Hommage aux combattants d’Algérie

Hommage aux combattants d’Algérie

Sans doute bien des personnes adultes à l’époque des évènements d’Algérie doivent se demander pourquoi il n’est pas organisé de commémoration au niveau national pour rendre hommage aux combattants d’Algérie et, plus particulièrement, à ceux qui y ont laissé leur vie.

De telles commémorations interviennent régulièrement, et c’est bien normal, pour évoquer le souvenir de ceux qui ont participé aux deux guerres mondiales ou, occasionnellement, de ceux qui sont tombés lors des campagnes que conduit actuellement la France, au Mali ou ailleurs.

Pourtant, les opérations dites de maintien de l’ordre menées par la France ont bien, voici maintenant un certain nombre d’années, été requalifiées en tant que guerre et, plus récemment, une date a été retenue, le 19 mars, pour une telle commémoration. Certes, grâce à ces décisions, des cérémonies ont lieu le 19 mars dans de nombreuses communes mais elles ne peuvent, bien sûr, avoir le même impact, le même retentissement qu’une cérémonie nationale. Alors quel est le problème ? Pourquoi n’en fait-on pas plus ?

Le problème est, je pense, que bien des Français ne réalisent pas ou ne veulent pas réaliser que l’action de la France en Algérie était légitime, l’envoi de troupes impératif puisque le FLN, pour obtenir à terme l’indépendance du pays, avait choisi la voie du terrorisme plutôt que celle de procédures démocratiques. Ainsi, il est significatif que des donneurs de leçons osent soutenir que la France aurait un devoir de repentance envers l’Algérie. Plus choquant encore est le fait qu’un candidat à la présidence de la république, en visite à Alger en 2017, ait soutenu que notre pays se serait rendu coupable d’un crime contre l’humanité en Algérie.

Or, si crimes il y a eu, ce sont bien ceux perpétrés par le FLN qu’il faudrait évoquer, crimes non seulement contre des prisonniers de notre armée mais aussi envers des pieds noirs ou, encore, envers des membres de la population algérienne jugés traîtres car présumés fidèles à la France. S’il est vrai que des actes répréhensibles, notamment lors d’interrogatoires, ont été commis par des militaires français, ces dérives, malheureusement fréquentes en cas de guerre mais que l’on ne saurait excuser pour autant, sont sans commune mesure avec les exactions dont se sont rendus coupables les combattants du FLN.

Comme bien des appelés de ma génération j’ai passé près de deux ans et demi sous les drapeaux, dont une partie en Algérie.

Ce que j’ai vécu à cette occasion ne peut constituer bien sûr qu’une expérience partielle mais, à la faveur de tout ce qui m’a été rapporté par d’autres combattants, je crois pouvoir m’inscrire en faux contre les idées reçues concernant ce conflit, souvent véhiculées par les media et autres commentateurs partiaux ou mal informés.

Dans ce contexte, il y a malheureusement fort à parier que si des commémorations à la hauteur des sacrifices consentis par la nation lors de la guerre d’Algérie étaient organisées au niveau national, avec la participation des plus hauts représentants de l’Etat et une couverture médiatique significative, cela ne plairait pas à tout le monde. Les donneurs de leçons précités ne manqueraient pas de crier au scandale, soulèveraient sûrement le risque d’une détérioration inévitable de nos relations avec l’Algérie, alors même que la population algérienne ne serait nullement visée.

Bref, de telles commémorations seraient jugées politiquement incorrectes.

Pourtant ceux qui sont tombés en Algérie sont bien morts pour la France. Il faut aussi penser à toutes les conséquences néfastes de ce conflit pour les blessés, parfois gravement handicapés, pour bien des familles aussi et pour ceux qui sont revenus physiquement indemnes mais avec d’autres séquelles.

Or il est à craindre que si lesdites commémorations n’ont pas lieu, dans quelques décennies nos enfants, qui déjà se sentent assez peu concernés par ce conflit, ne sauront même plus de quoi il s’agit quand on leur en parlera ; ils n’auront aucune idée de ce que la guerre d’Algérie aura pu représenter pour certaines de leurs propres familles, également, ce qu’il représente pour notre pays, aujourd’hui par ses conséquences aux plans économique et politique.

Est-il utopique d’espérer que dans le futur il se trouvera un gouvernement assez lucide et courageux pour rendre justice comme il se doit à nos morts pour la France ? Je le souhaite en tous cas !

Partager cette publication

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *