Difficile application du principe de précaution

Difficile application du principe de précaution

Le principe de précaution n’est pas facile à appliquer. En voici deux exemples.

Le 23 juillet 1985, Laurent Fa­bius, alors Premier ministre, prend un arrêté rendant obligatoire le dépistage du sida chez les donneurs de sang. Ceci montre qu’il savait que des receveurs avaient été contaminés par des donneurs malades du sida. On ne peut qu’approuver Laurent Fabius d’avoir pris une telle décision. Mais sa ministre des Affaires sociales, Georgina Dufoix, n’a fait passer le décret d’application que le 1er octobre 1985. Pendant ces deux mois, certains centres de transfusion, au lieu de mettre à la poubelle le sang contaminé qu’ils avaient dans leurs réserves, ont continué à le vendre.

Ces réserves représentaient à l’époque une valeur de 35 millions de francs (autour de 5 millions d’euros). Un rapport du centre national de transfusion signé Garetta estime alors à quelques centaines le nombre des personnes qui ont ainsi été contaminées.
L’opinion publique a rendu Laurent Fabius et Georgina Dufoix responsables de ces morts. Mais la justice française ne les a pas condamnés, Georgina Dufoix ayant alors plaidé sa cause en lançant le fameux « responsable, mais non coupable ». Par contre, la justice a condamné à quatre ans de prison ferme Michel Garetta, le médecin directeur du Centre National de Transfusion. C’était lui le grand coupable. Dans cette affaire, pour la justice, ce ne sont donc pas les politiques qui sont jugés coupables, même s’ils ont tardé à prendre la bonne décision. Ce sont les res­ponsables techniques.

Mais les politiques ont réalisé qu’une partie importante des Français les tenait pour responsables de plusieurs centaines de morts. Depuis, ils appliquent le principe de précaution…

Le 18 mars 2009, au printemps dernier, une épidémie de grippe d’origine porcine est détectée au Mexique. Elle touche surtout les enfants. Elle est due à une mutation du virus de la grippe. Un mois plus tard, 400 malades sont hospitalisés et l’on compte déjà 103 morts. Le 27 avril 2009, les écoles, les cinémas ou les stades sont fermés au Mexique, tandis qu’avec les transports aériens, la grippe commence à se diffuser dans le monde entier.

Tous les responsables scientifiques ou politiques d’alors ont en mémoire la grande pandémie de grippe de 1919 qui a fait plus de morts que tous les tués de la grande guerre réunis ; et la grippe aviaire qui a fait des milliers de morts en Asie en 2005…
Le 29 avril 2009, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a très peur. Pour elle, l’épidémie mondiale est « imminente », « inévitable » et dangereuse Elle décide un niveau d’alerte 5 (elle passera ensuite au niveau 6 d’alerte maximum). Elle demande surtout à 4 laboratoires d’accélérer leurs recherches sur un vaccin. Elle donne son nom à la nouvelle grippe : grippe A (H1N1).

Le 30 avril 2009, la France n’est pas encore touchée, mais les États-Unis, le Canada et l’Angleterre le sont. Une réunion interministérielle a lieu à l’Élysée. Elle prend la décision de contrôler tous les transports venant des pays contaminés et d’isoler immédiatement tout malade suspecté de grippe.

En septembre 2009, la France décide de faire vacciner la population et commande 94 millions de doses de vaccins aux laboratoires (2 doses par individu sont alors jugées nécessaires). Le prix négocié se situe aux environs de 700 millions.
Le 12 novembre 2009, la vaccination commence.

Durant la semaine du 19 au 26 novembre 2009, 700 000 Français auraient eu la grippe A et 22 en seraient morts. Ensuite, l’épidémie commence à décroître rapidement.
Au 11 décembre 2009, la grippe aurait tué 139 Français. La semaine précédant ce 11 décembre, la grippe aurait encore tué 3 Français en 48 heures.

En janvier 2010, l’épidémie a pratiquement disparu. Le gouvernement français reste avec un énorme stock de vaccins inutilisés
. Les médias et le parlement le ridiculisent.

Depuis le gouvernement a interdit de vendre des huîtres qu’il juge contaminées, ordonne de détruire des maisons qu’il pense exposées aux inondations, ou de voler dans un nuage de cendres volcaniques. Il se fait durement critiquer. Doit-il laisser les Français libres de prendre un risque mortel ?

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Comments (1)

  • Magny Répondre

    Soyons prudents : ne vivons plus , ainsi nous ne risquerons plus rien . Heureusement que notre gouvernement ne dirige pas la Hollande sinon tout le pays serait classé en zone noire , et alors se poserait la question cruciale : comment indemniser tout ce monde ?

    30 avril 2010 à 18 h 54 min

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