De la grande peste à la grippe aviaire

De la grande peste à la grippe aviaire

Actuellement, deux épidémies se développent dans le monde. La grippe aviaire et le chikungunya.

L’épidémie de grippe aviaire a démarré en 1997 en Chine et, transportée par les oiseaux migrateurs, elle atteint aujourd’hui la France. Elle n’a tué que quelques dizaines d’humains, des enfants tout particulièrement. Il semble donc qu’une immunité naturelle protège actuellement l’ensemble de l’espèce humaine.

Le gouvernement français a réagi. Il a contraint à enfermer tous les élevages de volailles français, pour éviter leur contamination par les fientes tombant du ciel. Cette mesure est logique, mais beaucoup d’élevages supportent très mal ce confinement.
Le département de l’Ain a été touché. Des mesures rigoureuses d’isolement ont été prises, et les producteurs de volailles situés dans un périmètre proche de l’étang contaminé n’ont plus eu le droit de vendre leur production. Ils ont donc décidé au bout de quelques semaines de ne plus nourrir leurs bêtes et de les abattre. Le gouvernement a alors autorisé la vente des volailles. Une seule exploitation a été contaminée et toutes ses bêtes ont été abattues.

Le chikungunya est depuis longtemps une maladie endémique en Afrique. Elle n’y est plus dangereuse, car les Africains ont maintenant une immunité naturelle qui les protège du virus. Mais elle vient de toucher la Réunion, les Comores et les Seychelles, qui n’avaient pas été contaminés jusqu’à ce jour. Une part importante de la population n’a pas d’immunité naturelle. En quelques semaines 20 % des habitants ont été atteints et plusieurs dizaines de morts sont attribuables à cette maladie. Les médecins n’ont pas de traitement efficace à opposer au chikungunya. Pour se protéger de la maladie, les Réunionnais ont eu recours à des plantes locales ou à des remèdes miracles. Malheureusement, aucun suivi de l’efficacité de ces produits n’a bien évidemment été réalisé. La maladie commence à régresser : les 80 % de la population restante doivent posséder une immunité naturelle plus ou moins forte.

Il est intéressant de comparer le comportement actuel au comportement des Chalonnais devant la grande peste qui a touché la Bourgogne à partir de 1348. Elle a commencé par Givry tuant en quatre mois, du 17 juillet au 19 novembre 1348, 621 personnes sur le millier d’habitants qu’avait la ville à l’époque. Elle laissait vivantes 400 personnes possédant probablement une immunité naturelle. Dans les années suivantes, la peste a touché Chalon, tuant des milliers de personnes, à commencer par l’évêque en 1362. Un dicton bourguignon disait alors : « En mille trois cent quarante neuf de cent ne demeurent que neuf ». En trois siècles, une dizaine d’épidémies de peste ont touché Chalon.
Le maire et les échevins étaient responsables de la lutte contre la maladie. Pour les conseiller, ils nommaient un comité formé d’un médecin, d’un pharmacien et d’un chirurgien.

Tant que la ville n’était pas contaminée, ils mettaient d’abord à la porte les mendiants qui, étant sales, risquaient d’être porteurs du microbe, puis on mobilisait tous les citoyens pour monter la garde aux portes de la ville, filtrer les entrées et patrouiller la nuit.
Une fois la ville touchée, on enfermait les malades à l’extérieur de la ville, dans des cadoles de bois. Les sergents de ville leur apportaient leur nourriture. Malgré la forte indemnité qu’on leur donnait, beaucoup refusaient le travail. Les boutiques étaient fermées, les fêtes interdites.

Les médecins prescrivaient des saignées, des purges ou des sudations pour chasser les humeurs pourries. Ils donnaient des poudres contenant des plantes, du venin de vipère ou de la corne de chèvre pour s’opposer au microbe. Le clergé prescrivait de son côté de petits pains secs et bénis.

Enfin, entraîné par le clergé, le peuple priait ses saints protecteurs : devant l’inefficacité de saint Sébastien en 1348, il invoqua saint Roch tout aussi inefficace. Il implora alors un saint local, saint Loup, qui resta insensible aux prières, pour finalement consacrer la ville à saint Charles Borromée en 1629. Elle le resta jusqu’à la Révolution.

