Une classe politique inquiétante

Une classe politique inquiétante

La France a mal à sa classe politique. La grande majorité des hommes politiques est honnête et dévouée au bien public mais le gouvernement Balladur a dû faire passer une loi pour mettre fin aux agissements parfaitement répréhensibles de quelques uns d’entre eux et de leur parti.

De quoi s’agit-il ?

– Obtention des marchés moyennant commission à un parti politique – via, par exemple, une « société d’études ».

– Rétrocession sur commissions versées à l’étranger pour obtenir un marché, via des comptes à l’étranger (que l’on cache, si besoin est, au nom du secret Défense).

– Obtention de concession (grandes surfaces, affichage, par exemple) moyennant paiement à un parti politique.

– Financement de campagnes électorales par des instances étrangères.

– Nomination de copains.

– Subventions d’associations à des fins électorales.

– Appartements appartenant à la collectivité, loués à bas prix, éventuellement après réalisation de travaux importants.

– Frais de voyages, de colloques, au profit de responsables politiques, réglés par des entreprises ou des fonds publics.

– « Interventions » politiques moyennant honoraires.

– Frais de personnel ou autres d’un parti politique pris en charge par des entreprises ou des administrations…

La grande excuse des responsables politiques est qu’il n’y a pas d’enrichissement personnel. En général, c’est vrai, mais une revue de détail pourrait révéler des surprises…

L’enrichissement personnel est du vol pur et simple. Le financement illégal de partis politiques n’est-il pas plus grave pour la nation ? De tels agissements faussent :

• La démocratie. Celui qui ne bénéficie pas des moyens de son concurrent aura un handicap, voire un obstacle majeur à son élection. Le candidat doit admettre les méthodes de son parti, sinon en être complice. N’est-ce pas la voie ouverte à la ploutocratie par la malhonnêteté ? La démocratie est fragile : elle peut conduire à la dictature, Hitler en est la preuve, ou à l’effondrement par la corruption, la Géorgie en est le dernier exemple.

• Le libéralisme. L’entrepreneur honnête qui refuse de payer n’obtiendra pas de marché ou de contrat et ce aux dépens de son personnel et de ses actionnaires. C’est un moyen d’éliminer des concurrents honnêtes.

Sans un climat de confiance entre la classe politique et la population, l’action des dirigeants est vaine, et le pays reste bloqué. Les hommes politiques doivent d’abord faire preuve d’exemplarité et de dignité dans leurs responsabilités fonctionnelles.

Tout homme a ses faiblesses mais ces scandales, expression d’attitudes inadmissibles sont rares dans bien des pays du monde libre : Suède, Grande-Bretagne, Suisse, pour ne citer qu’eux. Quelle image de la France à l’étranger ! Quel affaiblissement de ses positions !

Le monde politique qui se réfère sans cesse aux valeurs républicaines peut-il être au-dessus des lois, c’est-à-dire hors-la-loi ?

Il y a ceux qui « touchent », partis ou hommes politiques, et ceux qui paient, entreprises et collectivités publiques.

– La loi Balladur ne doit-elle pas être renforcée et son application mieux contrôlée ?

– Chefs d’entreprises ou responsables de collectivités qui abusent de fonds publics ne doivent-ils pas êtres sanctionnés : chefs d’entreprises révoqués avec interdiction d’être mandataire social, responsables de collectivités locales révoqués ?

Si un homme politique, actif, avec des idées, souffle un peu d’air frais et nouveau, il devient trop populaire et s’il ne se plie pas aux choix des hiérarques de son parti, il est accepté avec inquiétude : c’est le cas de Sarkozy à droite ou de Kouchner à gauche. L’affaire Juppé est-elle un cas exceptionnel ou un épiphénomène de méthodes qui perdurent malgré la loi Balladur ?

Elle rend mal à l’aise beaucoup de gens :

– Pourquoi avoir nié publiquement, pendant des mois, des faits reconnus ?

– Pourquoi avoir dit : « je démissionne si je suis condamné » et rester car un jugement n’est pas définitif avant appel ?

– Pourquoi tant d’essais de report de son procès lorsque l’on est innocent ?

– Beaucoup ont été pour le moins surpris d’entendre le Premier Ministre et d’autres affirmer que la France avait besoin d’hommes d’État comme A. Juppé qui venait d’être condamné par application de la loi et est un homme politique peu populaire dans les sondages ?

Dans « l’affaire » de l’affaire Juppé, le Président de la République, le Président de l’Assemblée ont nommé de hauts responsables pour trouver les coupables et leurs commanditaires. N’y a-t-il plus de bons policiers ? Beaucoup ont été surpris d’une campagne politico-médiatique extravagante tendant à convaincre l’opinion que le condamné était la victime du tribunal. Il faut que ce genre d’affaire ne se reproduise plus. On parle à l’étranger de la France comme le malade de l’Europe. Il faut en sortir, c’est l’affaire de tous.

