Libéralisme économique… libéralisme moral

Libéralisme économique… libéralisme moral

La revue « Les 4 Vérités » est probablement la seule publication française « nationale-libérale ».
Cet hebdomadaire de la droite nationale représente un courant minoritaire (pas plus d’un tiers des nationalistes),
qui prône le libéralisme économique (mais pas forcément « sauvage ») ; il est résolument pro-américain… et philosémite – ce qui le distingue des autres publications de la droite nationale majoritaire (deux tiers des nationalistes français), que l’on peut qualifier de « nationale révolutionnaire », de « nationale-populiste »…
On constate, cependant, à la lecture de la grande majorité des articles (ainsi que des « brèves »), qu’au niveau de la morale, et plus particulièrement de la morale sexuelle (avortement, contraception, divorce, homosexualité – mais aussi suicide, euthanasie et bioéthique), les idées exprimées peuvent difficilement être qualifiées de « libérales » : on y reconnaît le point de vue des libéraux « conservateurs », que d’aucuns (cf. Hérold & Fillias, « Liberté Chérie ») appellent « Licons » (sic), et qui sont très largement majoritaires au sein de la minorité nationale-libérale.

Leur attitude, en matière de morale sexuelle, ne se différencie en aucune façon de celle des catholiques traditionalistes (ou intégristes) qui, par contre, n’ont généralement pas la même sympathie pour la politique de George Bush… ou d’Ariel Sharon.
Minoritaire parmi les minoritaires, je me qualifierais volontiers de libéral-libertaire (« lili ») – ou d’anarchiste de droite (Stirnérien), comme l’était d’une certaine manière L.-F. Céline, mais surtout Robert Brasillach.
Il me semble donc opportun d’interpeller nos amis libéraux conservateurs, de les inviter à réfléchir sur d’éventuelles contradictions dans leur Weltan-schauung (conception subjective du monde), et de les prier de bien vouloir examiner avec moi les origines et les fondements de la morale traditionnelle.

Rappelons tout d’abord qu’il n’y a pas de morale sexuelle chrétienne : les écrits pseudo épigraphiques attribués à un certain Saül de Tarse (Saint-Paul), mais dont le véritable auteur est probablement Marcion, un philosophe gnostique du iie siècle, né à Sinope, en Asie Mineure, ne font que transposer la morale sexuelle juive et la préconiser aux communautés « pagano-chrétiennes » dont il est le mentor (Romains, Corinthiens, Colossiens, et Thessaloniciens).
L’esprit et la lettre de cette théologie morale proviennent directement du Lévitique et du Deutéronome.
Je prendrai pour exemple la condamnation de l’homosexualité et le phénomène homophobique en général.
Il semble évident (et pas simplement à Michel Foucauld, Raoul Vaneigem et autres « situationnistes ») que l’homophobie biblique, dont nous avons hérité par Saint-Paul interposé, a son origine dans le tribalisme juif, qui voyait dans les pratiques homo sexuelles l’une des icônes de la tribu ennemie : les Canaanéens (dont, soit dit en passant, les Palestiniens actuels ne sont en aucune façon les descendants…).
L’auteur de Lévitique 20 :13 (un écrit pseudo épigraphique attribué à un certain Moïse), qualifie l’homosexualité d’abomination (Hébreux : Tohevah, Grec : Bdélugma) : un mot qui signifie à la fois « détestable »… et « païen » (idole).
Les Hébreux décrivaient d’ailleurs ces pratiques comme « le vice des Égyptiens » (Lév 18:3), « l’abomination des Ammonites » (1 Rois 11:5) ou encore « le péché de Sodome » (Lam 4:6), ce qui leur permettait d’affirmer leur supériorité (narcissisme d’appartenance), vis-à-vis de ces tribus « barbares »…
Plus tard, les rabbins reprendront cette même condamnation à l’encontre d’une autre nation, qui non seulement ne proscrivait pas l’homosexualité, mais en faisait parfois l’éloge : les Grecs.
Saint-Paul, qui de toute façon n’est pas très porté sur la sexualité (il préconise avant tout la chasteté, mais concède « qu’il vaut mieux se marier que de brûler en enfer » (1 Cor 7:9), en condamnant l’homosexualité « perpétrant l’infamie d’homme à homme » (Rom 1:27), est dans le droit fil de la théologie morale juive.

