La pression monte autour des experts du climat

La pression monte autour des experts du climat

« Je veux dire aux sceptiques, qui me voient comme le visage et la voix de la science du changement climatique, que je ne suis pas disposé à les satisfaire. Je resterai président du GIEC jusqu’au terme de mon mandat. » Dans un entretien accordé lundi 25 janvier à la BBC, Rajendra Pachauri, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a exclu toute démission. La déclaration n’est pas inutile, car le groupe de scientifiques se trouve, depuis fin 2009, au centre de plusieurs polémiques ouvertes par la presse conservatrice britannique et la blogosphère.

« Climategate »

La chasse commence deux semaines avant la conférence de Copenhague, avec l’affaire dite du Climategate. Mi-novembre, des hackers s’introduisent dans les serveurs de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) et divulguent sur Internet la correspondance privée de plusieurs climatologues – auteurs du GIEC pour certains. Les morceaux choisis de cette correspondance en circulation sur le Net entretiennent la rumeur de manipulations de données.

L’American Geophysical Union (AGU), qui rassemble quelque 50 000 chercheurs en géosciences, a estimé que « rien, dans ces courriels, ne remet en cause le fait scientifique que le réchauffement est réel et que les activités humaines en sont presque certainement la cause ». La revue Nature a, quant à elle, qualifié l’affaire de « risible ».

« Pachaurigate »

Le 20 décembre 2009, The Sunday Telegraph accuse Rajendra Pachauri de profiter de sa position à la tête du GIEC pour accumuler, à son bénéfice personnel, des contrats avec des entreprises intéressées par les politiques liées au changement climatique.

Le centre de recherche à but non lucratif, TERI (The Energy and Resources Institute), que dirige par ailleurs M. Pachauri, a répondu que « par principe, en ce qui concerne les honoraires ou autres rémunérations reçus pour des conseils donnés à des organisations ou pour des conférences, M. Pachauri a scrupuleusement insisté pour que les paiements soient faits à TERI ». Et non à son bénéfice personnel.

« Glaciergate »

Le 17 janvier, The Sunday Times publie un article attirant l’attention sur une polémique en cours dans la communauté scientifique. Le dernier rapport du GIEC (2007) donne dans un paragraphe une estimation erronée de la date de disparition des glaciers de l’Himalaya. Le deuxième volet du rapport (« Impacts, adaptation et vulnérabilités ») fait en effet état d’une disparition de ces glaciers en 2035. Le chiffre, erroné, n’est pas issu de travaux scientifiques, mais provient d’un rapport de 2005 d’une ONG de protection de la nature – le WWF – qui lui-même s’inspirait d’un article de presse publié en 1999 par l’hebdomadaire New Scientist. Le GIEC a reconnu son erreur, faisant toutefois valoir que celle-ci ne figurait pas dans le « Résumé à l’intention des décideurs », document d’une vingtaine de pages adressé aux politiques et qui résume les points clés du rapport.

« Cyclonegate »

Le 24 janvier, The Sunday Times ajoute une nouvelle suspicion au tableau. Le quotidien dominical croit savoir qu’une autre erreur s’est glissée dans le dernier rapport du GIEC. Cette fois-ci, celui-ci se serait appuyé sur une étude non publiée, menée par Robert Muir-Wood, pour affirmer que le changement climatique favorise les phénomènes extrêmes – tempêtes, cyclones, etc.

« Cette fois-ci, c’est l’erreur du Sunday Times, pas celle du GIEC, déclare cependant son vice-président, Jean-Pascal van Ypersele. Le journal confond deux choses très différentes que sont le lien possible entre réchauffement et pertes économiques dues aux phénomènes extrêmes(objet des travaux de M. Muir-Wood)et le lien possible entre le réchauffement et les phénomènes extrêmes eux-mêmes… »

Stéphane Foucart et Hervé Kempf

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Comments (2)

  • françois Répondre

      En fait, on découvre régulièrement des "erreurs" ( pour être gentil) dans ce rapport du Giec 2007. Les deux derniers en date sont le " malariagate" et "l’amazonegate". Même principe, des erreurs monumentales basées sur des articles fantaisistes ( WWF, Greenpeace, travaux d’étudiants…) voire sur des conversations. En tout cas RIEN de scientifique, et surtout contredit par les plus grands spécialistes mondiaux de la discipline concernée.

      Cela commence à faire beaucoup.

    3 février 2010 à 17 h 48 min
  • Anonyme Répondre

    De toutes façons, le GIEC ne rend officiel que ce que les gouvernements veulent entendre et utiliser comme alibi afin de créer des taxes acceptées par les peuples qu’ils gouvernent.  C’est le but.

    De plus les hommes politiques n’ont lu que l’abstract du rapport volumineux du GIEC, et l’abstract est mal rédigé et reflète, par des ambiguités, très mal le contenu du rapport.

    Le GIEC sait très bien que la terre a subi et subira encore des periodes de réchauffement de de refroidissement alternées.  Nous allons actuellement, depuis le 17ème-18ème siècle,  vers un réchauffement comparable à celui en vigueur au moyen-âge où le Groenland était verdoyant. 

    Le réchauffement est naturel, dû à une interactivité terre-soleil, et champs magnétiques de Van Halen en baisse très lente mais constante, mais aussi dû à 99.41 % à la vapeur d’eau et seulement à 0.45 % au CO2.  Mais la vapeur d’eau ne fait pas peur.  Alors on raconte des fables aux gens sur la montée du CO2 pour qu’ils s’affolent et payent des taxes carbones sans broncher.  C’est comme la grippe A.

    Cela dit, ce cirque a un intérêt positif en donnant un coup de pied aux fesses aux autorités et aux humains  en général pour changer de technologies, mieux préserver les énergies et respecter enfin la planète.

    Quant aux contrastes forts entre été et hiver, aux coups de trafalgars de la météo, que celà plaise ou non, ça sera comme ça.  Il faut bien que les humains payent des siècles de gaspillage, de spoliation et de connerie.  Moi, je ne pleure pas.

     

     

    2 février 2010 à 18 h 41 min

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