Nouvelles menaces sur le budget de la défense

Nouvelles menaces sur le budget de la défense

Une fois de plus, la loi de programmation militaire adoptée voici quelques mois ne sera pas respectée.

Le vrai scandale n’est pas tant dans le décalage permanent entre les promesses (aussi vagues soient-elles) et la réalité, mais dans l’utilisation sans vergogne, depuis des lustres, des mêmes méthodes pour vider de leur sens tous les engagements pris.

La mode de l’abondement du budget ou de la loi de programmation par des recettes exceptionnelles a été initiée par M. Giraud lorsqu’il était ministre de la Défense.

La procédure est connue : des décisions sont prises sur la base de recettes fictives dont on constatera, année après année, qu’elles n’ont pas été au rendez-vous. La faute en est généralement attribuée à « pas de chance », ce qui évite de mettre en cause qui que ce soit. On revoit donc les programmes et les ambitions à la baisse.

Parallèlement, se mettent en place les manipulations habituelles : la loi de programmation n’ayant pas de valeur exécutoire, on s’en remet, chaque an­née, au budget voté par le Par­lement. De manière systématique, dès la première année, le niveau de ce budget est inférieur à celui que nécessiterait la loi de programmation. Pas gra­ve, explique-t-on : on se rattrapera les années suivantes.

En cours d’année, le budget voté est lui-même étroitement encadré par Bercy qui impose, outre des « gels de crédits », la constitution de « réserves » en cas de problèmes – lesquels ne manquent pas d’arriver et nécessitent de piocher dans les dites « réserves » au profit d’autres ministères.

À cela s’ajoute le coût des opérations extérieures imputé en fin d’année sur le budget de la défense.

Pour compléter le tout, l’engagement des dépenses est soumis, tout au long de l’année, au bon vouloir d’un contrôleur financier qui signe… ou ne si­gne pas. Sans sa signature, il n’est pas possible de passer les commandes programmées. Le petit jeu se poursuit tout au long de l’année jusqu’à la fin novembre. Là, miracle, le contrôleur financier signe… mais il est trop tard, car les délais sont trop courts pour intégrer ces dépenses dans le bilan financier de l’année en cours. Les crédits restants ne sont donc pas dépensés. Ce qui reporte les engagements sur l’année suivante, au détriment du budget à venir. Les retards s’accumulent et deviennent irrattrapables.

Cerise sur le gâteau, la Cour des comptes passe régulièrement par là et constate, impavide, que les armées demandent toujours plus de crédits, alors qu’elles ne sont même pas capables de dépenser ceux qui leur ont été attribués pour l’année en cours.

Et le scénario, la comédie, de­vrait-on dire, se répète immuablement d’année en année.

Notons, en complément, que, si les commandes initiales de matériels correspondent aux ambitions de la loi de programmation, elles sont ensuite confrontées aux réalités des budgets votés, puis aux oukases de l’administration de Bercy et, enfin, aux « révisions » épisodiques (toujours à la baisse) de nos ambitions.

Ces pratiques ont pour conséquences, entre autres, de poser des problèmes insurmontables à nos industriels qui dimensionnent leurs chaînes de fabrication et leurs effectifs en fonction des objectifs qui leur ont été fixés et qui voient fondre, au fil des mois et des années, les commandes initiales.

Bilan : un coût unitaire des matériels qui explose ; des annulations de programmes et des livraisons décalées qui entraînent des pénalités ; et des équipements qui arrivent avec 10, voire 15 ans de retard sur les calendriers prévus.

Tout cela est connu, archi-connu, dit, écrit et dénoncé, mais la farce continue. Elle ne pourra pas durer très longtemps encore, car la machine s’arrêtera avant.

À tous ceux qui pensent que notre pays pourrait surmonter seul les crises graves auxquelles nous prépare le monde actuel, je conseille de se pencher sérieusement sur la réalité de notre outil de défense et sur la manière dont il est « déconstruit » méthodiquement, jour après jour… 

Claude Ascensi

Partager cette publication

Comments (9)

  • DESOYER Répondre

    “On ne peut pas être à la fois intelligent, honnête et socialiste”, disait Drieu la Rochelle.
    D’une façon générale, il y a trois types de socialistes, dans l’ordre croissant de nuisance: les asociaux, les fripouilles et les voyous. Devinez dans quelles catégories sonr les “grands chefs”!

    29 juillet 2014 à 13 h 39 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      aucun doute … les asociaux puisque leur but est de détruire la Société ( naturelle et … historique )

      30 juillet 2014 à 14 h 39 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    ” The Times ” ( Londres ) révèle que dans le crash de l’ avion d ‘ Air Algérie 33 militaires Français se trouvaient à bord dont TROIS GRADES DES SERVICES DE RENSEIGNEMENT , et que parmi les Libanais se trouvait un haut dirigeant du Hezbollah, enfin que des caisses de munitions auraient été chargées dans la soute à bagage … voilà qui peut expliquer l’ attention particulière que l’ Elysée porte à cette affaire ( y compris les drapeaux en berne ) et le ” silence ” des ” services ” algériens … voilà qui explique aussi qu’on n’ait pas retrouvé d’ impact ainsi que la dispersion des matériaux et des corps en pièces d’un véritable puzzle

    27 juillet 2014 à 20 h 59 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    sauf pour … Serge !

    25 juillet 2014 à 18 h 48 min
  • schmitt Répondre

    Les socialistes ont toujours été fauteurs de guerre mais ont démoli l’armée avant.En 1936 Léon Blum avait déclaré:”Lorsqu’on démolie l’armée, j’en suis”!!.
    Quatre années plus tard la France subit la plus grande défaite militaire de son temps.Voir les ouvrages de Philippe Masson(Histoire de l’armée Allemande 39/45) et Marc Bloch(L’étrange défaite) pour ne citer que ces deux!!

    25 juillet 2014 à 15 h 55 min
  • lauranceau Répondre

    On peut concevoir un Budget de la Défense s’articulant autour de 2 principes :
    1 – les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins à tête atomique,

    2 – les Commandos aéroportés, infanterie de marine , Parachutistes , Légion Etrangère , etc…pour la guérilla urbaine…

    Le reste est beaucoup plus accessoire.

    25 juillet 2014 à 12 h 02 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      Une guerre se gagne TOUJOURS par l’ Intendance , contrairement à ce que disait De Gaulle … ” l’ intendance suivra ” . Voyez la guerre de 7 ans ( guerre du renversement des alliances ! ) et l’ organisation parfaite de l’ intendance des troupes du général-duc Marlborough ***, un aïeul de … Churchill, loin de ses bases puisque sur le … continent !

      *** que les Français ont tourné en dérision juste avant la … Grande Révolution … les Français ont cette habitude … réaliste, de brocarder leur … vainqueur

      25 juillet 2014 à 19 h 05 min
      • DESOYER Répondre

        cf. Rommel, Guderian, etc…

        29 juillet 2014 à 13 h 41 min
  • CRT Répondre

    Aucune loi de programmation militaire (5 ans) n’a été respectée, quelque soit le gouvernement en place. En général les budgets des 3 dernières années sont “rabotés”. Mais jamais dès la première année. C’est tellement facile de “couper les ailes” de la “grande muette”. Avant 39 aussi “on croyait à la Paix !” On veut croire qu’il n’y aura plus de conflit en Europe. Sarajevo était moins grave que ce qui se passe en Ukraine !

    24 juillet 2014 à 12 h 10 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *