Claude Lelouch plutôt que Wim Wenders !

Claude Lelouch plutôt que Wim Wenders !

Le dernier film de Claude Lelouch ne rencontre visiblement aucun succès en France aujourd’hui. C’est, hélas, sans doute normal : c’est un film qui parle de sentiments nobles, de réussite, d’initiative individuelle accompagnée d’éthique, c’est réalisé avec talent, parfois virtuosité. C’est un film qui aurait pu plaire au temps où la France n’en était pas au degré de pourrissement intellectuel et moral auquel elle est parvenue. Claude Lelouch doit être amer, et ce sera de peu de réconfort pour lui que je partage sa déception et sa colère, mais le fait est que je les partage et je tenais à le dire.
D’autres films connaissent très significativement un succès populaire et critique. L’un, « Carnet de voyage » signé du Brésilien Walter Salles, retrace le parcours du jeune Ernesto Guevara et d’un compagnon d’ornière à travers l’Amérique latine sur une motocyclette bonne pour la casse. Tout au long du film, ils se conduisent comme de bons intellectuels de gauche. Ils mentent. Ils prétendent défendre le peuple, mais vivent en assistés, aux crochets des pauvres et des humbles. Ils vendent des informations falsifiées aux journaux. La lumière leur vient peu à peu : ils rencontrent des communistes injustement traités par d’horribles capitalistes (mais les capitalistes peuvent-ils être autre chose qu’horribles, et les communistes peuvent-ils être autre chose que d’innocentes victimes ?). Ils finissent leur parcours dans une institution pour lépreux où ils instaurent davantage de justice sociale. Le banc-titre final indique qu’ils finiront leur trajectoire dans les rangs de la révolution castriste.
Il aurait sans doute été malséant pour le cinéaste de montrer qu’Ernesto Guevara, après la prise du pouvoir par Castro, va apporter aux Cubains non la liberté et le bien-être, mais le saccage d’une économie florissante, leur transformation en misérables sous-développés et le réaménagement de l’île de Cuba en un grand camp de concentration tropical. Cela n’aurait pas été « bon » pour les entrées en salles. Comme il n’aurait pas été bon de montrer que Guevara est devenu très vite l’exécuteur des basses œuvres de Castro, celui qui prenait plaisir à tirer lui-même une balle dans la nuque du moindre suspect. Il n’aurait pas fallu dire, non plus, que Guevara est ensuite parti tenter d’exporter la « guerilla » au Congo (ex-Zaïre) puis en Bolivie où ce sont de pauvres paysans terrorisés par la bande de criminels sans scrupules menés par lui, Guevara, qui l’ont dénoncé aux autorités afin qu’elles mettent fin à ses activités de serial killer. Présenter le vrai et hideux visage de Guevara aurait nui non seulement au film, mais à la vente de T-shirts que de jeunes abrutis aiment arborer en croyant montrer leur générosité alors qu’ils ne font qu’étaler avec obscénité leur amour du crime contre l’humanité.
L’autre film est pire encore. Il s’appelle « Land of Plenty ». Il est signé de Wim Wenders, représentant de la gauche caviar européenne qui aime les États-Unis mais ne cesse de leur uriner dessus de façon condescendante.
Le dernier opus de Wenders montre un vétéran du Vietnam psychopathe, paranoïaque, prêtant par conséquent attention aux discours de Bush, croyant (l’imbécile !) qu’il existe un danger terroriste islamique pour l’Occident et qui, comble de ridicule, écoute les programmes radio conservateurs. Il y a une rencontre avec sa nièce, militante gauchiste pacifiste rentrant de Cisjordanie où elle combattait les atrocités de Sharon et des sionistes, en travaillant dans un centre d’aide aux nécessiteux digne de cette ville du Tiers-Monde où on meurt de faim davantage qu’à Calcutta : Los Angeles ! La nièce finit par faire comprendre à son oncle qu’il délire, que les musulmans sont doux et gentils, que si nombre d’entre eux détestent l’Amérique et l’Occident, c’est à cause du comportement ignoble de l’Amérique et de l’Occident, mais que si on leur distribuait des banderolles « Peace and love », tout irait mieux. En somme : il n’y a pas de danger terroriste, et ceux qui l’affirment sont des malades mentaux. Si l’Occident acceptait toutes les demandes des extrémistes musulmans – dont la destruction d’Israël et l’islamisation de l’Europe – nous vivrions en paix. Les 3 000 victimes du 11 septembre, dit Wenders, demanderaient qu’on n’ajoute pas de morts aux autres morts et, donc, qu’on capitule sans condition. Ce discours, cette vision de Los Angeles comme une ville détritus pire que Kinshasa correspondent peu à la réalité, et Wenders le sait, lui qui vit à Beverly Hills, mais ce n’est pas grave, le message est délivré. « Land of Plenty », je le dis, m’a donné envie de vomir, de dire à Wenders qu’il est un authentique falsificateur et que, pour un Allemand présenter ainsi l’Occident soixante ans après la shoah est bien davantage qu’un manque de décence.

