Sarkozy : tout reste à faire

Sarkozy : tout reste à faire

J’aimerais écrire pour la fin de la première année de présidence de Nicolas Sarkozy, écrire un article favorable. J’aimerais vraiment. J’ai déjà souligné ici que j’avais trouvé profondément salubre le fait qu’en se rendant aux États-Unis, Sarkozy ait rompu avec la vaine arrogance antiaméricaine qui a si souvent caractérisé la politique française, tout particulièrement chez les « gaullistes »…

Je me suis réjoui aussi du rapprochement avec Israël et de l’amorce de cassure par rapport à une politique si souvent cynique et cauteleuse vis-à-vis du monde arabe. J’ai espéré, voici un an (d’une manière toujours plus modérée, certes), qu’une effective « rupture » s’opérerait en ce pays. Je n’ai pas voulu porter de jugement hâtif. Je veux bien penser qu’il reste quatre années. Je discerne aisément que la quasi-totalité de ceux qui critiquent Sarkozy aujourd’hui en France le font depuis les préjugés d’une gauche débile, ou depuis la myopie étriquée d’une droite crispée. Je discerne aussi que le pire a été évité avec la défaite de l’arrogante cruche qui règne sur le Poitou.

Néanmoins : je ne puis que dire mon inquiétude. Les rafistolages et les gadgets abondent, mais les décisions sérieuses et profondes sont absentes. On tente, par quelques subterfuges, de sauver la Sécurité sociale qui, néanmoins, continuera à coûter de plus en plus cher tout en répondant de moins en moins à son rôle supposé d’assurance maladie. On tente d’allonger le temps de cotisations pour essayer de ralentir l’effondrement prévisible du système de retraites par répartition. On affiche des chiffres du chômage qui « baissent », à mesure que le vieillissement de la population se poursuit. On aménage le RMI, la semaine de trente-cinq heures, quelques règles du commerce, mais on ne touche pas à de multiples rigidités qui continuent à entraver l’esprit d’entreprise et l’investissement. On pratique une « réforme » de l’université qui ne crée pas les conditions d’une ouverture vraie vers le secteur privé.

L’erreur fondamentale a été de ne pas tenir d’emblée un discours sans fard et de ne pas dire, dès le lendemain de l’élection, à quel point la situation était préoccupante. Le reste a suivi. Lorsqu’on n’ose pas dire clairement que le déclin est amorcé et que la chute se rapproche, on est condamné à une forme de fuite en avant.

On promet du « pouvoir d’achat » : comme si celui-ci dépendait de décisions gouvernementales, et non d’une dynamique de liberté qui impliquerait un retrait drastique de l’interventionnisme d’État. On préserve les syndicats, on flatte les écologistes, on parle d’un « modèle social européen » dont personne ne veut hors des frontières de la France. On « promet » de sauver des usines qui, de toute façon, fermeront et, pour bien montrer qu’on a tout compris à l’économie post-industrielle, on dit qu’on ne conçoit pas un pays développé qui ne garde pas une classe ouvrière.

Parce qu’il faut faire marcher le commerce et l’économie mixte, on se jette aux pieds des autocrates chinois, on laisse le dictateur libyen se conduire à Paris en capitale conquise, on va courtiser les dirigeants algériens et tunisiens en leur tenant des discours ambigus. On montre qu’on préfère Chavez à Uribe pour ce qui concerne l’Amérique latine.

Ce qui manque en ce pays, ce sont des hommes politiques courageux et lucides : il en existe, je sais, mais ils sont marginalisés. Ce qui manque pour que le courage et la lucidité puissent avancer dans la classe politique, c’est une réflexion de fond qui soit à même de se faire entendre.

Il y a, certes, l’opiniâtreté remarquable de quelques-uns, tels Jacques Garello ou Pascal Salin. Il y a le travail de quelques think tanks qui, faute de recevoir le soutien de grands entrepreneurs, ne peuvent jouer le rôle que des structures équivalentes jouent ailleurs, à Londres, Dublin ou Washington. Il y a les excellents livres publiés sous la responsabilité de Mathieu Laine chez Lattès, ceux que je commence à faire paraître chez Cheminements, quelques autres : Alain Laurent aux Belles Lettres, Philippe Nataf à l’Institut Charles Coquelin, Nicolas Lecaussin

C’est trop peu. Je ne puis m’empêcher de me dire que l’avenir n’est pas prometteur et porte des tendances lourdes et grises. J’aimerais, très vivement, me tromper. Je ne vois, pour l’heure, aucun signe me montrant que je me trompe…

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Comments (7)

  • sas Répondre

    naguy bocsa est le fils de supermenteur……il disparaitera de la même manière…..au moment où la chase sera tirée…..

