Rétablir le service ou réformer l’Éducation ?

Rétablir le service ou réformer l’Éducation ?

J’ai vécu, encore en activité, l’agonie du service militaire. Prétendument universel, il était, au fil des ans, devenu très inégalitaire. Les exemptés étaient légion. Le soi-disant brassage social n’existait plus.

Cette armée, de conscription pour environ deux tiers de ses effectifs, aurait-elle été efficace en temps de guerre ?

Quelques régiments étaient composés de militaires professionnels. Mais c’était la minorité. Les effectifs de toutes les autres formations étaient à base d’appelés du contingent (sauf une majorité des cadres et quelques engagés militaires du rang), dont le recrutement avait lieu tous les deux mois, et obligeait à un incessant travail de formation de base (les « classes »). L’entraînement opérationnel était, lui, assez modeste et de plus en plus incomplet au fur et à mesure que la durée du service se réduisait.

Dans les dernières années, la durée du service était de 10 mois, dont environ 2 mois d’absence (permissions, etc.). Alors, non, l’armée n’était pas globalement opérationnelle.

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Ce sont toutes ces insuffisances qui ont plaidé pour la disparition d’un système devenu inégalitaire, cher, finalement peu efficace et qui ne permettait pas les engagements extérieurs avec la souplesse nécessaire.

À chaque fois que l’échec pa­tent de l’Éducation nationale dans la formation de nos jeunes revient sur le devant de la scène, on retrouve des vertus au service militaire que M. Chirac a supprimé d’un trait de plume il y a 20 ans, sans même un vote de l’assemblée.

Quand tout va mal, on retrouve donc des vertus aux armées, qu’on ignore le reste du temps. Si on reparle du service militaire maintenant, c’est uniquement parce que l’on compte sur l’armée pour pallier l’incurie de notre système éducatif qui instruit mal et qui n’éduque plus parce que, depuis des décennies, on l’a laissé aux mains d’idéologues acharnés à la destruction de notre société et de notre civilisation.

Pourtant, je rappelle qu’un soldat est fait pour faire la guerre, et pas pour autre chose.

D’ailleurs, les coûts et les délais seraient exorbitants pour un résultat attendu plus que douteux. Les chiffres évoqués sont au minimum de 3 à 5 milliards par an (et, à mon avis, ils sont minorés), qu’il faudrait ajouter au budget de la défense car il ne saurait être question de ponctionner ces sommes sur les maigres ressources de nos forces ré­ellement opérationnelles.

Pour quelle durée de service ? On lance des chiffres au hasard : 3 mois, 6 mois. Pour faire quoi ? Quelle population serait concernée ? Tous les jeunes ? 750 000 par an ? Si cela ne s’adresse qu’aux volontaires, à quoi cela servirait-il ? Recruter ceux qui posent le moins de problèmes ? Ou, au contraire, ceux qui n’auront même plus besoin d’aller chez Daech pour apprendre à manier une arme ?

Quitte à rétablir un service national, on peut penser à la création d’une garde nationale. Les besoins existent dans le contexte de menace terroriste actuel. En outre, voilà une solution qui fait révolution et république en péril ! Elle plaira à beaucoup. Elle est soutenue par des députés de tous bords.

Pour l’instant, on compte surtout, si j’ai bien compris, sur les réservistes. Mais, depuis la suppression du service militaire, ils sont très peu nombreux. En outre, sauf pour ceux qui sont à l’âge de la retraite, donc moins « intéressants », ces personnes ont un travail, et il n’est jamais simple, sauf cas particuliers, dans un pays aussi peu « cito­yen » que le nôtre, de trouver des accommodements avec les employeurs.

Les moyens sont inexistants. La formation nécessiterait, dans le meilleur des cas, des années.

On voit donc bien que cette forme de service militaire ne peut pas concerner la totalité d’une classe d’âge, qu’elle aura aussi un coût, mais qu’en revanche, on peut en attendre une certaine efficacité opérationnelle, sur le territoire national, dans le contexte d’insécurité que nous connaissons.

Mais on ne fera pas l’économie d’une remise au pas du ministère de l’Éducation nationale. Là est la solution. Pas dans l’illusion que l’armée peut se voir confier la mission de combler des lacunes qu’on continuera à tolérer par ailleurs parce qu’on a peur de la corporation.

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