La fin de la domination occidentale

La fin de la domination occidentale

Dans « Le choc des civilisations », Sa­muel P. Huntington soutient que les conflits de demain n’auront pas lieu entre classes sociales, mais entre peuples appartenant à différentes identités culturelles.

Il faut toujours se méfier des généralisations outrancières, mais il semble bien que les faits, en ce moment, lui donnent raison. Les différends culturels sont plus dangereux que jamais et les oppositions sociales idéologiques ont beaucoup perdu de leur mordant. Le communisme a échoué lamentablement, ainsi que le « dieu laïc » qu’il soutenait – ce qui a créé un immense vide doctrinal, comblé par une résurgence religieuse profonde. Quel sera l’impact à long terme de ce phénomène ? Cela reste à découvrir.

Une fois l’idéologie abstraite mi­se entre parenthèses, essayons d’analyser les divers facteurs qui caractérisent l’identité européenne et ce que les habitants ont en commun.

Le christianisme est historiquement la caractéristique la plus importante de la civilisation occidentale que l’on appelait pour cette raison la « Chré­tienté ». Les musulmans nous appellent en bloc les « croisés ». Que l’on soit croyant ou non ne change rien à la chose. Depuis la révolution française, les hommes politiques s’efforcent de détruire cette force morale et de la remplacer par un laïcisme plus agressif contre elle que contre l’Islam ne facilitant pas le rapprochement entre les individus.

La communauté de sang peut être mise en question comme facteur de rapprochement de la population, mais l’existence d’un type européen ne fait guère de doute. Les élites françaises, largement partisanes du multi-ethnisme, s’efforcent par tous les moyens de gommer cette particularité.

La langue est évidemment un lien primordial entre les populations. Le grand nombre de langues principales et locales ainsi que celles de communautés étrangères, encouragées par les pouvoirs publics, atténuent les attaches culturelles.

La gestion étatique, les institutions et, en particulier, le système démocratique qui sont la gloire de l’Occident souffrent du « pa­radoxe démocratique » qui fait accéder au pouvoir des mouvements politiques antagonistes faisant des brèches lourdes dans le consensus national.

Le dynamisme économique, très lié aux techniques modernes et très utile pour la cohésion nationale, est en panne.

La démographie pose un sérieux problème à une Europe plus focalisée sur le féminisme et l’homosexualité que sur la procréation d’enfants. Les élites veulent le résoudre par plus d’immigration avec tous les problèmes que cela crée en matière de cohésion nationale.

La puissance militaire et la volonté de puissance demeurent encore les grandes forces de l’Occident, mais celles-ci perdent de leur lustre d’année en année.

La prétention arrogante à l’universalité de notre culture est sans doute la plus grande tare de l’Occident, et plus particulièrement des Français, qui n’aiment rien tant que donner des leçons aux autres, alors qu’ils n’ont même pas su transmettre correctement leurs valeurs aux pays qu’ils ont conquis.

Indubitablement, l’âge de la domination occidentale se termine.

Ce ne serait pas si grave si toutes les civilisations se donnaient la main. Mais, hélas, tandis que la culture occidentale s’érode, la modernisation et l’esprit de revanche des sociétés non occidentales (de très loin plus riches en nombre d’habitants) se manifestent un peu partout violemment.

Et nos élites restent silencieuses, croyant toujours qu’elles sont les arbitres du monde, et continuent avec beaucoup d’insouciance, à saper l’identité culturelle de leurs peuples et leur confiance en soi, essentielle pour entrer dans la future compétition mondiale en genèse !

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Comments (6)

  • Catoneo Répondre

    Comme Cincinnatus, je pense que le ressort occidental dont vous détaillez très bien les spires est cassé. Deux guerres mondiales suivies par une société de consommation gavée de biens et services en tout genre, en ont eu raison.
    Ce ressort, il faut le refaire et peut-être inventer aussi un Projet neuf car les fondamentaux historiques n’y suffiront pas.

