La démolition des églises françaises

La démolition des églises françaises

S’il fallait trouver un symbole de la transformation profonde que subit présentement la France, celui-ci pourrait être le recours massif au béton et à l’enlaidissement dont je traitais ici la semaine dernière.

Celui-ci pourrait être aussi (et l’un va de pair avec l’autre) le mouvement de démolition des églises de France qui s’est mis en marche et qui s’accentue. Un quartier ou un village qui perd son église est un quartier ou un village qui perd une part cruciale de son âme et de son ancrage dans ce qu’était la France jusqu’à une période récente : un pays de tradition et de valeurs chrétiennes.

On me dira, bien sûr, que les églises sont vides et qu’une déchristianisation est en marche, et je répondrai que c’est, hélas, exact.

Mais la disparition des églises ne peut qu’accentuer le mouvement et, en aucun cas, le freiner ou permettre de conserver quelque espoir qu’il puisse un jour s’inverser : c’est, au contraire, accélérer le mouvement.

On me dira aussi que l’entretien des églises coûte cher aux municipalités qui prennent ce type de décisions.

Je dirai là qu’il s’agit d’un argument abominablement hypocrite : au regard des gaspillages financiers immenses qui s’observent à tous les échelons de l’État et des municipalités elles-mêmes, au regard du coût de la tonne de béton, l’entretien des églises représente très peu. Et, derrière ce type d’argument, il y a autre chose, qui avance dissimulé : une volonté, précisément d’éradiquer la tradition et les valeurs que les églises incarnent.

La montée des idées et des dogmes de gauche en ce pays va de pair avec une volonté de faire table rase de cette tradition et de ces valeurs. Cela passe par la démolition des églises. Cela passe aussi par les attaques incessantes contre le christianisme. Cela ne peut être dissocié du fait que le christianisme peut sans cesse se trouver diffamé, attaqué, traîné dans la boue, quand ce n’est pas dans les excréments et dans l’urine.

Ceux que le grand penseur américain Russell Kirk appelait les « ennemis des choses permanentes » sont à l’œuvre : ils entendent broyer les repères éthiques qui, depuis des siècles, permettent de distinguer le bien du mal et permettre à l’être humain de se tenir debout face à la barbarie et les remplacer par un relativisme et une volonté de remodelage d’essence totalitaire hérité de ce que les Lumières en France ont eu de pire, et qui a conduit à 1793, à Robespierre et à la Terreur.

Ils sont à l’origine de la prolifération de l’obscénité et de la pornographie, de l’irrespect croissant pour la vie humaine, de la mansuétude envers le crime, de la destruction qui monte de la famille. Il n’y a, de fait, pas que les églises qu’ils démolissent.

Et, pendant qu’ils démolissent les églises, pendant qu’ils sèment le béton et l’enlaidissement, ils créent, en fait, une situation où tous les repères se désagrègent et s’abolissent, et que j’ai définie voici quelques mois en reprenant un mot à Émile Durkheim, l’anomie – qui est, précisément, la dissolution de tous les repères culturels et moraux permettant à une société de fonctionner.

Pendant qu’ils créent l’anomie en cédant à ce que Friedrich Hayek appelait la « présomption fatale », ils facilitent aussi, par ce qui semble être un mouvement de haine envers leur propre civilisation, la construction d’autres édifices qui, eux, sont aisément pleins : des mosquées.

Si les églises disparaissent, les mosquées, elles, se construisent. Elles correspondent à un changement de population. Elles correspondent aussi à une non-intégration des populations musulmanes qui, ne discernant plus à quoi s’intégrer et n’étant, de toute façon, pas du tout incitées à s’intégrer, se tournent vers leurs valeurs d’origine.

Le monde musulman étant secoué par l’islam radical, les mosquées se font ici ou là les vectrices de l’islam radical. L’anomie, dès lors, s’ourle d’un fanatisme délétère.

La France subit une transformation profonde, disais-je en commençant. Parler de transformation n’est peut-être pas pertinent : les pelleteuses qui démolissent les églises de France renvoient à une démolition beaucoup plus vaste, aux allures d’effroyable anéantissement.

