre

    Il existe des groupes en france tels que l’ADFI et le CCMM qui combatttent les sectes de manière injustifiéé. Ces associations ne trouvent pas d’adeptes ou plutôt de mécènes pour financer leurs associations car elles n’ont pas leur raison d’être et de crédibilité réelle. Leurs subsides, elles les obtiennent des pouvoirs publics. Les dérives sectaires sont quasi inexistantes en France. Que faut-il faire pour obtenir des subventions et des sous-sous ? inventer des abus sectaires en payant des ex-adeptes pour dire des mensonges et les faires passer à la télé !!! Bon sang mais c’est bien sûr !! Voila comment ces assos obtiennent des sous. Créer des reportages bidons à envoyé spécial. Il y aurait tellement de choses à dire sur le sujet que je ne sais pas par quel bout commencer. L’essentiel est là. A bon entendeur… Régis

    9 septembre 2006 à 19 h 13 min
  • kabala Répondre

    Je suis un Africaain résident en Afrique précisement en République démocratique du congo. Alors je suis contant de votre argumant qui résuse le mot secte dans l’islam parceque selon moi si une fois le mot secte seras inclue en Islam en vrais dure notre réligion perdra sa forme est surtout même sa préducations dans le sens que c’est avec les gens de secte aujourdhui JESUS est appeler DIEU c’est pourquoi moi, je vous invitte assez de pouvoir continuer à lutter dans lIslam sur le secte. Merci est j’attend vous lire à la prochaine

    10 septembre 2005 à 19 h 46 min
  • LE CHEVALIER DE MONCAIRE Répondre

    Sous pretexte de justifier l’interdiction du voile islamique,lequel ne me gêne absolument pas,pas plus que la calotte juive on a recour a un laicisme agressif et anticlerical du styl Combes du commencement du XX siecle.La gauche naturellement fidele à ses origines aplaudira ici l’opinion de ses adversaires Messieur Chirac et Raffarin.A cette gauche ce n’est pas le voile islamique qui gênes réelment mais le crucifix o la médaille de la vierge du mont carmel o de la miraculeuse.

    20 décembre 2003 à 17 h 39 min
  • Chevalier de la Liberté Répondre

    Le socialisme est une religion dont l’Etat est le dieu unique et qui n’en tolère aucune autre.

    20 décembre 2003 à 9 h 51 min
  • parti constitutionnel Répondre

    Excellente prise de vue panoramique sur la question religieuse en France ces 20 dernières années. Le relativisme moral, la permissivité, des politiciens assistantes-sociales faisant leurs bonnes oeuvres en creusant les déficits publics: le brouillard de la Confusion s’épaissit, le peuple est égaré par de faux bergers. Pouvons-nous passer votre article sur notre site http://www.particonstitutionnel.net svp. ?

    17 décembre 2003 à 21 h 10 min
  • SAS Répondre

    pour faire simple…. LAICITE=franc maconnerie=utopie,rêve ou règles reservées aux initiés… n’en déplaise au couillons incultes..LA FRANCE est la fille ainée de l’église…DONC DE BASE ET DE GENERALITE CHRETIENE…opposer la laicite à l’islam conquérant (politique sociale et religieux…TEMPOREL ET INTEMPOREL)c’est opposer le vide…Le vide soit la ripoublique convient parfaitement à l’envahisseur… bientôt la franc maçonnerie sera obligée sera obligée de soutenir et revendiquer la france chrétiene pour s’opposer à l’islam….et là le profane athé que je suis se marre… SI CELA NE SE FAIT PAS LA FRANCE N EXISTERA PLUS COMME TELLE QUE L HISTOIRE LA FABRIQUE… là est le vrai probléme sachant que les signe ostentatoire des franc maçons sont usuels en cours de cassation,conseil d’état,cours d’appel….Le problème c’est que les profanes ne savent pas voir la beurre et la ba-beurre…. BERNARD MERY DOCTEUR EN DROIT LE DENONCE DEPUIS 10 ANS… un profane athé

    17 décembre 2003 à 14 h 50 min
  • Alexandre Répondre

    La lutte contre les sectes, totalitarisme ? Messieurs, combien d’entre vous ont subi des violences physiques, sexuelles ou morales ? Des mouvements assimilés par beaucoup à des religions (jéhovistes, par exemple) destructurent les fondements de la civilisation : rejet de la famille non ou ex-jéhoviste, refus du service militaire, refus de soins médicaux indispensables et procès contre des médecins qui leurs sauvent la vie contre leur gré… Je me permets de m’insurger contre une telle façon de s’exprimer, écrite par des personnes qui ne connaissent certainement pas les problèmes posés par les sectes, dans notre pays ! Alexandre Cauchois, ancien témoin de jéhovah.

    16 décembre 2003 à 17 h 32 min
  • Lola Répondre

    Bonsoir, inutile d’épiloguer autour du voile, le coran est à la fois code civil et code pénal, donc le problème est forcément politique. Abélard, dans son analyse, semble oublier un point précis, peut-être volontairement tant il est aveuglant: les sectes concernent une infime partie de la population, laquelle a tendance à placer ses soucis au dessus du temporel. L’islam concerne des centaines de milliers d’électeurs. Aucun risque que nos très courageux et honnêtes gouvernants se les mettent à dos! Advienne que pourra, après eux le déluge…

    15 décembre 2003 à 18 h 33 min
  • Abélard Répondre

    Le 14 décembre 2003, La “lutte contre les sectes”, avec toutes les dérives totalitaires qu’elle justifie alors que, pendant ce temps là, l’Islam peut prospérer tranquillement sur notre sol, pose effectivement un vrai problème. Pourquoi un tel aveuglement? Cette fausse priorité n’est pas seulement due à l’insondable bêtise de nos gouvernants, mais résulte de la volonté farouche de ne pas voir ce qui gêne, quitte à détourner l’attention de la population sur des bricoles et à orienter celle-ci vers de fausses solutions. Par ailleurs, nombre de sectes étant d’origine américaine (Eglise de scientologie, Christian Science, Moon, etc.), détourner l’attention du vrai danger présentait également l’avantage de pouvoir stigmatiser de manière subliminale la société américaine, porteuse, comme de bien entendu, de tous nos maux. Bref, les sectes offraient un dérivatif commode. Pendant qu’on se préoccupait du rhume, la pneumonie s’installait. Cette manière de gouverner se retrouve dans d’autre domaines. Prenons deux exemples : Pendant qu’on stigmatise “l’antisémitisme du Front national”, on détourne l’attention du véritable antisémitisme, fléau qui s’installe peu à peu dans la société française depuis les banlieues et qui vient de l’autre bord de l’échiquier politique. Mais, cet antisémitisme là , il ne faut pas en parler car ce ne serait pas politiquement correct. Nombreux sont ceux qui ne veulent pas reconnaître “la bête immonde” parce qu’elle n’a pas surgi pas de là d’où ils voulaient la voir venir. De même, pendant qu’on prétend lutter contre l’insécurité routière en reportant sur les comportements individuels la totalité de la charge de la faute (stigmatisation de “la vitesse”, présentée comme la cause quasi-unique des accidents, instauration du “permis à points”, des “radars automatiques”, etc.), on laisse des maires multiplier les aménagements dangereux, à grands frais pour les contribuables et au grand profit d’entreprises de travaux publics particulièrement généreuses avec nos élus. Il s’agit là de trois domaines bien différents mais qui traduisent tous trois une même volonté et une même méthode bien française : détourner l’attention des vrais problèmes en agitant de faux problèmes.

    14 décembre 2003 à 18 h 19 min

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