Chômage et parité fixe

Chômage et parité fixe

Le chômage envahit l’Eu­rope, les banquiers spéculent et la crise européenne perturbe maintenant le monde entier.
José Manuel Barroso est in­quiet. Les banques centrales américaine ou japonaise supplient les Européens de trouver d’urgence le moyen de stopper la spéculation contre l’euro.

Les gouvernements européens veulent bien payer les dettes de la Grèce, qui ne sont pas trop élevées, mais non celles de l’Espagne ou du Portugal, bien plus importantes. Ils sont aussi agacés par la façon dont l’Alle­magne et la France essaient de prendre le pouvoir économique en Europe.

Le gouvernement actuel de la France annonce qu’il va demander aux autres gouvernements européens de punir les vilains banquiers qui spéculent. En les taxant quand ils vendent ou achètent des actions ou des obligations. Et plusieurs gouvernements européens semblent être d’accord.

Les agences de notation sont dans leur collimateur. Comme ce qu’elles annoncent n’est pas flatteur, on les accuse d’être incompétentes.

Les socialistes français, qui viennent de prendre la majorité au Sénat et pensent bien la prendre en France en 2012, en rajoutent : pour sauver les PME françaises, il faut prendre le pouvoir en y devenant actionnaires ma­joritaires, et, ensuite, il faut les empêcher de licencier si elles annoncent des bénéfices (bénéfices faits à l’étranger…).

Tous les responsables politiques, médiatiques ou économiques interviennent à longueur de journée.

Ils commencent tous par nous dire qu’il ne faut pas nous affoler. Mais, plus le temps passe, plus la crise s’aggrave. On les croit de moins en moins.

Ils nous disent tous, aussi, que ce ne sont pas eux les responsables de la crise, mais que ce sont les vilains banquiers qui spéculent.
Or, les banquiers vendent ou achètent des actions (ou de l’or) en fonction des lois que les politiques imposent aux peuples. Quand ces lois ne perturbent pas l’économie, les banquiers n’ont pas l’occasion de spéculer. Dans le cas contraire, les banquiers interviennent et spéculent. Et ils sont suivis par ceux qui cherchent à bien placer leurs économies.

Un exemple illustre ce fait. Quand les taxes imposées aux entreprises dans deux pays qui ont des échanges commerciaux sont identiques, les « spéculateurs » n’ont pas l’occasion d’intervenir. Mais quand les taxes sont supérieures dans un des deux pays (c’est le cas de la France), les banquiers achètent les actions des entreprises situées dans le pays le moins taxé. Ils savent que les entreprises de ce pays feront plus de bénéfices. Les responsables politiques leur offrent ainsi une belle occasion de spéculer et ils le font sans hésiter.

Un fait nous semble extraordinaire. Dans cet immense brouhaha économique, pas une seule fois, il n’est fait allusion à une contrainte essentielle des politiques sur l’économie. Car, avec la création de l’euro, une parité fixe unit nécessairement les anciennes monnaies à l’euro, donc entre elles. La monnaie unique impose cette parité fixe.

Or, depuis plus de 10 ans, cette parité fixe n’a pas été modifiée. Dans chaque pays, les prix de production augmentent de fa­çon différente. Chaque peuple a son propre comportement. Ils augmentent lentement en Alle­magne, ils augmentent plus ra­pidement en France : environ 3 % de plus tous les ans, ce qui fait 30 % au bout de 10 ans. La même voiture fabriquée en France vaut donc 30 % de plus que celle qui est fabriquée en Allemagne.

Le spéculateur fait ce constat. Mais un enfant de 10 ans en ferait tout autant. Le spéculateur vend donc ses actions Renault et achète des actions Volkswagen.

Les responsables politiques actuels veulent conserver l’euro qui présente, selon eux, de sérieux avantages. Parfait. Mais, pour y arriver, ils mettent en place un système inefficace : ils s’engagent à payer les dettes de ceux qui dépensent trop.

Or, chaque jour qui passe augmente, du fait de la parité fixe, le déficit du pays où les prix grimpent le plus rapidement. Cette parade est absurde, car elle ne corrige pas la cause, mais les conséquences.

Nos responsables doivent impérativement, et d’urgence, modifier les parités fixes maintenues trop longtemps. S’ils ne le font pas, la zone euro va exploser. S’ils le font, ils peuvent alors espérer conserver l’euro.

Pourquoi donc ce silence as­sourdissant sur ce point essentiel de notre vie économique ?

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Comments (3)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Un chiffre qui parle de lui-même : 54% des Allemands sont pour un retour au mark ; ce chiffre s’élève même à 65% dans les Länder de l’ancienne R.D.A. … il suffit donc d’attendre que les "germains" sortent de l’euro …il faut se faire à cette évidence : le future , l’avenir de l’Allemagne c’est la Russie  (pour contrer la pénétration chinoise) notre avenir et notre future également !

    9 octobre 2011 à 12 h 44 min
  • YC Répondre

    Comme à l’occasion de chacun de vos articles, tout est dit de façon simple, concrète, factuelle, limpide. Merci Monsieur Trémeau !

    6 octobre 2011 à 0 h 49 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    <<Pourquoi donc ce silence as­sourdissant sur ce point essentiel de notre vie économique ?>>

    Comment voulez-vous qu’un politicien issu du milieu judiciaire ou du fonctionariat puisse comprendre les rouages de la finance ou de l’économie lui qui ne s’est jamais mouillé dans ces activités? Ayant atteint le niveau de la plus haute incompétence, il y prendra des mesures de la plus grande imbécilité, cela va de soi. Aux électeurs de revoir leur copie.

    PS: Un article des 4V sur le sort réservé à la société civile décrit fort bien le pourquoi et le comment.

    5 octobre 2011 à 13 h 31 min

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