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Comments (17)

  • meteo Répondre

    Bonjour Monsieur Millière,

    Je suis issu du milieu chrétien évangélique, il y a des missionnaires dans ma famille. De l’âge de 19 ans jusqu’ à l’âge de 22 ans j’ai remis en question ma foi. Le christianisme prétend être la seule vraie religion, seul moyen d’échapper à des souffrances éternelles après la mort devant frapper les humains par défaut. Par exemple dans Actes 4 :12 on lit:

    „Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés“.

    Et encore le nouveau testament est très modéré. Dans l’ancien testament, tout Israelite pratiquant une autre religion que le Judaisme doit être mis a mort (voir Deutéronome 17:2-7), des massacres de peuples paiens ont été ordonnés, car „Dieu est un dieu jaloux qui ne tolère pas que l’on adore un autre dieu“.

    Je me suis demandé pourquoi cette religion et pas une autre devait être la vérité. J’y croyais parce que mes parents me l’avaient enseignée, mais si mes parents avaient eu une autre croyance, j’aurais d’abord adhéré à cette autre croyance. J’ai eu un processus de remise en question de ma foi, au cours duquel j’ai beaucoup lu sur le sujet, notamment des livres d’apologétique chrétiens et musulmans. Je suis devenu petit à petit agnostique, puis quelques années après, athée. Je vous invite a visiter mon site sur lequel je relate mon cheminement et j’expose des arguments contre le christianisme et l’islam: http://www.anti-religion.net .

    Pour en revenir à votre texte, je ne pense pas que l’appartenance à une religion particulière soit un devoir envers notre civilisation, envers nos valeurs. Mais plutôt, si cette religion prétend être la seule vraie à l’exclusion de toutes les autres, à laquelle croire serait obligatoire pour échapper à l’enfer (comme c’est le cas des religions monothéistes), il convient de vérifier ce qu’il en est, de chercher quels sont les faits qui parlent en faveur ou en défaveur de telle ou telle foi, de chercher la vérité en utilisant sa raison, en priant un Dieu eventuel afin qu’il nous éclaire sur le sujet. Moi, ce processus m’a mené à l’athéisme. C’est le cas aussi de différents anciens apologistes de la Bible, tels John Loftus (du site http://debunkingchristianity.blogspot.de/ ) ou encore Dustin Lawson, ancien disciple du célèbre Josh Mc Dowell ( http://debunkingchristianity.blogspot.de/2013/08/dustin-lawson-josh-mcdowells-infidel.html ), ainsi que d’anciens pasteurs tels Dan Barker ou Teresa McBain.

    En ce qui concerne la morale, je pense qu’elle est apparue et a evolué grâce à la sélection naturelle. Les comportements aujourd’hui considérés comme moraux ont été avantageux dans un certain cadre et ont été selectionnés par rapport à d’autres comportements, si bien qu’ils sont devenus en partie instinctifs. Une partie de ces comportements est d’origine génétique, une autre partie est apprise (car nos idées, nos cultures, nos comportements „volontaires“ se transmettent aussi (soit par la descendance soit par „conversion“) et sont aussi soumis à une sorte de sélection naturelle, c’est ce que l’on appelle la „théorie des mèmes“: http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9m%C3%A9tique ).

    Je pense que la morale évolue avec le temps, et qu’elle „progresse“, c’est-à-dire qu’elle est de plus en plus adaptée au développement d’une société pacifique et prospère dans un environnement donné. Les religions cadrent largement avec l’état d’avancement de cette morale tel qu’il était il y a plusieurs millenaires dans un lieu géographique donné. La morale qu’elles contiennent est très en retard sur l’état actuel de la morale naturelle. Richard Dawkins, dans son „Pour en finir avec Dieu“ („The God Delusion“) consacre deux chapitres au sujet de la formation et de l’évolution de la morale, et donne des références si l’on souhaite aller plus loin.

    Salutations,
    Pascal

    4 septembre 2013 à 14 h 58 min
  • France Répondre

    Jaurès, si vous alliez faire un petit tour le dimanche à l’heure de la messe, vous verriez que maintenant l’église est pleine.
    Les vieilles églises sont classées, et la commune touche un budget pour les entretenir. Il est scandaleux de détourner cet argent.
    Par ailleurs, ce sont vos ancêtres qui ont financé ces églises, qui représentent la mémoire du village.
    Les pays orthodoxes, eux, depuis la chute du communisme, restaurent à l’identique leurs églises.