Partager cette publication

Comments (7)

  • Paul Répondre

    (soupirs) Décidément que l’on soit de gauche ou de droite, il semblerait que la mode soit de considérer son concitoyen comme une sombre merde. Libéraux, coco, gauchistes, fascistes… le mot d’ordre est toujours le même “Les français sont des cons à l’exception de moi-même”. Et bien désolé, je suis patriote, j’aime mon pays. Je ne le considère pas comme la huitième merveille du monde mais cette vieille nation mérite certainement mieux que les insultes systématiques de quelques excités politisés qui pensent être les seuls et uniques à mériter le statut d’être humain. Bien sûr que la France connait de profonds problèmes mais ce n’est pas en propageant la haine et le mépris de son prochain qu’on fera avancer les choses. Les Américains sont unis dans l’adversité et les difficultés, pourquoi ne mettez-vous pas en avant une même attitude ? Plutôt que de cracher sur le drapeau, hisser le bien haut et guidez vos concitoyens.

    28 octobre 2004 à 17 h 08 min
  • Vive le cinéma US Répondre

    incroyable enfin quelqun qui ose critiquer Carnets de Voyage et qui ose dire qui fut vraiment le Che. quand je vois tous ces gens avec un portrait de ce tueur sur leur t-shirt, je me dis que nous avons vraiment un problème avec le communisme. Vive le cinéma US qui n’hésite pas à montrer des patriotes aimant leur pays. Des films comme Ladder 49 sur la vie d’un pompier ou Celsius 41.1 (un docu qui démonte Farhneheit 9.11) seront-ils distribués en France ? pour info, Carnets de voyage a également du succès aux USA. Preuve que même dans ce pays de la liberté , il y a des gens fasciné par le gauchisme.

