Course au fric et marée noire

Course au fric et marée noire

Six mois à peine après le rendez-vous raté de Copenhague sur l’environnement, l’une des plus grande catastrophe écologique de tous les temps est en train de frapper le pays phare du développement industriel. Et cette catastrophe ne concerne pas le réchauffement climatique, dont on nous rebat les oreilles, mais la mer et le pétrole.

Elle concerne aussi l’appétit de lucre, qui est une pollution de l’esprit même de nos sociétés. Plus de 5 000 tonnes de pétrole se déversent chaque jour dans l’océan et vont souiller les côtes de Louisiane et de Floride, ou sont emportées vers les courants – le Gulf Stream ! Les produits chimiques supposées dissoudre les nappes, toxiques, aggravent la situation au lieu d’y remédier.

Or on apprend que B.P. a creusé à 22 000 pieds, au lieu des 18 000 autorisés et que ses ingénieurs avaient reçu consigne de leur direction d’accélérer les procédures de forage, en dépit des appels à la prudence de leurs collègues de Transocean, société propriétaire de la plateforme.

Que, de surcroît, une mesure de sécurité, qui consistait à alléger la pression dans le forage, avait été supprimée.

Que par ailleurs, le groupe multinational de bâtiment, de travaux publics et d’exploitaion pétrolière Haliburton, dont le PDG était jusqu’en 2000 le vice-président américain Dick Cheney, a coulé sur le site un béton défectueux, et cela sans installer les valves de sécurité obligatoires, « pour réduire les coûts », observe l’éditorialiste de Politique Magazine dans le numéro de ce journal daté de juin 2010.

Et que Transocean n’avait pas jugé utile de faire réparer la seule valve de sécurité manuelle, abîmée par une fausse manœuvre.

A quoi songent aujourd’hui les dirigeants de B.P. ? « La Compagnie a eu l’impudence de demander aux pêcheurs d’installer des filets de protection en surface, à petits prix, moyennant quoi il n’auraient plus de recours contre B.P., écrit l’éditorialiste de Politique Magazine. Cette clause scandaleuse a été heureusement cassée. La compagnie essaye de redresser son image. En vain ! »

Ne songe-t-elle qu’à son image ? Des politiques américains ayant demandé à B.P. de ne pas payer les dividendes de cette année à ses actionnaires (ils s’étaient élevés en 2009 à 10,4 milliards de dollars), les investisseurs ont été pris de panique et l’action du groupe a chuté de 40 % depuis l’explosion de la plateforme. En somme, la catastrophe diffère selon le point de vue dont on se place, celui de l’actionnaire ou celui du pêcheur…

Les dirigeants de B.P. sont-ils seuls en cause ? « Le problème est que le gouvernement fédéral sous Bush et Cheney avait lui-même présidé à l’abolition de tous les garde-fous de sécurité. Toujours plus d’argent, toujours moins de contrôles. La loi du fric ! », remarque encore Politique Magazine. Après la crise financière et économique, c’est au tour de la nature de nous adresser un avertissement.

Prométhée se brûle avec le feu qu’il a volé aux dieux.

Alexis Rabiau

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Comments (13)

  • Anonyme Répondre

    Juve : " Vous n’allez quand même pas nous dire que les ouvriers de BP travaillent pour une société meilleure. Et pourquoi pas pour l’avenir radieux des classes populaires pendant qu’on y est."

    –   J’ai dit ca, moi?
    Non, non, non…. Absolument pas. Merci de ne pas tenter d’écrire ce que je pense a ma place, je n’ai besoin de personne pour cela.
    Par contre, oui, j’ai clairement sous-entendu, et j’aurais pu écrire : "
    Et nous achetons de l’essence parce qu’on a la flemme de rouler en vélo."
    Ce qui nous rend de facto co-responsable de la cata. OK, Juve? C’est bien, bonne soirée. 

