Bernard-Henri Levy, mauvais génie de la république française

Bernard-Henri Levy, mauvais génie de la république française

Maintenant, le fait que j’ai observé est le suivant : le libéralisme russe ne s’attaque pas à un ordre de chose établi ; ce qu’il vise, c’est l’essence de la vie nationale ; c’est cette vie elle-même et non les institutions, c’est la Russie et non l’organisation russe. Le libéral dont je vous parle va jusqu’à renier la Russie elle-même ; autrement dit il hait et frappe sa propre mère.

Dostoïevski, l’Idiot, tome 2, chapitre 1.

Bernard-Henri Lévy occupe depuis quarante ans le devant de la scène intellectuelle française, comme on dit ; il est l’intellectuel que l’on doit écouter et le commandeur des croyants auxquels on se doit maintenant d’obéir, le doigt sur la couture du pantalon, surtout quand on est président de la République et que l’on rêve de n’importe quel exploit martial pour éviter de trop ramer dans les sondages ; et cela, alors que le ludion en question est déconsidéré depuis longtemps par tous ses pairs (Bourdieu, Baudrillard, Deleuze et tant d’autres) et ses lecteurs.

L’escogriffe plumitif sorti d’une pièce pour piano en forme de poire d’Eric Satie traîne depuis bien longtemps au quartier latin sa carcasse de précieux dégoûté. Aussi, je ne me moquerai pas de son Riyad avec laquais, de ses chemises à 700 euros, de son dandysme de Prisunic, de sa discourtoise insuffisance : comme tous les clowns fatigants, il a fini par nous lasser tous. Je ne soulignerai pas non plus que ses succès en librairie ont vingt ou trente ans, qu’il vend maintenant à 3 000 exemplaires, que ses postures ont fini par lasser le grand public qui le découvrait il y a maintenant 40 ans ou presque, au temps du peu regretté et toujours extasié Pivot. Et je ne rappellerai pas son épouvantable film d’extrême-gauche où, humiliant un Delon avachi par les ans et ses complexes intellectuels de commis charcutier, il ressassait ses nostalgies révolutionnaires de fils à papa et ses obsessions érotiques dignes d’un Hitchcock du marigot. BHL est aussi à Marcel Proust ce que Doc Gynéco est à Debussy.

Par ses poses, il me fait penser aux libéraux américains, ou mêmes russes. On sait donc que comme tout libéral qui se respecte, il déteste son pays, son histoire et ses racines, et l’idée même d’identité. On sait que comme tout libéral qui se respecte, il n’a de cesse de souligner que ce pays est viscéralement raciste et antisémite ; et l’on sait que comme tout aigri qui se respecte, il n’a de cesse de dénoncer comme nationaliste ou populiste tout esprit qui s’opposera à ses schématisations artisanales et à ses imprécations teigneuses. On le sait, et on en éprouverait presque de la peine pour lui, car ce fiel doit bien cacher quelque secrète souffrance, quelque discrète haine-de-soi. Comme son affidé Sarkozy, il ne goûte la France ni charnellement, ni intellectuellement. Tant pis. Cet héritier direct de la gauche américaine et du belliqueux libéralisme anglo-saxon synthétise toute la charia moderne : le monde ne sera vivable que lorsqu’il sera en tout point identique et mort. La terre promise sera le centre commercial où les zombies composeront leur code de carte bleue en s’envoyant des SMS.

Il serait temps pourtant que je reconnaisse ses intenses mérites, que je lui tresse des lauriers. Car c’est ici qu’avec son argent, son bagout, ses réseaux, son sens du chantage, il m’impressionne et maintenant me fait peur. Le bougre a la capacité de motiver un Mitterrand, une Ségolène, un Sarkozy, et de les faire entrer en transe, et de les faire entrer en guerre. Il les stresse, les menace, les inonde de bonnes paroles, les invective et les précipite ; et nos Ubu d’obtempérer penauds. Le grand inquisiteur triomphe avec toute la force de sa mauvaise volonté.

On voudrait savoir que faire pour freiner les envolées polémiques et épiques de notre clerc-obscur, et l’on voudrait aussi qu’il prenne le temps de vivre, et cesse de bombarder de bonnes paroles une humanité ou une France qui ont d’autres shahs à fouetter que les Iraniens ou les Libyens. On aurait envie de l’humaniser, justement, de lui faire lire la lettre tordante de Mangeclous à Maurras et de lui dire, une fois pour toutes : – BHL, fais l’humour, pas la guerre !

Mais trêve de risée : je me souviens que le Trissotin de la Jet-Set avait dit jadis, dans le lexique pompeux qui est le sien, que « l’on ne mesurait pas son émoi à l’aune de la statistique » : soit. Mais justement, au bout de combien de guerres, au bout de combien de morts, fussent-ils mores, cessera-t-il de nous inciter à bombarder ce qui ne pense pas comme lui ? On citera Ezéchiel à notre à notre rageur ranci, jamais rassasié de sang.