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Comments (6)

  • Mancney Répondre

    Merci Bernard Tremeau pour cet interessant parallele entre la grande Peste mediévale et la Chikungunya. Parallele plus exactement, entre les conséquences léthales, les comportements humains associés et les méthodes de lutte et de défense contre les agressions épidémiques. Merci aussi de nous offrir un ‘”break”, c-a-d un article d’information non polémique, qui nous aura permis, pour une fois, de ne pas aboyer sur son passage, et aussi, comme de vrais gentlemen, d’avoir une pensée de gratitude pour tous ceux qui, depuis des siecles, ont fait en sorte de mieux nous défendre contre les épidémies pathogenes. Ceci est encourageant et peut etre aurons nous, un jour, une immunité contre une autre catégorie de parasites a deux pattes, “l’Humanus non Educatus Indelicatusque”. Best, Mancney

    27 mars 2006 à 2 h 55 min
  • Rosanov Répondre

    Ca me fait rigoler quand j’entends que les uns sont immunisés et pas les autres. C’est comme si l’on disait que les Espagnols sont immunisés contre la grippe espagnole et pas les Français. Ces immunités qui s’arrêtent aux frontières comme le nuage de Tchernobyl je trouve ça plus que suspect. Pourquoi l’immense Madagascar qui se trouve au milieu n’est pas touché ? Ben comme par hasard Madagascar est super au point dans l’élaboration d’huiles essentielles, ravensara en tête. Bref si vous voulez quelqu’un qui prouve que le soleil se lève à l’Ouest, demandez à Trémeau. La prochaine fois il va nous pondre une autre solution au problème : les herbes transgéniques qui résistent aux moutiques.

    26 mars 2006 à 21 h 25 min
  • violette Répondre

    Je suis d’accord avec JC Lahitte et Guillermo. Au fait j’extrapole peut-être et si c’était un début de guerre bactériologique envoyé comme cela, l’air de rien par la chine ? Ils en seront bien capable, ne serait ce que pour tester la réaction mondiale qui sait ? Bisou à JC Lahitte, j’adore vos commentaires.

    26 mars 2006 à 19 h 31 min
  • Guillermo Répondre

    Tout comme J.C. Lahitte, je me demande bien où veut en venir l’auteur de cet article : petit coup de pieds de l’âne sans doute à son collègue Pierre Lance, qui a dernièrement préconisé un remède trop simple. Au demeurant, Trémeau gobbe toutes les vérités propagées par la science “moderne”, OGM en tête, et par les lobbies associés. Pour Trémeau, tous ceux qui se défendent de cette modernité, ne sont que des attardés. Je crois justement que le chikungunya et la grippe aviaire ont justement quelque chose en commun : n’être qu’une vaste opération de marketing relayée par des hommes politiques qui se mettent à l’abri sous le parapluie de principe de précaution, afin de ne pas risquer une chasse aux sorcières dans 15 ans. Personnellement je connais un couple de métropolitains qui sont partis vivre à la Réunion il y a 1 an. J’imagine qu’ils n’ont pas d’immunité naturelle. L’un des enfants a attrapé la maladie : résultat comme une simple grippe passée en quelques jours. On nous parle des morts mais ils ne sont pas morts du chikungunya mais de complications d’autres maladies aggravées par le chikungunya ; exemple flagrant de honteuse déformation. A l’attention de Bernard Trémeau, je lui conseille plutôt de se faire embaucher au Point, à l’Espress ou à France2. Il pourra ainsi à loisir publier les sans risquer d’être contredit.