    Une planète à 7,2 milliards d’habitants qui communiquent individuellement entre eux à la vitesse de la lumière, n’existait pas dans les époques que vous évoquez.

    Sur le fond, Je ne sais pas si le choc de civilisations ne se superpose pas à la lutte des classes au lieu de l’éliminer.
    Si les prolétaires européens sont amortis, ceux d’Amérique latine ne le sont pas, et la misère qui galope en Asie d’un côté de la fracture sociale du siècle, peut faire précipiter des masses considérables de pauvres en une force de dévastation.

    Ici, le reflux du communisme n’a pas vraiment libéré l’espace pour un printemps des religions. S’il y a une recrudescence normale de la pratique en Russie après la période obscure, on ne peut pas dire non plus que les gens se soient jetés dans l’orthodoxie, bien moins que les musulmans à la Prière, eux qui n’ont jamais connu le communisme.
    Dans les pays d’Europe orientale, la pratique est à l’étiage sauf en Pologne et la déchristianisation continue à l’ouest après la chute du Mur.

    Il y a néanmoins une expérience originale de consolidation des repères propres au pays dans la politique actuelle du Kremlin. La Hongrie s’y essaie aussi, malgré le feu roulant des institutions européennes. Ces expériences sont à suivre attentivement, surtout si elles réussissent.

    5 novembre 2013 à 14 h 58 min
  • Serge-Jean P.Peur Répondre

    En France on aime bien ranger les choses,les gens,les événements,les idées dans des petites cases.Ainsi la déclassification sociale n’a rien à voir avec la déclassification ethnique.Et curieusement dans n’importe quel pays du monde les “colorés” se retrouvent,plutôt plus que moins,en bas de l’échelle.La réponse toute trouvée:le racisme (voir l’Afrique du Sud,la situation de l’Afrique ou au Moyen-Orient).Ben voyons!
    L’idéologie peut en remontrer à n’importe quelle populace,le bon sens des occidentaux prévaudra toujours.Les “éduqués” fuiront les quartiers craignos,inscriront leurs gamins dans des écoles ou des sports qui évitent les problèmes (quand ils peuvent)…et les politiques et nantis feront de même…mais prêcheront l’inverse.

    3 novembre 2013 à 2 h 50 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    La ” démonstration ” si elle est claire et bien articulée reste néanmoins trop schématique, sans doute en raison de l’obligation qui était faite à l’auteur d’écrire un billet qui soit ” serré ” … mais il n’en demeure pas moins que la cause ” originelle ” n’est pas une seule fois évoquée ( distinctement s’entend ) je veux parler de la perte de la force vitale ( spirituelle comme génésique ) des peuples occidentaux ( européens ), remplacée par un nouveau dieu … l’ hédonisme et une nouvelle doctrine … le consumérisme

    ceci dit Monsieur Serge Douplitzky fait comme toujours honneur à la Pensée Russe

    31 octobre 2013 à 13 h 46 min
  • Schaeffner Répondre

    Analyse très juste de S. Douplitzky, on aimerait toutefois pouvoir mieux identifier ces élites sur qui il fait reposer la responsabilité de la situation actuelle de manière à pouvoir les interpeller à chaque occasion propice et notamment lors des campagnes électorales

    31 octobre 2013 à 10 h 18 min
  • DESOYER Répondre

    Comment pouvez-vous qualifier d’élites des gens partisans du multiethnisme?
    Même si certains ont des diplômes, dont certains sont bidons, car ils signifient seulement une cooptation idéologique, cela ne veut pas dire qu’ils sont intelligents, encore moins compétents.
    Ces soit-disant élites, je serais plutôt partisan de les expulser vers les pays qu’ilsaiment tant.

    30 octobre 2013 à 22 h 25 min
  • France Répondre

    Il nous faudrait un nouvel Hercule pour nettoyer les écuries d’Augias.

    30 octobre 2013 à 21 h 42 min

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