« Lois naturelles »

Mais il sera le premier à souligner le caractère universel (en Grec, « catholique ») de la « Loi naturelle » qui, selon lui, serait « inscrite au cœur de l’homme » (Rom 2:14). Pour lui, les païens font « naturellement » ce qui est proscrit par la loi.
C’est ce concept de « naturel » (et de « contra naturam ») qui sera repris au ve siècle par le Maghrébin Saint-Augustin, mais surtout au xiiie siècle par Saint-Thomas d’Aquin… et encore aujourd’hui par sa Sainteté le Pape Jean-Paul II (cf. son Encyclique de 1993 « Veritatis Splendor »).
Rappelons que pour le catholique (ou le protestant) moyen, dont les connaissances théologiques ne vont pas au-delà de vagues souvenirs de catéchèse, le mot « naturel » implique l’idée de « Nature » – et souvent de comportement animal.
En fait, les recherches récentes en matière de zoologie ou d’éthologie, attestant que l’homosexualité est une pratique courante chez les animaux, et plus particulièrement chez notre plus proche parent, le chimpanzé bonobo (Pan paniscus), qui est parfaitement « polysexuel », et qui a toujours pratiqué la politique préconisée dans les années soixante par les hippies : « Faites l’amour, pas la guerre », sont, pour l’Église, tout à fait hors de propos.
Pour le « Magistère », les « Lois naturelles » ne se réfèrent pas à la « Nature » en tant « qu’ensemble de tous les êtres qui composent l’Univers » (Littré)… mais à la nature « humaine »… elle-même définie par l’Église !
Cette nature humaine est avant tout « téléologique » : la sexualité a une finalité (en Grec, « telos »), qui est la procréation.
Les aspects physiologiques de la sexualité (facteur d’équilibre, anxiolytique naturel) ou ses aspects sociaux (inhibiteur de l’agressivité) ou tout simplement la fonction « plaisir », sont délibérément ignorés par le Docteur angélique (j’ai nommé Saint-Thomas d’Aquin), ainsi que par le 264e pape (Carol Vojtila).
Pour l’Église, la « nature humaine » n’a pas seulement une finalité (nataliste), elle a également une « fin » : « La connaissance de la “cause suprême” et l’orientation délibérée des actes humains vers Dieu, le Bien suprême et la fin (telos) ultime de l’homme » (Veritatis Splendor chap 73).
Saint-Thomas est encore plus clair : « C’est cette participation de la “Loi éternelle” qui, dans la créature raisonnable, est appelée “Loi naturelle” » (Som. Théol. I-II, q. 90).
Il apparaît donc clairement que les soi-disant « Lois naturelles » ne ressortissent nullement à la raison, mais plutôt à la Foi.
Une autre approche, dans les milieux ecclésiastiques, est la « défense de la Vie » : c’est l’argument principal des fanatiques de l’anti-avortement, qui, aux USA, sous prétexte de protéger les fœtus, n’hésitent pas à assassiner des médecins pratiquant l’IVG.
L’Église, qui pendant des siècles a brûlé les corps pour sauver les âmes, l’Église de la Saint-Barthélemy et des Guerres de religion, de la Croisade contre les Albigeois, de l’Inquisition (500 000 victimes selon J. A. Llorente) et de la chasse aux sorcières (300 000 victimes en Europe selon Kurtz), s’avise soudainement qu’elle se doit de défendre la VIE.
Cependant, le « pèlerin de la Paix » (j’ai nommé Jean-Paul II), aura certainement, au cours de son très long pontificat, consacré bien plus de temps à empêcher les Irlandais de pratiquer la contraception et l’avortement, qu’à essayer de mettre fin à la guerre meurtrière qui, là-bas, oppose catholiques et protestants.
Il aura béatifié et canonisé (« en procédure d’urgence ») la Mère Teresa et Mgr Balaguer (fondateur de l’Opus Dei), tous les deux bien connus pour leur prise de position dans les domaines sus-énoncés – par contre, Marthe Robin, la stigmatisée de Châteauneuf-de-Galaure, que j’ai bien connue, et en faveur de qui je suis intervenu à Rome en 1995 (auprès du postulateur chargé de sa cause), devra attendre…
C’est pourquoi, je prierai pour que le Saint-Esprit éclaire et guide les membres du prochain Conclave, afin qu’ils élisent un Pape qui choisisse de s’appeler Jean XXIV, plutôt que Jean-Paul III.
Quant à l’argument nataliste, il ne tient pas la route : on ne peut établir, scientifiquement, aucune relation de cause à effet entre la libéralisation des mœurs en Occident, et la baisse drastique de la natalité.
Il est totalement illusoire de penser qu’une éventuelle pénalisation de l’avortement et de l’homosexualité puisse inverser la tendance actuelle en France et en Europe.
Par contre, si rien n’est fait rapidement – dans le domaine politique et non dans celui de la morale sexuelle – en 2040 (selon les experts), la France sera africanisée et musulmane.
Il est donc grand temps que les « natcons » confrontent leurs contradictions (libéralisme économique et conservatisme moral)… et revoient leur position.

