Bayrou : une alternative gagnante pour la gauche

Bayrou : une alternative gagnante pour la gauche

Les phénomènes d’opinion sont difficiles à prévoir. Même après coup, leur formation demeure mystérieuse. On s’interroge encore aujourd’hui sur les vraies raisons des événements de mai 1968… Mais ils se constatent. Et les études d’opinion par sondage sont précisément faites pour cela.

Il y a donc, à ce moment de la campagne pour l’élection présidentielle 2007, un indiscutable « phénomène Bayrou ». Que personne, ou presque (exception faite de Pierre Lance…) n’avait vu venir. À défaut de l’avoir prévu, efforçons-nous de l’expliquer.

Nous avons eu, ici même, à plusieurs reprises, l’occasion d’observer que la pratique, au fil des années, aboutissait à transformer considérablement les institutions. C’est la raison pour laquelle, aussi imparfaites soient-elles, il nous semble inutile et dérisoire d’inventer une VIè République alors que la Vè a démontré une parfaite adaptabilité. Cette remarque vaut en particulier pour le comportement électoral des Français qui, nonobstant un système électoral à deux tours, se comportent de plus en plus comme si l’élection était à un seul tour, le premier n’étant en quelque sorte qu’un élément du second, la campagne se poursuivant sans interruption du premier jour jusqu’au soir du second tour.

C’est dans ce contexte que l’on comprend mieux la percée du candidat de l’UDF.

En dépit des fleurs très académiques versées par une classe politique quasi unanime après son intervention de dimanche dernier annonçant qu’il ne « solliciterait pas un nouveau mandat » (sic), le bilan de Jacques Chirac est mauvais sur tous les plans. Sous son septennat puis son quinquennat, la France a beaucoup reculé dans la compétition internationale. Or, Nicolas Sarkozy est obligé d’assumer cet héritage. Même sincère, son désir de rupture ne produit sur l’opinion qu’un effet très limité. Donc, en application d’une des lois les plus universelles de la science politique, l’opinion cherche la voie pratique du changement. La gauche toutes tendances confondues, y compris l’extrême-gauche, bien vivante mais ultra-morcelée, étant de plus en plus minoritaire dans l’opinion (moins de 40 % des électeurs contre plus de 60 % pour la droite en incluant le Front national dans celle-ci…), le seul candidat capable de battre Nicolas Sarkozy au second tour paraît être François Bayrou. Il est l’alternative gagnante de centre-gauche à une candidate qui paraît battue d’avance, malgré, ou à cause, du soutien unanime des responsables du Parti socialiste le plus archaïque d’Europe.

Et tant pis pour toutes les contradictions qu’implique un tel choix par une opinion publique finalement autrement plus intelligente que la totalité des analystes politiques de ce pays, votre serviteur compris ! Car c’est cette même opinion publique qui votait massivement contre le projet de Constitution européenne qui, aujourd’hui, s’offre au champion de l’Europe fédérale ! C’est aussi les mêmes électeurs qui reprochent sans doute à Chirac son immobilisme, ses promesses non tenues, qui se jettent dans les bras d’un candidat qui a prouvé dans un passé récent qu’il était lui-même le prince de l’immobilisme, partisan qu’il est, dit-il, de réformer la France en s’appuyant… sur les syndicats, qui représentent chez nous les forces principales de l’ultra conservatisme !

À l’âge où Jacques Chirac vendait « L’humanité Dimanche » sur les marchés parisiens, François Bayrou, sur le Larzac, s’initiait à la non-violence, telle que prêchée par Lanza Del Vasto. Certes aujourd’hui, tel Jean Lecanuet, en 1965, il est le héraut d’un centrisme refusant la dichotomie droite-gauche. Entre-temps – cela a quand même duré près de 30 ans – il a été clairement un homme de droite, faisant ses premières armes chez les jeunes giscardiens, en même temps qu’il prenait son premier poste de professeur de lettres dans un lycée de Pau.

Il n’y a rien là qui puisse éloigner de lui, soit au premier tour, soit au deuxième tour, quelque électeur de gauche que ce soit. Certaines de ses propositions sont mêmes plus à gauche que celles de Ségolène Royal. Comme elle, il parle du remboursement de la dette publique. Mais lui se garde d’évoquer la moindre perspective de réduction des prélèvements obligatoires. N’est-ce pas là la caractéristique fondamentale de ce funeste modèle social français défendu aussi bien à droite qu’au centre ou à gauche par une majorité de profiteurs d’un système qui entraîne notre pays inéluctablement au désastre mais dont la défense peut très bien être l’argument de la victoire de ce candidat à l’élection présidentielle.

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Comments (8)

  • gaius Répondre

    Bayrou est monté trop vite pour rester là où il est , je pense qu’il aura le destin d’un balladur et d’un chevènement , tel Icare il va se brulé les ailes quand cela va commencé à chauffer dans le mois qui suit .

