La France est en guerre depuis 75 ans

La France est en guerre depuis 75 ans

Le 1er septembre 1939, la France a déclaré la guerre à l’Allemagne. Moins d’un an après, les armées françaises étaient écrasées en quelques semaines : 2 millions de prisonniers et l’Allemagne occupe et exploite tout le pays. C’est la plus grave défaite de toute l’histoire de France.

À cette guerre perdue succède une autre guerre, la guerre civile entre Français. En Syrie, des unités militaires fidèles à De Gaulle, appuyées par « nos amis anglais », qui cherchent à supprimer la présence française au Proche-Orient, attaquent des formations militaires, sous les ordres du général Dentz, fidèle à Vichy.

Autre « anecdote » désastreuse : en juil­let 1940, « nos amis anglais » coulent la flotte française à Mers El Kebir. 2 500 marins français sont tués dans le dos. Que fait De Gaulle ? Rien. Entièrement dépendant des Anglais, que pouvait-il faire ?

Mais voici, dit-on, que le peuple tout entier se lève pour chasser l’envahisseur allemand. C’est ce que le général De Gaulle proclame à Paris, en août 1944. « La France, s’est-il écrié, s’est libérée seule. » Hélas, ces belles paroles relèvent de la légende qui, elle, relève de l’imagination. L’histoire relève, quant à elle, de la rigueur et la rigueur apprend que Paris a été libéré par la colonne Leclerc, placée sous les ordres du général américain Omar Bradley. L’historien Pierre Azéma, dans le « Monde » du 24 août, écrit : « Les Forces Françaises de l’Intérieur ont réuni tout au plus 35 000 hommes. Les statistiques publiées en 1952 précisent qu’il a été délivré 40 000 cartes de combattants de la Résistance. En 1986, on en répertoriait 236 000 ! C’étaient des faux… »

On notera également que, parmi ces résistants, nombreux étaient des partisans communistes qui, jusqu’en juin 1941, furent les collaborateurs empressés de l’Allemagne nazie. Ce qui n’a pas empêché le militant communiste Henri Rol-Tanguy, ancien combattant des Brigades internationales en Espagne, où il s’était engagé à 2 reprises, de signer l’acte de capitulation allemande à Paris, aux côtés du général Leclerc – ceci au vif mécontentement de De Gaulle. À cette occasion, force est de constater le paradoxe gaullien qui a consisté à avoir tout fait pour ramener au pouvoir ceux-là même que De Gaulle avait solennellement désignés comme responsables de la défaite !

Puis, on arrive à la guerre d’Indochine. 30 % d’effectifs français, 70 % d’effectifs maghrébins, annamites et coloniaux, et ce fut Dien Bien Phu en mai 1954. Autre défaite, et quelle défaite ! Les prisonniers français dans les camps du Viet-minh communiste furent victimes d’un taux de mortalité supérieur à celui d’Auschwitz. D’Auschwitz, on parle tous les jours ; des morts dans les camps Viet-minh, jamais !

Troisième défaite, l’Algérie : une guerre meurtrière, où l’on perdit de nombreux jeunes Français et où de très nombreux autres Français durent se réfugier en France après avoir tout perdu, échappant ainsi aux Algériens du FLN, soutenus par le monde arabe, en particulier par l’Égypte. Ce fut alors, en Algérie, un festival de tortures et d’exécutions.

Passons sur l’expédition de Suez, franco-anglo-israélienne, en novembre 1956, dont Soviétiques et Américains firent en sorte qu’elle échoue, pour en arriver aux guerres de décolonisation. Au cours de cette période, qui va de 1960 à 1980 environ, l’armée française est intervenue partout. En Côte d’Ivoire au Cameroun, au Tchad, au Gabon, au Congo ex-Belge, au Rwanda (on se demande pourquoi). Toujours est-il que la France soutenait les Hutus, plutôt catholiques, contre les Tutsis, plutôt protestants. Et, comme les Tutsis, des Nilotiques, sont plus grands que les Hutus, de type bantou, ces derniers les ont raccourcis et en ont tué plus de 800 000, sous le haut patronage moral de la France, patrie des droits de l’homme. Ce fut le comble de la stupidité !

Bref, la décolonisation se fit. Il en résulta, en Afrique, un chaos indescriptible, fait de coups d’État, de désordres sans nom, de victimes innombrables, et d’une corruption gigantesque alimentée par les milliards de l’aide au développement – tirés de la poche du brave contribuable français – et ça continue avec un facteur d’une extrême gravité, le réveil de l’islam. Grâce à la décolonisation, l’islam a repris sa lutte séculaire contre le christianisme et l’Occident. On voit chaque jour ce qu’il en est. La France, puissance africaine, s’est retrouvée au premier rang pour tenir le rôle de gendarme, avec les encouragements et les compliments de l’Europe, qui se garde bien, elle, de faire quoi que ce soit, même au plan financier. Les opérations françaises se succèdent donc au Mali, après la Libye, que Sarkozy a livrée aux extrémistes musulmans, une fois Kadhafi assassiné – et pourtant Kadhafi fut un certain temps son ami compréhensif (n’insistons pas…).

