Le mammouth doit mourir !

Le mammouth doit mourir !

Le gouvernement vient d’achever la grande consultation qu’il avait organisée sur la réforme de

l’Éducation nationale. Chacun a pu envoyer par Internet ses propositions. Près de 15 000 réunions ont eu lieu dans toute la France. Chaque réunion a produit plusieurs pages de suggestions et plus de 150 000 pages semblent avoir été produites. La commission chargée d’analyser les réponses s’est mise au travail. Elle devra résumer le tout en quelques pages. Il est probable qu’elle n’accouchera que d’une petite souris.

Actuellement, une seule entreprise fournit aux enfants de France le savoir. Cette entreprise a été créée en 1945 à la Libération, alors que les idées marxistes triomphaient partout en Europe, avec l’écrasement des Nazis à Berlin par le rouleau compresseur soviétique. Il s’agit donc d’un monopole d’État d’inspiration marxiste. Or tous ceux qui travaillent à l’intérieur d’un monopole jouissent d’une rente de situation merveilleuse. Ils ne sont plus soumis à la concurrence. Ils n’ont donc plus l’obligation de faire l’effort de fournir à leurs clients le produit le meilleur possible au moindre coût. L’Éducation nationale française coûte très cher dans le primaire et le secondaire, bien plus cher qu’ailleurs. L’Éducation nationale produit de plus en plus d’illettrés. Après 60 ans de vie, le monopole de l’Éducation nationale est devenu le mammouth que l’on connaît.

Une énorme administration lui sert de tête. Elle décide de tout, pour tous les enfants de France.

Elle décide par exemple de la façon d’apprendre à lire ou à écrire. Elle a imposé à tous la méthode globale. Cette méthode est peut-être adaptée à certains élèves qui ont des difficultés particulières. Mais elle est souvent catastrophique pour les enfants normaux. Elle crée donc à la sortie du primaire un grand nombre d’enfants qui sont incapables de lire ou d’écrire correctement.

Elle impose ensuite le tronc commun dans le secondaire. Tous les enfants doivent impérativement avoir le même enseignement. On mélange dans la même classe celui qui sait à peine lire, et à qui il faut rabâcher dix fois la même chose pour qu’il commence à la mémoriser, et le surdoué qui mémorise immédiatement tout ce qu’on lui enseigne. Le premier est malheureux car il se trouve isolé dans une classe qui souvent se moque de lui. Le second s’ennuie et ne s’intéresse plus aux cours. Les deux deviennent contestataires. Les violences suivent.

Le coût de ces deux réformes prises en exemple est inchiffrable. Il rend d’abord inutilement malheureux des enfants, ce qui est très grave. Il fournit ensuite à la France de jeunes adultes bien en dessous du niveau qu’ils auraient dû avoir, ce qui les rend malheureux et nous appauvrit tous. Il exige aussi des classes les moins nombreuses possibles. Quand les niveaux d’une classe vont du surdoué à l’analphabète, le chiffre de 15 élèves est encore un chiffre trop élevé et les enseignants enragent… Quand la classe groupe les enfants d’un même niveau, 35 n’est pas un chiffre trop élevé.

Vivant en parfaite symbiose avec l’administration, les syndicats font dans l’Éducation nationale la pluie et le beau temps. Un monopole d’État ne pouvant pas disparaître, ils peuvent utiliser la grève comme moyen essentiel de dialogue. Ils sont ainsi très souvent en grève, d’autant plus facilement que les réformes imposées rendent la vie des enseignants épuisante. Enfin, dans l’Éducation nationale française, les syndicats contrôlent mutation ou avancement.

Le ministre de l’Éducation nationale, qui en principe a le pouvoir, veut réformer le mammouth. Soit les réformes proposées vont dans le sens de l’administration et des syndicats : la réforme passe. Soit elles vont dans le bon sens : le ministre saute.