    CE QUI EST INTERESSANT C ‘EST L’AVENIR DE LA FRANCE PEU RELUISANT QUI S ‘ ANNONCE……et si par malheur supplémentaire dans notre fausse démocratie où l’oligarchie mafieuse ne laisse aucune place à la démocratie et la république, la gaôôô^che revennait aux affaires……il en serait fini

    Les sujet des 4 vérités etant peu interessant et peu varié……je propose de débattre la mutation du procureur lesigne……qui aura ruiné la vie de dizaines de victimes innocentes(peut être…) qui lui incompétent pour une région sera muté dans une autre……car dans ce monde là…..on élimine pas socialement…….alors que la justice par sa médiocrité chronique et ces embrouilles maçonniques….extermine,tue et failli nombre de pauvres gens……justiciables de bases peu chanceux d’une telle administration…..

    donc lesigne muté…….QUI AURA LA CHANCE D’HERITER DE CETTE ENCLUME…..encore un client pour les antilles française ????????

    sas

    24 mai 2008 à 12 h 58 min
  • MINUX75 Répondre

    Bonjour Il y a 6 mois, j’ai dit que SARKOSY faisait ce qu’il y a de plus facile et delaissait le travail dès la moindre difficulté. Serrer la main à BUSH n’est pas difficile, même Guy MILLIERE peut en faire autant, idem pour faire rentrer la france dans l’OTAN. Il en va tout autrement pour résoudre le problème du chômage, de la baisse du pouvoir d’achat etc … Il est clair que sur ce plan la SARKOSI a deja démissionné, on aimerait qu’il démissionne de son poste.nospam4

    22 mai 2008 à 21 h 44 min
  • IOSA Répondre

    Sarko..le déclin annoncé depuis plus d’un mois par la pub des hypers marchés.

    Carrefour, je cite de mémoire au sujet du kilo de boeuf  " ENFIN DES VRAIES MESURES POUR VOTRE POUVOIR D’ACHAT "

    E.Leclerc s’y met aussi dans ses pubs…..

    SVP M.Millere, faites nous un article sur la fin du règne de notre président du pouvoir d’achat, car je le pense sincèrement, se serait là…. la seule option pour que les gens du peuple s’interesse à nouveau à lui.

    22 mai 2008 à 20 h 53 min
  • EIFF Répondre

     Londres – la police acculée par des musulmans, doit battre piteusement en retraite

    http://www.bivouac-id.com/

    Turquie : la France «n’a pas l’intention de briser la négociation»

    Le secrétaire d’Etat aux affaires européenne Jean-Pierre Jouyet a annoncé que la France n’entraverait pas le processus d’adhésion de la Turquie durant sa présidence de l’Union durant le deuxième semestre 2008. M. Jouyet affirme que la France « n’a pas l’intention de briser le processus de négociation actuellement en cours ».

    http://www.observatoiredeleurope.com

     

    22 mai 2008 à 9 h 32 min
  • Emmanuel POINTU Répondre

    La force rampante et sournoise

    Elle cherche à gravir le pouvoir, sournoise elle ne fait aucun commentaire sur sa façon de faire, elle fustige sans état d’âme, violente elle ironise, mais elle n’en fini pas de ramper en pensant Pouvoir ! Pouvoir! qui plus est, elle fait avaler des couleuvres à beaucoup de non-initié, grave Danger, pour le monde ouvrier du secteur privé, car elle n’aime pas l’économie de marché, peut-être qu’elle pense pouvoir s’emparer de sa fortune sans trop légiférer pour redistribuer Danger, car l’économie de marché ne se laissera pas faire, elle est trop intelligente, heureusement pour le monde ouvrier du secteur privé. C’est un camouflé de démocratie qu’elle préconise, arrivant à ses fins, cela ne pourrait qu’aboutir à un cataplisme économique sans précédent , car les artifices pour contrer son ascension sont étayés à travers le monde, Attention Danger !

    le 22 mai 2008,

    Emmanuel Pointu.

    22 mai 2008 à 8 h 59 min
  • IOSA Répondre

    Quel courage de vouloir faire un article sur lui….

    Tout le monde s’en fout maintenant…. tout le monde a compris ce qu’il est…

    Pas interessant comme homme et encore moins comme président…

    Attends seulement qu’il prenne ses responsabilités en démissionnant ( et si possible sans golden parachute )

    21 mai 2008 à 21 h 29 min
  • Rosanov Répondre

    M. Millière je vous prends en flagrant délit !

    En fait ce n’est pas correct de décider à l’avance d’écrire un article favorable. C’est d’ailleurs ce que vous faites habituellement pour Israël et les USA.

    On essaye de s’informer objectivement et seulement après on décide si l’article sera ou non favorable.

     

     

    21 mai 2008 à 17 h 12 min

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