La fin du principe d’autorité

La fin du principe d’autorité

Toute société organisée est dirigée par une autorité, disons plus simplement par un chef. Même les grands mammifères sont d’instinct dirigés par l’un d’entre eux, doté d’expérience et de prudence. Mais voici que, depuis quelques décennies, toute autorité dans le monde paraît contestée. On dirait que le monde évolue vers une anarchie générale. L’origine et les causes de cette évolution sont connues, l’aboutissement ne l’est pas.

Ce qu’on appelle le « printemps arabe » est la plus récente illustration de ce mouvement vers le désordre général, générateur de conflits, de crimes, d’injustices, et de destructions sans fin. Sans doute, les dictateurs en Tunisie, en Libye, en Égypte et ailleurs, dans le monde arabe et musulman, n’étaient pas des modèles de vertu, mais ils gouvernaient et assuraient à leurs pays un niveau économique acceptable créateur d’emplois. Aujourd’hui, il n’y a plus rien. À la corruption, qui demeure à tous les échelons, s’ajoute une pagaille meurtrière. Hier encore, le 3 janvier, des combats à l’arme lourde ont eu lieu à Tripoli. Seul l’islam rigoriste peut mettre fin à ce désordre et, pour la liberté, ce sera pire qu’avant.

Cette marche vers l’anarchie a débuté il y a longtemps. La deuxième guerre mondiale, en écrasant les régimes fascistes et en mettant fin à la domination coloniale, facteur de progrès, a condamné l’autorité au nom de la démocratie. Mais la démocratie, qui est un idéal, exige des qualités qui n’existent que chez bien peu de peuples et dans bien peu de pays. En fait, le plus souvent, la démocratie n’est qu’un mot inlassablement répété. La démocratie en Afrique, c’est la guerre, la corruption, l’incurie, l’exploitation du peuple laissé dans la misère. Au Proche-Orient, ce n’est guère mieux.

Les événements en Syrie font chaque jour la une des journaux qui célèbrent le soulèvement du peuple en faveur de cette fameuse démocratie.
En réalité, ce qui se passe dans ce pays n’a rien à voir avec la démocratie. C’est une guerre civile religieuse entre alaouites (chiites) d’un côté, et sunnites de l’autre. Les premiers sont soutenus par l’Iran et, pour des raisons géopolitiques, par la Russie et la Chine ; les seconds par l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe, sunnites. Les commentaires des journalistes, philosophes et autres idéologues de tout acabit ne sont qu’un cocktail d’erreurs et de propagande. On notera aussi que l’alaouite Bachar al Assad tolère le clergé chrétien et ses fidèles. Les sunnites, s’ils gagnent la guerre, s’empresseront de supprimer cette tolérance. La France, « fille aînée de l’Église », ferait bien de ne pas l’oublier, affichant malheureusement désormais son impuissance devant les persécutions dont sont l’objet les chrétiens d’Orient, assassinés, spoliés et, pour les plus chanceux, expulsés.

C’est au nom de la démocratie aussi que l’on a exécuté Saddam Hussein, à la grande satisfaction de l’Iran. On a tout loisir de constater maintenant ce qu’est la situation en Irak, où, chaque jour, dans ce pays bouleversé par dix ans de guerre, un attentat kamikaze, fait des dizaines de victimes et, pour ce résultat-là, les États-Unis ont perdu 4 300 hommes et 750 milliards de dollars ! Ils voulaient faire de l’Irak un rempart contre l’Iran et ils ont fait un Irak chiite, allié de l’Iran.

Plus grave est ce qui semble se préparer en Russie et en Chine. Le lieutenant-colonel Poutine, ancien officier du KGB, pour lequel Jacques Chirac, ancien président de la République française, nourrit la plus grande admiration et la plus chaleureuse affection, au point de l’avoir fait grand-croix de la Légion d’honneur, n’inspire pas une grande sympathie, mais il gouverne. Imaginons que, renversé, la Russie, livrée à la « démocratie », se disloque, une guerre civile en résultant, avec une puissance militaire considérable, dotée de l’arme atomique en multiples exemplaires, que se passerait-il de Moscou à Vladivostok ?

Les mêmes interrogations peuvent pour le long terme se poser en Chine, qui compte 485 millions d’internautes, ce qui n’est pas de bon augure… De tout temps, le céleste empire a été menacé par des forces centrifuges. En reviendra-t-il aux royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), ou aux seigneurs de la guerre du XXe siècle, avec leur long cortège de crimes et de misère ?