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Comments (9)

  • partisan_blanc Répondre

    "le plaisir est la grâce suprême de l’acte. Son accomplissement, sa santé parfaite. L’acte resterait imparfait s’il lui manquerait cette suprême  délection. Le plaisir est sain et bon dans la mesure où il est voulu en même temps que l’art visé." Saint Thomas d’Aquin.

    http://partisan-blanc.over-blog.com/

    14 février 2008 à 10 h 06 min
  • M;de Mun Répondre

    Merci M. Schweitzer pour votre contribution d’un haut niveau , bien documentée , bien argumentée. Je ne saurais dire tout le bien que je pense de vos idées, hélas ultra-minoritaires dans notre pays. En particulier en manière de lutte contre la toxicomanie, je pense que les “libéraux-conservateurs” font fausse route, en défendant la thése prohibitionniste qui est un échec patent, et en n’admettant pas une libéralisation contrôlée du cannabis comme celle proposée par Me. CABALLERO… En laissant ces sujets (ou d’autres comme la défense de l’environnement) à la Gauche (et particulièrement aux Verts), le camp libéral perd à mon avis de nombreux soutiens… Connaissez-vous Oswald Metzger, député “Grün” allemand anticonformiste, même pour les “Grünen” réputés beaucoup plus libéraux y compris qu’une partie de notre droite ?

    21 mai 2004 à 12 h 40 min
  • quincy Répondre

    Affirmer que l’Eglise a massacré les Albigeois, Protestants, sorcières,etc n’est que de la calomnie pure et simple.En quoi les actions des fidèles engagent-elles l’Eglise ? Si demain je viole ma voisine et égorge ma belle-mère ce sera sans doute la faute de l’Eglise puisque je suis catholique ? Seule l’Inquisition pourrait être mise au passif de l’Eglise. Et encore dépendait-elle en Espagne du pouvoir politique. Et si elle avait existée en Russie au début du XX°s. , elle aurait conduit au bucher les membres du parti bolchevik ce qui aurait été un grand service rendu à l’humanité. Pour ce qui est des sorcières, l’auteur semble ignorer que les chasses aux sorcières ont été des phénomènes touchant avant tout les pays protestants (Allemagne, Suisse,Angleterre et colonies d’Amérique) et non les pays catholiques (Italie, Polognes, Espagne, etc

    19 mai 2004 à 8 h 12 min
  • R. Ed. Répondre

    L’enfermement d’un troupeau de condamnés dans une prison,c’est pareil ? Noël Mamère ,cela vous dit quelque chose ? Lui il dit que le mariage des homosexuels c’est une obligation . Monsieur Untel voulez-vous prendre pour heuh,pour épouse ?heuh époux ? Monsieur heuh, Madame heuh ,ici présent(e) et puis merde vous me faites “ch… “

    18 mai 2004 à 23 h 29 min
  • cast Répondre

    On ne voit pas trop où veut en venir l’article,fait de bric et de broc.Ce qui est sûr,c’est qu’il contient une bonne dose d’approximations ou d’inexactitudes.La plus frappante est de prétendre que l’homosexualité est largement répandue dans le monde animal:complètement faux (la lecture de Conrad Lorentz vout ferait du bien):en effet en dehors du singe Bonomo cité,l’homosexualité n’existe pas en situation normale dans le monde animal.(On conviendra que l’enfermement d’un troupeau de taureaux dans un enclos ne constitue pas une situation normale).N’en déplaise à tous les intégristes de la nouvelle normalité homosexuelle.

    18 mai 2004 à 13 h 12 min
  • Soyon Sérieu Répondre

    “, sont payés par les organisations conservatrices américaines puissantes (Heritage foundations, etc)(directement ou indirectement par sociétés ou individus français interposés) pour répandre la propagande militariste américaine. ” Pourquoi pas le “lobby judéo-maçonnique” ou les “Sages de Sion”, tant que vous y êtes ? J’aimerais bien que les militaires français fassent autant pour les Américains que les militaires américains ont fait et font toujours pour nous (tel que le ménage anti-terroriste en ce moment en Irak et ailleurs). Evidemment, en France, on préfère réduire le budget de la défense afin d’entretenir l’armée des parasites (intermittents, syndicalistes…) Comme disaient nos grands-parents, une bonne guerre [sans parapluie nucléaire américain] nous ferait du bien. Malheureusement, elle serait définitive pour notre beau pays, les intermittents ne pouvant, hélas, pas nous servir de bouclier nucléaire.