Ton œil sera sans pitié, et je n’aurais point de miséricorde, je te chargerai de tes voies et tes abominations seront au milieu de toi, et vous saurez que je suis l’Eternel, celui qui frappe.

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Comments (8)

  • De Chardat Répondre

    Votre article brillant et vachard est magnifique ! vais-je vous choquer – mais jespère que non –  il semble écrit à la plume trempée dans du vitriol ! Il me fait penser un peu au ton résolument vif d’Henri Jeanson, au moins dans son cinéma, car ailleurs, je vais des réserves sur le personnage.

    BHV (il y du bazard et de l’histrion emperlé chez lui…), avec son coté philosophe de super-marché, et sa suffisance qui dissimule sans doute beaucoup d’insuffisance, il me fait penser à deux mots de Talleyrand à propos de Chateaubriand. Evidemment, la comparaison entre BHV et l’auteur des Mémoires d’Outre-Tombe ne permettrait ni à l’un ni à l’autre d’en sortir grandi, mais pour des raisons inversement proportionnelles, évidemment.

    Voici les deux mots :"Il verrait tellement loin s’il n’était pas toujours devant lui…" et encore "Monsieur de Chateaubriand se croit sourd depuis qu’il n’entend plus parler de lui !". Dans ces deux vacheries du Docteur es Esprit qu’était ce Prince de Bénévent, il apparaît que leur contenu puisse convenir  à l’ineffable BHV. 

    7 octobre 2011 à 14 h 08 min
  • Rosanov Répondre

    @Galafron

    C’est effectivement une très bonne chose que l’on fasse payer plusieurs additions à cette ordure de Kadhafi et qu’on lave la honte de l’avoir reçu.

    Mais ce qui est pitoyable et piteux c’est que notre président prenne des décisions graves juste après avoir écouté ce seul merdaillon dégénéré qu’est BHL.

    Si un jour BHL dit qu’il faut envoyer une bombe H sur Gaza, Sarko serait encore capable de l’écouter.

    Entre nabots on se comprend.

    5 avril 2011 à 6 h 33 min
  • sas Répondre

    Botul est à LUI SEUL UN CONCENTRE REPRESENTATIF fait………………….à l aulne de notre classe politique…..

     

    UNE MERDE………..en chemise blanche et de marque….mais une merde de plagiaire….faux philosophe de mon cul …fgaux prophète de pacotille……sans classe……communautariste……rose gauchos bobo…pleutre pour pas dire lâche…

     

    BREF UN NOUVEAU GAULOIS pour notre plus grande honte….une autre chance pour la france…

    on a donc les représentants que l on mérite ou que l on laisse s imposer…..le veau d or oblige

    quepouarck

    SAS

    5 avril 2011 à 0 h 01 min
  • Anonyme Répondre

    BHL me fait toujours penser à la phrase de Georges Bernanos : « L’intellectuel français est si souvent un imbécile que nous devrions le tenir pour tel jusqu’à ce qu’il ait prouvé le contraire. ».

    4 avril 2011 à 23 h 32 min
  • L' Inedit Répondre

    Bernard Henri Levy est le Raspoutine de N.S. (Nicolas Sarkosy)…

    4 avril 2011 à 21 h 38 min
  • Daniel Répondre

    Une fois BHL habillé comme il le mérite si souvent, il n’en reste pas moins qu’il y a plus de points communs que de différences entre les "imbêciles" et les "intelligents".
    Et que le sujet essentiel n’est pas BHL,   mais à quel moment et pourquoi faut-il ou non porter secours à celui qui subit une violence qu’il n’est pas en mesure de repousser.

    4 avril 2011 à 21 h 19 min
  • Franchouillard Répondre

    Pourquoi gâcher une page, qui centrée sur un autre sujet aurait pu être intéressante, en choisissant cette petite (in)suffisance pour thème. Lui et sa clique exploite et pollue notre cher vieux pays.

    4 avril 2011 à 18 h 56 min
  • galafron Répondre

    Si tout ce qu’on reproche à Henry-levy sont ses productions culturelles, ma foi il y a des crimes autrement plus graves à déplorer. C’est oublier un peu vite sa récente contribution à la guerre contre l’ignoble dictateur musulman Khadafi, qui a donné l’ordre de tuer des centaines d’innocents français et étrangers, rappellons le vol UTA 772, le vol PanAM de Lockerbie, la discothèque à Berlin, les infirmières bulgares, les meurtres d’opposants, la guerre du Tchad. Ainsi Henri-Levy aura permis au Président de la République et donc à ses concitoyens ,de laver la honte d’avoir reçu ce criminel. Il vaut peut-être mieux se demander pourquoi sa voix porte plus loin que d’autres plus méritant aux yeux de certains. Parle-t’il trop fort ou bien sont-ce les autres qui parlent trop bas? Khadafi au poteau Eradiquons l’Islam http://galafron.blogspot.com

    4 avril 2011 à 13 h 32 min

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