Devenir président de la république : Conseils et mode d’emploi

Devenir président de la république : Conseils et mode d’emploi

En ces temps électoraux, il est tout à fait possible qu’un lecteur des 4 Vérités souhaite devenir président de la république. S’il suit mes conseils ci-après, il sera sûrement élu.

Vous devrez prononcer de nombreux discours en proclamant avant d’entrer dans le vif du sujet que la France est une très grande puissance, grâce à Jeanne d’Arc et au général De Gaulle, en insistant plutôt sur le général De Gaulle. Vous ajouterez aussitôt que la France est la patrie des droits de l’homme, où le droit d’asile est sacré.

Il n’est pas impossible alors, ces nobles paroles ayant été prononcées, qu’un auditeur vous interpelle : « Arrêtez, Monsieur, de vous f… du monde. La France est en guerre civile avec 3,75 millions de crimes et délits recensés par an, des troubles ethniques, religieux et sociaux permanents, un pays où il n’y a plus aucune autorité, sauf celle de spolier les braves gens. »

À cela vous répondrez que ces propos intolérables et condamnables ne peuvent être tenus que par un fasciste déprimé qu’il faut faire taire immédiatement en le plaçant en garde à vue. Vous saluerez alors le « vivre ensemble » harmonieux et culturel de la France, sous le signe de la « diversité », s’épanouissant sur une palette de couleurs aux nuances infinies qui fait le charme d’une nation multiculturelle que le monde entier nous envie. Si néanmoins, criant au sauve-qui-peut, un Français est attrapé, cherchant refuge en Suisse, vous demanderez qu’il lui soit infligé le même traitement qu’a connu en 1793 la famille royale après Varenne : la guillotine.

Vous expliquerez alors aux électeurs que la seule menace qui nous guette est la menace climatique due aux différences de température entre l’été et l’hiver, qu’il faut remplacer sans délai par une température universelle de 23° sur toute la planète, ce qui permettrait une grande économie de chauffage et rendrait possible le démantèlement immédiat des centrales nucléaires. Bien sûr, ces propos sont complètement idiots, mais ils vous apporteront les voix des écolos.

Il n’est pas impossible non plus que l’un de vos auditeurs vous interroge sur la dette énorme qui écrase la France avec 47 milliards d’euros d’intérêts par an, beaucoup plus que le budget de l’armée. Vous répondrez aussitôt que la dette et les déficits sont des inventions des banques, repaires immondes où agissent sournoisement les détenteurs du grand capital. Vous direz que la France est riche, qu’elle est remplie de riches, qu’il faut leur faire rendre gorge, et pour commencer leur faire payer le salaire universel de 1  000 euros par mois à tous les jeunes de 18 à 100 ans. En conséquence, vous augmenterez les impôts sur les riches de 300 %, ce qui vous permettra, entre autres, d’aider les syndicats amis, bien qu’ils soient déjà archi-millionnaires grâce à l’argent public. Et vous ferez éditer un livre écrit par un employé de l’éditeur où, dès la première page, vous vous engagerez à fixer la durée légale du travail à 25 heures par semaine payées 40, de manière à ce que le peuple puisse se droguer en toute tranquillité, haschisch, cocaïne et héroïne étant en vente libre dans toutes les épiceries.

Avec un tel programme, vous serez très populaire.

Au sujet du chômage, vous ferez un peu de géométrie philosophique. Une courbe, expliquerez-vous, c’est quelque chose d’évolutif : elle s’inverse, se déverse, se renverse. Il ne faut pas la contrarier. Et comme l’a proclamé le président François Hollande, elle finira par s’incurver, mais il faudra probablement patienter pendant encore 2 ou 3 quinquennats.

S’agissant de l’immigration afro-arabo-musulmane, qui détruit la France et fera disparaître la civilisation européenne et chrétienne, vous répondrez à ces propos, qui ne peuvent être tenus que par des fascistes déprimés, que tout au contraire, l’immigration est une chance pour la France – une chance que le monde entier nous envie. Qui ferait la cuisine dans les restaurants sans l’expérience africaine ?

Qui animerait les manifestations, témoignages indiscutables de la vitalité française, manifestations quotidiennes qui fournissent du travail aux artisans et aux entreprises, pour reconstruire les bâtiments incendiés, le mobilier urbain en miettes, les magasins pillés et dévastés ? Qui évacuerait les carcasses des véhicules incendiés par dizaines de milliers ? Dites-moi qui !

Dans ce contexte de fraternisation républicaine, il est très probable qu’un clandestin sorti des forêts primaires qui bordent le Congo se plaigne d’avoir été l’objet du regard dénué de bienveillance d’un policier posté à 100 m de la CAF (Caisse d’allocations familiales, très fréquentée…). Vous déclarerez qu’un tel regard est intolérable. Vous alerterez la police des polices et vous vous rendrez auprès du « regardé » pour le réconforter et l’indemniser par le RSA jeune. Vous ordonnerez aussitôt l’édition d’un manuel de bonne tenue à remettre aux forces de l’ordre. Pour les contrôles d’identité, le policier devra aborder le « contrôlé » avec soin et délicatesse : « Monsieur, puis-je me permettre de vous demander de bien vouloir décliner votre identité, sauf objection motivée de votre part. »

Si le contrôlé répond : « Je vais t’enfoncer la g…, face de craie. » Le policier répondra : « Monsieur, je suis sûr que ces paroles ont dépassé votre pensée profonde et, pour m’en assurer, je vous invite à prendre une consommation dans l’estaminet voisin qui, par chance, est le seul qui n’ait pas été incendié lors de la manifestation d’hier. »

Vous éviterez à tout prix de parler de la colonisation, car vous risqueriez de dire des c… qui vous déconsidéreraient – on connaît un précédent.

Sur un tel programme et de tels discours, vous serez sûrement élu. Vous choisirez alors un Premier ministre. Mais attention, il vous faudra choisir un être insignifiant. Si, par erreur, vous choisissez une forte personnalité, vous pouvez être sûr qu’elle vous tirera dans les pattes pour prendre votre place. Mais trouver un type insignifiant parmi les politiciens, ça ne devrait pas être trop difficile.

Ceci fait, vous irez à Berlin donner l’accolade à Angela Merkel. Vous lui demanderez si elle accueillera cette année plus ou moins d’un million de musulmans, comme précédemment. Et vous lui suggérerez avec diplomatie d’éviter que de jeunes Allemandes soient violées par des Maghrébins francophones. Au retour, vous ferez escale à Bruxelles où vous demanderez au président de la commission de ne pas employer plus de 50 000 fonctionnaires pour étudier la courbure réglementaire des bananes, le poids des concombres et le débit des chasses d’eau européennes. Vous ferez aussi un crochet par Rome où vous saluerez le Saint-Père en examinant avec lui le moyen d’aider les musulmans d’Orient.

De retour à Paris, vous prendrez un repos bien mérité en partageant avec votre Premier ministre la côte de bœuf du lundi, en laissant tout de même un peu de sauce pour le peuple. Puis, vous repartirez en campagne pour l’élection de 2022. Vous prononcerez de nombreux discours où vous direz : « La France est une très grande puissance, grâce à Jeanne d’Arc et surtout au général De Gaulle. C’est la patrie des droits de l’homme où j’ai réenchanté le vécu quotidien du peuple de gauche… »

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Comments (1)

  • ARDECHOISE Répondre

    Merci Monsieur LAMBERT pour ce magnifique texte où je crois avoir reconnu le quidam qui se présente à l’élection présidentielle.

    9 mars 2017 à 16 h 52 min

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