Le socialisme et le refus de la transmission

Le socialisme et le refus de la transmission

Le gouvernement actuel n’est certes pas le premier gouvernement soixante-huitard que subit notre pauvre pays. Mais il est le premier gouvernement à assumer aussi ouvertement les sources soixante-huitardes de son idéologie politique.

Il semble ne pas même se rendre compte du côté éminemment paradoxal qu’il y a à gouverner, guidé par les principes de la subversion. Par définition, gouverner, c’est fixer des limites et c’est donc parfaitement incompatible avec le trop fameux « Il est interdit d’interdire ».

La conséquence inéluctable de cette contradiction, c’est que l’État est chaque jour plus impuissant, puisqu’il vénère comme un texte sacré la contradictoire interdiction de toute interdiction. Mais c’est aussi que les Français perdent chaque jour un peu plus leurs libertés, puisque, par ailleurs, le gouvernement veut tout de même montrer qu’il est « vraiment » un gouvernement et qu’il sait, par conséquent, interdire et poser des limites.

Deux exemples montreront mieux qu’une longue théorie de quoi je parle.

Pour se convaincre que l’État repose sur le slogan « Il est interdit d’interdire », il suffit de songer que Mme Taubira propose, dans sa réforme pénale, de vider les prisons des délinquants et criminels condamnés à moins de 5 ans de prison. En allant au bout de la logique, il sera bientôt impossible de qualifier de crime le vol, le racket, le viol ou le meurtre. Car, après tout, si ces braves criminels pratiquent ce genre de distraction, c’est sans doute pour épanouir leur riche personnalité, persécutée par une société odieusement conservatrice, n’est-ce pas ?

Et, pour se convaincre que l’État limite nos libertés, qu’il suffise de songer à la répression disproportionnée de la protestation pacifique des Veilleurs contre la loi Taubira sur le « mariage pour tous ». Ou encore au fait que le CSA prétend aujourd’hui contrôler, non plus seulement les radios et les télévisions, mais encore internet, périlleux espace de liberté d’expression menaçant le totalitarisme d’État…

Mais il y a quelque chose de plus profond encore que ce refus de l’interdit dans la subversion soixante-huitarde : il y a le refus de recevoir quoi que ce soit d’un plus grand que nous.

D’où le refus d’une nature humaine qui s’imposerait à nous. Le débat houleux qui a entouré le vote de la loi Taubira sur le mariage gay l’a prouvé abondamment : les socialistes refusent l’idée même d’une nature humaine et tiennent la loi pour l’expression d’un rapport de forces à un moment donné. Ils n’ont pas l’air de se rendre compte qu’à ce compte-là, il n’y a aucune raison de s’opposer aux lois du IIIe Reich (alors qu’ils ne cessent de hurler en toute occasion au fameux « retour de la bête immonde ») et qu’ils partagent donc l’essentiel des principes nazis.

Ce refus conduit aussi au refus de nous considérer comme des héritiers. Pour ma part, il me semble évident d’être « un nain sur les épaules de géants ». J’en sais colossalement plus en matière scientifique qu’Aris­tote, Newton ou Pasteur, mais, précisément parce qu’Aristote, Newton ou Pasteur, génies sans commune mesure avec moi, ont édifié une science accessible à des esprits comme le mien. C’est le principe de base de toute civilisation d’amonceler pour les générations à venir – en ayant une gratitude infinie pour les générations précédentes.

Mais « nos » socialistes, eux, sont la première génération d’une humanité nouvelle. Contrairement aux « ploucs » que nous sommes, ils ne doivent rien à personne. Même la vie, ces fanatiques préféreraient ne pas la devoir à des parents. D’où leur idée, à première vue complètement délirante, mais hélas parfaitement logique, de concevoir des enfants avec des gamètes anonymes pour satisfaire les désirs éphémères d’adultes aussi irresponsables que des adolescents. Nous aboutissons ainsi à cet individu abstrait, jadis décrit merveilleusement par Renan : « né orphelin, resté célibataire et mort sans enfant » !

La fiscalité elle-même est au service de ce refus déterminé de toute transmission. L’impôt par excellence du socialisme nouvelle vague est, bien entendu, l’ISF. Et qu’est-ce que l’ISF, sinon une sanction de l’épargne et une prime au consumérisme ?

« Nos » gouvernants font mine de dénoncer la société de consommation, mais ils refusent toute auto-limitation et encouragent à tout « flamber ». Après eux, le déluge !

Pour nous, contre vents et marées, nous restons attachés au vieux principe de la civilisation : recevoir et transmettre. Voilà pourquoi, entre les socialistes et nous, c’est une véritable guerre de religion et non pas seulement une opposition politique !

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Comments (4)

  • 0094917 Répondre

    J’ai oublié de dire MERCI à Guillaume de Thieulloy pour son article lucide.

    28 octobre 2013 à 7 h 23 min
  • 0094917 Répondre

    Le socialisme n’a qu’une fin: le communisme et ne rechignez pas à regarder ce qui va avec, vous ne pouvez pas être surpris.

    28 octobre 2013 à 7 h 22 min
  • DavidDomTom Répondre

    La valeur d’un homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir. C’est le devoir de chaque homme de rendre au monde au moins autant qu’il en a reçu.
    Le consummérisme finit par faire des hommes des zombis, et de la société un cimetière..

    24 octobre 2013 à 17 h 27 min
  • Athanase Répondre

    Merci de relever très justement ce paradoxe.Le soi-disant pluralisme de ces “humanistes” n’existe pas car il tolère tout sauf ce qui s’oppose à leur pluralisme. Le refus d’interdire se transforme très vite en obligation d’interdire ce qui remet en question leur dogme liberté-re.L’humaniste qui s’érige en référence morale finit par interdire le bien commun et le bien tout court. Nous savons qui est le singe de Dieu.

    24 octobre 2013 à 8 h 57 min

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