Les musées sont-ils en train de devenir « woke » ?

Les musées sont-ils en train de devenir « woke » ?

Un article du « Daily Telegraph » attirait dernièrement notre attention sur un phénomène en marche depuis maintenant des années, mais qui semble s’être encore accéléré ces derniers temps : la « wokisation » de nos musées d’art.

Comme l’indique très justement l’article, de plus en plus de musées ne se contentent plus aujourd’hui de conserver des œuvres ni de transmettre des connaissances, ce qui avait pourtant été – et devrait toujours être – leur mission fondamentale : il leur faut désormais prêcher, militer et rééduquer.

C’est ainsi que de plus en plus d’expositions temporaires sem­blent reprendre à la lettre le langage « woke » de la culpabilisation de l’Occident, vu comme une civilisation foncièrement impérialiste, raciste et patriarcale, censée être à l’origine de tous les maux de la planète : soit en réduisant ou en travestissant de grands artistes du passé en figures de l’« homme blanc capitaliste », soit en détournant les préoccupations réelles d’un artiste – tel l’Américain Winslow Homer – pour en faire un précurseur de l’« antiracisme », de l’écologie et de la lutte contre l’impérialisme.

Citons comme exemple de ce type d’exposition celle que la « Tate Britain » a consacrée à Hogarth (de novembre 2021 à mars 2022), laquelle semblait prendre prétexte sur l’art de ce dernier pour mettre en accusation le patriarcat et le racisme souvent associés à la période géorgienne en Angleterre (1714-1830).

Le même phénomène peut être observé en France : le magazine « Causeur » revient ainsi dans son dernier numéro (novembre, n° 106) sur l’exposition que l’on peut actuellement voir au musée du Luxembourg sur les trésors de Dresde, laquelle « détourne ( …) des chefs-d’œuvre ( …) pour culpabiliser les Européens d’être ce qu’ils sont ».

En outre, les nouvelles rhétoriques muséales tendent à transformer les musées en « espaces » où chacun est censé prendre part, de manière « participative », à la « déconstruction » du récit historique, au « décentrement » du regard – nécessairement trop polarisé sur la production artistique en Occident –, ainsi qu’à la « décolonisation » des arts.

Au reste, cette politisation grandissante des expositions d’art n’est guère étonnante lorsqu’on sait que l’ICOM (International Council of Museums) a voté en août de cette année une modification de la définition du rôle des musées : « au service de la société », le musée du XXIe siècle doit être « accessible et inclusif », et doit encourager « la diversité et la durabilité », « avec la participation de diverses communautés ».

En 2017, la présidente du Comité permanent pour la définition du musée, perspectives et potentiels de l’ICOM, Jette Sandahl, avait déjà estimé que la définition des musées – dont la dernière version remontait à l’année 2007 –, « ne parlait pas le langage du XXIe siècle » – traduction en clair : ne parlait pas suffisamment le langage « woke ».

Il est urgent de « dépolitiser » et de « désidéologiser » les musées, de manière que ceux-ci puissent enfin revenir à leur vocation première de conservation, d’éducation et de promotion de la recherche en histoire de l’art.

Matthieu Creson

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Comments (1)

  • Sansillusions Répondre

    Devant cette avalanche d’accusations de la part de dingues et autres dégénérés contre “l’homme blanc” et ses oeuvres, pourquoi ce dernier ne répond il pas tout simplement aux accusateurs : voici les oeuvres que j’ai produites, mettez les en comparaison avec vos gribouillages et autres merdasses ? Et clore tous les débats par un bon gros je vous emm….de!
    En passant, pourquoi ne pas rappeler aux pleurnicheurs exigeant des compensations financières pour se faire entretenir comme des prostitués, que, nous, par exemple, les descendants de “gaulois” ou assimilés avons eu effectivement un grand “privilège” par rapport aux populations africaines : nous avons été esclavagisés par les Romains près de 1000 ans avant eux.
    Aussi, nous les invitons à s’asseoir sur leurs exigences éternelles. La coupe est pleine et elle déborde.

    6 décembre 2022 à 17 h 46 min

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