« L’antiaméricanisme »

« L’antiaméricanisme »

( Achetez L’antiméricanisme de P.Rigoulot– Achetez  L’obscession anti-américaine de JF Revel )

Plus d’un an après Jean-François Revel, l’historien Pierre Rigoulot – à qui nous devons « Corée du Nord », « État voyou » et la co-rédaction du « Livre noir du communisme » – s’attaque à ce qui, en France, est devenu un sport national : l’antiaméricanisme. Déjà, lorsque l’on jette un œil sur l’illustration de couverture – un homme assis dont on ne voit pas le visage, portant un autocollant « Us go home » et tenant une canette de Coca dans la main gauche – on se frotte les mains. Et on a raison !

En quatorze chapitres menés tambour battant, l’auteur passe en revue les nombreuses accusations contre l’Amérique et les démonte avec humour et une implacable sérénité. Il ne nous appartient pas de révéler toutes les richesses de cet essai passionné et passionnant. Contentons-nous de quelques exemples.

Mac Donald’s veut « faire crever les paysans », disent les Bové et consorts. Mais est-ce de la propagande néolibérale que de rappeler que 48 000 éleveurs de bœufs, 110 maraîchers, 130 céréaliers, 70 éleveurs de poulets, 400 cultivateurs de pommes de terre et 110 éleveurs de porcs français travaillent avec Mac Donald’s France (p. 51) ?

Autre accusation récurrente : l’impérialisme militaire. « La liste des interventions où sont impliquées les États-Unis tient lieu de démonstration. » explique Pierre Rigoulot. Il ajoute plus loin : « On oublie la guerre froide, on oublie la confrontation avec les Soviétiques, on oublie la subversion cubaine et l’on déroule un conte à dormir debout ou le Gros Méchant Yankee cherche sans cesse à renverser d’inoffensifs réformistes modérés pour satisfaire ses appétits de puissance et surtout sa volonté de s’emparer du pétrole. » (p. 142).

Outre de fort utiles mises au point sur le prétendu génocide amérindien (p. 135-137) et le maccarthysme (p. 239-243), nous avons apprécié cette anecdote révélatrice de l’hypocrisie de certains adversaires français de la peine de mort : ayant souhaité se joindre à une campagne abolitionniste initiée par des personnalités de gauche et relayée par « Marie-France » et

« Le Nouvel Observateur » en décembre 2000, l’intellectuel libéral Guy Sorman fut éconduit pour avoir demandé que soit évoqué le cas de la Chine communiste : « C’est la justice américaine qu’il fallait dénoncer et aucune autre ! » (p. 114).

Certes, on peut regretter que Pierre Rigoulot ne parle pas de la question des armes à feu en vente libre (trop nombreux sont les Français pensant que « Bowling for Columbine » de Michael Moore est un chef-d’œuvre ; mais on peut se reporter aux travaux de Pierre Lemieux sur le sujet). Par ailleurs, on peut ne pas être d’accord sur certains points : faire de « Présent » un journal antiaméricain (p. 12), c’est oublier que celui-ci a su raison garder lors du conflit de mars-avril 2003 et que le directeur de la publication, Alain Sanders est plutôt un admirateur de George W. Bush.

Enfin, des affirmations telles que « C’est la France assoupie qui triomphe aujourd’hui, la France pacifiste, la France de la peur, la France du retour au “bon vieux temps“, celle du Bonheur est dans le pré, d’Amélie Poulain et de José Bové, avec ses moustaches d’Astérix et son fromage de Roquefort comme en faisait son grand-père. » (p. 204) devraient en faire sursauter plus d’un. Là ce n’est plus de notre part une critique, mais une prédiction. Récemment, le site < www.professionpolitique.com/ > a même dit du livre qu’il « privilégie les règlements de compte » !

Ceci dit, « L’Antiaméricanisme » demeure un ouvrage aussi percutant qu’instructif, qu’il faut lire et faire lire – y compris à ceux et celles qui ne portent pas l’Amérique dans leur cœur… Et cela fait beaucoup de monde !

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Comments (6)

  • Alex Répondre

    Excuser les crimes commis par les américains n’est pas plus acceptable que d’excuser ceux commis par la France, les Soviétiques ou les nazis. Ce livre n’est qu’une propagande pro américaine de plus dans un pays, la France, qui semble virer de plus en plus vers un ultralibéralisme difficile à justifier… Je pense que le plus choquant ici, c’est le fait de relativiser autant le génocide amérindien : cela est plus que scandaleux, pourquoi alors ne pas excuser le génicide juif ?