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Comments (6)

  • Pennautier Répondre

    A cette longue liste de questions pertinentes, on pourrait ajouter les suivantes: Pourquoi se plaindre d’une justice qui a demontre son independance ? La separation des pouvoirs n’est-elle pas le signe d’une democratie en sante ? Ne devrait-on pas au contraire se satisfaire que la justice francaise soit capable de condamner le leader du partie au pouvoir? Ne devrait-on pas considerer les tergiversasions sur les attendus du jugement comme une distraction inutile ?

    2 mars 2004 à 19 h 56 min
  • Henri Nicaise Répondre

    Corruptissima republica, plurimae leges (Tacite).Le discours creux des politiciens est affligeant et je suis las de les voir charitables et solidaires avec l’argent des autres. Je condamne les subventions qu’ils accordent généreusement en donnant mon argent à des associations d’utilité douteuse et même nocives et l’arrosage de la clientèle. La France va très mal – économiquement, démographiquement et même moralement – mais nos politiciens, avec la complicité des média, empêchent tout renouvellement: Pour être élu il faut l’avoir été (financement public). La France est un pays où les vieillards pissent dans les berceaux: Qui paiera les déficits budgétaires cumulés qui servent non pas à l’investissement pour le futur, mais à payer les dépenses de fonctionnement, dont les retraites des énarques et de leurs clients (fonctionnaires et agents des services publics) et aussi le service de la dette. Bon appétit Messieurs.

    28 février 2004 à 14 h 02 min
  • cast Répondre

    Trois faits à rappeler:en 2002,l’enquête de “transparency international” classait la France à la 25ème place de la corruption ,après le Bostwana! Enorme progrès en 2003,la France est passé au 21ème rang.Ce n’est pas un hasard si les pays les plus vertueux (les pays scandinaves ) sont également les pays ayant eu un recul de la délinquance (cf interpol.com) et des trafics et sont en dehors de L’Europe Schengen.Comment contrôler la grande délinquance organisée,les mafias,le terrorisme sans contrôler les frontières et les mouvements de capitaux? C’est impossible.C’est la raison pour laquelle toutes les mesures sécuritaires de superSarkho sont voués à l’échec ainsi que toutes les tentatives anti-corruption. Deuxièmement,le seul but des politiciens ,je dis bien le seul,est l’appropriation de privilèges personnels:il n’y a plus de véritables hommes p)olitiques en France. Troisiémement les Français ont la corruption qu’il méritent:quand on voit que Balkany,Mellick et Chirac se font réélir alors qu’ils ont fait la preuve de leur absence totale de moralité,on ne peut que dire avec De Gaulle:”les français sont des veaux”.

    24 février 2004 à 10 h 59 min
  • lola Répondre

    Si seulement ces méthodes étaient réservées à ceux qui en profitent? Lorsque j’ai été convoquée par l’office des HLM de ma commune il y a 10 ans, on m’a conseillé d’apporter avec moi une petite enveloppe garnie et de m’inscrire à l’UDF! Je n’y ai pas cru…et ne suis toujours pas relogée! lol!!!Yves Gautier dit: “il faut en sortir, c’est l’affaire de tous”. Mais sa description des usages de nos puissants prouve bien que nous sommes, nous tous, impuissants devant de telles pratiques, puisqu’elles contribuent à nous empécher d’exprimer nos suffrages. Dommage.

    23 février 2004 à 15 h 34 min
  • LAYANI Répondre

    C’est bien à cause de cette corruption rampante et flagrante dans n otre pays que l’étranger nous regarde d’un oeil… curieux (c’est le moins qu’on puisse dire). Je crois qu’ilo faudrait commencer par réduire et dans certains cas supprimer totalement, les indemnités et frais de représentation divers, qui font que par exemple un député toute 65 000 Euros par mois au total, sans compter les avantages en nature. Comme “l’appêtit vient en mangeant ” on réduirait peut être ainsi l’appêtit de ces Messieurs et le budget de l’Etat pourrait utiliser cers sommes à bien d’autres choses.

    23 février 2004 à 14 h 19 min
  • Untel Répondre

    Avant hier au cours une émission télévisée sur la 1, Une question posée aux participants: Quel sanction risque un employé qui utilise le téléphone de l’entreprise pour son usage personnel? Réponse: LE LICENCIEMENT Ce que veulent les gens ce n’est pas l’égalité des salaires type communisme, mais tout simplement l’égalité devant la justice. Les passe-droit de tous genres, les PV qui sautent, etc.., ne seront jamais admis par ceux qui n’en bénéficieront jamais. Les plus démunis paient leur place au spectacle ou au restaurant, les nantis ne paient jamais ils sont toujours invités. Du temps de la révolution la justice était plus tranchante. Avez vous remarqué qu’en France dans nos villages, la rue de l’égalité est toujours la rue du cimetière?

    22 février 2004 à 10 h 38 min

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