L’insurrection du Caire

L’insurrection du Caire

21 OCTOBRE 1798 : LES FRANÇAIS SONT ÉGORGÉS AU CAIRE

(Rappel :  les Frères musulmans est une organisation islamique sunnite fondée en 1928 par Hassan El-Banna, dans le nord-est de l’Égypte. )

A l’aube du 21 octobre 1798, les muezzins, aux balcons de leurs minarets, n’appellent pas les croyants à la prière, mais au djihad, à la guerre sainte contre les Français.

Aussitôt, devant les mosquées, des foules se rassemblent, excitées dans leur haine des Français par les imams qui leur font jurer par le Prophète d’exterminer tous les Français rencontrés.

Dans les souks, ces foules obligent par la violence les boutiquiers à fermer.

Un groupe s’en détache et se rend chez un vieux magistrat, jusque-là respecté de tous, mais à qui ils reprochent ses sentiments francophiles, le cadi Ibrahim Ekhtem. On tente de le faire sortir de chez lui, on prétexte qu’il doit rencontrer Bonaparte.

Sentant le piège, le cadi refuse. Il est aussitôt roué de coups puis égorgé. On met le feu à sa maison. Cet incendie est le signal de l’insurrection du Caire.

Les Français, devant le fait que Bonaparte avait témoigné pour l’Islam, le Coran et Mahomet, d’un important respect, libéré le pays de la violence des mamelouks et de la domination des Ottomans, réprimé sévèrement le pillage, organisé et modernisé le pays en créant des hôpitaux, des moulins, des fours, remis en état les canaux, créé de nouveaux plans d’irrigation, apporté de nouvelles méthodes de culture, et crée un conseil formé de notables et d’oulémas, les Français donc, se sentent en sécurité au Caire. D’ailleurs, aucun plan n’a été programmé pour prévenir une éventuelle insurrection.

Ce 21 octobre, les soldats, officiers et savants circulent et vaquent paisiblement en ville.

Ceux qui sont isolés sont rapidement cernés et égorgés.

Les magasins des européens sont pillés, leurs propriétaires assassinés.

Puis la foule en furie se retourne contre les musulmans favorables aux Français et leur fait subir le même triste sort. La foule ravage maintenant les maisons occupées par des Français.

La maison du général Caffarelli est prise d’assaut. Heureusement, le général n’y est pas, il est en inspection avec Bonaparte. Duval et Thévenot, deux ingénieurs des Ponts et Chaussées, se retranchent dans les combles de cette maison, et résistent, avant, eux aussi, d’être égorgés.

le chef des ingénieurs géographes, en chemin vers la maison de Caffarelli, et le dessinateur Duperrès subissent le même sort.

Au bout d’une heure, tous les soldats français qui étaient de faction dans les quartiers populeux on été égorgés.

Un convoi de malades appartenant à la division Regnier, et venant de Belbeys, est aussi égorgé.

Le payeur général Estève ,encerclé par la foule haineuse, est sauvé in-extremis par l’intervention du général Dumas.

Plusieurs milliers d’émeutiers se dirigent maintenant pour piller le Trésor public, En face d’eux, quelques poignées de grenadiers de la 32e demi-brigade s’y opposent héroïquement, et les repoussent.

C’est maintenant l’Institut d’Égypte et le palais Kassim Bey, habité par les membres de la Commission des Sciences et des Arts, qui sont la cible des émeutiers.

Là, ils le savent, il n’y a aucun soldat. Mais les savants réagissent courageusement, obstruent les portes et les fenêtres de l’immeuble, et distribuent des fusils et des cartouches aux jeunes élèves des Écoles. Ils font feu sur la foule qui, surprise par cette résistance, reflue.

“Il est trop tard, vous avez commencé, maintenant je vais finir !”

Nos soldats réagissent à cette insurrection. Ils pointent les canons et tirent sur les foules agressives.

Pendant la nuit, les soldats français qui étaient hors de la ville y entrent, et repoussent les derniers rebelles qui se réfugient dans la mosquée Al-Azhar. Au lever du soleil, leurs chefs crient: “Aman ! Pardon !” Bonaparte leur répond :”Il est trop tard, vous avez commencé, maintenant je vais finir !”.

Il ordonne à son artillerie d’ouvrir le feu sur la mosquée. Les Français enfoncent les portes et éliminent les émeutiers.

Dans cette émeute contre les Français, Bonaparte a perdu 800 soldats, dont le général Dupuy et le Polonais Joseph Sulkowski, son aide de camp préféré.

Il se doit d’y répondre avec fermeté. Les émeutiers sont canonnés, fusillés à bout portant, écrasés et vaincus après avoir perdu de 5 à 6 000 hommes. A la férocité de la rébellion musulmane succède la détermination et l’inflexibilité de la réaction française. Bonaparte exige que maintenant “tout Français doit être bien armé, avoir ses armes en état et les munitions nécessaires”, puis décide, dans la ville enfin apaisée, de pardonner aux émeutiers survivants.

Après cette démonstration de force, le Caire redeviendra calme et ne se révoltera plus, tant que Bonaparte demeurera en Égypte.

Louis Catalayoud – [email protected]

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