    25 mars 2006 à 8 h 35 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    En tout honnêteté, après avoir relu l’article de Bernard Trémeau, je me demande ce qu’il a voulu prouver à ses lecteurs. En tout cas, je n’ai absolument pas trouvé le moindre rapport entre d’une part l’épidémie de chikungunya et la grippe aviaire dont on nous rebat les oreilles, et, d’autre part, celle de la peste. B.T. voulait-t-il nous démontrer que les “médecines” utilisées à La Réunion étaient aussi inefficaces que celle utilisées du temps des épidémies de peste ? où que les cordons sanitaires anti peste aviaire (et non grippe aviaire, faut-il préciser, dès lors qu’ils s’agit de volaille) étaient aussi dérisoires que celles prises naguère à Châlon contre une peste bien plus redoutable(1). Car les pouvoirs publics et les médias nous tympanisent avec la menace de “grippe aviaire” alors que l’on peut compter sur les doigts d’une main le nombre des victimes humaines dans le monde, sans se demander à qui profite l’abattage par millions de volatiles qui ne demandaient qu’à finir leur vie dans des estomacs (ce qui est leur destinée) plutôt que sacrifiés à je ne sais quelle prophylaxie incantatoire dans des crématoires. Et ce alors même qu’on répète aux cons…omateurs qu’une fois cuites ces “victimes” ne présentaient aucun danger. Alors aussi qu’on nous culpabilise avec les millions de gens qui meurent de faim un peu partout dans le monde… Oui à qui profite cette prétendue “pandémie” qui ruine des dizaines de producteurs, mais aussi de petits volaillers dont c’est le seul gagne-pain (eux, ne seront pas dédommagés). Il suffit de s’informer : quand auront disparu les volailles bien de chez nous, massacrés au nom de je ne sais quelle hygiène, les producteurs se feront proposer je ne sais quelle race mot que l’on a encore le droit d’utiliser seulement pour les animaux !) concocté dans je ne sais quel laboratoire et qui, comme les produits OGM dans l’agriculture, seront garanties “auto-immunes” (le mot n’est peut-être pas celui qui convient, mais les lecteurs de ce “post” comprendront), c’est à dire préservées de la “grippe aviaire”. Et les gens qui auront breveté cette “race” pourront s’en mettre plein les poches ! Comme les frabriquants d’oGM qui entendent avoir un jour le monpole international des semences OGM… Qu’on ne me dise pas que j’affabule : des articles très sérieux ont paru sur le sujet. Que la “grande” presse, comme toujours “complice”, se garde bien de répercuter. Un mot encore à propos du chikungunya : là, comme naguère pour la peste, l’épidémie est dûe en grande partie à la négligence, à la saleté (avec des tas de décharges publiques à ciel ouvert) de Réunionnais et de leurs édiles (essenttiellement UMP et PC) qui ont laissé, par leur négligence et leur paresse proliférer les larves de moustiques(2), comme les Chalonnais (et pas seulement eux) les rats, vecteurs de la peste. Ces derniers (les Chalonnais, pas les rats !) ayant, eux, l’excuse ne ne disposer ni de l’eau courante, ni de tout-à-l’égoût, ni de rammassage d’ordures… Finalement, je remercie le Bourguignon Bernard Trémeau: il m’a donné matière à réflexions … d’actualité ! Cordialement, Jean-Clauede Lahitte (1) seule différence : les Châlonnais et leurs contemporains invoquaient le Ciel et certains saints, tandis que les Réunionnais, à l’instar de bien des Métropolitains, n’invoquant plus le Ciel, réclament – que dis-je ? exigent – du Sacro-Saint Etat qu’il vienne à leur secours … Car l’Etat est devenu le Bon Dieu pour la multitude. Et la France en crève. Sans chikungunya, sans “grippe aviaire”. Plutôt d’une hémorragie de subventions, d’avantages sociaux, etc. que ses dirigeants incompétents distribuent à tout vat, sans se soucier du poids de mille-cent-milliards de dettes ! Les braillards anti-CEP qui défilent dans nos rues, accompagnés de casseurs et de pillards auxquels, naïvement, ils ouvrent le chemin, devraient s’en aviser. Demain, ils devront retrousser le manches pour payer ! Comme d’autres (ma génération !), à la “Libération”, avaient dû le faire pour réparer les ruines dont les premiers responsables étaient les gouvernements (tout aussi incapables que ceux de la ème République) qui avaient entraîné le pays dans la Guerre après l’avoir, délibérément (n’est-ce pas Monsieur Blum ?) désarmé … (2)cela ne gêne absolument pas les-uns et les-autres pour récriminer l’ingrate Métropole dont les dirigeants, comme chaque fois en pareille cas dès lors qu’il s’agit de descendants de “victimes” du colononialisme et/ou de l’esclavage, vont faire des courbettes (trois ministres – dont le Premier d’entre eux ! -, dont un s’est déplacé deux fois), envoient plus d’un millier de personnes (alors que les RM … istes, comme les moustiques, pullullent à ne rien faire à La Réunion !) et distribuent des millions d’euros, sans parler des médicaments dont – n’en déplaise peut-être au docteur Trémeau – Pierre Lance a montré l’inutilité, sinon l’inefficacité !

    23 mars 2006 à 16 h 19 min
  • sas Répondre

    le chikungunya….c’est plus un nom pour un plan marketing….qu’un nom de pandémie et relatif au monde médical… SAS

    22 mars 2006 à 12 h 15 min

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