    4 septembre 2013 à 2 h 20 min
    • France Répondre

      Amis païens ou athées : nos ancêtres étant respectueux des traditions, ils construisaient toujours leurs églises sur les anciens lieux de culte gallo-romains.
      Ces sites sont d’autant plus sacrés.
      Très utile pour les recherches d’archéologie. Ainsi que pour la toponymie.

      4 septembre 2013 à 2 h 46 min
  • HOMERE Répondre

    Les églises ne servent pas seulement à la prière,mais aussi aux baptêmes,mariages et enterrements.Elles sont aussi le centre social de rencontres pour ces évènements et bien d’autres encore,qui permettent les rares rassemblements en zônes rurales défavorisées….En plus du symbole fort de leurs présences,souvent associé au caractère du village lui même.
    Il semble restrictif de limiter l’existence de constructions selon leur fréquentation,car,alors il faut envisager de raser certains stades,arênes,salles polyvalentes,hippodromes,aérodromes,piscines……qui n’ont aucun caractère typique d’un village et dont l’entretien reste prohibitif….
    Il s’agit donc d’un faux problème posé par ceux qui ne voient plus la religion que comme un ressussé du passé dont ils ne veulent plus…on les appelle les anti cléricaux dont la franc maçonnerie est le porte drapeau.Le paradoxe est que ce sont eux qui ont construit les cathédrales et les églises…..comprenne qui pourra !!!

    31 août 2013 à 17 h 56 min
  • druant philippe Répondre

    Il vaut mieux dépenser de l’ argent pour restaurer / réparer ou entretenir des églises fussent-elles des bâtiments de faible valeur que de dilapider des fonds pour construire des mosquées , repaires de l’ envahisseur immigré muz .
    Jaurès est mondialiste : il est donc normal qu’ il défende ses amis mahométans .

    31 août 2013 à 12 h 47 min
  • MADDOX Répondre

    Ce que les Nazis n’ont pas réussis à faire, le gouvernement tyrannique qui agit actuellement contre la volonté du Peuple va-t-il y reussir ?
    Cependant peut être faudrait-il se poser la question de savoir en quoi l’église romaine n’en est pas en partie responsable !

    30 août 2013 à 13 h 09 min
    • Jaures Répondre

      Le gouvernement n’est pour rien dans la destruction d’églises qui sont gérées par les communes. Si le peuple est contre, il lui suffit de s’organiser en associations locales, d’entamer des procédures et de présenter une liste concurrente aux élections. C’est là que s’exprime la volonté du peuple.

      30 août 2013 à 15 h 33 min
  • mazel Répondre

    “Si les églises disparaissent, les mosquées, elles, se construisent” Tous cela pour ça……..

    30 août 2013 à 8 h 50 min
  • Bryan Travis Répondre

    A quoi bon s’integrer a une nullite tellement deracine? Islam met en offre des reperes, les etatistes les ecrasent systematiquement, les remplacant avec l’etat.

    30 août 2013 à 0 h 47 min
  • lefebvre Répondre

    Combien coûte nos élus et ces guerres menées à l’extérieur. Sept niveaux hiérarchiques d’élus avec doublons de responsabilité ou d’irresponsabilité? puisqu’au niveau vote du budget d’Etat celui ci est soumis à Bruxelles organisme non élu qui décide pour nous.
    Si on finance à hauteur de trente pour cent la construction de mosquées ça vaudrait dire que l’on se convertit à l’Islam et que celui ci par le biais de sa faction intégriste cherchera tôt ou tard à s’imposer au niveau du pouvoir exécutif. Nous perdons notre âme notre identité. De l’argent il y en a sa masse est détournée par cette bulle spéculative et ce qui vivent des intérêts de la dette et qui vivent sans produire de richesses en parasites sur le dos de la collectivité

    29 août 2013 à 17 h 20 min
    • Jaures Répondre

      Admettons que nous ayons l’argent suffisant. Entretenir et restaurer des églises sans intérêt historique et architectural vous paraît il à ce point prioritaire alors qu’elles sont vides et sans prêtres en nombre suffisant pour les faire vivre ?
      Si vous voulez préserver les lieux de culte dans leur nombre actuel, il vous faut convaincre les populations de les fréquenter régulièrement et les plus motivés d’être ordonnés. La destruction de certaines églises est la conséquence de la faiblesse de la foi catholique qui ne touche pas uniquement la France. Cela doit vous conduire à vous interroger sur cette désaffection plutôt qu’à demander de préserver coûte que coûte les façades d’un passé révolu.

