Déconnecter la finance et l’économie

Déconnecter la finance et l’économie

Les dernières décisions de la Banque centrale européenne, le 6 septembre, puis de la Réserve fédérale américaine, le 13, ont été saluées par les marchés financiers : baisse des taux pour les dettes souveraines des pays insolvables et hausse des cours pour les actions, en particulier celles des institutions financières.
Ces décisions peuvent se résumer ainsi : davantage d’argent gratuit pour les banques, encouragement au laxisme des États, et monnaie de singe pour tout le monde !

Le monde est malade de son addiction au crédit. Les autorités de la BCE et de la FED savent mieux que personne qu’il est même subclaquant. Mais elles pensent qu’elles ne peuvent rien faire d’autre que d’augmenter encore les doses de morphine inoculées au malade, qui, du coup, semble reprendre quelque couleur.
Toutes les ordonnances précédentes du même traitement n’ont fait qu’affaiblir l’économie. Ce nouveau protocole ne peut qu’aboutir au même résultat…

Car, si la drogue monétaire empêche ou retarde le collapsus financier, elle entraîne inévitablement des désordres physiologiques qui perturbent gravement toute l’économie réelle.

Les taux ultra-bas – un peu comme la fumette… – sont très populaires. Surtout auprès des parasites. Ils entraînent pourtant, à la longue, des risques de lésions graves : les épargnants ne sont plus motivés à investir ; les entrepreneurs financent n’importe quoi ; les risques d’inflation favorisent les placements stériles et les encaisses de précaution. C’est l’ensemble des circuits économiques qui sont progressivement déglingués.
Les premières victimes de ces perfusions de plus en plus fortes sont les populations les plus modestes : moins d’investissements = moins de travail ; hausse des matières premières = augmentation de la facture énergétique.

C’est du bon sens. Y aurait-il donc de l’aveuglement, soit chez les dirigeants politiques, soit chez ceux de la sphère financière ?
S’agissant des seconds, pour lesquels l’argent est une sorte de matière première, on peut comprendre leur préférence consubstantielle pour le laxisme monétaire. Un faux-monnayeur sommeille en eux.
Mais, pour les premiers, on est plus perplexe. Car leurs électeurs, de droite comme de gauche, ne peuvent trouver leur compte dans cette situation.

Si l’État se mêle de contrôler l’émission de la monnaie, ce devrait être pour que celle-ci conserve, autant que possible, sa valeur.

S’il se mêle de surveiller les banques, ce devrait être pour qu’elles soient solides et indépendantes.
Or, les politiques monétaires actuellement mises en œuvre aboutissent exactement aux résultats inverses.

Beaucoup se sont esclaffés quand ils ont entendu François Hollande déclarer, lors d’un meeting au Bourget, le 12 janvier dernier, que son adversaire principal était « la finance ». C’est sous ce terme qu’il entendait désigner « les riches », qui, en effet, pour la plupart, le deviennent par les miracles de la fausse monnaie.

Que n’a-t-il persisté dans cette direction, en ciblant, non pas les personnes bénéficiaires à titre personnel de la sphère financière, mais bel et bien le système financier tel qu’il est. Qui nous conduit tout droit à la faillite économique.
Au lieu de quoi, François Hollande, comme ses prédécesseurs, comme ses pairs, s’est laissé convaincre de lier son sort à celui de la planète financière. Une erreur funeste que l’histoire jugera.

Le Baron Louis disait : « Faites-moi de bonnes politiques, je vous ferai de bonnes finances. »
Aujourd’hui, on a envie de dire aux hommes politiques : « Faites-nous une bonne politique monétaire, et nous vous ferons une bonne économie. »
Sauf qu’une bonne politique monétaire est exactement à l’opposé de celle que nous font les actuels dirigeants de la sphère financière.
S’il est permis ici de se répéter, « il n’y aura pas de redressement durable de nos économies sans retour à une monnaie vraie, des taux d’intérêt vrais, des comptes publics équilibrés, et une réduction forte de la sphère publique, en commençant par sabrer dans l’État-providence » (« Les 4 Vérités » du 14 septembre).

Ajoutons, après les récentes décisions de la BCE et de la FED : il n’y aura pas de redressement durable sans rupture entre la sphère publique, en principe en charge de l’intérêt général, et la sphère financière, qui ne défend que ses intérêts propres.
Cette sphère doit être ramenée à sa dimension naturelle, utile, pratique, technique, mais limitée. Ce qui commence par la déconnexion entre la création de monnaie et la finance. Et donc par le retour à l’étalon-or…

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Comments (3)

  • candide Répondre

    Ah Alain Dumait comment nepas être d’accord avec vous? Du bon sens pur et simple que des millions de gens peuvent comprendre mais que la grande presse et les medias du monde occidental  ne leur servent pas souvent. Pourquoi? La finance n’y a pas interet c’est clair. Les politiques qui sont aussi largement responsables et qui ont largement profité du systeme guere plus. Le problème c’est comment les élites pourraient elles changer de paradigme alors qu’elles en profitent largement les politiques de laxisme monétaire desservant plutôt largement les pauvres. Seul un cataclysme majeur pourrait sans doute changer les choses du type hyper inflation.Mais on ne peut quand même pas le souhaiter. Donc systeme monétaire mondial pourri et pas du tout satisfaisant mais what else?Le gold exchange ne pourrait fonctionner qu’en multipliant le prix de l’or par 100 sans doute.Faisons confiance aux autorités monétaires mondiales pour refuser une telle issue. So what else?

    20 septembre 2012 à 19 h 12 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

     Jean l’Alsacien

    la chaussure ne fait plus mal quand elle baille ( comme on dit ) … patience ça arrive !

    20 septembre 2012 à 18 h 18 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Il y a mieux à faire c’est de déconnecter l’état et l’économie, car c’est bien là que la chaussure fait mal.

    19 septembre 2012 à 18 h 29 min

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