    Mancney

    23 juin 2010 à 3 h 14 min
  • Inspecteur Juve Répondre

    @ Mancney :  "les mecs qui se démènent jour et nuit sur le site pour essayer de stopper la fuite, qui n’ont probablement pas dormi normalement depuis des semaines, qui ont leurs vies personnelles et leur santé sérieusement handicapées par la catastrophe…" ne le font pas altruistement pour que nous ne soyons pas contraints de rouler en vélo.

    Ils le font parce qu’ils sont payés pour, et j’espère pour eux qu’ils sont bien payés.

    Et ils sont payés parce que leur société fait du profit en vendant du pétrole.

    Et nous achetons de l’essence parce qu’on a la flemme de rouler en vélo.

    Le plus drôle, c’est que prétendre le contraire, c’est renier les fondements mêmes de la théorie libérale : la recherche du bien individuel concoure au bien commun.

    Vous n’allez quand même pas nous dire que les ouvriers de BP travaillent pour une société meilleure. Et pourquoi pas pour l’avenir radieux des classes populaires pendant qu’on y est.

    17 juin 2010 à 14 h 13 min
  • Arno Répondre

    J’ai l’impression que les lecteurs des Quatre vérités ne savent plus combien conservatisme est différent de libéralisme, combien le paternalisme est l’opposé des sociétés apatrides, combien le poujadisme et la paysannerie qui défendaient leur pays et la nature avançaient des opinions différentes de ces "défenseurs" du profit économique.

    16 juin 2010 à 23 h 26 min
  • dagmar Répondre

    pour une fois je suis d’accord avec jAURES, moi une capitaliste egoïste et une patronne. Comme qoui, la vie n’esr pas linéaire

    Dagmar

    15 juin 2010 à 20 h 05 min
  • Jaures Répondre

    Mr l’inspecteur, c’est le Tout qui est le Faux (vous me pastichez, je peux le rendre à Hegel).

    Le "tout état" est aussi néfaste que le "tout privé". Le rôle de l’état est de fixer les règles et de contrôler dans l’intérêt général. Le privé doit prospérer en respectant les règles.
    Malheureusement, les intérêts des dirigeants des grandes entreprises se confondent trop souvent avec ceux des chefs d’état.
    Les entreprises, avec l’appui des libéraux, se sont affranchies de toutes règles et de toute forme d’éthique et, après le Tiers Monde, nous commençons à en payer la lourde facture.

    15 juin 2010 à 16 h 28 min
  • Anonyme Répondre


    Bayle : " L’attidude de B.P. et des autres intervenants, est particulièrement scandaleuse !"

    –    Oui, surtout celles des mecs qui se démènent jour et nuit sur le site pour essayer de stopper la fuite, qui n’ont probablement pas dormi normalement depuis des semaines, qui ont leurs vies personnelles et leur santé sérieusement handicapées par la catastrophe…
    Certes, des erreurs ont été faites et certains ont pris le risque de shunter des éléments de sécurité par ce qu’ils ont cru pouvoir le faire… Mais pourquoi ont-ils été amené a faire cela? Pour quelles raisons ont-ils choisi de prendre des risques supplémentaires?
    Depuis quand roulez-vous tous a vélo?

    Mancney

    15 juin 2010 à 15 h 47 min
  • françois Répondre

      C’est assez amusant, cette propention à accuser les compagnies privées de tous les maux et de toutes les turpitudes imaginables justement parce qu’elles sont privées. Je me souviens que la radieuse union soviétique utilisait des explosifs NUCLEAIRES pour ses grands travaux dans l’oural… Ce n’était pourtant pas des sociétés privées, était-ce pour gagner plus d’argent? Au paradis communiste, on serait en plein blasphème! Une chose est sûre, eux non plus n’avaient rien à faire de la vie des gens soumis aux conséquences de ces techniques d’avant garde si efficaces…

    15 juin 2010 à 13 h 34 min
  • Inspecteur Juve Répondre

    A noter que BP n’en est pas à son coup d’essai (déces, même) :

    En 2005, explosion d’une raffinerie au Texas pour cause de non maintenance des équipements de sécurité : 15 morts.