    17 mai 2004 à 23 h 46 min
  • jacques furlainac Répondre

    Vous écrivez bien et vous êtes à mon avis le plus libéral de tous les auteurs de cette revue. En effet la plupart des auteurs de cette revue sont des conservateurs religieux irrationnels (je n’ai pas écrit borné, mais je l’ai bien pensé!) dont certains, je le soupçonne, sont payés par les organisations conservatrices américaines puissantes (Heritage foundations, etc)(directement ou indirectement par sociétés ou individus français interposés) pour répandre la propagande militariste américaine.

    17 mai 2004 à 17 h 21 min
  • Pierre Répondre

    A Jean-Pierre Pagès-Schweitzer, Vous prétendez être de droite. Pourtant votre position semble plutôt appartenir à la branche socialiste des libertaires, dont vous vous désignez d’ailleurs, qui prône la liberté totale des mœurs, sans accepter aucune des libertés économiques (Je vous cite : « (…) qui prône le libéralisme économique (mais pas forcément « sauvage »). Selon vous, le libéralisme serait donc forcément sauvage. Ainsi, le masque est tombé. Vous êtes socialiste. Peut-être appartenez-vous aux mouvements crypto-socialistes de l’UMP ou de l’UDF, ce qui est la même chose. Pour ma part, je ne parviens pas à distinguer une différence entre le programme du PS et celui de l’UMP. Bien sûr, je ne conteste pas qu’il y ait des courants réellement de droite à l’UMP (courant libéral de Madelin, «Les Réformateurs », «La Droite libre », …), mais il faut bien reconnaître que ces courants jouent un rôle marginal face aux Chiraquiens et que l’UMP est bien contrôlé par des socialistes. Apprenez, cher monsieur, que « Les 4 vérités » n’est pas la seule publication « Nationale-libérale » pour reprendre votre terme. Si vous pouviez vous informer en dehors de l’information unique diffusée par la presse officielle, vous sauriez qu’il y a également : http://www.revue-politique.com, http://www.conscience-politique.org , «www.valeursactuelles.com », http://www.libertepolitique.com, http://www.union-nationale.com, http://www.christicity.com , http://www.libeco.net… et encore je ne vous cite pas les sites uniquement libéraux, ni souverainistes. Sachez également que la subdivision que vous faites entre ce que vous appelez les « nationaux-libéraux » et les « nationalistes français » (sous le terme méprisant de « nationale-révolutionnaires » ou de « nationale-populistes »), auxquels on pourrait joindre les libéraux, est purement artificielle. Tous les mouvements de droite étant d’accord sur la nécessité d’un programme de réformes libérales, par opposition au programme socialiste de l’UMPS et sur la nécessité de lutter contre la dérive bureaucratique et centralisatrice de l’Europe que veut nous imposer les Chiraquiens. Leurs seules différences mineures concernent leurs visions plus ou moins souverainistes ou régionalistes et sur le rôle de l’état, et ne sont évidemment pas un obstacle à un programme commun. Ainsi, pour prendre un exemple extrême, si vous aviez consulté le programme du FN aux élections 2002, sous sauriez qu’il était plus libéral que celui d’Alain Madelin en matière fiscale (voir http://perso.wanadoo.fr/dm01/Comparaison.htm). Les programmes des libéraux, souverainistes, régionalistes et conservateurs étant finalement sur une même philosophie anti-collectiviste, il n’y a pas d’incompatibilité à un programme commun. Enfin, je considère que l’on peut être fier de notre héritage chrétien qui a permis le développement économique et culturel de l’Europe et par conséquent je ne répondrai pas à votre argumentation anti-chrétienne confuse, faussement scientifique (où certains de vos arguments peuvent être facilement démontés) et pseudo-intellectuelle. Cordialement

    17 mai 2004 à 0 h 13 min
  • La Vérité Répondre

    “Cet hebdomadaire de la droite nationale représente un courant minoritaire (pas plus d’un tiers des nationalistes), qui prône le libéralisme économique (mais pas forcément « sauvage ») ;” Le “libéralisme sauvage” est un mythe inventé par les sauvages collectivistes qui nous gouvernent et par leurs tribus amies qui vivent de nos économies. L’Amérique est beaucoup plus libérale que notre pays et bien moins sauvage à beaucoup d’égards. Si vous êtes vraiment libéraux, ne vous disculpez pas. Sinon, ne dites pas que vous êtes libéraux.

    16 mai 2004 à 22 h 04 min

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