Une seule réforme nous semble aujourd’hui valable. Il faut casser le mammouth en donnant à chaque parent un chèque scolaire. Ainsi chacun pourra choisir en toute liberté l’école qu’il juge la meilleure pour son enfant. La concurrence sera réintroduite, assurant la bonne utilisation et des impôts, et des enseignants. Il n’est pas encore interdit de rêver en France…

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Comments (11)

  • Didier Répondre

    Il est des écoles publiques dites “gratuites” plus chères que des écoles privée de bonne qualité d’ensemble. Soyons concrets. Dans notre village celà coûte 26 euros par mois ( je sais qu’il y a moins cher, donc nous ne sommes pas les meilleurs !) sur dix mois de l’année et tout est compris dans le prix. C’est un choix à faire dans un budget familial, moins de loto, moins de bistrot, moins de tiercé, moins de journaux idiots, moins de tabac, moins Mac Do, moins de frivolités en tête de gondoles… et moins de “pauvres” !

    14 février 2004 à 16 h 23 min
  • ferreira Répondre

    Au Brésil on dit: mieux naitre riche avec santé plutot que pauvre et malade!! “le choix de l’education” quand on a “money money” c’est plus agreable, facile, mais je vous rappelle l’ideal naziste d’une societé sans malades, nous avons dejà vu les consequences en Europe et dans le monde. Vive la vie avec les problèmes, ses couleurs comme dans un arc-en-ciel!!! pensons à porter ancore plus de possibilités d’education à tout le monde.

    13 février 2004 à 8 h 53 min
  • grand père Répondre

    je suis un grand père j’ai deux petits enfants ils allaient à l’école publique à montfermeil une classe de 24 élèves ce n’est ni trop ni trop peu . . . mais 18 enfants de souche magreb qui arrivent et ne parlent pas tout à fait français et 6 de souche européenne dot 2 de souche portugaise reste 4 de souche française . . . ma fille a donc mis mes deux petits enfants dans une école privée . . . et tout va bien vive le choix de l’éducation

    12 février 2004 à 20 h 29 min
  • J-F Laurent Répondre

    Erreur sur la réforme de la méthode globale. Seulement 3 % des enseignants ont utilisé une méthode globale d’apprentissage de la lecture. les dégats ne viennent pas de la. D’accord en tout cas pour faire exploser le gros mamouth.

    12 février 2004 à 7 h 18 min
  • Odile Répondre

    la simplification en matière d’éducation, même nationale ne me semble pas de mise. Les syndicats cependant me semblent particulièrement fautifs dans la décrépitude de l’enseignement que nous vivons actuellement. La machine merveilleuse de l’enseignement pour tous qui a plus de cent ans (et non 60!)a été pervertie au service des enseignants et des parents, oubliant radicalement les enfants: que ce soit le soit-disant rythme scolaire, ou l’avancement et le mouvement qui paralyse totalement l’évolution de l’institution en fonction des besoins: besoin d’intégration scolaire d’enfants à besoins spécifiques dans des sens bien différents les uns des autres, des lieux géographiques tout aussi différents, et les nominations sont passées au rouleau compresseur du mouvement parout pareil, de la façon la plus bête qu’il soit. Il n’est pas besoin de casser le service public ou de privatiser pour regarder les choses en face, ou être un tout petit peu intelligent et observateur. C’est le sens de la responsabilité qui manque à tous les échelons. Ne confondons pas tous les problèmes.

