Une longue et inexorable évolution

Une longue et inexorable évolution

Je dois à un lecteur des « 4 Vérités », M. H. Das, un texte de Gustave Le Bon, médecin et sociologue, aujourd’hui oublié mais très connu à la fin du xixe siècle. Je le cite ci-après car il me paraît s’appliquer parfaitement au cas de la France.
« Arrivée à un certain niveau de puissance et de complexité, la civilisation cesse de grandir, et, dès qu’elle ne grandit plus, elle est condamnée à décliner rapidement. L’heure de la vieillesse va sonner bientôt.

Cette heure inévitable est toujours marquée par l’affaiblissement de l’idéal qui soutenait l’âme de la race. À mesure que cet idéal pâlit, tous les édifices religieux, politiques ou sociaux dont il était l’inspirateur commencent à s’ébranler.

Avec l’évanouissement progressif de son idéal, la race perd de plus en plus ce qui faisait sa cohésion, son unité et sa force. L’individu peut croître en personnalité et en intelligence, mais en même temps aussi l’égoïsme collectif de la race est remplacé par un développement excessif de l’égoïsme individuel accompagné de l’affaissement du caractère et de l’amoindrissement des aptitudes à l’action. Ce qui formait un peuple, une unité, un bloc, finit par devenir une agglomération d’individus sans cohésion et que maintiennent artificiellement pour quelque temps encore les traditions et les institutions.

C’est alors que divisés par leurs intérêts et leurs aspirations, ne sachant plus se gouverner, les hommes demandent à être dirigés dans leurs moindres actes, et que l’État exerce son influence absorbante. La race finit par perdre aussi son âme. Elle n’est plus qu’une poussière d’individus isolés et redevient ce qu’elle était à son point de départ : une foule. Elle en présente tous les caractères transitoires sans consistance et sans lendemain. La civilisation n’a plus aucune fixité et tombe à la merci de tous les hasards. La plèbe est reine et les barbares avancent. La civilisation peut sembler brillante encore parce qu’elle conserve la façade extérieure créée par un long passé, mais c’est en réalité un édifice vermoulu que rien ne soutient plus et qui s’effondrera au premier orage ».

Ce texte me donne l’occasion de retracer brièvement les grandes étapes de la décadence française. On verra qu’elles ne sont pas conformes aux manuels de nos écoles laïques, marxistes et syndiquées.
Si l’apogée de la puissance de la France dans tous les domaines fut le siècle de Louis XIV, les premiers signes du déclin apparurent avec le désastreux traité de Paris de 1763 où la France perdit l’Inde, le Canada et ce qui devait devenir les Etats-Unis au profit de l’Angleterre qui, à la suite de cette victoire, fut la super-puissance jusqu’à la deuxième guerre mondiale, c’est-à-dire pendant deux siècles.

Mais ce fut la Révolution de 1789 qui devait briser les reins de la « grande nation », comme disaient les Allemands. Génocides des Vendéens parce que catholiques et royalistes avec femmes et enfants enfermés dans les églises incendiées par les colonnes républicaines sur ordre de la Convention ; massacre quotidien place de la guillotine dite de La Concorde à Paris où, certains jours, les bourreaux pataugeaient dans 30 centimètres de sang, au nom des « lumières » éclairant les « droits de l’homme » ; destruction du patrimoine national : cathédrales et châteaux incendiés, mobilier vendu clandestinement à l’Angleterre… En dix ans, ce fut la ruine. Il fallut faire appel à un général pour éviter l’effondrement. On trouva Napoleone Buanaparte d’origine gênoise par son père passé par la Corse, française depuis peu. Il gagna des batailles, se fit nommer empereur, monarque plus absolu que le pauvre « tyran » Louis XVI décapité, et finalement perdit la guerre, laissant la France exsangue, après avoir pillé toute l’Europe. Ainsi, fut-on mis au ban des nations.

35 ans après Waterloo, on retrouva un autre Napoléon en la personne de Napoléon III dit le petit, dit encore Badinguet qui fit tant et si bien qu’on aboutit à la défaite de 1870 avec la proclamation de l’empire allemand dans le château de Versailles d’où les officiers prussiens suivaient avec intérêt les atrocités et destructions de la Commune de Paris. Pendant ce temps, « l’empereur des Français » fait prisonnier par l’armée prussienne était enfermé en Allemagne et l’Alsace-Lorraine devenait « Reichsland !

Il y eut cependant une embellie. À la fin du xixe siècle, la France réussit la première révolution industrielle. L’industrie française, en particulier celle de l’armement, et le franc or dominaient le monde avec, il est vrai, la livre sterling. On créait un nouvel empire colonial, certes moins puissant que l’empire britannique mais néanmoins important. C’était « la belle époque ». Las ! la guerre de 1914, née dans le chaudron balkanique et qui aurait pu être évitée, se solda par une victoire épuisante. 1 357 800 tués, 3 595 000 blessés. La France ne s’en relèvera pas.

Apparurent alors les deux facteurs, certains disent virus, qui vont peu à peu achever le malade, le marxisme-léninisme d’abord, la France étant après l’Union soviétique, le pays le plus favorable à la révolution bolchevique et au socialo-communisme qui en résulte. On eut le Front populaire en 1936 et la scandaleuse défaite de 1940, puis après un redressement dû à l’aide américaine bien gérée, ce fut, pour faire bref, 1981. On connaît la suite. Une immigration massive, deuxième facteur aggravant, un chômage massif – la France compte 4 millions d’hommes et de femmes payés par l’État à ne rien faire sur une population active de 25 millions de personnes – un endettement massif, une fiscalité massive, le commencement d’une guerre civile ethnique et religieuse et, chaque jour plus forte, la tentation de museler la liberté d’expression.

Christian Lambert
Ancien ambassadeur de France

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Comments (1)

  • grandpas Répondre

    Article lumineux!

    28 février 2006 à 8 h 57 min

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