Crise mondiale et courage politique

Crise mondiale et courage politique

Stéphane Buffetaut
Vice-président du CNIP
Ancien député européen
Conseiller au Comité économique
et social européen

Tout l’été a bruissé des annonces les plus in­quiétantes sur l’état de santé des économies des pays développés : dégradation de la note irlandaise, dégradation de la note américaine, crise grecque persistante, menaces sur l’euro, craintes pour l’Espagne, l’Italie et même la France, déclaration de Mme La­garde sur la solidité des ban­ques européennes, affolement des « marchés » – ces entités mystérieuses, anonymes et froides, qui ébranlent les peuples et les États, font le malheur de beaucoup et la fortune de certains.
Chacun le sent, les mois à venir seront ceux de tous les dangers.

Le monde risque de payer cash les dérives d’une idéologie libérale devenue folle, qui nous a imposé une mondialisation sans règles et a transformé un capitalisme industriel productif en capitalisme financier à la re­cherche avide du profit le plus immédiat, au risque de compromettre la pérennité même du système économique.

Le goût effréné du lucre et la démente recherche d’une ri­chesse virtuelle, détachée de la création de biens et de services à valeur ajoutée réelle, menacent ainsi la stabilité des États et le bonheur des peuples.

Il y a donc avis de gros temps sur le monde, à l’heure où la France entre dans une période électorale majeure.
Le vieil adage « Que cherche un élu ? Se faire réélire » sera toujours vrai, certes. Mais, cette fois, les assauts de démagogie ne seront pas de saison. Chaque citoyen devra être conscient de la responsabilité qu’il prendra en déposant son bulletin dans l’urne.

Ni les passions, ni les agacements, ni les antipathies épidermiques ne devront l’emporter. Nous n’aurons qu’une seule question à nous poser : qui de tous les candidats, à l’heure du péril, aura la fermeté, le caractère, la sérénité, l’intelligence et la volonté nécessaires pour tenir d’une main sans faiblesse les rênes du pouvoir ?

L’actuel Président de la Répu­blique, quels que soient les reproches que l’on a pu lui faire, à tort ou à raison, a démontré sa capacité à décider, convaincre et agir en temps de crise.

Interrogeons-nous sur la capacité des autres candidats à gouverner la France si, par malheur, nous devions traverser une crise mondiale majeure.
Il est des hommes gréés pour temps calme et d’autre pour les avis de tempête.

Mais, si le pouvoir isole, le pouvoir suprême isole plus encore. Or, on ne gouverne pas seul. Le peuple français, nous le savons, est lassé de ses élites politiques, économiques, administratives, syndicales et journalistiques. Il pressent un monde coupé du réel, égaré dans des manœuvres et des enjeux fort éloignés de la recherche du bien commun. Il doute de tout et de tous. Les grandes machineries politiques ne passionnent plus personne, en dehors de quelques professionnels du spectacle politicien et de quelques arrivistes inconscients de l’exaspération qui monte.
Après l’élection présidentielle viendront les législatives. Les citoyens de ce pays attendent un renouvellement. Pas tant de génération ou de couleur politique, si les uns sont les clones des autres. Ils veulent de nouvelles façons d’exercer les responsabilités politiques, qui sont parmi les plus nobles qui soient. Il est vain, pour l’homme politique, de chercher à tout prix à être aimé, car la faveur des peuples est versatile. Mais il doit avoir à cœur d’inspirer le respect. Or, pour être respecté, il faut respecter l’autre. Et le premier des respects est de dire la vérité.
Si nos grands partis attrape-tout se refusent à le comprendre, la France va s’aventurer dans une de ces périodes de troubles dont elle a le tragique secret.

Nous ne pouvons plus nous satisfaire du cynique constat : « Le système gouverne mal mais se défend bien » ! Et le ridicule appel de certains socialistes à une sixième république n’est qu’une triste farce. On pourra numéroter autant de républiques que l’on voudra, les choses ne changeront que si les cœurs et les volontés changent.

Le dégoût du peuple de France à l’égard du jeu politicien est, en fait, un appel à la conversion des mœurs politiques. Nous voici au seuil d’un difficile combat. Or, c’est toujours l’âme qui gagne les combats. Souvenons-nous en à l’heure des choix…

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Comments (4)

  • Eycud Répondre

    On parle de la France comme d’un pays qui aurait la possibilité de faire des choix bien à elle, si tant est qu’elle sache se donner des leaders compétents et honnêtes. Mais il faudrait faire un retour en arrière de quelque 50 ans, à une époque d’indépendance. A présent la France, comme les autres pays européens sont colonisés par les grands groupes financiers et autres monstrueuses multinationales, eux-mêmes rendant des comptes au petit noyau "pensant" manipulateur des politiques à l’échelle mondiale. L’Europe et son euro ne sont et n’ont jamais été des choix des Européens eux-mêmes mais un modèle imposé par les "seigneurs cosmopolites". Avant de parler de politique française il faudrait avoir le courage et la possiblité de pouvoir sortir des rets qui nous ligotent. Quel est l’individu en vue, ayant la stature d’assurer notre remise en liberté dans la brochette des mirontons proposés à nos suffrages prochains?