    11 février 2004 à 18 h 55 min
  • Didier Répondre

    Et pourquoi pas cher “Stéphane” ! L’idée n’est pas nouvelle et a fait ses preuves, y compris en France dans quelques petits ilots méconnus. Point de mépris, seulement l’exigence de la qualité. Celle par exemple d’avoir des enseignants qui écrivent correctement ici, sans mettre de “c cédille” au mot “société”… Juste un peu de respect pour ce journal qui nous accueille. Nous vivons une époque formidable, avec un grand avantage: celui d’avoir un certain recul et une belle expérience de près d’une cinquantaine d’années de noyautage marxiste de l’enseignement d’état. Ces gens-là ne peuvent plus se prévaloir d’une prétendue virginité de l’utopie. Du passé, faisons table rase…

    10 février 2004 à 9 h 43 min
  • lagorre Répondre

    Des gens particulièrement compétents ont écrit des choses très importantes sur l’ éducation. Je pense entre autres au Dr Tomatis, dont les travaux sur l’écoute sont internationalement reconnus. Mais pas assez en France. Enseigner devrait et peut concrètement être tout le contraire d’un labeur. En Allemagne, il est écrit dans la Loi fondamentale que l’éducation des enfants est le devoir naturel des parents. Les parents francais semblent l’avoir d’eux-mêmes compris: depuis plusieurs années les écoles d’enseignement privé font face à une nette augmentation de demandes de parents. Ceux-ci sont bien à la recherche d’une qualité que l’école publique devrait apporter. Il ne faut rien espérer de l’administration ni de ses serviteurs, ni des syndicats. Il n’incombe qu’aux parents de prendre les initiatives et de contrôler la qualité de l’école. Cela suppose chez eux un sentiment de responsabilité que depuis trop longtemps on étouffe. Mais il faut encore aller plus loin.

    10 février 2004 à 8 h 26 min
  • Stéphane Répondre

    Votre méconnaissance du “mamouth” et votre mépris se trouve résumé par cette phrase : “…une seule entreprise fournit aux enfants de France le savoir”… une entreprise, voilà le mot est lâché ! Pour votre gouverne, la mission de l’école n’est pas que la transmission du savoir, elle nous (je suis donc enseignant) engage aussi à former des citoyens … à éduquer… Tiens, ça vous donne pas idée ça ? confier à des entreprises privées la formation “morale”… et la “transmission du savoir” à d’autres… Quelle soçiété voulez-vous pour demain ? avec quels citoyens ?

    9 février 2004 à 22 h 53 min
  • isocrate Répondre

    Mission impossible. Même le fameux chasseur de mammouth, socialiste de surcroît! s’y est cassé les défenses et compte se réfugier à CalTech en demandant l’asile politique à G.W. Busch ! Pour avoir Duruy, il faudrait avoir Napoléon III…….

    9 février 2004 à 10 h 14 min
  • Yann Répondre

    Les témoignages que nous offre mamm sur sa condition d ‘enseignante sont de véritables leçons pour nous tous. Je prends l’ entière mesure de ses propos car certains de mes amis appartiennent aux corps enseignants. Ils ont, comme moi, moins de 30 ans et j’ entends bien dans leur voix le brouillard dans lequel l’ éducation nationale s’ enracine. Ce brouillard est chargé de questions auxquelles ils ne peuvent apporter de réponses dans l’ espoir d’ être entendu. C’ est la faillite d ‘un système. Il est temps de mettre le doigt où ça fait mal pour rétablir le sens dans lequel l’ éducation doit s ‘orienter. La volonté politique sera une fois de plus mise à l’ épreuve.

