Non, les médecins ne sont pas des criminels

Bernard Debre

Non, les médecins ne sont pas des criminels

Bernard Debre
Bernard Debre

Le désir d’être médiatisé détermine actuellement le comportement de millions d’individus. Ils sont prêts à raconter n’importe quoi pour qu’on parle d’eux à la radio, qu’on les interroge à la télévision, qu’on montre leur photo à la première page d’un journal, ou qu’on diffuse leur pensée sur Internet. Un tel comportement a toujours existé, même avant l’invention de l’écriture par l’homme.

Bernard Debré a 68 ans. Il est le fils de Michel Debré, et il a toujours eu une double carrière, médicale et politique. Il est chirurgien et, depuis 1990, chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin. C’est aussi un homme politique et, depuis 2004, il est député du 16e arrondissement de Paris.

Philippe Even a 82 ans. Il a été pneumologue et professeur à l’université de Paris-Descartes. Il a été doyen de l’hôpital Necker de 1988 à 2000. Il est l’auteur d’une centaine de publications scientifiques, pas toujours bien étayées par de solides recherches, mais cherchant toujours à attirer l’attention des médias.

Il a, depuis des années, écrit plusieurs livres en collaboration avec Bernard Debré, critiquant durement l’industrie pharmaceutique qui n’aurait, selon lui, qu’un seul but : gagner de l’argent, en se moquant totalement et de l’efficacité et des dangers de ses médicaments.

Ces deux médecins viennent de sortir un énorme livre de 900 pages intitulé « Le guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux ». Dans ce livre, ils n’hésitent pas à affirmer que 50 % des médicaments seraient inutiles, 20 % mal tolérés et 5 % exposeraient à des troubles très graves.

À lire ces deux grands patrons de la médecine française, on pourrait croire qu’en France, l’industrie pharmaceutique ne subit aucun contrôle. Ce qui est totalement faux.

Un laboratoire trouve, par exemple, un jour une nouvelle molécule qui lui semble efficace chez la souris contre la tuberculose. Il va d’abord tester pendant des années l’efficacité et la toxicité de cette nouvelle molécule sur les animaux. Il passera ensuite à l’expérimentation sur l’homme et des milliers de volontaires sachant qu’on expérimente un nouveau médicament sur eux seront utilisés. Toutes ces expérimentations durant des années coûtent très cher et des milliards d’euros sont nécessaires. Ce qui expli­que le coût élevé de certains médicaments et l’interdiction de les copier pendant un certain temps…

Tous les médicaments peuvent être dangereux chez certains individus et même tuer. L’aspi­rine elle-même peut tuer. Il ne faut pas juger un médicament uniquement sur quelques cas défavorables. Mais il faut faire un bilan. Tous les antibiotiques tuent dans certaines circonstances, c’est évident. Mais les maladies non traitées continuent à tuer des millions de personnes dans les pays qui n’ont pas les moyens de s’offrir des antibiotiques.

En France, depuis la nationalisation de l’assurance-maladie en 1945, la Sécurité sociale rembourse, partiellement ou totalement, les médicaments que nous achetons. Et beaucoup de Fran­çais aiment avoir une ordonnance à la fin de leur consultation. De ce fait, de nom­breux médecins prescriraient des médicaments inutiles, pour con­server leurs clients. Ainsi, selon le professeur Debré, plus de 50 % des médicaments seraient inutilement prescrits.

Il y a certainement une part de vérité dans cette affirmation. Et il serait bien préférable de privatiser l’assurance-maladie, en rendant, bien entendu, aux Français l’argent qu’on leur prend pour financer la Sécu. Une telle privatisation fait toujours baisser le coût de la médecine, là où elle est appliquée et donne plus de pouvoir d’achat à la population.

Pour conclure, malgré tous les morts que les vilains laboratoires feraient avec leurs médicaments pour gagner de l’argent,

. Il n’y a pas que les progrès de la médecine qui sont responsables de ce fantastique progrès. Mais la médecine y contribue pour une très large part. Que nos médecins continuent donc à prescrire !…

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Comments (3)

  • Richard HANLET (Dr) Répondre

    C’est surtout une question de temps. Nous prescririons moins si nous avions plus de temps à consacrer au patient, pour l’écouter, pour être plus empathique… Mais à 23 € “la passe”… Alors une ordonnance, ça va plus vite. Même si on sait qu’elle ne servira probablement pas à grand chose… C’est triste, mais c’est le système qui veut ça.

    23 octobre 2012 à 0 h 13 min
  • QUINCTIUS CINCINNATUS Répondre

    @ checlo

    vous avez mon assentiment … médical

    un ” malade” sur trois aux Pays Bas ” sort ” d’une consultation médicale sans ordonnance*** mais toujours avec un diagnostic , un suivi , des conseils de mode de vie etc …

    *** médicaments , actes de biologie ou d’imagerie médicale , physiothérapie etc …

    18 octobre 2012 à 14 h 37 min
  • checlo Répondre

    Pour une fois qu’on met les pieds dans le plat ! On ne va bouder le plaisir d’officialiser les méthodes peu avouables des fabriquants de remèdes !
    Je n’ai pas lu ce livre, mais je suis comme eux convaincu de l’inutilité totale de la moitié des prescriptions médicales.
    Vous dîtes bien dans votre article, que les français aiment ressortir de la consultation AVEC une prescription médicamenteuse… C’est tout le problème… Il faudrait qu’ils aiment ressortir SANS prescription .
    S’ils nétaient pas remboursés où alors avec de grosses franchises, la consommation deviendrait de facto nettement plus raisonnable !
    La ss ferait d’énomres économies et le patient s’en porterait encore mieux !

    18 octobre 2012 à 8 h 33 min

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