    19 mars 2007 à 22 h 01 min
  • non-aligne Répondre

    La percee de Bayrou n’a rien a voir avec la politique ni avec l’opinion.

    Je classifierai la montee soudaine du pantin Bayrou dans les sondages propagandistes et manipulateurs comme une escroquerie de plus.

    En effet, vu les ramiffications du resau lobbyiste parmis les dirigents et des partis du systeme (le panel allant de besancenot jusqu’a devillier) l’escroquerie semble d’autant plus grave que le but a long terme est annonce : systeme anti-social, esclavagiste, elitiste, et totalitaire comme il s’est installe partout en Europe et aux etats-unis.

    Nous en somme aujourd’hui presque au point ultime ou la liberte se paie au prix du sang.

    Dans ces contitions, un slogan nationaliste bien connu reprends tout son sens.

    Patria o muerte. Hasta la victoria siempre. 

    2007 sera l’annee de la revolution nationale ou celle de la revolution sanglante.

    16 mars 2007 à 14 h 49 min
  • sas Répondre

    bayrou est une alternative pour eux même (umps maconnique, oeucumeniste,humaniste,marxiste,mondialiste…) et non une alternative pour la france et encore moins pour les gaulois….

    SAS

    16 mars 2007 à 12 h 34 min
  • Jaures Répondre

    Ces analyses à la petite semaine prètent à sourire. Qui peut dire où sera Bayrou dans 4 ou 5 semaines (déjà un sondage le donne à – 3%) ? De même, pourquoi enterrer Mme Royal aussi vite alors que d’un sondage à l’autre, les personnalités gagnent 4 à 5 %: Sarkozy à + de 30% le mois dernier est aujourd’hui largement en dessous. Les sondages restent stables sur un point: 50% des français n’ont pas encore fait leur choix . Et parmi ceux qui disent l’avoir fait, combien changeront encore d’avis ? Et combien se déplaceront réellement aux urnes ? Cette élection me semble plus indécise que jamais , ce qui est en soit un sujet d’analyse qui, à ce stade devrait suffire aux prudents et aux circonspects. 

    15 mars 2007 à 18 h 52 min
  • Pierre Répondre

    Bravo pour votre article, Alain Dumait.  Merci de demasquer avec talent la tromperie (si ce n’est l’escroquerie) Bayrou-Royale-Sarkosy!

     

    Cordialement

    15 mars 2007 à 14 h 26 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Bonjour EIFF.

     " Avec le PS on se précipite tête baissée vers le précipice, avec l’UDF on recule, mais toujours vers le précipice. " …………… dans l’ensemble, c’est assez bien résumé.

       Si mademoiselle Royal pense être encore éligible à la magistrature suprême, j’ose croire qu’il existe dans son entourage quelques esprits clairvoyants qui devraient lui expliquer qu’il est enfin temps de redescendre sur terre. Ceux là ont tout intérêt à composer devant l’inéluctable en négociant leur appui au nouveau prince de l’opinion.

       Pour autant, la nouvelle alliance risque fort d’être la dernière alliance …… républicaine. Aprés, ce sera terminé. Les recours auront tous été épuisés. Alors, selon les sensibilités, ce sera probablement, … vive l’Empereur ! …… ou vive le Roi !…………. dans le meilleur des scenari.

       C’est donc d’ores et déja à 2012 qu’il nous faut dés à présent songer.

    14 mars 2007 à 15 h 03 min
  • EIFF Répondre

    Bayrou n’a de cesse d’être l’avocat de la technocratie bruxelloise et d’un certain libéralisme dirigiste, en somme, l’UDF défend un socialisme bon teint à l’échelle européenne. Aucune remise en cause de la colonisation afro-asiatique de nos banlieues, aucune perspective pour stopper les gaspillages liés à l’immigration, aucune proposition pour libérer les retraites, pour empêcher le hold-up des grands trusts sur l’économie française, aucune mesure pour mettre fin à la dictature des monopoles syndicaux.

    Le vote Bayrou est un non-choix, une impasse pour perpétuer les mirages du modèle social français.

    Avec le PS on se précipite tête baissée vers le précipice, avec l’UDF on recule, mais toujours vers le précipice.

    14 mars 2007 à 13 h 41 min
  • Anonyme Répondre

    "…C’est aussi les mêmes électeurs qui reprochent sans doute à Chirac son immobilisme, ses promesses non tenues, qui se jettent dans les bras d’un candidat qui a prouvé dans un passé récent qu’il était lui-même le prince de l’immobilisme…"

    Oui, mais c’est justement ça, qui plait aux Français. Les politiciens incapables, à la tête de notre pays,  ont été ELUS. Ils ne sortent pas d’un chapeau. Les Français ont les élus qu’ils méritent … Wait and see !

     

    R.Daneel Olivaw

     

    14 mars 2007 à 11 h 19 min

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