    8 février 2004 à 13 h 16 min
  • mamm Répondre

    Permettez moi de reprendre certains passages de votre édito : “ceux qui travaillent pour un monopole n’ont plus l’obligation de donner le meilleur service à leur client” : On touche ici aux prémices du problème! Car qui recrute-t-on pour enseigner? Des gens qui ont envie, ou des gens qui ont besoin? Ou bien des gens dont l’état a besoin pour remplir son rôle? Je suis entrée par concours à l’EN en 1983. Pas une seule fois on ne m’a demandé quelles étaient mes motivations! Croyez-vous qu’en période de pénurie de vocation enseignante, on prenne le risque de s’entendre répondre qu’on fait ça pour bouffer? Et encore, pas très bien, vu les salaires? Il faut une bonne dose de conscience professionnelle pour faire son travail envers et contre tout mépris, comme celui dont vous vous faites l’écho en relevant ce fait : c’est la faute des enseignants si ça ne va pas, car ce sont (tous, dirait-on!) des feignants profitant de la chaleur des radiateurs publics, des vacances et de la cantine! Concernant les réformes, et c’est vous qui le dites!!!, en substance, si elles vont dans le sens de l’administration et des syndicats, elles passent! C’est ce que je me tue à dire à tous ceux que les problèmes de notre école intéressent : les syndicats ne roulent pas pour les enseignants, et encore moins pour les enfants, mais bien pour le fromage qu’ils partagent avec les politiques, en terme d’avantages, de pouvoir, de notoriété. C’est pourquoi on a beau s’égosiller à hurler que les syndicats ne sont pas représentatifs, et qu’il faut passer par d’autres voies si l’on veut faire quelque chose, rien ne changera : nos ministres ne vont pas s’en prendre à leurs amis pour complaire à des personnels dont ils se foutent, ou à des électeurs qui vont les virer au prochain scrutin! Cette consultation est une vaste fumisterie, comme toutes celles qui ont précédé :jamais aucune réforme n’a été évaluée et rien n’a jamais été communiqué de façon claire et honnête sur la vie de l’école. Pour bien des parents, mettre les gosses au chaud pendant qu’ils vont bosser (ou pas!!) est tout ce qui les intéresse; si accesssoirement ils y apprennent à lire, tant mieux! Mais qu’on ne vienne pas les enquiquiner avec ça. Que l’on ait pas donné congé aux parents d’élèves pour aller aux réunions est symptômatique : soit on a pensé qu’ils n’iraient pas de toute façon, soit on a pensé qu’il valait mieux qu’ils n’y aillent pas! Dans un cas comme dans l’autre, on se fiche bien de leur avis! Et les élèves, les a-t-on consultés? On les a mis en congé… Qui, hors du milieu enseignant, et encore, car la disparité des postes, des conditions est forte, est capable de dire avec précision en quoi consiste ce travail, dans la classe, certes, mais aussi en dehors? Car à l’heure où sans doute vous prenez votre petit déjeuner, Monsieur, je suis dans ma classe, pour faire des photocopies car je n’ai même pas un livre d’histoire ou de géographie par gamin!! Parce que j’ai trente élèves, avec deux cours! On est loin des quinze que vous préconisez! Parce que le soir, à cinq heures, après une journée continue, (je ne déjeune pas, je corrige une partie de mes cahiers à midi)j’ai envie de rentrer chez moi me reposer une heure avant de me mettre à la préparation du lendemain. Pour 1500€/mois après vingt ans de carrière, et sans autre perspective professionnelle que de gravir dans les vingt années qui me restent encore, les 2 échelons qui restent sur ma grille indiciaire! Alors contrairement à vous, je suis très bien placée pour comprendre mes collègues qui dans ces conditions, ne donnent pas le meilleur d’eux-mêmes. Pour ce que ça me rapporte : surnager dans le même sac que les autres, où vous nous mettez tous : feignants, parasites, bons à rien. Sauf que le jour où les parents auront leur chèque éducation, je suis bien sûre de garder tous mes élèves, et qu’en attendant, ce ne sont pas le mépris et les critiques qui me détourneront du sourire de mes trente gamins arrivant le matin! Je vous invite, quand vous voulez, à venir passer une journée de travail avec moi: il faudra vous lever tôt! Ensuite, vous pourrez écrire des articles pour ce site en connaissance de cause. A votre disposition, et je précise que je suis POUR le chèque éducation, POUR une rémunération au mérite, POUR une gestion libérale des affaires publiques, POUR la responsabilisation de tous, CONTRE la main-mise des syndicats sur les entreprises publiques, CONTRE le tout est dû …

    7 février 2004 à 20 h 52 min

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