    En 2006 : fuite du pipe line en Alsaka ("ça n’arrivera jamais") : 760.000 litres de brut dans la baie !

    @Jaures : mon propos n’est pas de stigmatiser l’entreprenariat privé. Des pollutions bien pires ont été le résultat de la négligence étatique (à commencer par Tchernobyl). Mais effectivement, je ne suis pas non plus un idéologue convaincu des vertus naturelles et bienfaisantes du "laissez-faire"…

    15 juin 2010 à 10 h 27 min
  • Anonyme Répondre

    L’attidude de B.P. et des autres intervenants, est particulièrement scandaleuse ! Que les entreprises fassent du profit, c(-‘est naturel, norma, et même nécessaire, mais cela ne doit pas les empêcher, si elles acceptent les contraintes bureaucratiques, de respecter toutes les règles de sécurité. Mieux vaut prévoir que guerrir ! Ce n’est pas en se sconduisant de cette menière que les grands groupes pétroliers trouveront une certaine audience auprès de l’opinion publique, laquelle est trop heureuse de trouver, dans certains cas, des entreprises de ce genre comme boucs émissaires dans leur lutte des classes et imposer un ordre étatique que personne ne veut pourtant !

    14 juin 2010 à 17 h 46 min
  • SAS Répondre

    Commentaire de SAS……sur ce sujet comme pour les autres….

    La démonstration est faite que l on ne s arrange JAMAIS avec ceux qui ont echoués…….

    "……..comment pourraient ils réussir là où ils ont été incompétents et irréesponsables en  1 er lieux ????…..ou pire encore," ils" iront vers un nouvel échec en tentant  absolument de vous prouver que la 1 ere fois,ce sont "eux"  qui avaient bien raison….

    ……Couloir de la mort pour les dirigeant de BP et leurs staff d incapables  profiteurs , surpayés et irresponsables…..AVIDES DE POGNON ….et de ressources cérébrales.

    Je crois qu au USA la peine de mort existe toujours ? donc donnons un bon exemple clair et net aux pollueurs /non payeurs et autres responsables /pas coupables ….

    SAS  :  CRIME CONTRE LA NATURE ET LA TERRE AVEC PREMEDITATION….avec circonstances aggravantes tant ils ont mentis….

    14 juin 2010 à 17 h 04 min
  • Jaures Répondre

    Cher et sensé inspecteur Juve, vos pastiches sonnent juste !

    En ce qui me concerne, je vois ici la perversion de ce qui est défendu par les éditorialistes de ces colonnes.
    Ainsi, on comprend combien l’exigence de rentabilité des fonds de placement impliquent comme prise de risque.
    Mais la catastrophe du Golfe du Mexique n’est pas le premier méfait de BP qui a déjà ravagé le Delta du Niger dans l’indifférence générale.
    Que la pollution et la mort rémunère grassement les rentiers n’est pas un problème quand cela se passe dans le Tiers Monde. Les Américains, même Obama, n’ont jamais alors bougé le petit doigt.

    “Les compagnies pétrolières n’attachent aucune importance à nos vies”, déplore Williams Mkpa, chef de village à Ibeno. “Elles veulent notre mort. En deux ans, nous avons subi dix marées noires et les pêcheurs ne peuvent plus nourrir leurs familles ! C’est intolérable !”Avec 606 champs pétrolifères, le delta du Niger fournit 40 % du total des importations américaines de brut. (Afriquinfo)

    Cela n’a jamais ému les Américains. Mais touchez à leur pêche, à leur tourisme, à leur mode de vie alors là, enfin, ça bouge !

    Et on voudrait que ces catastrophes nous payent nos retraites !

    Il y a dans tout cela un cynisme totalement insupportable.

    14 juin 2010 à 16 h 10 min
  • Anonyme Répondre
    Nous avons pu en exclusivité interviewer deux amis fidèles des 4 Vérités.
    Voici leurs commentaires.
    Guy Millière :
     
    « Transformer tous les Blancs en Noirs, fut-ce au prix d’un badigeonnage au goudron, tel est l’objectif réel d’Obama. Ce n’est plus la société métissée qu’on nous impose, mais sa « blackisation ». J’en parlerai dans mon prochain livre sur Obama même si je dois distordre les faits pour cela. La vérité est à ce prix.
     