    29 janvier 2006 à 6 h 29 min
  • Dominique Répondre

    Vous êtes choquant, le “sois disant génocide amérindien” comme vous dites a tout de même fait 70 millions de victimes en trois siècles. Lorsque l’on ne sais pas on ne se lance pas dans un révisionnisme à 2 euros. Quand à la prise de Cuba par Castro, il ne faut pas oublié que cette ile était le plus gros claque de toute l’amérique, où venait les gens friqués profiter des enfants du crû. Mais il vaut mieux défendre une Amérique génocidaire que d’accepter la déllation Française non?

    16 mars 2005 à 10 h 56 min
  • olive Répondre

    C’est un pamphlet?Ouf, on respire…J’ai ainsi appris que nous vivions , nous français dans un pays où souffle l’esprit de Vichy ( quid des années De Gaulle? Vichyste, ce brave général ? Et Giscard, notre Kennedy? Et Mitterrand en Irak?…).Bref, dans nos campagnes mugissent les US GO HOME! Affligeant! Il est vrai qu’à l’aune des évènements irakiens, nous avons débaptisé les marques emblématiques yankees, fait rimer américain avec crétin, diffusé des propos diffamatoires contre le peuple américain, dénoncé l’antisémitisme outancier du nouveau monde, réhabilité ce brave Saddam hussein et manisfesté, jour après jour, notre haine de la bannière étoilée.

    11 avril 2004 à 3 h 18 min
  • OLIVIER Répondre

    Il est toujours surprenant de lire, d’entendre parler d’antiaméricanisme français, à l’aune des récents évènements irakiens. A t on vu en france des manifestations xénophobes envers les américains? A t on organisé un boycott

    11 avril 2004 à 3 h 01 min
  • lagorre Répondre

    Hélas, vos prémisses sont fausses. Il n’y a pas meilleurs amis que la France et l’Amérique, mais le public ne le sait pas. Cette amitié ne s’est pas démentie, même au moment le plus difficile entre de Gaulle et les USA. En témoigne l’énorme succès populaire qu’eut le voyage de Mona Lisa (accompagnée de Malraux)en Amérique. La France s’est souvent opposée à l’hégémonie américaine en ce qu’elle bafoue la liberté des peuples. C’est l’objet du discours de Phmom Pen. C’est encore notre position, même si ce n’est pas clair. C’est la seule attitude noble qui convienne. Surtout, n’ayez pas honte d’être francais, les singes à cul nu qui nous gouvernent ne sont là que provisoirement.

    13 février 2004 à 8 h 29 min
  • LAFAYETTE Répondre

    L’anti-américanisme en France constitue une donnée incontestable. Il constitue à bien des égards un mystère : pourquoi tant de haine de la part de certains ? Voilà un pays dont les “boys” ont sauvé la France par deux fois : en 1917/1918 et en 1942/1945. Par ailleurs, seules la puissance et la détermination des USA ont ensuite empêché la France, et le reste de l’Europe, de basculer dans le giron de l’URSS. Alors pourquoi? Personnellement, je crois pouvoir discerner trois causes à ce phénomène, d’origines diverses mais convergeantes : 1/ la rancoeur des nostalgiques du goulag, qui ne digèrent pas la disparition de l’URSS et en imputent, au demeurant à juste titre, la responsabilité aux USA, 2/ l’animosité d’une grande partie des musulmans de France (6 millions de personnes) qui ne pardonnent pas à l’Amérique son soutien à Israel et qui, n’aimant pas l’Occident, vouent une hostilité particulière à la plus puissante des nations occidentales, 3/ la méfiance traditionnelle d’une grande partie de la droite (gaulliste ou pétainiste), qui considère les Etats-Unis comme l’incarnation du matérialisme, et ne supporte pas ses symboles (Disney, Mac Do, Hollywood, Coca Cola, etc.). En outre un pays qui donne authentiquement à chacun, même au plus modeste, une chance de parvenir jusqu’au sommet (n’est-ce pas, M. Arnold Schwartzenneger?), suscite parfois dans certains milieux conservateurs français une certaine méfiance. Cette animosité, sourde en temps ordinaire, tourne à l’hystérie collective lorsque c’est une certaine droite américaine qui arrive au pouvoir comme le montre le délire anti-Bush qui a saisi la plupart des medias français depuis que celui-ci s’est installé à la Maison blanche. Tout cela, pour être explicable, n’est est pas moins consternant. Je vous avoue que, pour ma part, j’ai un peu honte d’être Français en ce moment et que, n’ayant pas l’indécence de M. de Villepin, je n’ose plus aller aus Etats-Unis.

    11 février 2004 à 22 h 55 min

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