    10 septembre 2011 à 12 h 17 min
  • grepon Répondre

    La finance, depuis toujours, vu de 30k metres, se resume a des plus agees qui ont accumule des ressources, mettant leur resources disponible aux jeunes adultes et ceux de moyen age…ayant eux des idees et du vigeur restant, pour un prix que nous appelons interet, dividendes, retour sur investissement.

    L’observation est interressant pour la comprennette du pourquoi de la croissance du secteur financier, car, a la difference d’il y a 40 ans, aujourdhui il y a bien plus d’agees, proportionnellement, qu’auparavant…dans les pays occidentaux et le japon.    Alors, il y a beaucoup d’epargne cherchant un retour sur investissment de par l’emprunt fait aux jeunes, dont il y en a pas assez.  

    L’Allemagne est un cas de figure assez choquant en la matiere, car elle est tellement en dessus du taux de remplacement depuis si longtemps.  C’est aussi un pays assez riche grace a sa culture travaillieur et organisee.   Mais a qui peut elle faire disponible son epargne pour ganger un retour?   Elle n’a pas assez de jeunes.   Ses  professionels de l’investissement cherchent des instruments financier promettant un retour sur investissement qu’ils ne peuvent pas trouver chez eux.   Malheureusement un part trop important est alle au pays dans un pire etat, demographiquement, comme l’Espagne, l’Italie, et la Grece.   Ca c’etait necessaire dans un certain mesure merci a l’imbalance commerciale.   Ils ont achete aussi un sacre tas de dette immobiliere americaine de qualite disons mixte, a des prix trop eleve.   Bien sur ils ont investi aussi la ou se trouve les jeunes de cette planete, le tiers monde.

    Bref, le secteur financier devient de plus en plus important relative au reste du GDP merci au moins un peu a cet effet demographique dans les pays developpe.    Comme il n y a pas assez de retour sur investissement possible par rapport aux ressources disponible a investir, ses ressources font la chasse aux meme cibles aux meme temps…une succession de bulles en hightech, immobiler, derives construit dessus, commodites.     Comme l’auteur a explique, ca gagne de l;argent a certains, ceux qui comprenne ce qui est en marche.   Les autres voient leur epargne travailler tres mal.

    Au meme temps il y a les etats providences vendant de la dette souveraine en quantites collosale au prix fort(car il y a de la demande, les politiciens vendaient, pour se faire elire en depensant l’avenir de leur pays dans le present).     Les pays en developpement sont oblige a en acheter du fait de leur imbalance commerciale…MAIS depuis quelques temps en occident les banques centraux font partie de la demande aussi.     Les taux d’interets des obligations souveraines montent en fleche tres logiquement du fait tout ceci ne peut pas tenir plus longtemps.

    Alors, econonomie liberale ou communiste, vous vous trouvez devant le meme probleme, que votre civilisation est sur le declin, ne payera jamais qu’une fraction des pensions et benefices promises, au meme temps que l’epargne privee risque un retour negatif sur plusieurs decennies.

    8 septembre 2011 à 7 h 09 min
  • ozone Répondre

    Bon article mais pollué par l’image de Sarkozy

    Ou sont ses capacités ?

    A part celles qui servent a conquerir le pouvoir je n’en vois pas beaucoups,les orientations européennes nous conduisent au désastre,sa gestion de la crise banquaire de 2008 inéfficace,sans rire il y en a qui l’ont nommé "sauveur du monde".

    Pour 2012 on est face a des choix minables,le but principal de tous ces monsieurs dames est d’empécher le FN d’arriver au second tour,le reste,ha bon,c’est quoi le reste ?

    7 septembre 2011 à 21 h 33 min
  • vozuti Répondre

    à combien d’années fixez- vous la période d’essai pour les cancres de l’UMP ? 50 ans?,un siècle?       cela fait près de 40 ans que les tordus de l’UMP et du PS détruisent le pays qui leur a été confié.  ne pensez-vous pas qu’un coup de balai serait plus approprié qu’un énieme vote en faveur des memes incapables  ?

    7 septembre 2011 à 16 h 06 min

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