    22 octobre 2004 à 7 h 02 min
  • Isabelle Répondre

    Je ne sais si ce message apparaitra encore vu les changements de forum le samedi et mon decalage horaire (des USA)mais: Cher Didier, vous avez raison, nous sommes tous cette semaine sur le forum suite a l’article de Pierre Lance ou je prends grand plaisir a vous lire d’ailleurs. Vivant aux USA depuis pas mal d’annees, je ne connais plus tellement le cinema francais mais le decernement de la Palme d’Or du Festival de Cannes a Fahrenheit 911 me donne une idee de sa situation. J’ai parfois l’occasion de louer des DVDs francais et les seuls films que j’ai consideres tres bons plus ou moins recemment sont les films de Regis Varnier comme Est-Ouest ou Indochine. J’admets que j’apprecie beaucoup l’humour de Villeret dans Le Diner de Cons. Et je suis une inconditionnelle d’un certain “vieux” cinema francais (les scenari de Michel Audiard, les films comiques avec Bourvil, Louis de Funes, Fernandel, etc. et aussi les vieux Pagnol avec Raimu, etc. Bref, toute une ere qui a disparu pour faire place a des films bizarres sans queue ni tete et tres deprimants. Mes gouts ne semblent peut-etre pas tres avant-garde mais j’espere que j’ai le bon sens d’apprecier le cinema divertissant et emouvant. Un peu de propagande/publicite: Pour ceux qui le peuvent, je recommende 2 nouveaux films/documentaires americains: Fahrenhype 911 (une reponse au gros tare de Michael Moore) et un film que je n’ai pas encore vu car il va paraitre la semaine prochaine: Celcius 41.11, une autre telle reponse. Je ne recommende pas necessairement ces films pour leurs grandes valeurs artistiques mais comme bon entr’acte a la propagande venimeuse qui sevit un peu partout recemment. Labello: Je vous parie que les detenus des prisons cubaines echangeraient volontier leurs places avec les detenus de Guantanamo. D’ailleurs peut-etre meme que pas mal de citoyens cubains non-emprisonnes officiellement s’y trouveraient mieux aussi (trois bons repas par jour culturellement sensibles et nutritifs est plus que beaucoup de cubains connaissent surtout depuis que l’URSS n’est plus la pour leur assurer certaines necessites de base). Bien a vous tous.

    16 octobre 2004 à 0 h 05 min
  • Labello Répondre

    “…le réaménagement de l’île de Cuba en un grand camp de concentration tropical…” Vous parliez bien sur du camp américains de Guantanamo non ?

    15 octobre 2004 à 18 h 30 min
  • St Jean Bouche d'Or Répondre

    Un mot sur Guevara : Ce tueur psychopathe, qui avait cru trouver dans la “révolution” (sic) un remède a son mal de vivre, a beaucoup mieux réussi qu’Hitler sur le plan du passage à la postérité. Il y a en effet infiniment plus de jeunes crétins à porter sur leur tee-shirt son effigie au regard enfiévré que de skin-heads arborant le profil de Fuhrer. Et pourtant, l’idéologie dont le “Che” se voulait le porte- parole a causé beaucoup plus de morts que les nazis. Cet exibitionnisme indécent est même considéré avec bienveillance par les braves gens, qu’on abuse depuis des décennies avec un romantisme révolutionnaire de pacotille particulièrement sanguinaire.

    14 octobre 2004 à 21 h 22 min
  • Didier Répondre

    Sacré Guy Millière ! Il nous a bien eu ! Nous sommes jeudi matin et je ne trouve qu’un seul commentaire de son article… Celà lui fera surement quelques vacances… Celà demontrera que les gens qui s’exprime ont l’esprit plutot échauffé par l’Amérique et sa politique internationale, et par la façon de décrire notre temps qui passe par M. Millière. Car c’est exactement la même chose qu’il fait, cette semaine, en usant d’un autre support. Très peu de création culturelle, notre pays s’effondre sur ce terrain là aussi, d’avoir laissé le pouvoir culturel à la gauche et aux gauchistes. Et c’est toujours le règne des copains et des coquins agglutinés autour de l’état providence, matérialisé par le centre national du cinéma qui dispense quantités de largesses du contribuable sous forme de rondelettes avances sur recettes à des productions qui ne verront jamais le jour. Tout celà fait vivre toute une cotterie de gens inaptes car peu doués, mais très marxistes, au détriment de vrais artistes inspirés qui doivent aller travailler à l’étanger.

    14 octobre 2004 à 9 h 03 min
  • theodore Répondre

    bonjour M. Milliere, j’ai eu la chance de voir “les parisiens” de C. Lelouch, et j’ai apprécié. je pense malheureusement un peu différemment que vous, je crois que cette création ressemble beaucoup a d’autres créations de C. Lelouch( donc, vous m’avez compris ) je crois que les gens desirent aussi de la nouveauté et pas des rediffusions…( je crois d’ailleurs que C. L. en est conscient désormais ) salutations

    10 octobre 2004 à 17 h 10 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *