Mémoire sélective

Mémoire sélective

Les commémorations du 75e anniversaire du débarquement de Provence ont donné lieu à un déferlement d’informations dithyrambiques sur les combattants de l’ex-Empire français. Certes, cet hommage est mérité et n’est que justice. Dans le même temps, les historiens-militaristes d’un jour nous ont abreuvés de considérations sur l’ingratitude de la Nation à l’égard de ces pays auxquels nous devons tout et qui, bien entendu, ne nous doivent rien. C’est faire d’une pierre deux coups : acte de repentance subliminal et falsification assumée de l’Histoire. En effet, trois grands absents dans ces commémorations :

  • es Américains, sans lesquels rien ne se serait passé en Provence, mais on connaît la méthode de la mémoire sélective depuis longtemps,
  • le maréchal Juin quasiment oublié au profit du maréchal de Lattre, politiquement plus présentable,
  • les pieds-noirs, marginalisés, alors que ce sont eux qui ont fourni à partir de 1942 l’effort de guerre le plus important, contrairement aux légendes complaisamment répandues dans les manuels d’histoire. Il est vrai qu’ils ne portaient pas la croix de Lorraine en sautoir !

L’incontestable réalité des chiffres est éloquente : en 1942-44, l’Armée d’Afrique a engagé 353 000 hommes, dont 180 000 pieds-noirs (sur une population totale de 1 125 000 personnes) et 173 000 Maghrébins et Africains (pour environ 70 millions d’habitants en Afrique du Nord et en Afrique noire). Le taux de mobilisation est estimé à 16,4 % pour la population européenne d’Afrique du Nord et à 1,58 % pour la population indigène. À la fin de la guerre, les taux de pertes s’élevaient à 5 % pour les troupes nord-africaines (12 000 tués), 6 % pour les troupes européennes de métropole (40 000 tués) et à 8 % pour les Européens d’Afrique du Nord (14 000 tués). Tout commentaire serait superflu.

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