Un redressement est-il possible ?

Un redressement est-il possible ?

Tant de choses me consternent dans la France telle qu’elle devient que, si je devais énoncer tous les objets de ma consternation, la liste serait longue et ressemblerait à une litanie.
Ce qui me consterne vraisemblablement le plus est l’effritement des valeurs qui ont permis à la civilisation occidentale d’être grande et d’apporter au monde ce qu’il y a en lui aujourd’hui de plus fécond.
C’est, nul ne devrait l’oublier, l’Occident qui a apporté les sciences et l’essentiel des techniques.
C’est lui qui a apporté l’idée que l’être humain avait des droits consubstantiels au fait qu’il était un être humain, c’est-à-dire un être doté d’une conscience, d‘une aptitude à discerner les causes et les conséquences, donc à être responsable de ses actes.
C’est lui qui, sur cette base, a, dès lors, proclamé l’idée de droit naturel, garde-fou essentiel contre ceux qui confondent le droit avec la loi que des êtres humains peuvent écrire, abolir, réécrire, déchirer.
C’est lui qui a énoncé sur ces bases l’idée de droits de l’homme et a fait de cette idée un outil pour se battre contre les dictatures, les tyrannies, l’arbitraire, le totalitarisme.
C’est lui qui a établi les idées d’État de droit et de démocratie selon le droit, les grands principes éthiques qui nous permettent encore de démarquer le bien du mal, et de condamner le vol, le viol et le meurtre.
C’est lui qui a vu émerger des sociétés basées sur le contrat volontaire et dans lesquelles, puisque toute transaction reposait sur le contrat volontaire, s’est développé l’économie de marché et d’entreprise.
Des penseurs, au fil du temps, ont pensé ces apports de l’Occident, afin qu’ils soient compris et portés plus loin, afin aussi que des êtres humains toujours plus nombreux se les approprient.
Les penseurs du droit naturel, et de ce qui en découle, ont pour nom Hugo de Groot, ou Grotius, Samuel von Pufendorf, John Locke, Edmund Burke, et, dans une période plus récente, Frie­drich Hayek, ou Karl Popper, chez qui la notion de « société ouverte » est très proche de l’idée lockéenne d’État de droit.
Les penseurs du contrat volontaire et de l’économie de marché sont Turgot, Adam Smith, Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat, Karl Menger, Eugen Bohm Bawerk, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek encore, et, si on veut leur ajouter des auteurs plus contemporains, Milton Friedman, Gary Becker, Israel Kirtzner, entre autres.
Tous ces penseurs ont en commun de faire partie d’une grande mouvance qu’on appelle libéralisme.
Or, cette mouvance est, en France, combattue de tous côtés, caricaturée, diabolisée. Pire encore : on lui attribue des idées qui ne sont pas les siennes. On la présente sous un jour odieux.
Ce qui se trouve détérioré ainsi, gravement, est l’aptitude à comprendre et à connaître. La détérioration de l’aptitude à comprendre et à connaître fait le lit du relativisme qui proclame que tout se vaut, que rien n’est vrai, qu’il n’y a pas de droit naturel, et que, dès lors, il n’y a que des lois, en Corée du Nord comme aux États-Unis ou en France, que la prospérité ne naît pas nécessairement du contrat volontaire, et que toutes les cultures s’équivalent. Le relativisme fait le lit de la destruction générique.
L’effritement des valeurs qui ont permis à la civilisation occidentale d’être grande et d’apporter au monde ce qu’il y a en lui aujourd’hui de plus fécond coïncide très exactement avec la façon dont le libéralisme est combattu, caricaturé, diabolisé, avec la détérioration de l’aptitude à comprendre et à connaître, avec le relativisme, avec la destruction générique qui vient.
Louis Pauwels, face à tout ce que je viens de décrire, parlait de « sida mental », et disait que nous étions dans une société qui perdait toutes ses immunités. C’était il y a vingt-cinq ans. Le sida mental a beaucoup progressé depuis.
Inutile de nous étonner, dans ces conditions, si nous sommes dans des sociétés qui ne savent plus comment se défendre, comment identifier un ennemi, comment triompher d’un ennemi. Inutile de nous étonner si nous respirons un air porteur d’odeurs de défaite.
Un redressement est-il possible ? Je voudrais le penser…

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Météo politique : dernières tendances et prévisions à moyen terme concernant la France

    1/4 des électeurs [ en 2012 ] de François Hollande seraient séduits par … Alain Juppé pour 2017

    tout le monde aux abris … buzz ! ils sont toujours aussi cons !

    27 juillet 2015 à 17 h 35 min

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