      30 août 2013 à 10 h 30 min
  • Jaures Répondre

    Arrêtez avec nos églises “témoins de notre passé” ! Toutes n’ont pas le même intérêt. Certaines sont bien conçues, raffinées, comportent des vitraux intéressants. D’autres ont été bâclées, construites avec les matériaux et moyens du bord et ne sont sur le plan architectural que de vagues copies parfois dangereuses.
    A titre d’exemple, la rénovation de l’église de Bais, commune de 2200 habs, a coûté 600 000€ ! Quel intérêt de conserver, entretenir et restaurer à prix d’or ces bâtiments vides ?
    Il faut conserver nos églises quand elle présentent un réel intérêt et les faire vivre, pas seulement par des offices mais également des concerts et des conférences. Là, il s’agit d’un témoignage utile du passé.

    29 août 2013 à 13 h 44 min
  • mariedefrance Répondre

    Après les ronds-points, les trams et autres gabegies, voici le temps des Eglises.

    Et pour quand Notre Dame de Paris transformée en mosquée.
    Une écrivaine russe parlait de 2025.

    Elle est morte.

    29 août 2013 à 10 h 49 min
  • lefebvre Répondre

    L’Europe finance la construction des mosquées, il y a de l’argent pour nos guerres coloniales d’un genre nouveau voulue par les grands argentiers mondiaux qui n’ont ni loi ni foi ni patrie. Mais on détruit nos églises notre patrimoine mémoire de notre passé.
    Si nous perdons notre mémoire nos racines morales nous perdons notre âme et l’arbre sans racine privé de la source de vie meurt se sèche et au premier orage la foudre l’emporte

    29 août 2013 à 8 h 55 min
  • BRENUS Répondre

    Mieux vaut détruire des églises abandonnées que de les laisser profaner et salir par les musulmans. Et c’est un bon catho qui le dit.

    28 août 2013 à 19 h 47 min
  • GODICHEAU Répondre

    Merci Guy pour ce bel article.

    28 août 2013 à 13 h 11 min
  • Jaures Répondre

    Guy Millière inverse les données du problème. Si l’on détruit des églises, c’est que non seulement elles sont vides mais que l’on ne trouve plus assez de prêtres pour exercer les offices. Il n’y a plus en France que 14000 prêtres dont l’âge moyen dépasse les 75 ans. Comment pourraient-ils faire vivre les 44 500 églises de France ?
    Par ailleurs, Millière donne à croire qu’il y aurait un complot fomenté. “Ils” veulent ceci, “ils” démolissent cela. Mais qui sont donc ces “ils” sinon nous-mêmes ? Millière se définit comme agnostique (c’est aussi mon cas), il doit donc peu fréquenter les églises et, par là même, passivement, participe à l’abandon de nombre de ces lieux de culte et légitime ainsi leur destruction. Il semble par ailleurs peu au fait de ce que coûte l’entretien de ces locaux. Toutes les églises ne sont pas de construction solide, les toitures sont usées, des clochers risquent de s’effondrer,…
    Pour que les églises se remplissent à nouveau, il faudrait que les gens croient et expriment leur foi selon le culte catholique. Comment Millière souhaite-t-il qu’advienne ce renouveau ? Par la force ?
    Lier la notion de Bien avec les églises est par ailleurs un peu léger. L’histoire du royaume du Christ, comme l’écrivait Montesquieu est on ne peut plus sanglante et Millière ne doit pas oublier que parmi les saints officiels figurent de terribles persécuteurs de juifs.
    Quant aux musulmans, que propose Millière ? Qu’on leur interdise des lieux de culte ? Est-ce de cette manière qu’il pense faire reculer une croyance ? Il existe 2200 mosquées en France pour 6 millions de musulmans dont deux millions de pratiquants. Millière pense-t-il que c’est dans des mosquées que se pervertissent les esprits ? Préfère-t-il que le culte s’exerce dans des caves ? Croit-il que dans de telles conditions, les musulmans seront plus enclins à pratiquer leur culte dans le cadre de la laïcité ?

    28 août 2013 à 11 h 49 min

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