Résultat : la Libye, en état de chaos, est devenue le sanctuaire des rebelles maliens et algériens qui trouvent dans le sud de ce pays, armement et ravitaillement leur permettant de revenir en force au Mali, au Niger, demain au Tchad, et en Centrafrique, où opèrent déjà les bandes islamistes venues du Soudan, sans oublier Boko Haram au Nigeria, qui commence à déborder sur le Cameroun. Tout ceci, à tel point que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Driant, a déclaré au Figaro le 9 septembre qu’il conviendrait d’intervenir dans le Sud de la Libye. « J’alerte, a-t-il dit, sur la gravité de la situation en Libye. »

Tout cela est, et sera, sans fin. Sans oublier, pour achever le tableau, que les Maliens sont 300 000 à profiter en France de la générosité tiers-mondiste du peuple français accablé d’impôts. On notera, en même temps, que le métier de rebelle est très confortable. Les rançons versées par le France aux islamistes seraient, à ce jour, de 59 millions d’euros et le trafic de cocaïne a sans doute rapporté plus encore…

En Afrique, la France entretient 14 bases et points d’appui militaires qui s’échelonnent de Dakar à Djibouti en passant par Libre­ville, Abidjan et N’Djamena, plus le Liban au Proche-Orient, sans oublier le Kosovo en Europe. Ce n’est pas tout : l’armée française a été fortement engagée en Afghanistan où les talibans sont toujours parfaitement opérationnels, grâce au Pakistan voisin, le pays le plus anti-occidental de la planète. Et, comme cela ne suffit pas, la France socialiste que conduit François Hollande, autre chef de guerre « remarquable » après Nicolas Sarkozy, voulait intervenir en Syrie contre Bachar el Assad et donc ses alliés, la Russie et l’Iran. Heureusement, Obama l’a calmé. Mais voici que, ces jours-ci, on cherche discrètement à retrouver l’amitié de Bachar. Tout cela est incohérent.

En attendant, l’armée française, qui compte 15 % de musulmans, est prête à agir contre l’État Islamique qui contrôle l’Irak et une partie de la Syrie. Déjà, 9 Rafale, basés à Abou Dhabi, sont intervenus aux côtés de l’armée américaine, mais seulement, à ce jour, deux fois.

Ceci étant, le problème pourrait être réglé par l’intervention des pays concernés : l’Arabie saoudite, les Émirats du Golfe, la Turquie, dont les armées sont parfaitement équipées. Leur infanterie appuyée par les blindés et l’aviation pourrait venir à bout de l’État Islamique en un mois, mais, pratiquement, ces pays ne font rien, laissant aux « Croisés » le soin d’intervenir avec toutes les conséquences négatives pour lesdits « Croisés ». Ces pays musulmans se réservent en revanche une place de choix pour tous les trafics possibles, la Turquie en tête où des convois de camions citernes transportent le pétrole islamique et où opèrent à prix d’or, les passeurs des milliers de volontaires pour le djihad. La Turquie, membre de l’OTAN, étant en outre, prisonnière de son problème kurde, ne fera rien.

En vérité, pour la France, jouer les grandes puissances sans en avoir les moyens, c’est se disperser à grands frais, avec l’échec assuré. 6 000 hommes sont en « opex » en Afrique et au Moyen-Orient.

D’ores et déjà, il est acquis qu’il manquera, cette année, 1,5 milliard d’euros pour couvrir ces « opex » – alors que le budget de l’armée est sensiblement inférieur au seul coût des intérêts de la dette…

Christian Lambert

 

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Comments (10)

  • 0094917 Répondre

    L’histoire est retracée malheurusement par des va-t-en-guerre que l’on nous présente comme des grands hommes ou hommes d’état, qui ne sont que très rarement au combat CQFD. Or le monde a prospéré grace à l’esprit d’initiative entrepreneurial respectueux de la liberté individuel (il n’est pas nécessaire de me servir des cas qui pourraient tendre à confondre mon propos).

    merci de m’avoir consacré un peu de votre temps

    18 octobre 2014 à 8 h 24 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    étant, par ” atavisme ” royaliste, mon avis est que la ” guerre ” ( civile ) dure depuis 1791 !

    17 octobre 2014 à 8 h 25 min
  • Fucius Répondre

    Quant à l’islam, il est en guerre depuis l’Hégire.

    L’attitude française est insensée, comme l’étatsunienne.
    Les islamistes peuvent nous infliger des pertes hors de proportions avec les leurs, même nos frappes aériennes sont au-dessus de nos moyens alors que nos économies s’effondrent sous le poids du socialisme.