Lorsqu’on a un peu de jugement, on ne peut que redouter ces évolutions qui menacent plus de la moitié de l’humanité dont on dirait qu’elle est maintenant comme fascinée par le désordre. Alors, on ne peut que « s’indigner » de ces esprits démagogues à courte vue – d’aucuns plus sévères disent « des imbéciles jeunes et vieux irresponsables » – qui appellent les « indignés » à se révolter, pour finalement s’entre-tuer et détruire des civilisations millénaires.

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Comments (8)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    @ Troubadour

    merci pour votre mot …courtois ( comme votre pseudonyme le laissait supposer )
    mon propos faisait référence à la pensée scientifique qui connait trois barrières :
    le principe d’autorité , l’évidence , la croyance
    pour le reste je suis de votre avis : il existe bien chez l’homme une dimension spirituelle ( les calvinistes* l’ont bien distinguée d’avec la foi )
    * je précise bien "les calvinistes"
    bon dimanche

    21 janvier 2012 à 10 h 11 min
  • Daniel Répondre

    Troubadour:  "L’autorité légitime dans son exercice est la condition de votre liberté réelle."

    Tout le problème actuel est la récupération du mot "légitime". 
    La loi permet de légitimer ce qui relève du vol,  du viol, du crime pourvu qu’il n’y ait pas  de sang!. Il s’en suit que des individus ont l’autorité reçue du droit mais qu’ils se comportent en voleurs, violeurs ou criminels tout en étant confortés dans leurs choix stupides (et récompensés), également par ces mêmes codes de Droits. Le Droit nourrit tout une caste qui n’a pas conscience de ses déviances. D’où, en réaction, la tentation de la théocratie sensée être fondée sur le Devoir… Mais comme "le pouvoir corrompt", comme avouait le Général, (aprés l’avoir quitté!) la théocratie ne vaut pas mieux que la démocratie.
    C’est pourquoi la responsabilité personnelle fondée à la fois sur le Droit écrit par les hommes et sur le Devoir moral, me semble  le passage obligé pour reformer une pensée humaniste et réaliste, ce qui est indispensable pour reformer une civilisation.

    Votre phrase est juste dans l’idéal. Si nous vivions cet idéal, il ne serait pas nécessaire d’intervenir sur ce site puisque notre avenir serait en de bonnes mains. Nous pourrions alors nous consacrer à tenir un rôle utile à la civilisation plutôt que perdre notre temps à chercher une justice perdue depuis longtemps entre les mains sales des représentants d’un droit qui vit des désordres qu’il organise… juste l’inverse de ce à quoi le Droit est destiné.

    20 janvier 2012 à 21 h 49 min
  • Troubadour Répondre

    Quinctius cincinnatus. “il est heureux et préférable que le “sacro-saint principe d’autorité” soit combattu !” L’autorité est sacrée, votre autorité de père de famille est sacrée. Personne ne peut se substituer légitimement à votre autorité. La société peut pallier aux carences et insuffisances mais ne peut remplacer ce qui est un droit naturel voulu par Dieu. “pour l’avenir et la sauvegarde de nos , de vos LIBERTES ! ! ” Il ne faut pas opposer ce qui est complémentaire. L’autorité légitime dans son exercice est la condition de votre liberté réelle. “l’obscurantisme mène SUREMENT à la …SERVITUDE ! ! ! de même que l’obéissance idéologique” La vraie religion n’est pas obscurantisme pour son adepte mais une lumière dans les ténèbres. L’adversaire de la vraie religion tombe dans les ténèbres des idéologies totalitaires. …il me semble que pour chacun la “théocratie” ( quelque soit sa forme : politique , publicitaire , mediatique etc … ) devrait être d’un autre âge La théocratie n’est pas souhaitable si l’on entend par là la confusion du spirituel et du temporel au lieu de sa distinction. Dieu est d’un autre âge car il est de tous les âges, il est éternel car immatériel donc indépendant du temps qui est la mesure des mouvements de la matière. Sans matière pas de temps. Vous mourrez matériellement mais votre esprit est immortel car immatériel. Votre esprit utilise votre cerveau comme instrument mais votre pensée est immatérielle. Vous êtes donc à l’image de l’éternel, dans l’immatériel et le matériel. Vous êtes donc concerné par l’éternité. Vous n’êtes pas une chose, mais un être spirituel et matériel. Cordialement

    20 janvier 2012 à 7 h 38 min
  • Daniel Répondre

    Voici un article où l’auteur fait dire aux évènements ce qui l’arrange. Cette prise de position pour l’autorité est défendable mais elle est révélatrice de celui qui ne comprend plus un monde qui bouge, mais bouge  pour faire sauter les carcans stériles de…. de l’autorité!.  Monsieur Lambert  omet que la vie ne s’arrête pas aux limites des mortels que nous sommes et que l’évolution est la règle avec ses expérimentations malheureuses et douloureuses. Nous avons le nez sur le guidon et le journalisme s’écrit au jour le jour.
     
    L’autorité va disparaitre au grand dam de ceux qui en vivent !…Qui vivent au détriment des autres.  L’autorité est aux mains d’individus  qui se prennent pour supérieurs mais choisissent des professions protégées par l’irresponsabilité. Ils choisissent les professions où le mot "responsabilités" est le plus employé, mais employé à contre sens,  pour désigner des pouvoirs. Mot pouvoir transformé par un racisme primaire de complexés en un terme évoquant l’intelligence:  "responsabilité". Même le mot pouvoir est encore un terme qui ne devrait pas être applicable à des individus qui cherchent le pouvoir sur autrui pour compenser le pouvoir qu’ils n’ont pas sur eux mêmes.

    L’autorité sans la responsabilité, c’est ce qui résume " l’élite" actuelle!  Inutile d’expliquer le niveau mental de ces individus "cyniques et naïfs à la fois". Naïfs au point d’avoir établi les lois qui permettront le moment venu de les mettre sous les verrous. 
    La vérité est beaucoup plus tenace que le mensonge, n’en déplaise aux assistés qui cherchent à obtenir des postes où ils bénéficient de l’autorité par le statut plutôt que par un génie reconnu et apprécié par leurs concitoyens.
    Rendons aux individus la responsabilité de leurs choix plutôt que de laisser des  dogmatiques arrogants leur dire ce qui est bon ou mauvais.

    19 janvier 2012 à 23 h 10 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    il est heureux et préférable que le "sacro-saint principe d’autorité" soit combattu !
    …. pour l’avenir et la sauvegarde de nos , de vos  LIBERTES  !   !    !
    … l’obscurantisme mène SUREMENT à la …SERVITUDE !   !   ! de même que l’obéissance idéologique
    …il me semble que pour chacun la "théocratie" ( quelque soit sa forme : politique , publicitaire , mediatique etc … ) devrait être d’un autre âge
    … ce n’est pas ce que je constate à "droite" comme à "gauche" de même  qu’ au "centre"

    19 janvier 2012 à 11 h 48 min
  • Troubadour Répondre

    * L’évolution irrésistible du principe d’autorité qui vient d’en bas * Toute autorité vient de Dieu. Jésus à Pilate : “tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’avait été donné d’en haut”. Le démocrate à l’élu :”tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’avait été donné d’en bas”. La monarchie se voulait sacrée, il lui fallait une théologie politique. La démocratie est une athéologie, il lui faut faire de l’électeur un divin roi. L’homme se fait Dieu, bonjour les dégâts! L’évolution irrésistible de l’État démocratique le conduit d’un haut idéal de salut public à une abjecte servitude sous la coupe du pire et des pires. Au départ, le nouveau pouvoir se promet de gouverner par la vertu, d’être incorruptible et généreux : la « République pure et dure » ! Mais un gouvernement démocratique ne peut assumer l’impopularité. Ce qu’il impose de rigueurs d’un côté, il doit le compenser de l’autre par des facilités. La surenchère libre des partis qui aspirent au pouvoir contraint celui qui en dispose, à flatter les passions du grand nombre et à tomber finalement au niveau du Bas-Empire romain : panem et circenses, où nous sommes rendus. Du pain et des jeux. Quand un peuple en est là, le barbare n’est pas loin, prêt au massacre. “La démocratie c’est le mal, la démocratie c’est la mort” disait Maurras. Le roi manque. Nous sommes dans la mort de toute autorité.

    19 janvier 2012 à 8 h 06 min
  • IOSA Répondre

    Prenons un exemple parmis les grands mammifères….

    Nous remarquerons immédiatement que le ou la chef du troupeau s’échine pour la survie de celui-ci.

    Ben ce n’est pas le cas chez l’être humain, c’est même tout le contraire, le chef vit sur le dos de la communauté, un peu (ou beaucoup) comme les parasites.

    IOSA

    18 janvier 2012 à 23 h 55 min
  • sas Répondre

    monsieur le diplomate …ET ,,,,,??????????????????

     

    joli texte …et ??????????

    18 janvier 2012 à 12 h 56 min

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