    D’autre part, à qui profiterait l’arrêt des forages en haute mer ? Comme par hasard, aux pays arabes ! Cela ne semble pas émouvoir les pleureuses occidentales toujours prêtes à courber l’échine devant l’antisémitisme triomphant en oubliant qu’Israël et les Etats-Unis sont les seuls remparts du monde libre contre la dégénérescence des sociétés actuelles et que ça me fait mal aux seins par ailleurs.  »
     
     
    Pascal Salin :
    « Une fois de plus, on pointe du doigt des boucs émissaires. Le seul responsable de cette marée noire, c’est l’excès de réglementation !
    1 . Si on avait laisser forer plus près des côtes, il aurait été plus  facile d’aller colmater car la profondeur serait moindre.
    2. Si les entreprises pétrolières n’étaient pas accablées de taxes et d’impôts, elles n’auraient pas besoin de tricher avec la sécurité pour maximiser leurs profits.
    3. Si les forages avaient été autorisées depuis plusieurs décennies, la catastrophe actuelle n’aurait pas eu lieu car la sécurité serait dorénavant au point. Certes, il y a aurait eu d’autres catastrophes AVANT mais pas celle-ci, or c’est bien d’elle dont il est question ».
    4. Si la mer était privatisée, au lieu d’appartenir à tout le monde, elle serait gérée « en bon père de famille » et pas par des concessionnaires qui n’ont (par construction de leur business model) aucun intérêt dans la conservation de l’écosystème »
    Jaures (internaute intrusif) :
    "Il faut nationaliser les compagnies pétrolières !!!"
    14 juin 2010 à 11 h 22 min
  • Anonyme Répondre
    Nous avons pu en exclusivité interviewer deux amis fidèles des 4 Vérités.
    Voici leurs commentaires.
    Guy Millière :
     
    « Transformer tous les Blancs en Noirs, fut-ce au prix d’un badigeonnage au goudron, tel est l’objectif réel d’Obama. Ce n’est plus la société métissée qu’on nous impose, mais sa « blackisation ». J’en parlerai dans mon prochain livre sur Obama même si je dois distordre les faits pour cela. La vérité est à ce prix.
     
    D’autre part, à qui profiterait l’arrêt des forages en haute mer ? Comme par hasard, aux pays arabes ! Cela ne semble pas émouvoir les pleureuses occidentales toujours prêtes à courber l’échine devant l’antisémitisme triomphant en oubliant qu’Israël et les Etats-Unis sont les seuls remparts du monde libre contre la dégénérescence des sociétés actuelles et que ça me fait mal aux seins par ailleurs.  »
     
     
    Pascal Salin :
    « Une fois de plus, on pointe du doigt des boucs émissaires. Le seul responsable de cette marée noire, c’est l’excès de réglementation !
    1 . Si on avait laisser forer plus près des côtes, il aurait été plus  facile d’aller colmater car la profondeur serait moindre.
    2. Si les entreprises pétrolières n’étaient pas accablées de taxes et d’impôts, elles n’auraient pas besoin de tricher avec la sécurité pour maximiser leurs profits.
    3. Si les forages avaient été autorisées depuis plusieurs décennies, la catastrophe actuelle n’aurait pas eu lieu car la sécurité serait dorénavant au point. Certes, il y a aurait eu d’autres catastrophes AVANT mais pas celle-ci, or c’est bien d’elle dont il est question ».
    4. Si la mer était privatisée, au lieu d’appartenir à tout le monde, elle serait gérée « en bon père de famille » et pas par des concessionnaires qui n’ont (par construction de leur business model) aucun intérêt dans la conservation de l’écosystème »
    Jaures (internaute intrusif) :
    "Il faut nationaliser les compagnies pétrolières !!!"
    14 juin 2010 à 10 h 34 min

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