    Au lieu de commettre la faute de mépriser notre ennemi, alors que ses 1400 ans de détermination essentiellement invaincue nous placent en situation de profonde faiblesse, nous qui sommes nihilistes et décadents, nous devrions
    – Déchoir de la nationalité et expulser les islamistes français
    – Employer nos ressources à l’accueil exclusif des persécutés de l’islam, ce qui fait du monde

    Nous ne pouvons vaincre un pays islamiste.
    Séparons-nous d’eux, excluons toute immigration de ces pays, et laissons-les s’apaiser dans l’uniformité que l’islam leur impose d’assurer sur leur sol.
    Les musulmans de pays purement musulman seront moins islamistes puisqu’ils n’ont plus d’infidèles à soumettre.
    Il faut donc contenir l’islam à ses frontières.

    Il faut que la base du nouvel ordre mondial soit le respect des frontières civilisationnelles, sur le modèle des pays musulmans, qui sont tous confessionnels.
    Ce n’est pas notre souhait, mais nous devons cesser de faire comme si nous pouvions faire fi des autres civilisations qui cohabitent sur cette planète.

    Nous définir comme une aire civilisationnelle où l’islam peut s’inviter, pendant que l’aire musulmane est à l’islam, ce n’est pas être pacifique mais pacifiste, c’est inciter au djihad.
    Nous définir comme des pays chrétiens, c’est parler un langage que l’islam peut comprendre, et nous donner les moyens de le contenir hors de nos frontières.

    16 octobre 2014 à 22 h 16 min
  • R. Ed. Répondre

    L’assassinat de Kadhafi, pour supprimer des preuves compromettantes.

    15 octobre 2014 à 20 h 07 min
  • DA85 Répondre

    Monsieur Lambert vous passez très vite sur la première guerre civile initialisée par De Gaulle commencée en 1940 et qui se termina après la dernière exécution en 1948
    De Gaulle fut essentiellement un homme de guerre civile et il recommença en 1962 pour enterrer l’Algérie Française.
    Les combats de Syrie en 1941 ont fait au total 10.000 morts. Tout cela parce que De Gaulle l’a voulu. Ces 10.000 soldats auraient mieux été employé à libérer notre pays.

    15 octobre 2014 à 18 h 02 min
    • euréka Répondre

      Quelle guerre civile 1940-1948 ?

      15 octobre 2014 à 22 h 15 min
  • Jaures Répondre

    Pourquoi 75 ans ?
    La France, avant même de s’appeler ainsi, n’a connu que la guerre.
    Goûtons d’autant mieux nos quelque décennies de paix relatives.
    Ces mêmes décennies que certains considèrent comme suicidaires tant est grande leur nostalgie des conflits sanglants.

    15 octobre 2014 à 16 h 43 min
  • euréka Répondre

    La suite est prévisible

    15 octobre 2014 à 15 h 25 min
    • euréka Répondre

      La suite est prévisible. Conforme au projet de Washington de museler la France après avoir fait en sorte de l’affaiblir économiquement pour la renvoyer définitivement dans le camp des puissances mineures. Nous entrerons définitivement dans le clan des pays du Club Med, toute souveraineté perdue, sous pilotage FMI. Nous continuerons à fournir nos meilleurs chercheurs aux amerloques. Ah qu’ils sont bons nos amis de l’Otan. Notre armée sera disloquée et réduite à sa plus simple expression.
      La seule voie de sortie de cette étreinte anglo-sax maléfique, est une sortie de l’euro suivie d’un rapprochement avec l’ URSS et les Brics ! Faute de quoi dans peu de temps nous serons commandés par les Finlandais, les Allemands, les Néerlandais et les Polonais qui continueront à nous traire..alors que nous avons déjà tant donné à l’UE.
      L’élargissement à marche forcée de l’UE est une stratégie américaine que nous avons aidée à financer alors que cette extension ne sert en rien nos intérêts, mais uniquement ceux des Américains. D’ailleurs, ça commence toujours comme cela , avant d’être en attente d’entrée en UE, tout pays doit d’abord conclure un rapprochement économique avec les américains. 1ère phase.
      La deuxième phase est l’entrée officielle dans l’UE. La troisième phase, l’ entrée dans l’Otan.
      Y -t-il une seule bonne raison pour que nous continuions à financer la mégalomanie américaine ?

      15 octobre 2014 à 15 h 55 min
  • vozuti Répondre

    Les 2 exemples qui résument le mieux la politique étrangère incohérente ou criminelle de nos dirigeants sont
    1) le soutient apporté par Mitterrand,balladur et Juppé au génocide du Rwanda
    2) l’assassinat de Kadhafi par sarkosy et juppé pour installer les islamistes en libye.

    15 octobre 2014 à 13 h 12 min

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