Départementales : la question de la représentativité reposée.

Départementales : la question de la représentativité reposée.

franck-margain
Au lendemain des élections départementales, on assiste à l’ambiance classique dans notre système politique : les gagnants sont contents et commencent à réaliser tous les avantages obtenus, les perdants évaluent les conséquences de leur perte. On compte les voix, on réfléchit à ce qui n’a pas marché…

Mais au milieu de tout cela, le peuple est bien souvent absent. Les abstentionnistes ? Ils n’ont d’importance que médiatiquement avant l’annonce des résultats à 20 heures. En réalité, les élus s’en moquent puisqu’ils ont été élus sans avoir eu besoin d’eux. Les perdants s’en moquent peut-être moins en pensant aux voix qui leur ont manqué. En tout cas, ces électeurs abstentionnistes n’ont manifestement d’importance que celle de leur utilité pour gagner l’élection.

Or il faudrait traiter cette question de l’abstention avec beaucoup moins de légèreté que cela n’a été fait jusqu’à présent. La plupart des hommes politiques présents le dimanche soir sur les plateaux de télévision se félicitaient d’un taux de participation plus fort que d’habitude « pour ce type d’élections ». Comment peut-on décemment dire une telle chose ? Comment peut-on se satisfaire de ce que la moitié des électeurs ne soient pas allés voter ? Cela révèle un profond mépris du peuple.

Notre système politique est conçu pour être un système représentatif. Il a été ainsi théorisé dès sa construction. Le problème est qu’aujourd’hui on peut commencer sérieusement à douter de ce caractère représentatif, à cause du mode de scrutin.

Le Parti Socialiste, avec moins de 3 millions de voix a obtenu 912 conseillers départementaux, alors que le Front national avec plus de 4 millions de voix n’a que 62 conseillers élus.

Dans le département du Nord, le Front de Gauche avec moins de 30 000 voix obtient 6 sièges alors que le FN avec plus de 270 000 voix n’a aucun élu. 

A l’inverse, dans les Côtes d’Armor, les binômes Parti Socialiste avec plus de 50 000 voix n’ont que 8 sièges, tandis que les binômes Union de la Droite avec 36 000 voix en ont 14.

Dans les Landes, c’est encore un autre cas de figure, et c’est la droite qui en pâtit : l’Union de la Droite obtient 68 000 voix et 10 sièges, mais le PS avec 10 000 voix en moins obtient 14 sièges.

Et si l’on tient compte de l’abstention, on observe que la gauche contrôle le tiers des départements avec moins de 15 % des suffrages des inscrits. La droite en dirigera les deux tiers avec moins de 20 % des voix des inscrits.

Comme dirait l’autre, il y a comme un défaut…

*** 

Si notre système représentatif ne le devient pas réellement, si le décalage avec la réalité de terrain n’est pas comblé, alors il va finir par exploser, et peut-être exploser violemment. Il faut aller vers un système électoral à la proportionnelle. Et il ne doit pas s’agir seulement d’introduire « une petite dose de proportionnelle ». La situation présente n’est plus acceptable, il faut un changement véritable.

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Franck Margain, 
Conseiller régional d’Ile-de-France UMP, 
Vice-Président du Parti Chrétien Démocrate 
Source 

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Comments (1)

  • De Soyer Répondre

    Malheureusement, la cuisine électorale échappe à la plupart des Français qui n’ont le choix qu’entre des gens plus ou moins voyous.

    31 mars 2015 à 18 h 07 min

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